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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
Sujet: Oswald Wynd Mer 10 Aoû 2011 - 21:33
Oswald Wynd (1913 - 1998) est un écrivain écossais.
Il est né à Tokyo de parents qui ont quitté leur ville natale de Perth pour une mission au Japon. Il a fréquenté les écoles au Japon où il a grandi en parlant anglais et japonais. En 1932, il est retourné avec ses parents en Ecosse, a étudié à l' Université d'Edimbourg et a commencé à écrire des romans. Lorsque la Seconde Guerre mondiale est arrivée, il a rejoint le Scots Guards , mais a ensuite été nommé dans l'Intelligence Corps et envoyé en Malaisie. Au moment de l'invasion japonaise, il a été rattaché à l'armée indienne sur la côte Est de la Malaisie, et sa brigade a couvert le retrait final de Singapour. Coupé des autres par l'avancée des Japonais, il s'est perdu seul une semaine dans la jungle. Finalement, il a été capturé et a passé plus de trois ans comme prisonnier de guerre , durant laquelle il a écrit des dépêches et servi d'interprète pour les détenus. A Hokkaidō , au cours de la dernière année de la guerre, il a commencé un roman, Fontaines Noire, qui en 1947 a remporté le Prix Doubleday. Après la guerre, ilil est revenu en Écosse, en passant par les Philippines, ayant désormais passé quelque vingt-trois ans de sa vie en Extrême-Orient. Il a vécu en Ecosse jusqu'à sa mort en 1998 et écrit, entre autres livres, Une odeur de gingembre et une série de thrillers très réussie sous le pseudonyme de "Gavin Black '.
Livres ou Nouvelles
The Black Fountains (1947) Les Fontaines Noire (1947) The Ginger Tree (1977) William Collins Sons & Co., London. L'Arbre Ginger (1977) de William Collins Sons & Co., à Londres.
Fantasy Fantasme
When Ape Was King (1949) Lorsque Ape était roi (1949) Thrillers by 'Gavin Black': Thrillers par «Gavin Black ':
Night Run From Java Nuit à partir de Java Run A Moon for Killers Une Lune pour The Killers A Big Wind for Summer Un grand vent pour l'été The Golden Cockatrice La Cockatrice or The Bitter Tea Le Bitter Tea The Cold Jungle La jungle froide Dead Man Calling Dead Man Calling A Dragon for Christmas Un dragon pour Noël The Eyes Around Me Les yeux autour de moi The Fatal Shadow L'ombre fatale Do you Want to Die, Johnny? Ne vous voulez mourir, Johnny? A Wind of Death Un vent de la mort A Time for Pirates Un temps pour Pirates
Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
Sujet: Une odeur de gingembre Mer 10 Aoû 2011 - 21:39
Quatrième de couverture :
En 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collinsgsworth, l'attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d'esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu'elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l'on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s'intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l'originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.
Mon avis :
L’originalité de ce livre (même si cela existe par ailleurs) c’est qu’il est écrit par un homme et que le contenu est d’une part le journal intime d’une femme, d’autre part certaines des lettres qu’elle envoie (entre autres à sa mère et à une amie). On ne voit jamais les réponses à ses courriers, ni des scènes décrites par un narrateur. Tout vient de ses écrits et il est intéressant de voir qu’un homme a su s’exprimer avec une sensibilité toute féminine.
Nous suivons ainsi Mary de 1903 à 1942. Jeune femme écossaise, elle part en bateau pour la Chine où elle doit épouser Richard, rencontré quelque temps auparavant. Elle quittera ensuite la Chine pour le Japon. A travers son vécu de femme, étouffée dans le rôle qu’on veut lui donner, nous allons l’accompagner dans son combat féministe. Mais surtout nous découvrons ces deux pays, leurs habitudes, leurs mœurs (rien que la nourriture …… Mary vit de grands moments de solitude ….), leur mode pensée etc …. et se posent alors les questions des mariages mixtes, des déracinements de personnes d’une même culture pour aller vivre ailleurs, des styles de vie si différents d’une contrée à l’autre (l’étude des diverses courbettes est un vrai régal) de ce qui paraît incongru à un endroit et si naturel à deux pas de là, des choix d’éducation, de la place de la femme dans différentes sociétés, des relations entre hommes et femmes si délicates lorsqu’on n’est pas dans un environnement connu etc … On vit avec elle le tsunami, les tremblements de terre et on lit l’évolution de son mode de pensée face à ses situations parce qu’elle s’est, en partie (en partie seulement ! heureusement !) imprégnée du ressenti japonais face à ces phénomènes naturels. « La discipline de ce pays a déjà commencé à s’infiltrer en moi. » « ….consciente comme je ne l’avais jamais été jusque-là de l’insécurité physique presque totale dans laquelle chacun doit passer sa vie entière. » Et c’est tellement vrai même maintenant en 2011 !
