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| Joseph Losey | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Joseph Losey Jeu 17 Mar 2011 - 11:15 | |
| Né le 14 janvier 1909 dans le Winsconsin. Etudes de médecine et de littérature anglaise. A travaillé avec Bertold Brecht, qui a une influence marquante sur plusieurs de ses films. Débute en 1948 avec Le garçon aux cheveux verts. En plein maccarthysme, en 1952, il est placé en tête de la liste noire, pour ses sympathies communistes. Emigre en Angleterre et tourne un temps sous un pseudonyme. Sa grande période se situe entre Eva (1962) et Le Messager (1970), Palme d'or à Cannes. César du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Mr Klein, en 1977. Steaming, son dernier film, reste inachevé. Il meurt pendant le tournage, le 22 juin 1984 à Londres. Une analyse de son oeuvre par le Ciné club de Caen : - Citation :
- Ce qui apparaît d'abord chez Losey, c'est une violence très particulière qui imprègne ou emplit les personnages et qui précède toute action (un acteur comme Stanley Becker - Les criminels, Eva, Accident- semble doué de cette violence qui le prédestine à Losey). C'est le contraire de la violence d'action, réaliste. C'est une violence en acte, avant d'entrer en action ; c'est une violence non seulement intérieure ou innée, mais statique, dont on ne trouve d'équivalent que chez bacon en peinture, lorsqu'il évoque une émanation" qui se dégage d'un personnage immobile, ou chez Jean Genêt en littérature, quand il décrit l'extraordinaire violence qui peut habiter une main immobile au repos. Temps sans pitié présente un jeune accusé, dont on nous dit qu'il est non seulement innocent, mais doux et affectueux ; et pourtant le spectateur tremble, autant que le personnage tremble lui-même de violence, tremble sous sa propre violence contenue.
En second lieu, cette violence originaire, cette violence de la pulsion, va pénétrer de part en part un milieu donné, un milieu dérivé qu'elle épuise littéralement suivant un long processus de dégradation. Losey aime à choisir à cet égard un milieu "victorien", cité ou maison victoriennes où le drame se passe, et où les escaliers prennent une importance essentielle en tant qu'ils dessinent une ligne de plus grande pente. La pulsion fouille le milieu, et en connaît d'assouvissement qu'en s'emparant de ce qui semble lui être fermé et d'appartenir en droit à un autre milieu, à un niveau supérieur.
D'où la perversion chez Losey, qui consiste à la fois dans cette propagation de la dégradation, et dans l'élection, ou le choix du "morceau" le plus difficile à atteindre. The servant témoigne de cet investissement du maître et de la maison par le domestique. C'est un monde de prédateurs : Cérémonie secrète fait précisément affronter plusieurs types de prédateurs, le fauve, les deux rapaces, et l'hyène, humble, affectueuse et vengeresse. Le messager multiplie ces processus, puisque non seulement le fermier s'empare de la fille du château mais les deux amants s'emparent de l'enfant, contraint et fasciné, le pétrifiant dans son rôle de go-between, exerçant sur lui un étrange viol qui redouble leur plaisir.
Les personnages de Losey ne sont pas de faux durs, mais de faux faibles : ils sont condamnés d'avance par la violence qui les habite, et qui les pousse à aller jusqu'au bout d'un milieu que la pulsion explore, mais au prix de les faire disparaître eux-mêmes avec leur milieu. Plus encore que tout autre film de Losey, M. Klein est l'exemple d'un tel devenir.
