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| Irène Dische | |
| | Auteur | Message |
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Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Irène Dische Dim 11 Déc 2011 - 14:43 | |
| J'ai le plaisir de vous faire découvrir Irène Dische, romancière américaine et auteure de nouvelles dont les textes furent d'abord sans doute traduits en Allemagne. Je ne sais pas grand chose d'elle. Irène Dische est américaine. Sa famille est d’origine austro-allemande. Grand-mère déballe tout Irène Dische n’a peut-être pas beaucoup écrit car elle fut est avant tout musicienne, après avoir parcouru le monde déjanté des années soixante dix entre le Moyen Orient et l’Afrique et après avoir fugué; suite à quelques années de pensionnat dans les meilleures écoles catholiques américaines d’où elle se serait faite renvoyer à cause de son excentricité. C’est en tout cas ce que nous dévoile sa grand-mère -Frau Doktor Rother, depuis Weehawken dans le New Jersey. Une grand-mère pas comme les autres. Catholique pratiquante d’une famille aristocratique dans l’Allemagne profonde, elle prend du recul avec cette dernière (qui la renie) après avoir épousé Karl Rother, chirurgien émérite qui a tout de même le défaut d’être issu d’une famille juive. Car même si ce dernier s’est converti avec ferveur au catholicisme, pratiquant et délaissant ses origines au point d’être lui-même antisémite à l’occasion, côté famille maternelle on a considéré ce mariage mixte avec dédain. En toile de fond et entre les divers fous rires que nous livre la narration d’une grand-mère atypique, c’est cependant à la naissance du nazisme qu’on assiste, entre un mariage consommé pour la naissance de Renate jusqu’à ce que Karl, abusant de son premier appareil de radiologie tout neuf à la clinique et désireux d’imprimer sur chacun des clichés son pouce gauche, soit atteint d’une tumeur certes bénigme, mais qui va s’étendre de ce pouce jusqu’aux testicules. Rien de bien grave en soi vu que l’amputation de ce pouce (signataire de la première centaine de clichés radiographiques) stoppera la maladie pour longtemps. Sauf que, une fois que les spermatozoïdes de Karl seront déclarés par le corps médical comme improductifs, non seulement la petite Renate n’aura pas de petite sœur ou de petit frère, mais les relations conjugales ne seront plus aussi utiles -c’est ce que décrètera son épouse, qui le regrettera amèrement dans ces derniers jours et en étreignant une dernière fois le chapelet de verre dont elle héritera de sa propre mère. Les SS voudront bien admettre que Karl est un converti -et même un catholique de « première classe ». Sa famille (parents, frères et sœurs) après moult déplacements et humiliations disparaîtra dans la destruction massive des juifs allemands, et il devra accepter de fuir vers une Amérique où femme et fille unique viendront le rejoindre. Des Rother il ne restera rien. A part le jeune frère Otto, petit truand malin réfugié quand il en était encore temps en Australie et dont Karl ne voudra plus entendre parler. -A moins qu’un jour, Renate émergeant des années 90 ou 2000, décide d’une rencontre de ce côté en retraversant l’Atlantique à l’envers (mais je m’avance).
Dernière édition par Babelle le Dim 11 Déc 2011 - 14:52, édité 3 fois | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Irène Dische Dim 11 Déc 2011 - 14:48 | |
| Les juifs convertis au catholicisme ont donc un problème avec leurs propres juifs... Un si grand problème que même à travers le grand déballage de Grand-mère, ce sont eux qui nous font rire. C’est un exploit en littérature il me semble. D’autant que ce roman ne prétend pas donner de leçon. Irène Dische parvient à casser les tabous de notre monde occidental tout entier par une ironie que je placerais au-delà de la frontière du politiquement incorrect. Et qu’est-ce que ça fait du bien, une incorrection comme ça ! Qui en dépit de tout nous donne enfin le droit de rire et d’aborder le troisième Reich, son histoire, l’épuration et les horreurs de l’extermination, avec sourire. En passant par le choc générationnel des seventies. Le pathos ici a réussi a s’absenter des témoignages sur le vécu, un peu comme il l’aurait fait autour d’une tablée familiale juive où les rescapés, jouant au jeu des 7 familles avec Guy Bedos ou Poppeck, en cherchant le grand-père, s’entendraient répondre par le petit fils : « - Creuse! ». | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Irène Dische Dim 11 Déc 2011 - 14:55 | |
| Noté Irène Dische. En plus, j' ai vu qu' elle avait collaboré avec Hans Magnus Enzensberger pour un livre commun.... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Irène Dische Dim 11 Déc 2011 - 15:24 | |
| Merci pour ce fil, Babelle - Babelle a écrit:
- J'ai le plaisir de vous faire découvrir Irène Dische, romancière américaine et auteure de nouvelles dont les textes furent d'abord sans doute traduits en Allemagne. Je ne sais pas grand chose d'elle.