J’ai beaucoup aimé l’idée de la malle dans laquelle on entasse ses souvenirs (matériels ou ressentis) et du tri qu’il faudrait faire pour ne remplir qu’une petite valise où on ne garderait que l’essentiel … Que mettrais-je, moi, dans cette petite valise ?
En suivant l’évolution historique de ces deux pays, on voit aussi les changements qui habitent Mary. De page en page, la jeune fille un peu effacée devient femme, mère, battante, combattante, bien décidée à prendre sa vie en mains.
Les deux aspects de ce beau roman (vie de Mary et approche historique) se complètent et permettent de ne pas voir le temps passer, tant on est intéressé pour en savoir plus soit sur la vie de Mary, soit sur les événements du pays concerné.
L’écriture est douce, parfois un peu lente, tout en ressentis puisqu’il s’agit d’écriture au sens noble du terme. Certains pourront penser qu’il se passe peu de choses mais Mary est si attachante dans ses questionnements, ses luttes, ses peurs, ses envies, sa vie, qu’on ne peut pas l’abandonner.
NB : et si vous avez envie de savoir pourquoi le titre est « Une odeur de gingembre », lisez le livre !
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Oswald Wynd Mer 10 Aoû 2011 - 22:32
Vu l'avis, comme ça, ça me donne l'impression d'un roman de divertissement (limite CulCul Non ?). Peut-être qu'un bout d'extrait m'en dirait un peu plus. ça me fait penser à du Pearl Buck, en fait.
Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
Sujet: Re: Oswald Wynd Mer 10 Aoû 2011 - 22:46
Extrait 1:
"Je n'ai pas eu l'impression que ma contribution au succès du dîner des Chamonpierre était si décisive que cela quand j'ai réalisé que ma tâche était à nouveau d'essayer de tirer quelques mots du comte Kurihama à table. Il était manifeste qu'il n'en avait aucune envie, et je ne suis pas parvenue à un grand résultat. Je lui avais dit que j'avais vu des représentations du mont Fuji, qui est très beau, et que j'espérais bien avoir un jour l'occasion de le voir en vrai, et il a répondu "ah." Je lui ai demandé s'il avait déjà fait l'ascension de cette célèbre montagne et il a dit :"non." Je lui ai dit que je trouvais cela étonnant et il a répondu : "Trop occupé devenir soldat."Je suis persuadée qu'il fait exprès de parler aussi mal anglais, parce qu'il doit penser que c'est de cette façon que les Anglais s'attendent à voir s'exprimer un Japonais, et subitement, à mon propre étonnement, je le lui ai dit tout de go tel quel. Il m'a regardé droit dans les yeux pour la première fois, il me semble, puis il a éclaté de rire. C'était un peu comme lorsque j'avais fait rire Yao, la figure du comte a été complètement transformée pendant trente secondes ou plutôt trois secondes, lui donnant presque l'air d'un gamin."
Extrait 2:
"Une équipe d'ouvriers doit commencer aujourd'hui à préparer la terre de mon jardin, qui sera livré au début de la semaine prochaine. Je suis restée à la maison pour surveiller les travaux. Il ne pousse plus que des mauvaises herbes, c'est du moins ce que je croyais. Les graines n'auraient pas pu survivre à ce brasier, les vents d'hier ont donc dû en apporter d'autres. J'ai jeté un coup d'oeil aux restes de mon vieux pin devenu quasiment du charbon de bois avant de monter sur le petit terre-plein d'où saillait le chicot de l'arbre à gingembre comme un piquet passé à la créosote. Je n'en croyais pas mes yeux, quand j'ai vu ce qui luttait contre les mauvaises herbes pour gagner sa part de soleil : une pousse verte toute nouvelle, émergeant d'un amas de racines noircies, et qui portait déjà neuf de ces feuilles aromatiques si facilement reconnaissables. J'en ai pincé une pour être bien sûre, qui m'a laissé sur les doigts cette odeur de gingembre.
Je ne crois pas aux présages, sauf quand ils sont bons. Et c'était un bon présage. Je suis de retour dans une maison qui sent encore la menuiserie fraîche, et ressens une joie parfaitement ridicule. Je vais rester avec les terrassiers toute la journée, pour être bien sûre qu'une colline artificielle sera de nouveau dominée par cet arbre venu d'ailleurs."
