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| Saverio Costanzo | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Saverio Costanzo Mer 4 Mai 2011 - 11:02 | |
| Wikipédia : - Citation :
- Saverio Costanzo (né le 28 Septembre 1975) est un Italien réalisateur.
Il est né à Rome , le fils du journaliste et présentateur de télévision Maurizio Costanzo . Son premier était privé en 2004. En 2007 son deuxième long métrage Dans memoria di me a été présenté à la 57ème édition du Festival du Film de Berlin. Son film de 2010 La Solitude des nombres premiers a été nominé pour le Lion d'or à la 67e Mostra de Venise . [ 1 ] En 2013, il a dirigé la série In Treatment . Filmographie 2004 Private 2006 In Memoria Di Me 2010 La Solitude des nombres premiers 2014 Hungry Hearts La solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo - Citation :
- De 1984 à 2007, la vie de Mattia et d'Alice. Deux enfances difficiles, bouleversées par un terrible événement qui marquera à jamais leur existence.
L'adaptation du (bon) roman de Paolo Giordano est fidèle mais, force est de constater, qu'une fois de plus, les images ont du mal à retranscrire la puissance des mots. La solitude des nombres premiers est un film sinistre, constamment, avec une construction beaucoup trop sophistiquée, les époques se contaminant dans un savant désordre, qui rend l'entreprise d'une grande artificialité. Saverio Costanzo crée un climat opaque, oppressant, densifie un mystère alors qu'il aurait pu jouer la carte de la simplicité. Traumatisés par l'enfance, Alice et Mattia se frôlent, se reconnaissent, mais sont incapables de communiquer et de confronter leurs angoisses respectives. Le film a tendance à niveler tous les sentiments et joue avec maladresse sur le symbolique, dans une ambiance à rendre suicidaire un dépressif. Le qualités d'écriture et de pudeur du livre de Giordano se transforment en un lourd lamento dans le film de Costanzo. Moi qui trouve toujours des petites choses à picorer, même dans un film qui ne m'a guère séduit, là, j'ai vraiment du mal.
Dernière édition par traversay le Mer 4 Mai 2011 - 11:07, édité 3 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: La solitude des nombres premiers [Saverio Costanzo] Mer 18 Mai 2011 - 0:03 | |
| - traversay a écrit:
L'adaptation du (bon) roman de Paolo Giordano est fidèle mais, force est de constater, qu'une fois de plus, les images ont du mal à retranscrire la puissance des mots. La solitude des nombres premiers est un film sinistre, constamment, avec une construction beaucoup trop sophistiquée, les époques se contaminant dans un savant désordre, qui rend l'entreprise d'une grande artificialité. (...) Les qualités d'écriture et de pudeur du livre de Giordano se transforment en un lourd lamento dans le film de Costanzo. Moi qui trouve toujours des petites choses à picorer, même dans un film qui ne m'a guère séduit, là, j'ai vraiment du mal. Quel film étrange! A la fois trop long et inutilement déconstruit et embrouillé mais en même temps original, bricolé, parfois brillant et même émouvant. Trop ambitieux, trop artificiel c'est vrai. Ce qui est le plus intéressant c'est la façon dont il raconte cette histoire de traumas d'enfance et d'amour entre cabossés de la vie comme s'il filmait un Giallo à la Dario Argento. La bande son est d'ailleurs un mélange de musiques à la façon du groupe Goblin (époque Profondo Rosso avec générique typique du genre et comptines maléfiques) ou de John Carpenter (époque Fog, New York 1997 ou Halloween avec ces sonorités de synthétiseurs lancinantes). Un soupçon de Carrie au bal du diable pour la perversité des adolescentes mais aussi des scènes de vestiaires comme dans Suspiria... Ce mélange est plutôt réussi et permet de suivre cette intrigue qui par ailleurs est trop fouillie et difficile à comprendre pendant un moment. J'ai failli quitter la salle au bout de 20 minutes. D'autant qu' Isabella Rossellini joue terrriblement mal. Par contre la scène de la soirée techno est très chouette comme toute la fin. Donc à l'arrivée une curiosité pas inintéressante mais pas non plus aboutie. Je me demande bien à quoi peut ressembler le roman d'origine! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Mer 28 Sep 2011 - 22:57 | |
| La solitude des nombres premiers.
Je n'ai pas lu le livre, ce qui certainement favorise mon bon avis sur ce film.
