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| My little princess [Eva Ioneco] | |
| | Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: My little princess [Eva Ioneco] Mer 29 Juin 2011 - 23:30 | |
| My little princess d'Eva Ionesco - Citation :
- Hannah et Violetta forment un couple hors du commun : mère insaisissable et fillette en quête d'amour maternel, artiste fantasque et pré-ado sans repères. Lorsqu’Hannah demande à sa fille si elle veut être son modèle, tout bascule dans la vie de Violetta qui vivait jusque là avec sa tendre grand mère.
Le malaise est inévitable, eu égard aux sources autobiographiques de l'histoire que raconte Eva Ionesco dans My little princess. Ce sentiment trouble est voulu clairement par la réalisatrice, qui règle ses comptes avec une mère qui lui a, un jour, volé des bribes d'enfance, pour en faire une poupée de chair dont les portraits sulfureux ont fait le bonheur des magazines d'art et, plus grave, les choux gras de journaux moins recommandables. A l'époque des faits, on ne parlait pas encore de pédopornographie. Aujourd'hui, difficile d'éviter le terme, dans ce portrait à charge d'une "perversion" maternelle, contre laquelle, évidemment, nous n'avons pas les arguments de la défense. Sur le plan cinématographique, cette fois, Eva Ionesco signe un film plutôt brillant, qui ne sombre pas dans le voyeurisme, et qui déploie une structure narrative très intéressante, avec des seconds rôles doués d'épaisseur, tels la grand-mère roumaine ou le camarade artiste, joué par l'excellent Denis Lavant. Face à une Isabelle Huppert juste dans l'hystérie et la démesure, ce n'est pas une surprise, la jeune Anamaria Vartolomei est incroyable, y compris dans les moments les plus scabreux. Une prestation qui, on lui souhaite, lui laissera moins de séquelles qu'à Eva Ionesco, dont le film est sans aucun doute une catharsis dont elle avait besoin. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: My little princess [Eva Ioneco] Mer 6 Juil 2011 - 20:54 | |
| - traversay a écrit:
Aujourd'hui, difficile d'éviter le terme, dans ce portrait à charge d'une "perversion" maternelle, contre laquelle, évidemment, nous n'avons pas les arguments de la défense. Sur le plan cinématographique, cette fois, Eva Ionesco signe un film plutôt brillant, qui ne sombre pas dans le voyeurisme, et qui déploie une structure narrative très intéressante, avec des seconds rôles doués d'épaisseur, tels la grand-mère roumaine ou le camarade artiste, joué par l'excellent Denis Lavant. Face à une Isabelle Huppert juste dans l'hystérie et la démesure, ce n'est pas une surprise, la jeune Anamaria Vartolomei est incroyable, y compris dans les moments les plus scabreux. Une prestation qui, on lui souhaite, lui laissera moins de séquelles qu'à Eva Ionesco, dont le film est sans aucun doute une catharsis dont elle avait besoin. Le paradoxe étant qu'en définitive la réalisatrice met elle-même en scène une gamine dans son propre rôle et donc dans les mêmes situations artistico-scabreuses qu'elle semblait pourtant vouloir dénoncer en partie... - aeriale a écrit:
- Bizarre, je ne sais quoi penser de ce film. Il ne m'a pas émue ni bouleversifiée comme il aurait pû. Pourtant c'est bien filmé, à la bonne distance on va dire, ni trop glauque ni trop effleuré, un sujet qui force à réfléchir, une jeune actrice particulièrement douée, bref les ingrédients sont là mais la sauce ne prend pas vraiment. J'avoue que Isabelle Huppert en frappa dingue pour la énième fois, même si elle s'y sent bien, ça commence à peser. Pas incontournable loin de là...
La vraie Irina Ionesco « Je ne conçois l'érotisme qu'à travers une dimension métaphysique. J'aime l'excès, l'onirisme, l'insolite. Aussi, je fais mienne cette phrase de Baudelaire : "Dans l'art, il n'y a que le bizarre qui soit beau". Je n'éprouve de besoin que de femmes pour interprètes de mes rôles et d'une petite fille, ma fille Eva. La nuit seule est propice aux prises de vue de mon théâtre et les lieux sont toujours clos, je les veux parfumés de mystères, de ténèbres et de voies lactées. » Irina Ionesco J'ai plutôt bien aimé ce film qui a souvent fait écho en moi à "Blonde" de Joyce Carol Oates sur les rapports entre Marilyn Monroe enfant et sa mère passablement instable, égocentrique et ambivalente. Je trouve très réussie la façon dont elle montre cet univers gothique et décadent de la photographe Irina Ionesco qui se nourrit d'échos/alibis culturels à Lewis Carroll et à Georges Bataille notamment. La séquence avec le jeune dandy anglais est très étonnante, à la fois profondément dérangeante et un peu maléfique comme dans un conte de fée où menacent toutes sortes de perversions aux charmes vénéneux. On est à la fois devant l'évidence de la déviance et du pathologique et en même temps face à une forme de beauté morbide qui penche au final plutôt du côté de l'art que de la psychopathologie à mon sens. Les 2 coexistent en tout cas et font probablement l'intérêt de la démarche de cette photographe. Une photo d'Irina Ionesco qui inspire la scène avec le jeune mécène Irina Ionesco était extravagante, montrée comme hystéro-narcissique et potentiellement un peu perverse, mais elle dit probablement quelque chose qu'on ne veut pas voir de la séduction précoce que peut potentiellement exercer une enfant sur certains adultes, séduction dont cette petite fille pré-pubère détient les clés presque intuitivement même si sa mère lui enseigne les gestes et les attitudes. C'est finalement une réflexion sur ce qui fait apparaitre le trouble sexuel chez une jeune adolescente débutante, son désir