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 Lion Feuchtwanger [Allemagne]

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kenavo
Zen Littéraire
kenavo


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MessageSujet: Lion Feuchtwanger [Allemagne]   feuchtwanger - Lion Feuchtwanger [Allemagne] EmptyLun 20 Juin 2011 - 16:45

feuchtwanger - Lion Feuchtwanger [Allemagne] A669

Biographie de l'auteur
Né en 1884 à Munich, dans une famille d’industriels juifs orthodoxes, Lion Feuchtwanger obtient le titre de docteur en philosophie en 1907. Dès les années 1920, ses grands romans historiques, tels que Le Juif Süss, lui assurent une place de premier plan sur la scène littéraire allemande. Déchu de sa nationalité par Hitler, il s’installe en France en 1933. Pendant la guerre, il est interné au camp des Milles et relate cette expérience dans Le Diable en France. Après avoir réussi à s’échapper, il se réfugie aux États-Unis, où il poursuit sa carrière littéraire et meurt en 1958.
Source: éditeur
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kenavo
Zen Littéraire
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MessageSujet: Re: Lion Feuchtwanger [Allemagne]   feuchtwanger - Lion Feuchtwanger [Allemagne] EmptyLun 20 Juin 2011 - 16:45

feuchtwanger - Lion Feuchtwanger [Allemagne] A670 / feuchtwanger - Lion Feuchtwanger [Allemagne] A671
Goya / Le roman de Goya
Citation :
1789, Francisco Goya a quarante ans. Il vient d'être nommé peintre du roi à la cour d'Espagne. Pour cet enfant de roturiers aragonais, c'est une consécration. Mais au moment même où il pense pouvoir donner toute la mesure de son génie, il rencontre une femme dont il va tomber éperdument amoureux. Leur relation, passionnée, tourmentée, est à l'image d'une fin de siècle aux contrastes violents. Goya sera ainsi le témoin des intrigues amoureuses et politiques d'une cour où les plaisirs demeurent à l'ordre du jour, malgré la terrible guerre contre les Français. Malgré, aussi, la puissante Inquisition. Goya ne reste pas indifférent à ces événements. Miné par la maladie (il est sourd et certains le prétendent sujet à des accès de folie), marqué dans sa chair par la mort d'une de ses filles puis de sa maîtresse, il entreprend sa série des "Caprices", extraordinaire suite de tableaux où il met en scène les principaux personnages de l'époque sous des dehors grimacants et horribles. Ce sera l'un des chefs-d'oeuvre de Goya, peintre de génie, homme déchiré. Pour écrire cet éblouissant Roman de Goya, Feuchtwanger a recueilli une documentation considérable, qui donne au récit, grouillant de vie et de couleurs, une dimension surprenante. Mais c'est aussi un inoubliable roman d'amour : l'amour d'un homme pour une femme hors du commun. L'amour d'un homme pour son art, qu'il devait porter à un fulgurant paroxysme.

Très bon moment de lecture ! Que du plaisir !
Et en plus d’une lecture agréable on apprend des tonnes de choses, les us et coutumes auprès de la Cour d’Espagne sont surtout un régal.

Je ne suis jamais trop partante quand il s’agit de romans historiques, mais puisque j’aime le genre de biographie romancée et puisque j’ai « rencontré » Lion Feuchtwanger lors de ma lecture du livre sur l’exil à Sanary de Manfred Flügge – ici – je voulais me faire une idée concernant ses romans.. et ce fût un vrai plaisir !
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topocl
Abeille bibliophile
topocl


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MessageSujet: Re: Lion Feuchtwanger [Allemagne]   feuchtwanger - Lion Feuchtwanger [Allemagne] EmptySam 20 Aoû 2011 - 17:06

le juif Süss

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Le juif Süss est un livre qui a une histoire. Il est sorti en 1925 , faisant suite à une pièce de théatre écrite en 1917 sur le même thème par le même auteur. Feuchtwanger est membre d’une famille juive allemande assimilée ; il s’intéresse à son personnage qui lui permet d’illustrer l’antisémitisme en Allemagne au XVIIème siècle, mais aussi d’écrire une page d’histoire passionnante qui va bien au delà.

Dès sa sortie le roman connaît un succès sans précédant en Allemagne et à l’étranger. IL connaît ensuite une notoriété pervertie quand il est repris par les nazis, trafiqué, réorienté et devient sous le même titre l’un des films antisémites les plus virulents de la propagande de Goebbels, déchaînant des passions. On lit très bien cette histoire du livre et du film dans cet article de Guillaume LORRAIN du Point



De Munich au camp des Milles, le plus grand détournement littéraire de l'histoire.