D'abord et surtout, comme Marko, j'ai aimé l'ambiance étrange, les tout premières images version Giallo forcément, j'aime. Et retrouver ce truc étrange dans l'ambiance fête, avec cette musique très forte (et très nase) et tous les petits bouleversements psychologiques qui se jouent en quelques secondes. Et un montage vraiment bien tenu par Costanzo - cette manière d'imbriquer des bouts de flash back signifiants au milieu de moments présents, ça les met en lumière, ça leur donne une intensité qui nous serait peut-être passée au-dessus autrement. En plus, ce procédé permet à la fois d'amener plus d'empathie, mais également plus de distance avec le sujet : jamais de chute dans le glauque, le too much.
J'apprécie qu'il n'est pas "joué la carte de la simplicité" parce que ça aurait été alors un film classique (commun?) sur l'adolescence, ses troubles, ses drames, ses quêtes. Même s'ils sont parfois très réussis (je pense aux films de Sciamma), je dois reconnaître que ça fait du bien un réalisateur qui ose un regard différent, ou tout du moins un angle de vue plus original. Et cette façon de monter, de filmer, de pousser le son, ce n'est pas juste pour faire de l'effet : ce foutoir, ce mélange de plusieurs époques, ça donne l'impression d'être dans la tête des protagonistes, de vivre leurs désordres mentaux et hormonaux.
Alors, oui ce n'est pas tout à fait aboutit, mais il y a un vrai quelque chose, et une touche personnelle intéressante. J'attends d'en voir d'autre de ce réalisateur. Chouette découverte. | |
| | | Vincent-Marie Posteur en quête
Messages : 74 Inscription le : 03/10/2011 Age : 39 Localisation : Nice
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 3 Oct 2011 - 3:07 | |
| Le titre, mathématicien en plus que je suis, est une merveille. Je n'ai pas vu le film, mais ça ne serait tarder. Il y a quelque titre qui me reviennent comme l'insoutenable légerté de l’être, ou de battre mon coeur s'est arreté qui résonne souvent dans ma tête.
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| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 3 Oct 2011 - 9:40 | |
| - Setzene a écrit:
- Le titre, mathématicien en plus que je suis, est une merveille. Je n'ai pas vu le film, mais ça ne serait tarder. Il y a quelque titre qui me reviennent comme l'insoutenable légèreté de l’être, ou de battre mon cœur s'est arrêté qui résonne souvent dans ma tête.
Mais as-tu lu le livre ? (Moi non) C'est vrai qu'il y a des titres qui font tilt immédiatement, ils ont une sorte de poésie, de truc qui accroche, qui ne s'écoule pas facilement, qui tient un peu du mystère aussi. C'est important. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 3 Oct 2011 - 15:42 | |
| - Setzene a écrit:
- Le titre, mathématicien en plus que je suis, est une merveille.
Et d'autant plus beau qu'il prend tout son sens dans cette histoire étonnante. Proust parle très bien de cette magie de certains mots (ou combinaisons de mots) qui laissent entrevoir tout un monde avant même qu'on en connaisse le véritable contenu. Ce titre "La solitude des nombre premiers" stimule déjà notre imaginaire et c'est ce qui donne tellement d'importance au choix d'un titre de livre ou de film. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 3 Oct 2011 - 22:00 | |
| J'ai aussi découvert ce film assez récemment et partage vos impressions. On ressent une artificialité...mais ce sont les discontinuités, les prises de risque, les décalages apparents qui laissent une impression étrange et troublante. La mise en scène est parfois fascinante même si elle ne parvient pas à convaincre dans la durée, tant la tension qui irrigue chaque scène maintient un équilibre périlleux et instable. Costanzo développe systématiquement une ambiance, parfois contre ses personnages, et se heurte alors aux limites d'un exercice de style désincarné. Il emporte l'adhésion dès qu'il parvient à confronter cette ambition à la construction d'un édifice psychologique, reliant l'âge adulte à l'enfance. Dans l'expression des peurs et d'une fragilité. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Mar 4 Oct 2011 - 10:04 | |
| - Avadoro a écrit:
- J'ai aussi découvert ce film assez récemment et partage vos impressions. On ressent une artificialité...mais ce sont les discontinuités, les prises de risque, les décalages apparents qui laissent une impression étrange et troublante. La mise en scène est parfois fascinante même si elle ne parvient pas à convaincre dans la durée, tant la tension qui irrigue chaque scène maintient un équilibre périlleux et instable.