On a beaucoup commenté dans M. Klein, le rôle du double et du cheminement de l'enquête. ces thèmes nous semblent secondaires, et subordonné à l'image pulsion, c'est à dire à cette violence statique du personnage qui n'a pour issue dans le milieu dérivé qu'un retournement contre soi, un devenir qui le mène à la disparition comme à l'assomption la plus bouleversante
Inséparable des milieux dérivés les mondes originaires ont des traits particuliers qui appartiennent à son style. Ce sont des espaces qui appartiennent aux actes et geste de la pulsion. Le monde originaire communique avec les milieux dérivés, à la fois comme prédateur qui y choisit ses proies, et comme parasite qui en précipite la dégradation. Le milieu c'est la maison victorienne et le monde originaire, c'est la région sauvage qui la surplombe ou qui l'entoure. Les mondes originaires peuvent aussi être surplombants : la haute terrasse de Boom et surtout la falaise des Damnés. Les falaises de Portland, leur paysage primitif et leurs installations militaires, leurs enfants mutants radio-actifs, les grandes figures d'oiseaux et d'hélicoptères, les sculptures, le gang à moto dont les guidons sont comme des ailes sont les figures du monde originaire qui conduisent à des actions perverses dans le monde dérivé du "le minable style victorien de la petite station balnéaire de Weymouth". Ils sont parfois détachés horizontalement des milieux dérivés sous forme de labyrinthes, la Venise de Eva une péninsule qui ressemble à une extrémité du monde, le Norfolk du messager, le jardin à l'italienne pour Don Giovanni, le parc désaffecté où le héros de Temps sans pitié a installé son entreprise de circuit automobiles, un simple square de gravier comme dans The servant, un terrain de cricket et bien sûr les tunnels de M. Klein notamment ceux du vélodrome d'hiver. Le livre indispensable :
Dernière édition par traversay le Jeu 17 Mar 2011 - 11:33, édité 1 fois | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Joseph Losey Jeu 17 Mar 2011 - 11:33 | |
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| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Joseph Losey Jeu 17 Mar 2011 - 11:41 | |
| Filmographie et notation subjectivement personnelle (des ???? pour les pas vus) :
* 1948 : Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair) XX * 1950 : Haines (The Lawless) XXX * 1951 : Le Rôdeur (The Prowler) XX * 1951 : M XX * 1951 : La Grande Nuit (The Big Night) XXX * 1951 : Un homme à détruire (Imbarco a mezzanotte) X * 1954 : La bête s'éveille (The Sleeping Tiger) XX * 1956 : L'Étrangère intime (The Intimate Stranger) ???? * 1957 : Temps sans pitié (Time Without Pity) XXX * 1958 : Gipsy (The Gypsy and the Gentleman) ???? * 1959 : L'Enquête de l'inspecteur Morgan (Blind Date) XXX * 1960 : Les Criminels (The Criminal) XXX * 1962 : Eva XX * 1963 : Les Damnés (Damned), ou These are the Damned XXX * 1963 : The Servant XXX * 1964 : Pour l'exemple (King & Country) XXXX * 1966 : Modesty Blaise X * 1967 : Accident XX * 1968 : Boom X * 1968 : Cérémonie secrète (Secret Ceremony) XXX * 1970 : Deux Hommes en fuite (Figures in a Landscape) X * 1970 : Le Messager (The Go-Between) XXXX * 1972 : L'Assassinat de Trotsky (The Assassination of Trotsky) XX * 1973 : Maison de poupée (A Doll's House) XXX * 1975 : Galileo XX * 1975 : Une Anglaise romantique (The Romantic Englishwoman) XX * 1976 : Monsieur Klein (Mr. Klein) XXXX * 1978 : Les Routes du sud XXX * 1979 : Don Giovanni XX * 1982 : La Truite X * 1985 : Steaming ????
Dernière édition par traversay le Jeu 17 Mar 2011 - 12:04, édité 1 fois | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Joseph Losey Jeu 17 Mar 2011 - 11:47 | |
| Eva L'enquête de l'inspecteur Morgan Mr Klein Le messager | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Joseph Losey Jeu 17 Mar 2011 - 13:06 | |
| Merci beaucoup pour ce fil Traversay, je me rends compte - comme souvent -que j'ai encore d'énormes lacunes à combler mais nul doute que je reviendrais sur ce fil pour compulser ta liste |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Joseph Losey Jeu 17 Mar 2011 - 20:57 | |
| Losey me fait toujours penser à Pinter. Finalement, après avoir lu un peu de Pinter, je me demande si les films de Losey-Pinter ne sont pas supérieurs aux pièces de Pinter-tout-seul. Ou alors je n'ai pas lu les bonnes pièces. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Joseph Losey Ven 18 Mar 2011 - 10:59 | |
| Dommage qu'on ne puisse pas se faire une projection privée parfumée de Mr Klein, le film par excellence susceptible de susciter des discussions intéressantes tant le film aborde des thématiques troublantes pouvant mener à de multiples interprétations. En tout cas, il m'a tourné longtemps en tête après sa vision et a suscité de nombreuses questions, vraiment un excellent film que je recommande, même à ceux qui n'aimeraient pas Alain Delon |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Joseph Losey Ven 18 Mar 2011 - 20:17 | |
| j'ai vu au moins Mr Klein et The Servant. Préférence pour Mr Klein (en en remettant une couche pour les allergiques à Delon). The Servant c'est bien aussi mais un rien trop forcé peut-être ? (vague impression que je rapproche de mon manque d'intérêt pour Hitchcock). | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Joseph Losey Ven 18 Mar 2011 - 22:23 | |
| - animal a écrit:
- j'ai vu au moins Mr Klein et The Servant. Préférence pour Mr Klein (en en remettant une couche pour les allergiques à Delon). The Servant c'est bien aussi mais un rien trop forcé peut-être ? (vague impression que je rapproche de mon manque d'intérêt pour Hitchcock).