de s'identifier aux plus grands (fumer, se maquiller, séduire...). Lolita malgré elle ou avec elle? On sent le mélange de participation active et d'obligation, de jeu complice et de fuite. La réalisatrice semble vouloir exprimer cette dualité qui doit moralement lui poser encore certaines questions aujourd'hui. Dualité aussi concernant la valeur artistique du travail de sa mère. Elle penche tantôt du côté de l'arnaque et du snobisme des milieux de l'art qui encensent la nouveauté et la transgression sur des arguments prétextes plutôt creux, tantôt du côté d'une véritable force de ce qui reste une oeuvre photographique singulière. Le film vaut pour cette complexité qui évite une condamnation trop hâtive. La réalisation est souvent intéressante. C'est aussi une histoire de famille qui révèle quelques brèches dans la transmission transgénérationnelle | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: My little princess [Eva Ioneco] Jeu 14 Juil 2011 - 10:09 | |
| My little princess me laisse une impression d'inachevé, d'inabouti. Finalement, Eva Ionesco passe plus de temps à nous montrer cette gamine et sa constante mise en représentation érotique, qu'à nous faire sentir les vrais impacts psychologiques. Le côté très réussi du film c'est qu'on retrouve l'univers d'Irina Ionesco, l'ambiance de ses œuvres, et leur force pleine d'ambiguité. Mais là où c'est troublant, et peut-être raté (?), c'est que le film est censé dénoncé cet art, dénoncé l'égoïsme artistique de la mère, cette dénonciation a peu de poids et d'intensité. Du coup, également, montrer ces clichés, ces postures, ces mises en scène érotique de l'enfant, et les trouver intéressantes, belles, alors que le film veut les mettre en avant comme chiqué, provocation gratuite et fumisterie, met le spectateur dans une situation pas très claire.
Peut-être est-ce voulu, cette ambiguïté. Peut-être est-ce dû au manque de distance qu'Eva Ionesco arrive à prendre avec son propre film/sujet. Du coup, on ne dépasse pas tellement les clichés et l'anecdotique. Et les scènes les plus marquantes, les plus belles, sont celles qui ont nourri l’œuvre d'Irina Ionesco : les troublants moments entre le dandy gothique et l'enfant, leur désir morbide et interdit, chaste en extérieur mais brûlant de l'intérieur. La supériorité malsaine de la gamine qui joue de sa séduction sur de vieux gars libidineux. L'univers de la mère, son appartement, ses tenues, sa prestance : tout en dégage une beauté, une fragilité et une excentricité macabre.
Les moments de confrontation avec la grand-mère sont vraiment très intéressants, par contre, pour dénoncer la dérive, et bien plus fort que les instants de rébellion de l'enfant, qui ressemble à des caprices, alors qu'ils devraient révéler un vrai traumatisme.
Bref, un film pas très bien réussi mais qui recèle d'idées. Il est toujours compliqué au final de faire jouer un enfant dans un rôle où, justement, il doit dénoncer l'utilisation de son image, et l'exploitation de sa jeunesse dans un monde d'adulte, alors que c'est exactement ce qui est fait pour parvenir à cette dénonciation. Et toujours compliqué de donner de l'épaisseur psychologique à un jeu d'enfant. Heureusement, les acteurs sont tous très bons, et évitent la surenchère. Et tout le film reste juste là où il faut pour ne pas mettre le spectateur trop mal à l'aise ni trop voyeur. Peut-être que c'est cet entre deux qui fait perdre de sa force au film ? | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: My little princess [Eva Ioneco] Jeu 14 Juil 2011 - 16:32 | |
| - Queenie a écrit:
- ll est toujours compliqué au final de faire jouer un enfant dans un rôle où, justement, il doit dénoncer l'utilisation de son image, et l'exploitation de sa jeunesse dans un monde d'adulte, alors que c'est exactement ce qui est fait pour parvenir à cette dénonciation.
Et toujours compliqué de donner de l'épaisseur psychologique à un jeu d'enfant. Et tout le film reste juste là où il faut pour ne pas mettre le spectateur trop mal à l'aise ni trop voyeur. Peut-être que c'est cet entre deux qui fait perdre de sa force au film ? Tu as raison Queenie: cette 'bonne distance' dont je parlais plus haut et qui évite de tomber dans le scabreux fait finalement la faiblesse du film. L'actrice garde et c'est normal, cette naïveté ambivalente faite de séduction et de candeur qui fait la force de son rôle, elle est à mi chemin entre le jeu et le réel, c'est à dire ce qu'elle dégage devant les caméras et qu'elle ne contrôle pas et c'est là que tout se mélange : le spectateur devient aussi voyeur d'où sans doute ce recul et finalement cette absence de ressenti que je n'arrivais pas à m'expliquer. Les scènes qui correspondent à la vie "hors objectif ", avec la grand mère par exemple, nous touchent nettement plus car on peut s'y projeter, retrouver des repères et mesurer la dérive qui peu à peu gagne cette famille. Il y a clairement comme le souligne Marko une dualité très complexe entre ce que cette gamine veut montrer et ce qu'on l'incite à faire. La frontière entre les deux est mouvante et fragile, le point de rupture imprévisible (la scène où elle veut reprendre son rôle face à sa concurrente dit beaucoup) et c'est vrai que cet aspect est bien montré. On est vraiment entre la dénonciation et la culpabilité, difficile finalement d'aller plus loin alors... | |
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| Sujet: Re: My little princess [Eva Ioneco] | |
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| | | | My little princess [Eva Ioneco] | |
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