Je n'ai pas eu l'impression de lire un livre "culcul" (je les fuis) mais de découvrir une tranche d'histoire à travers une écriture, qui peut sembler désuette mais qui est poétique et de qualité à mon sens.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Oswald Wynd Jeu 19 Jan 2012 - 20:58
Une odeur de gingembre
Avant de me lancer dans la lecture de ce livre, j'avais un peu en tête la même idée que Queenie, que cela allait être plutôt cul-cul… sans doute 4e de couverture : « l'attaché militaire britannique auquel elle a été promise »… « une liaison avec un officier japonais »… « définitivement au ban de la société »… « rejetée par son mari »… on avait là tous les ingrédients pour un récit plein de bons sentiments et d’émotions faciles. Eh bien pas du tout, ce texte n'a rien à voir avec la facilité et le sentimentalisme. C’est l’ histoire d'une jeune fille tout à fait ordinaire, promise à un destin tout à fait extraordinaire. Comment trouver cul-cul une jeune femme qui écrit dans son journal :
Citation :
Ce n'est pas de l'amour, c'est bien trop plaisant.
Quand elle part d'Angleterre pour la Chine avant de rejoindre son futur mari, accompagnée de son chaperon, il n'y a en effet pas grand-chose à attendre de Mary, formatée par le carcan d'une éducation marquée par le puritanisme, la religion, et le respect des conventions. Elle ignore les ressources qui sont en elle, une tête bien faite, une incapacité à se plaindre de son sort, une détermination farouche à s’en sortir sans en faire un plat, et tout cela, confronté dans une grande ouverture d'esprit à des conventions et des mœurs nouveaux, l'amène à un parcours de vie tout à fait extraordinaire. Et comme cela se déroule en Chine et au Japon dans la première moitié du XXe siècle nous découvrons des éléments historiques et sociologiques passionnants, loin des stéréotypes habituels. Tout cela nous est raconté sur un ton calme et déterminé, car elle reste cependant au fond d'elle-même la petite écossaise sage et bien élevée qu'elle était, dans un style délicieusement féminin, charmant, qui n’exclue pas l'humour –un humour so british. Elle a une incroyable capacité à nous faire intuiter les choses sans les expliciter, à décrire simplement des faits et nous laisser en tirer des conclusions. Par exemple quand elle parle du gingembre qui pousse dans son jardin, elle nous dit :
Citation :
Quand on froisse une de ces feuilles entre les doigts, il se dégage une légère odeur de gingembre, et même si sa forme de buisson le rend un peu incongru dans un jardin japonais classique, surtout près du point crucial qu’est une lanterne de pierre sur une colline miniature, je refuse de laisser Sato y toucher. (…) Le fait qu’il dépare ainsi le restant du jardin, avec son allure de plante venue d'ailleurs, accentue encore, à mes yeux du moins, la perfection savamment entretenue de ce qui l'entoure.
… et elle ne nous dit pas qu’elle nous parle ainsi d'elle-même, petite plante étrangère au sein d'un grand jardin japonais.
Une excellente lecture, très originale, tout en même temps douce et vibrante.
Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
Sujet: Re: Oswald Wynd Jeu 19 Jan 2012 - 22:11
Comme quoi... un livre qui gagne à être découvert... Sans doute mon avis était-il mal écrit puisque peu tentant ... Merci d'avoir rétabli l'équilibre....
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Oswald Wynd Ven 20 Jan 2012 - 7:37
A nous deux, nous convaincrons peut-être d'autres lecteurs...
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
Sujet: Re: Oswald Wynd Ven 20 Jan 2012 - 8:30
Il est dans ma pile, je le lirai un de ces jours...mais je ne sais pas pas quand !!!
Comme quoi... un livre qui gagne à être découvert... Sans doute mon avis était-il mal écrit puisque peu tentant ... Merci d'avoir rétabli l'équilibre....
Ne t' inquiète pas, Cassiopée, le sort d' un livre sur un forum est une étonnante aventure...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Oswald Wynd Dim 13 Déc 2015 - 17:18
Je trouve que Une odeur de gingembre est un très bon livre, certes classique dans sa forme, mais vraiment réussi dans son genre. C'est très romanesque, vous avez déjà eu des résumés plus haut, la vie de cette femme qui va en Extrême Orient et doit s'adapter pour y faire sa vie, avec ses amours, et ses drames. Cela pourrait être en effet très mélo, très sentimental, mais l'auteur réussit, grâce à une mise à distance dans l'écriture, à une retenu, à en faire une histoire touchante et intéressante sans abuser de la corde sensible. La découverte de l'Orient et surtout du Japon, des mentalités, des styles de vie, est une partie dans laquelle l'auteur excelle. J'ai passé un bon moment, et je crois que c'est un livre qui pourrait plaire à pas mal de gens ici.
Invité Invité
Sujet: Re: Oswald Wynd Mar 15 Déc 2015 - 11:18
C'est tentant!
Apparemment il a été adapté en mini-série en 1989.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Oswald Wynd Mar 15 Déc 2015 - 18:36
Merci pour la vidéo. Ce n'est pas étonnant, cette histoire peut être très télévisuelle.
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Sujet: Re: Oswald Wynd
Oswald Wynd
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