Le 5 septembre 1940, la Mostra de Venise, sous bannière fasciste, accueille l'avant-première du Juif Süss , la superproduction nazie, orchestrée par l'incontournable Goebbels. Ce film répugnant va entrer dans l'Histoire comme le symbole même de l'oeuvre antisémite : il sera vu par 10 millions d'Allemands et des séances spéciales seront organisées pour les forces de police et le personnel des camps de concentration. En France aussi, Le juif Süss sera un joli succès : 1 million de spectateurs se ruent dans les salles en 1941 : les murs de la capitale, les emplacements du métro sont couverts d'affiches aux teintes verdâtres et avec des doigts crochus qui serviront de modèle à l'exposition "Le juif et la France", sommet de l'antisémitisme hexagonal. Le film servant de plate-forme de recrutement pour les partis collaborationnistes de Doriot et Déat, la Résistance lancera lors des projections des bombes qui feront huit morts.
Ce 5 septembre 1940, Lion Feuchtwanger, l'auteur du roman Le juif Süss (republié par les éditions Belfond, voir extraits pages suivantes) , essaie d'échapper aux nazis en France. Il vient de s'extirper du camp français des Milles, il est allemand, mais il est juif. A ce stade, tout lecteur serait en droit de s'étonner : un juif auteur d'un texte antisémite ? On touche là le coeur de la tragédie d'un homme, victime, par une cruelle ruse de l'Histoire, du plus ignoble détournement qu'un auteur ait jamais subi. Car, à l'origine, son roman, paru en 1925, n'a rien d'anti-sémite. Ce chef-d'oeuvre foisonnant du roman historique y raconte le douloureux destin de Joseph Süss Oppenheimer (1691-1738), juif de cour, financier et protégé du duc de Würtemberg. Arrêté à la mort de ce dernier, Süss est accusé d'enrichissement personnel, de commerce sexuel avec des chrétiennes. Après un procès inique, qui le condamne à mort, il préfère la mort à la conversion qui lui est proposée. Sous les insultes d'une foule allemande hystérique, il finit pendu dans une cage. Süss ou le juif victime par excellence.
"Tu es un idéaliste"

Mais d'une victime il est facile de faire un coupable. Depuis sa mort en 1738, des textes, qui flirtent avec l'antisémitisme, ont bâti ce que Claude Singer, dans un remarquable essai (1), nomme la "légende noire" de Süss, qui est à l'Allemagne ce que l'affaire Dreyfus est à la France. Critique littéraire reconnu, Feuchtwanger s'intéresse très tôt à Süss : pacifiste en pleine guerre, ce juif allemand se sent isolé et s'identifie à cette figure. Dès 1917, il lui consacre une pièce de théâtre. Pour lui, Süss symbolise l'impossible dialogue entre les cultures allemande et juive. En refusant de se convertir, il incarne aussi la fidélité à ses origines. En 1921, Feuchtwanger revient vers ce personnage pour en saisir les contradictions par le roman. D'où certaines ambiguïtés et une complaisance dans le stéréotype juif, qui relèvent chez Feuchtwanger de la haine de soi : Süss est aussi un ambitieux cupide, qui "s'insinue" et se confronte à son double chrétien, le duc de Würtemberg. Pourtant, l'objectif de l'écrivain est clair : il rédige son texte à Munich, la ville de Hitler, en pleine flambée d'antisémitisme. On accuse les juifs de vouloir conquérir le monde ? Le Süss de Feuchtwanger, en refusant la conversion, en se résignant à la mort, renonce au pouvoir et à l'argent. "Tu es un idéaliste" , objectera à l'auteur son ami Brecht. Mais Feuchtwanger, comme Hermann Hesse ou Alfred Döblin, est à l'époque sous influence hindouiste et prône le renoncement. Sorti en 1925, son roman est un best-seller international qui se vend à 3 millions d'exemplaires. Il est reçu par le Premier ministre anglais, salué comme le nouveau Walter Scott. Dans la foulée, il s'engage contre le nazisme et signe un roman, Erfolg , qui dénonce l'attentisme de la société allemande. Quand Hitler arrive au pouvoir, il est en train de sillonner les Etats-Unis pour des conférences. Il ne reverra jamais son pays natal.
"Comme Dieu en France"

