Michka Assayas

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Michka Assayas vit pour le Rock. D'abord fasciné par cet univers qu'il trouve magique mais aussi lointain qu'un eldorado pour le jeune adolescent de banlieue qu'il est alors. Fils d'une mère d'origine hongroise et d'un père d'origine turque, qui fait ses armes au cinéma sous le pseudonyme de Jacques Rémy, frère d'un Olivier qui est appelé à devenir un cinéaste français reconnu et renommé, Michka Assayas fait très tôt de son amour pour la musique son sacerdoce. Normalien de formation, il se lance dans l'écriture et la critique. Avec toutes ses lectures du Melody Maker, du NME et des papiers de Nick Kent, légende du journalisme rock, il prend rapidement conscience qu'il trouve 'plus excitant d'être publié dans 'Rock & Folk' que d'enseigner à Colmar. 'Son père dit de lui qu' 'il écoute le twist comme un wagnérien la 'Tétralogie'. 'Il commence à écrire pour 'Actuel', notamment un récit de sa rencontre avec Syd Barrett, le fondateur maudit de Pink Floyd, en 1982. Il devient critique littéraire à 'Libération' (où écrivait aussi Nick Kent) de 1985 à 1995, tout en collaborant aux 'Inrockuptibles' entre 1988 et 1996. Son premier roman, 'Les Années vides' paraît en 1990. Suit 'Dans sa peau' en 1994. Romancier d'emblée salué pour son talent, il n'en oublie pas pour autant ses premières amours, et co-écrit en 1996 'Les Beatles et les années 60'. En 2000, il dirige l'élaboration d'un 'Dictionnaire du rock' en 2 volumes et 1 index, salué par tous comme étant une réussite du genre en France. Il remporte le prix des Deux Magots pour le roman 'Exhibition' en 2002 et continue dans la foulée son panorama rock avec un livre d'entretiens avec le leader du groupe U2 (' Bono par Bono' en 2005), et 'New-wave, Photo-Journal 1977-1983' en 2009. La même année sort son roman 'Solo'. En 2011, il publie 'Faute d'identité', récit de son voyage au coeur de l'absurdité administrative, qui lui somme de prouver qu'il est bien français. Le livre est aussi l'occasion de se pencher sur son histoire familiale et le climat social français.
source: evene.fr

Faute d'identité



Comment peut-on être Français (en 2009, quand on n'a qu'une carte d'identité périmée, perdu son passeport et doit voyager à l'étranger) ?

Depuis l'application mécanique d'une nouvelle loi datant de 2005, c'est un parcours de combattant dans les méandres de l'administration qui attend le Français naïf. Michka Assayas raconte sa vie et sa quête (ou devrais-je écrire sa reconquête de la nationalité française). Il est le fils du scénariste Jacques Rémy (un pseudonyme d'artiste, de son vrai non Raymond Assayas) et d'une mère modéliste dans la Haute Couture, admiratrice et ami d'André Malraux et de Louise de Vilmorin. Son frère est le cinéaste Olivier Assayas.

Il savait vaguement que son père était né à Istanbul et sa mère à Budapest, mais ses origines le laissaient indifférentes. Ses parents furent naturalisés dès les années 30 du siècle dernier et Michka Assayas grandit en parfait petit Français, réalisant en cela le rêve de son père de se fondre dans la masse française. Istanbul et Budapest, voici le hic ennuyeux pour les autorités (préfecture de police, ministères de l'intérieur et de la Justice). Michka Assayas comme tout Français né de parents naturalisés et qui désire des documents pour voyager, doit prouver sa nationalité en fournissant document sur document.

C'est souvent une entreprise frôlant l'infaisabilité. Michka Assayas met un an pour réunir son dossier, une année qui le place sur le même plan qu'un sans-papier et pendant laquelle il réfléchit ce que veut dire être de ses origines et pas seulement de son temps.

Michka Assayas donne ces faits dans un récit court, sobre et froid. Il revient dans des pages émouvantes sur la vie de son père et de sa mère et pourquoi ils avaient choisi la France comme nouvelle patrie. Finalement il analyse fermement la France d'aujourd'hui, et pas seulement la politique mais le comportement social et civique des Français.

Ce livre mérite une recommandation.

Je confirme ce que dit Maline, cela mérite vraiment d'être lu. C'est bien écrit, la langue est élégante et le propos intéressant. Le titre résume bien l'ambition du livre: Faute d'identité l'auteur ne peut voyager et faute d'identité peut se comprendre aussi dans le sens cruel que notre société sait lui donner actuellement, comme si le fait que ses parents soient nés en Europe de l'Est et à Istanbul lui donnait une faute d'identité comme on dit "une faute de parcours".
La mère de d'Assayas a connu Malraux, son père travaillait dans le milieu du cinéma, ils étaient intégrés, au plus près de la vie intellectuelle. Michka et son frère Olivier font la vie intellectuelle d'aujourd'hui, sont nés en France mais ce n'est pas suffisant pour être français. La faute des pères retombera sur les fils...

Il interroge subtilement notre époque (voir le rapport du rock et de la politique) et la question de la nationalité.

Depuis que Maline avait posté ce message sur le fil "OneShot" je voulais le retirer pour lui ouvrir un fil à lui seul.
Le livre se trouve dans ma PAL et l'avis de Maddy s'ajoute.. donc, assez d'arguments pour passer à l'acte

en plus il est bon copain de Bono de U2 et a fait ce sublime livre avec lui.. il mérite amplement un fil

kenavo a écrit:

en plus il est bon copain de Bono de U2 et a fait ce sublime livre avec lui.. il mérite amplement un fil

Ah oui bien d'accord!

Bono par bono - Conversations avec Michka Assayas-


J'avais lu ce livre à sa sortie et j'ai adoré plonger dans l'intimité de Bono, un personnage qui peut irriter certains mais à qui il faut reconnaître un incontestable talent, et aussi le mérite de l'avoir mis au service de l'humain bien des fois.

Michka Assayas étant un proche du rockeur, ses confidences sont à bâtons rompus, autour d'un verre de scotch ou entouré de ses enfants, dans sa villa de Eze. Des confidences très spontanées et en tout cas sincères, parfois surprenantes, dans un style très parlé qui doit davantage se retrouver dans la version originale (anglaise donc)
On découvre un homme fidèle (à ses principes, à ses amis, à sa femme) qui eu pas mal de conflits avec son père mais reste profondément marqué par sa perte. Quelqu'un qui allie la fantaisie et la générosité à une rigueur tenace, ce qui lui a sans doute permis de passer toutes ces années sans prendre trop de rides.

Pour moi Bono est un peu unique car il allie le charisme à la foi. Voilà un artiste qui a quelque chose à transmettre, des valeurs, un idéal, et qui reste avant tout un grand rêveur, pas nécessairement frappé par sa renommée, qu'on peut croiser en famille autour d'une pizza et qui vous adressera un sourire chaleureux si vous le dévisagez bouche bée...
Un sacré bonhomme pour moi! Merci à Assayas pour avoir si bien rendu hommage à son ami Bono.