Lucas Cranach l'Ancien [Peintre]

Toutes les citations de mes messages sont tirées du livre d’Anne Malherbe : Lucas Cranach, Peindre la grâce

Citation :

Lucas Cranach est surtout connu aujourd’hui pour ses Vénus longilignes, visibles dans maintes collections à travers le monde, et pour les portraits de Martin Luther, père du protestantisme, dont il a fixé l’image pour ainsi dire officielle. Au-delà de ces emblèmes, son œuvre compte un millier d’images peintes ou gravées, à la croisée des grands débats qui animent la première moitié du 15e siècle. Peintre de cour qui a contribué au rayonnement de la ville de Wittenberg et du puissant électorat de Saxe, Cranach a sans doute été l’artiste qui, plus que tout autre, a assisté aux bouleversements de la Réforme protestante- Réforme qu’il a accompagnée par ses gravures, ses innovations iconographiques et par son amitié avec Luther.

Lors de son arrivée à Vienne, alors qu'il avait presque 30 ans, Cranach intègre les cercles humanistes et se fait le peintre de ceux-ci.

Citation :

L'homme est représenté de trois quarts devant un paysage, selon une tradition qui remonte aux portraits flamands de la première moitié du 15e siècle. Ici, vu à mi-corps, il occupe une large place dans le tableau : le peintre assoit ainsi l'importance de son modèle. Le livre lourdement relié et la coiffe rouge désignent ses fonctions, tandis que le large col de fourrure donne une indication sur sa richesse. Toutefois, vêtu de noir sans excès d’ostentation, il a la posture réservée de l'humaniste. A l'arrière-plan, la nature est luxuriante ; de petits personnages, dans le fond, s'adonnent au repos ou à des activités agrestes.Si l'on peut considérer ces derniers motifs comme des symboles cosmologiques, des saisons et des mois par exemple, il s'agit avant tout de placer Johannes Cuspinian au centre d'activités toutes humaines.

Il faudrait bien préciser qu'il s'agit de Lucas Cranach l'Ancien (der Ältere). Il avait un fils du même nom, appélé alors Lucas Cranach le Jeune, de même peintre connu! Voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucas_Cranach_le_Jeune

Puisque ce poème de Jean Lorrain dormait dans mon bloc-notes ...

tom léo a écrit:

Il faudrait bien préciser qu'il s'agit de Lucas Cranach l'Ancien (der Ältere). Il avait un fils du même nom, appélé alors Lucas Cranach le Jeune, de même peintre connu! Voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucas_Cranach_le_Jeune

J'ai modifié le titre.

Constance a écrit:

Puisque ce poème de Jean Lorrain dormait dans mon bloc-notes ...

Devant un Cranach



Sous un grand chaperon de peluche écarlate,
Un clair escoffion brodé de perles rondes
Enserre un front de vierge aux courtes mèches blondes,
Une vierge à la fois féroce et délicate.

Des chaînons ciselés, des colliers, vieux ors mats
Bossués de saphirs et de gemmes sanglantes,
Étreignent un cou mince aux inclinaisons lentes,
Jaillissant comme un lys d'un corset de damas.

La robe est en velours verdâtre à larges manches.
Le corset couleur feu ; les doigts de ses mains blanches
Sont surchargés d'anneaux de verre de Venise ;

Et de cette main longue et comme diaphane
La Judith allemande, enfant naïve, aiguise
Les dents d'un Holopherne égorgé, qui ricane.



Jean Lorrain


(In L'ombre ardente)

Ca tombe bien alors !
Décidément, les Judith et leurs têtes d'Holopherne laissent peu de gens insensibles !

Queenie a écrit:

tom léo a écrit:

Il faudrait bien préciser qu'il s'agit de Lucas Cranach l'Ancien (der Ältere). Il avait un fils du même nom, appélé alors Lucas Cranach le Jeune, de même peintre connu! Voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucas_Cranach_le_Jeune

J'ai modifié le titre.

Merci Queenie

colimasson a écrit:

Constance a écrit:

Puisque ce poème de Jean Lorrain dormait dans mon bloc-notes ...

Devant un Cranach



Sous un grand chaperon de peluche écarlate,
Un clair escoffion brodé de perles rondes
Enserre un front de vierge aux courtes mèches blondes,
Une vierge à la fois féroce et délicate.

Des chaînons ciselés, des colliers, vieux ors mats
Bossués de saphirs et de gemmes sanglantes,
Étreignent un cou mince aux inclinaisons lentes,
Jaillissant comme un lys d'un corset de damas.

La robe est en velours verdâtre à larges manches.
Le corset couleur feu ; les doigts de ses mains blanches
Sont surchargés d'anneaux de verre de Venise ;

Et de cette main longue et comme diaphane
La Judith allemande, enfant naïve, aiguise
Les dents d'un Holopherne égorgé, qui ricane.