Costanzo développe systématiquement une ambiance, parfois contre ses personnages, et se heurte alors aux limites d'un exercice de style désincarné. Il emporte l'adhésion dès qu'il parvient à confronter cette ambition à la construction d'un édifice psychologique, reliant l'âge adulte à l'enfance. Dans l'expression des peurs et d'une fragilité. Espérons qu'au fur et à mesure des films il trouve le parfait équilibre ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Ven 23 Aoû 2013 - 12:22 | |
| La solitude des nombres premiers (2010) de Saverio Costanzo Parce que le film se veut aussi solitaire que Mattia et Alice, parce qu’il se concentre sur des sensations extérieures et se focalise sur certains détails des relations humaines, l’adaptation cinématographique de la Solitude des nombres premiers est envoûtante. En faisant s’alterner plusieurs étapes de la vie des personnages –enfance, adolescence, début de l’âge adulte et trentaine- dans une succession temporaire qui ne doit rien à la chronologie, on comprend peu à peu ce qui a pu rapprocher Mattia, un garçon passionné par la logique et au comportement autistique, à Alice, une fille boiteuse cadenassée dans un silence qui attire la répulsion et la tyrannie des camarades de son âge. Leur rapprochement s’effectue sous le mode du mystique. Les mots interviennent peu et laissent surtout place aux regards, aux démarches et aux évènements extérieurs –musique, contes, dessins animés… Et lorsque les mots interviennent enfin, ils sont aussi imprévisibles et surprenants que les enfants qui les prononcent. Saverio Costanzo arrive à créer une atmosphère fantastique autour de ce qui n’aurait pu être qu’une bluette corsée de souffrances psychologiques. Si les trois premiers quarts du film sont prenants et nous assènent révélation sur révélation, le dernier quart joue avec un rythme ralenti et nous propose une fin plus conventionnelle. Saverio Costanzo a voulu suivre le fil directeur du livre jusqu’au bout –et on ne peut pas le lui reprocher-, mais on déplorera toutefois qu’il n’ait pas réussi à lui transmettre ce caractère fantastique qui caractérisait les états temporaires plus juvéniles d’Alice et de Mattia pour créer un film qui soit solitaire et déphasé jusqu’à son terme. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Ven 23 Aoû 2013 - 12:26 | |
| - Marko a écrit:
Ce qui est le plus intéressant c'est la façon dont il raconte cette histoire de traumas d'enfance et d'amour entre cabossés de la vie comme s'il filmait un Giallo à la Dario Argento. La bande son est d'ailleurs un mélange de musiques à la façon du groupe Goblin (époque Profondo Rosso avec générique typique du genre et comptines maléfiques) ou de John Carpenter (époque Fog, New York 1997 ou Halloween avec ces sonorités de synthétiseurs lancinantes). Un soupçon de Carrie au bal du diable pour la perversité des adolescentes mais aussi des scènes de vestiaires comme dans Suspiria... Ce mélange est plutôt réussi et permet de suivre cette intrigue qui par ailleurs est trop fouillie et difficile à comprendre pendant un moment. J'ai failli quitter la salle au bout de 20 minutes. D'autant qu' Isabella Rossellini joue terrriblement mal. Par contre la scène de la soirée techno est très chouette comme toute la fin.
D'accord pour les références, et d'ailleurs, ça me donnerait envie de me regarder un Dario Argento ou Carrie... - Queenie a écrit:
Je n'ai pas lu le livre, ce qui certainement favorise mon bon avis sur ce film.
D'abord et surtout, comme Marko, j'ai aimé l'ambiance étrange, les tout premières images version Giallo forcément, j'aime. Et retrouver ce truc étrange dans l'ambiance fête, avec cette musique très forte (et très nase) et tous les petits bouleversements psychologiques qui se jouent en quelques secondes. Et un montage vraiment bien tenu par Costanzo - cette manière d'imbriquer des bouts de flash back signifiants au milieu de moments présents, ça les met en lumière, ça leur donne une intensité qui nous serait peut-être passée au-dessus autrement. En plus, ce procédé permet à la fois d'amener plus d'empathie, mais également plus de distance avec le sujet : jamais de chute dans le glauque, le too much. Je n'ai pas lu le livre non plus mais ce film m'en donne l'envie. Et tu as raison de souligner l'importance de la musique (nase) mais qui prend étrangement une nouvelle ampleur lorsqu'elle entoure ces deux enfants qui évoluent sans sembler y prêter la moindre attention... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Dim 8 Mar 2015 - 21:57 | |
| - topocl a écrit:
- Bon, alors j'ai fait un effort, je reviens avec :
Hungry Hearts de Saverio Costanzo
C'est un film qui commence comme une comédie sentimentale brillante, farfelue et réussie. Le début est drôle et joyeux comme un couple d'amoureux, ils sont discrètement décalés, avec juste ce qu'il faut de peps pour n'être pas tout à fait comme les autres et que ça ne soit pas niais. On a aussi ce grand plaisir que ces acteurs merveilleuxvous vous ne ressemblent en rien à des acteurs, mais plutôt à vous et moi, et que leur intérieur ne ressemble pas à un appartement de Woody Allen.