Je pense que tu devrais essayer ses films noirs des débuts comme The big Night (qui est en DVD depuis peu de temps) ou Haines. L'impression que ça pourrait te plaire. Et puis aussi Pour l'exemple, qui est pour moi au niveau des Sentiers de la gloire de Kubrick. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Joseph Losey Ven 18 Mar 2011 - 22:25 | |
| merci du tuyau, je garde ça précieusement pour quand j'aurai retrouver du temps de cerveau disponible. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Joseph Losey Lun 28 Mar 2011 - 23:23 | |
| Gipsy (The Gypsy and the Gentleman, 1958) Au début du XIXe siècle, un aristocrate désargenté se consume d'amour pour une gitane sans filtre. Celle-ci n'en veut qu'à son présumé argent. Tourné durant sa période anglaise, entre Temps sans pitié et L'enquête de l'inspecteur Morgan, soit deux films remarquables, ce mélodrame flamboyant use de tous les ingrédients du genre sans vergogne, et c'est ce qui fait son charme fruste. Melina Mercouri, bohémienne céleste, joue comme si sa vie en dépendait. On est loin du Losey intellectuel, mais ça vaut le détour. | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: Joseph Losey Lun 28 Mar 2011 - 23:37 | |
| Je suis curieuse de revoir bientôt Le Messager après tant d'années Mon club du livre a décidé de lire et discuter en juin The Go-Between de L. P. Hartley , grand classique de la littérature anglaise qui est à l'origine du filme éponyme, et à ce propos je ne manquerai pas de le revoir sur DVD. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Joseph Losey Mar 29 Mar 2011 - 2:44 | |
| - Citation :
- Mon club du livre a décidé de lire et discuter en juin The Go-Between de L. P. Hartley , grand classique de la littérature anglaise qui est à l'origine du filme éponyme,
Merci Maline, je note le roman, je garde un grand souvenir de ce film de Losey, jamais revu. C'était une très belle histoire.. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Joseph Losey Jeu 15 Aoû 2013 - 14:01 | |
| The Servant - Citation :
- Synopsis
A Londres, Tony, un aristocrate jeune et brillant, vivant dans une luxueuse demeure du XVIIIè siècle, engage Hugo Barrett comme domestique. Ce dernier se révèle être un valet modèle, travailleur et intelligent. Mais Susan, la fiancée de Tony, n'apprécie pas le comportement de Barrett, lui trouvant quelque chose de malsain...
- animal a écrit:
- j'ai vu au moins Mr Klein et The Servant. Préférence pour Mr Klein (en en remettant une couche pour les allergiques à Delon). The Servant c'est bien aussi mais un rien trop forcé peut-être ? (vague impression que je rapproche de mon manque d'intérêt pour Hitchcock).
Vu il y a quelques jours, j'ai bien accroché quand même. Toujours cette omniprésence du double maléfique, de la propagation du mal et du trouble de l'identité, des thèmes qu'on retrouve déjà chez Mr Klein. Des individus qui se noient, se délitent, des relations morbides et une homosexualité latente dans une relation maître et serviteur réversible. La photographie est excellente (Douglas Slocombe a reçu le prix de la Meilleure photographie britannique lors de la 17 édition des BAFTA Awards / Orange British Academy Film Awards en 1964) et l'acteur Dirk Bogarde (à ne pas confondre avec Humphrey Bogart) celui du Meilleur acteur britannique. Bien mérité tant il est magistral dans ce rôle de "Méphistophélès". |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Joseph Losey Lun 19 Aoû 2013 - 11:41 | |
| Dirk Bogarde a une filmographie faramineuse. Un énorme acteur. | |
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