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| Dominique Sigaud | |
| | Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Dominique Sigaud Mar 16 Aoû 2011 - 12:22 | |
| Dominique Sigaud est née à Paris en 1959. Elle est journaliste indépendante de 84 à 96, parcourant le monde arabe et l'Afrique. Elle devient écrivain en 1996 en publiant L'hypothèse du désert chez Gallimard. Plusieurs livres suivront dont La vie là-bas, comme le cours de l'oued (1997), Blue Moon (1998), The dark side of the moon (2004), en 2007, chez Actes-Sud elle commence un cycle avec la commissaire Partouche : L'inconfort des ordures (2007) et Conte d'exploitation (2011) Ses livres interrogent notre relation à la guerre et à la violence ; ils sont souvent teintés d'une réflexion politique et d'un regard informé sur le monde. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Dominique Sigaud Mar 16 Aoû 2011 - 12:38 | |
| Une femme. Journaliste. Rentre chez elle après avoir interviewé un homme ayant subi des actes de tortures par les militaires. Nous sommes à Guadaja, une ville inventée, et cette femme ne reviendra jamais chez elle. Viol. Humiliation. Viol. Interrogatoire. Torture. Le livre est écrit à l'aide de passages parfois excessivement courts, parfois seulement quelques mots, jetés pour ne pas perdre la raison, pour conserver un peu de lucidité ou pour ne pas laisser les tortionnaires entrer complètement dans la tête. Dominique Sigaud ne mâche pas ses mots, les actes se suivent, intenses, monstrueux, les actes fait pour détruire la résistance de cette femme, une chienne, gisant sur le sol d'une pièce sans meuble... Parfois on se sent voyeur, le récit est insoutenable, mais il tend vers le témoignage et si aveu il y a alors il faut se souvenir que : aveu est un dérivé d'advocare, appeler auprès de soi. Alors il faut bien accepter d'aller au bout des mots, des silences, des brisures, pour sentir un peu, la peur, sentir la peau de cette femme, sa vie, malgré tout. On assiste à une dislocation, un corps qui renonce, une parole qui ne peut plus rien dire, une femme laissée pour morte à elle-même. Dur. Très dur. Et nécessaire. Dominique Sigaud parvient à ne pas trop en faire, tout en dénonçant avec une violence exacerbée ce que peuvent subir des femmes dans des états militaires. Un tour de force qui laisse k.o. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Dominique Sigaud Mar 16 Aoû 2011 - 15:28 | |
| Je l' ai lu, oui... Mais je ne me souvenais pas que c' était si violent. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Dominique Sigaud Mar 16 Aoû 2011 - 16:36 | |
| j'ai failli ne pas aller au bout, mais l'orgueil, la résistance, l'obstruction du personnage, la réflexion sur la reconstruction après avoir subi l'inhumain (reconstruction qui passe par l'éloignement, la difficile nudité, la parole et par la dénonciation, par le refus de penser que cette femme est responsable de ce qui lui est arrivé) font que j'ai poursuivi cette pénible lecture (heureusement l'écriture prend en charge une partie du pathos en s'asséchant, en s'éloignant de la pitié et en se tournant vers l'effort de comprendre, pourquoi et comment continuer) et j'ai fini par y puiser quelque chose de très fort. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Dominique Sigaud Dim 4 Déc 2011 - 17:32 | |
| La corpulence du monde
La gageure : raconter 24 heures de la vie de trois personnages : le premier est un militaire anglais, en Irak, travaillant dans une troupe d'élite, le deuxième est un looser contraint de tuer ses gosses et la troisième est celle qui écrit l'histoire des précédents, tout en racontant sa propre journée. Le procédé est connu, parfois il atteint une certaine réussite (chez Butor par exemple) mais ici il manque un 'je ne sais quoi' pour être complètement séduit par ces trois histoires. L'écriture pêche sans doute le plus. Alors que dans In the dark of the moon Dominique Sigaud parvenait à nous faire éprouver la violence indicible subie par son personnage, le récit éclaté de La corpulence du monde manque de resserrement, d'exactitude et de profondeur. Il émerge malgré tout du récit un questionnement sur la nécessité des guerres, la violence faite aux femmes, le rapport que nous avons avec nos proches, notre façon d'accepter l'inacceptable, de nous soumettre (à la hiérarchie, à l'homme aimé, à l'enfant tyrannique) ; je retiens également quelques passages très purs sur la relation de l'écrivaine avec ses enfants, la colère qui naît en elle, la découverte d'un double-fond, découverte qui fait écho à celle du militaire et de l'infanticide.
Dominique Sigaud aborde toujours des sujets épineux, difficiles, de manière à la fois journalistique et humaine; ici encore, elle creuse le sillon de la culpabilité, de la justice et de l'aliénation avec rigueur et justesse. Il manque sans doute à ce livre un petit peu d'ambition littéraire pour qu'il soit parfaitement à mon goût, mais au moins il a le mérite de soulever des questions importantes. | |
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| Sujet: Re: Dominique Sigaud | |
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| | | | Dominique Sigaud | |
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