Puis cela tourne insensiblement au thriller psychologique, petit décalage par petit décalage, parce que, quand l'enfant arrive, ce qui faisait le charme de Mina, son sérieux, ses croyances, son idée du sens de la vie tournent peu à peu à la folie, devant Jude, amoureux et impuissant. Mais derrière notre terreur qui monte, reste l'humour.
On passe à travers toute la gamme des émotions, du rire aux larmes, du plaisir à la peur, puis à l'horreur . C'est incroyablement bien ficelé, tout cela se mélange et m' a laissée dans un petit nuage d'euphorie. Cette douceur qu'il y a en Jude face à la dureté de Mina...
(bon, je me serais passé de la dernière minute sur fond de coucher de soleil , mais mon souvenir du film est tellement enchanté, que je n'ai aucun de mal à l'effacer) - topocl a écrit:
- Regardez l'affiche, comme ils partent tous les deux dans un sens différent, mais comme il la tient quand même fermement par la main, sur ce fond à la fois éclatant et incertain!
(Là , vous vous dites tous topocl est repartie dans ses délires, elle va nous balancer du Hungry Hearts sur tous les fils. Mais pas du tout, je m’arrête!) | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Dim 8 Mar 2015 - 22:30 | |
| Hungry HeartsJ'ai passé également un bon moment en voyant ce film même si je ne suis pas complètement convaincu. Il vaut d'abord pour la prestation d'acteurs qui est remarquable. Ils ont d'ailleurs été tous les deux récompensés à Venise d'un prix d'interprétation. Alba Rohrwacher incarne parfaitement cette femme qui bascule insidieusement dans une forme de psychose puerpérale associant une grave dépression et des idées délirantes centrées sur l'enfant. Elle est hypersensible, fragile et à la fois terrifiante et émouvante de par cet instinct maternel monstrueux qui alterne avec de vrais gestes de tendresse et de protection. Elle est constamment juste. Adam Driver est lui-aussi déchirant dans sa volonté de protéger l'enfant et en même temps de préserver ce qui reste d'un amour en train de voler en éclat. Le film montrant à quel point une expérience psychotique peut être dévastatrice pour celui qui la vit comme pour ceux qui en sont les témoins. Comment continuer à aimer quelqu'un qu'on ne reconnaît plus? Le film est plus faible lorsqu'il tente de s'éloigner du regard clinique et qu'il use d'effets un peu grossiers pour suggérer l'escalade dans la folie. On a alors droit à des déformations de l'image comme si on regardait à travers un miroir déformant. Cela donne des images assez inédites et angoissantes mais c'est un artifice dont on n'avait pas besoin. Une convention trop facile pour suggérer une folie que le jeu d'actrice montrait déjà parfaitement. Je préfère de loin ce que fait Polanski dans sa trilogie Répulsion/Rosemary's baby/ Le locataire. Plus faible encore lorsqu'il veut montrer l'impuissance du mari à sauver son épouse à cause de l'inertie des services sociaux ou de l'incompréhension des forces de l'ordre. Ce genre de situation n'est pas totalement improbable mais il y a aujourd'hui tellement de moyens d'aider ces familles par une HDT mais aussi en hospitalisant ces patientes dans des unités mère/enfant où elles peuvent être soignées tout en gardant un contact encadré avec l'enfant. Alors que le film donne le sentiment qu'ils sont condamnés. J'ai aimé par contre l'ambiguité des différents personnages qui finissent par devenir finalement tous inquiétants. Une folie non pas contagieuse mais qui pousse à des comportements eux-mêmes paradoxaux ou extrêmes en regard. A voir si on aime les films d'angoisse psychologique car le climat est particulièrement oppressant. Merci à Topol d'avoir attiré mon attention. C'est intéressant malgré mes réserves. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 9 Mar 2015 - 9:56 | |
| Ah! je suis contente que tu y sois allé, et que ça t'ait plu,au moins par certains aspects! - Marko a écrit:
- Le film est plus faible lorsqu'il tente de s'éloigner du regard clinique et qu'il use d'effets un peu grossiers pour suggérer l'escalade dans la folie. On a alors droit à des déformations de l'image comme si on regardait à travers un miroir déformant. Cela donne des images assez inédites et angoissantes mais c'est un artifice dont on n'avait pas besoin. Une convention trop facile pour suggérer une folie que le jeu d'actrice montrait déjà parfaitement. Je préfère de loin ce que fait Polanski dans sa trilogie Répulsion/Rosemary's baby/ Le locataire.