Jean Lorrain


(In L'ombre ardente)

Ca tombe bien alors !
Décidément, les Judith et leurs têtes d'Holopherne laissent peu de gens insensibles !

Mon bloc notes est un tel souk, que cela me permet de faire le ménage ...

"La Crucifixion dite de Schleissheimer explore un registre dramatique. Cette crucifixion est parfois rapprochée de l'art de Dürer en raison surtout de la physionomie de la Vierge et de Saint Jean et de l'anatomie des deux larrons. Mais le Cranach de ces années-là se distingue du maître de Nuremberg par des exagérations qui lui sont propres : pieds boursoufflés, pagne du Christ au nœud extravagant, couronne d'épines hérissée de longues pointes, contraste saisissant entre un premier plan qui surplombe le spectateur et le paysage qui recule d'autant dans le lointain."

Et ci-dessous, la Crucifixion de Dürer...

Tout un univers thematique, chez L. C.! J'adore ce savant melange du moralisme et de l'erotisme dans ses tableaux.

Lucas Cranach, "Melancolie", 1532

Oui, ses figures féminines ont toujours l'air de se moquer de leur spectateur...

A propos de ses tableaux représentant la Mélancolie...

"Ses Mélancolies, peintes autour de 1530, inspirées directement de la célèbre gravure de Dürer : un personnage féminin, représenté toujours sur le même modèle mais dont la facture n'a pas le velouté sensuel des exemples précédents, s'emploie à tailler un bâton, activité monotone et dépourvue de sens, signe manifeste d'un état mélancolique. A ses côtés, l'on retrouve quelques uns des symboles utilisés par Dürer. Mais, contrairement à la composition du maître de Nuremberg qui révèle l'aspect positif de la mélancolie, source d'inspiration réatrice, l’œuvre de Cranach la montre comme un mal sans remède. Cranach s'aligne, en cela, sur la position de Luther, qui estime nécessaire de fuir la mélancolie."

Ci-dessous, la Mélancolie de Dürer...


Et dans un genre un peu plus joyeux, on a le Repos pendant la fuite en Egypte, peint en 1504 :


"Animée par la présence de putti et de jeunes bergers qui se pressent autour de l'Enfant Jésus, elle contient les ingrédients qui caractérisent alors les panneaux du peintre : expressivité des personnages, ici dans un registre joyeux, végétation alpestre quelque peu hirsute, avec de grands sapins, des montagnes enneigées dans le fond et une forteresse."

"Quoique réalisée sur bois, la gravure ici est d'une précision remarquable, narrant, de l'arrière jusqu'au premier plan, les étapes de la vénerie : lâcher de la meute, rabatteurs, arbalétriers postés derrière un buisson, mise à mort du cerf et coup de grâce. Les passages d'eau, la tenue des chasseurs et la végétation offrent à l'artiste l'occasion de donner mouvement et vie à la composition."

Citation :

Aussi souvent que les princes vous emmèneront chasser, vous transporterez partout avec vous un pannea, que vous complèterez au milieu de la chasse, où vous dessinerez comment Frédéric abat un cerf, comment Jean poursuit un sanglier.

Christoph Scheurl, extrait d'une lettre adressée à Lucas Cranach

Cranach a réalisé de nombreuses peintures de Vierge à l’enfant. Concernant celles-ci :

« Ces Vierge à l’enfant se caractérisent par certains aspects récurrents. L’Enfant est toujours un bébé blond et joufflu, dont seule la position change : il tête le sein de la Vierge, lui tend une pomme ou joue avec une grappe de raisins. Ces gestes, peu nombreux, sont dotés chacun d’une signification symbolique. La Vierge a le visage rond, encadré de cheveux blonds, longs et ondulés, un petit menton pointu et des yeux en oblique. Ces traits seront aussi ceux des représentations féminines que Cranach développera au fil des années : seule change l’expression qui, chez la Vierge, est douce et pensive. »

Et concernant le tableau ci-dessous en particulier :


« Afin de donner un effet de relief à la composition, le peintre a largement ouvert les manches de la robe de la Vierge, de sorte que le regard s’introduit à l’intérieur de l’étoffe. Celle de droite, de satin jaune, éclaire vivement la composition tout en mettant en valeur la qualité du tissu que le fidèle en prière a l’impression de pouvoir toucher. Il peut s’agir également d’une allusion à la relique du vêtement de la Vierge de Wittenberg. Enfin, le voile que cette dernière porte pudiquement sur les cheveux est transparent : fait rare pour une Vierge, cette transparence apparaît avant tout comme un tour de force pictural, que le peintre réemploiera en de multiples occasions. »