Dès avril 1933, sa maison est pillée, ses livres finissent sur le bûcher des autodafés et son nom figure sur la première liste d'intellectuels déchus de la nationalité allemande. Il s'exile à Sanary-sur-Mer, où il retrouve d'autres bannis prestigieux : Heinrich et Thomas Mann, Franz Werfel, Bertolt Brecht. Il va connaître sept années heureuses en France, où ses romans creusent le sillon antinazi. Son livre Le faux Néron ne trompe personne, le travestissement romain stigmatise Hitler en filigrane. Mais première alerte en septembre 1939 : une loi française sur l'internement de tous les Allemands le conduit au camp des Milles, près d'Aix-en-Provence. Lui, l'antinazi notoire, qui vient justement d'être reçu par le président Lebrun, est déclaré dangereux. On intervient, on proteste, il est libéré. Mais rebelote en mai 1940 : la France en pleine débâcle l'expédie à nouveau aux Milles. Dès 1942, il décrira, avec un style clinique, ce séjour humiliant et absurde où il côtoie d'autres Allemands, vivant comme lui sur le sol français, mais aux sympathies nazies ! Titre du témoignage : Le diable en France (publié par Belfond, lire les extraits) . Allusion à une expression allemande qui affirme, quand quelqu'un vit confortablement, qu'il vit "comme Dieu en France". Tout est dit de son amour déçu pour un pays dont il vénère la culture - il consacrera à Rousseau une somme après-guerre - mais qui part à vau-l'eau. Une France qui trahit ses valeurs et ses idéaux. Brinquebalé en train jusqu'à Bayonne, puis vers Nîmes et Marseille, il se sauve grâce à l'aide de quelques Français. Sa photo, prise par un inconnu au camp des Milles, parvient jusqu'à son éditeur américain, qui a fait intervenir le président Roosevelt (violemment mis sur la sellette cet hiver à travers la polémique "Jan Karski" voir Le Point n° 1950 et 1951) . Une structure est créée qui va permettre à Feuchtwanger - sous le nom de Wetcheek (joue mouillée), traduction de son nom en anglais -, mais aussi à Max Ernst, Heinrich Mann et d'autres, de quitter la France via l'Espagne.
Mais, au même moment, Goebbels met la dernière main au Juif Süss. Un nom qui hante le IIIe Reich : né Süss, Reinhard Heydrich, concepteur de la Solution finale, n'a-t-il pas caché ce nom pour adopter le patronyme de sa mère ? Pour ne faire aucune mention du livre interdit du juif Feuchtwanger, Goebbels a eu recours à un vague scénario, écrit par un certain Metzger en 1922. Avec le renfort des plus grands acteurs allemands - Werner Krauss, Heinrich George, Ferdinand Marian -, la caricature se met en place : Süss devient le juif comploteur qui avance masqué pour souiller la race aryenne. Par association, Feuchtwanger connaît la calomnie. Quand il publie en 1946 un nouveau livre, le journal Le Franc-Tireur le voue aux gémonies, croyant qu'il est à l'origine du film nazi. Jusqu'à la fin de sa vie, en 1958, Feuchtwanger essaiera de réhabiliter le personnage du juif Süss. A sa mort, sa veuve intente, en vain, un procès contre le film réalisé par Veit Harlan, l'oncle de l'épouse de Kubrick, qui éprouvait d'ailleurs pour ce nazi notoire une trouble fascination. En 1978, quand Le juif Süss est publié en France, un bandeau dissipe heureusement la confusion : "Une grande oeuvre trahie par un film tristement célèbre"


Indépendamment de cette polémique, Le juif Süss est un roman brillant, foisonnant qui parle d’une histoire que je connais peu, celle du Saint Empire, éclaté en de nombreux états ayant chacun leur religion catholique ou protestante, avec toutes les luttes intestines que cela suppose.

L’histoire (ou plutôt les faits historiques) se déroulent dans le Duché de Wûrtemberg, duché protestant à la tête duquel, suite à plusieurs décès, arrive Karl Alexandere , qui s’était auparavant converti au catholicisme par le mariage, pour des raison plus lucratives que religieuses. Karl Alexander est un militaire, jouisseur, influençable, pas vraiment à la hauteur de la tâche. C'est là qu'intervient Joseph Süss Oppenheimer, un financier juif froid et manipulateur, qui va habilement se l'attacher. Pas très sympathique, ce Süss : intrigant, arrogant, ambitieux, fasciné par l'argent, les femmes, le pouvoir, le paraître… Si habile que le duc s'installe dans une dépendance totale, que toutes les intrigues de cour visent à le haïr, que le peuple pressuré pour mieux alimenter le plaisir des princes le déteste. Et si l'antisémitisme est l'un des ingrédients de cette détestation, il faut bien dire qu'on comprend pourquoi il est tant haï. Associé à cette arrogance provocante, cet antisémitisme va peu à peu amener à sa disgrâce. C'est finalement dans ce rejet que Sûss va se réveiller, vivant enfin pleinement sa judéité qu'il refuse de renier, acceptant son destin auprès de ses frères, renonçant aux futilités terrestres pour devenir « un autre ».

Le gros reproche que je ferais à ce livre est qu'on est parfois un peu perdu dans les personnages très nombreux, aux titres et et attributions complexes, on ne sait plus toujours qui et qui, et dans quel camp. Ce détail surmonté, c'est un récit très enrichissant, tant du point de vue historique, avec une description extrêmement riche et vivante des moeurs de cette époque si particulière, que dans la description d'un personnage plus tourmenté qu'il n'y paraît, écartelé par sa son appartenance à un peuple rejeté, et dont les comportements hautains et extravagants ne sont qu'une tentative désespérée pour échapper à son destin cruel.
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