Oui, ces déformations d'images je comprends que cela puisse déplaire. qu'on puisse trouver ça inutile et même superflu, cette façon de souligner le trait. Pour toi, Marko, la folie est ordinaire, mais pour le réalisateur, elle est encore plus dérangeante que ce que décrit le jeu des acteurs, c'est comme ça que je l'ai vécu. Et j'ai trouvé qu'il avait su s'arrêter à temps et ne pas en remettre une couche. J'ai vécu ça un peu comme un tableau expressioniste qui en rajoute pour faire passer son propos. - Marko a écrit:
- Plus faible encore lorsqu'il veut montrer l'impuissance du mari à sauver son épouse à cause de l'inertie des services sociaux ou de l'incompréhension des forces de l'ordre. Ce genre de situation n'est pas totalement improbable mais il y a aujourd'hui tellement de moyens d'aider ces familles par une HDT mais aussi en hospitalisant ces patientes dans des unités mère/enfant où elles peuvent être soignées tout en gardant un contact encadré avec l'enfant. Alors que le film donne le sentiment qu'ils sont condamnés.
Effectivement j'ai trouvé que le pédiatre (et tout le monde) était bien insouciant face à cette situation. Mais j'ai été tant emportée par l'histoire que je me fichais un peu de la totale vraisemblance de l'histoire extérieure. - Marko a écrit:
- J'ai aimé par contre l'ambiguité des différents personnages qui finissent par devenir finalement tous inquiétants. Une folie non pas contagieuse mais qui pousse à des comportements eux-mêmes paradoxaux ou extrêmes en regard.
Un spoiler à ne vraiment lire que si on a vu le film, ou qu'on ne veut pas le voir: - Spoiler:
Dans une interview, Saverio Costanzo dit qu'il a choisi Roberta Maxwell pour interpréter la mère : « tout simplement parce que rien qu'en l'observant, vous pouvez imaginer qu'elle est capable de tuer ! (Rires) Roberta est absolument adorable dans la vie mais elle possède, dans son regard, une folie totalement appropriée pour ce rôle.
Un modérateur pourrait peut-être changer le titre du fil? Merci ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 9 Mar 2015 - 15:42 | |
| - topocl a écrit:
Mais j'ai été tant emportée par l'histoire que je me fichais un peu de la totale vraisemblance de l'histoire extérieure. Une histoire n'a effectivement pas forcément besoin de coller de près à la réalité et j'aurais accepté un parti pris de fantastique ou d'expressionnisme par exemple (les plans déformés restent assez beaux et insolites sous cet angle). Ce que faisait Polanski en laissant la possibilité au spectateur de croire ou non à la réalité du vécu délirant dans Rosemary's baby. Le problème est que le film se veut malgré tout un portrait clinique très réaliste. C'est une approche psychologique où pas mal d'éléments sont apportés pour tenter de comprendre ce qui anime cette femme au-delà d'un simple processus psychotique. Elle apparaissait déjà un peu discordante ou en tout cas plus ou moins dépressive dès le départ. On nous donne quelques repères laconiques concernant son vécu, la mort de sa mère, le lien rompu avec le père... C'est finalement le lien plus général mère enfant qui est exploré dans le film sous différentes formes. Entre cette femme et son bébé mais aussi entre le mari et sa mère. Le titre Hungry Hearts renvoie à cette idée d'une maternité nourricière, d'un besoin affectif déficient ou au contraire trop envahissant qui passe par l'acte de subvenir aux besoins vitaux de l'enfant ou de l'y soustraire, d'un lien quasi organique qui explique probablement le choix de la première scène un peu burlesque et scatologique mais qui met déjà en scène certains aspects de ce qui va se jouer après. L'histoire de la chasse et du cerf appartient aussi à cette dimension psychanalytique et d'inquiétante étrangeté. Et de fait, à partir du moment où le réalisateur fait le choix de montrer tous ces aspects, je lui en veux un peu d'avoir bâclé tout ce qui concerne la prise en charge et le soin qui aurait du en découler. Car il ne les élude pas mais il en montre un réalité tronquée et approximative, mensongère même pour servir le besoin de sensationnel de son film. Il fait le grand écart entre le cas clinique et le film d'horreur et c'est un peu bancal. Il reste divertissant en tout cas. Et angoissant! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Saverio Costanzo Lun 9 Mar 2015 - 15:58 | |
| Oui, si le film m'avait moins plu, je pense que je ne le lui aurais pas pardonné! | |
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| Sujet: Re: Saverio Costanzo | |
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| | | | Saverio Costanzo | |
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