je vais prendre quelques informations de wikipedia.de et vous les traduire: Né le 13 février 1952, elle a grandi à New York jusqu'en 1969 quand elle est devenue voyageuse. Elle a travaillé de 1970 jusqu'à 1972 pour le paléanthropologue Louis Leakey en Afrique de l'Est. Après son retour elle a étudié à Harvard et publié ses premiers reportages dans le New Yorker et The Nation1977 elle a déménagé à Berlin et vit entretemps entre New York et Berlin. Hans Magnus Enzensberger est considéré étant son explorateur et son protecteur. Le livre qu'elle a fait avec lui (et le dessinateur Michael Sowa) est un livre pour enfants. À Berlin elle a donné domicil au pianiste émigré Anatol Ugorski et lui a ouvert le chemin pour une carrière internationale. Le livre que tu as présenté, elle a voulu au début lui donner le titre de The Biography of Irene Dische, mais cela ne pouvait pas se faire et c'est d'après une idée de Hans Magnus Enzensberger qu'il s'appelle maintenant Grand-mère déballe toutJe l'ai découvert en 1990 avec son deuxième recueil de nouvelles Der Doktor braucht ein Heim et depuis j'ai lu la moitié de son oeuvre (jusqu'à présent elle a publié une douzaine de livres) et j'aime bien ce qu'elle raconte.. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Irène Dische Ven 10 Fév 2012 - 1:38 | |
| - Citation :
- Le livre que tu as présenté, elle a voulu au début lui donner le titre de The Biography of Irene Dische, mais cela ne pouvait pas se faire et c'est d'après une idée de Hans Magnus Enzensberger qu'il s'appelle maintenant Grand-mère déballe tout
Mais le titre d'origine, américain ( c'est traduit par Michèle Hechter) est The Empress of Weehawken, allez comprendre.. Je viens de terminer ce roman qui raconte la vie de la grand-mère de l'auteur. - Citation :
- En toile de fond et entre les divers fous rires que nous livre la narration d’une grand-mère atypique, c’est cependant à la naissance du nazisme qu’on assiste, entre un mariage consommé pour la naissance de Renate jusqu’à ce que Karl, abusant de son premier appareil de radiologie tout neuf à la clinique et désireux d’imprimer sur chacun des clichés son pouce gauche, soit atteint d’une tumeur certes bénigme, mais qui va s’étendre de ce pouce jusqu’aux testicules.
Effectivement, Frau Doktor Rother, catholique et son mari Carl , juif converti,ont fui à temps et toute la famille de Carl a été décimée. La critique de Babelle est excellente et résume bien cette biographie romancée. Moins enthousiaste que toi, cependant, Babelle, même si j'ai beaucoup aimé le début, et certains portraits souvent hilarants. Je crois que c'est parce que tout le livre est écrit au deuxième degré, et que comme il est touffu , trop de deuxième degré finit par tuer le deuxième degré.. J'aurais aimé de temps en temps une respiration et un changement de style..en particulier dans les aventures de ses fille et petite fille qui m'ont un peu lassée. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Irène Dische Jeu 8 Mar 2012 - 16:18 | |
| Grand-mère déballe tout C'est la grand-mère d'Irène Dishe qui raconte : son histoire, sa famille et sa petite fille Irène, justement, dans un contournement assez cocasse. De l'Allemagne nazie à l'Amérique désinvolte, cette aristocrate allemande catholique et puritaine n'a pas envie de se laisser voler sa part de bonheur, de baisser les bras, ou de se lamenter sur ses petites misères. La lucidité ne la quitte pas, elle raconte avec hargne, car la vie été hargneuse avec elle, avec détermination, car c'est le seul moyen de s'en sortir, avec ses opinions tranchées, qu’elle sait parfois dépasser quand la survie de l'un ou l'autre des membres de son clan le nécessite. Mais c'est surtout son humour qui fait de ce récit, autobiographie et recherche des origines détournées, un objet tout à fait original, stimulant, où l'on n’arrête pas de rire et de se réjouir. Ce livre à sa musique qui lui est propre, qui fait qu'il laissera sans doute une trace, modeste certes, mais une trace. Pour donner un exemple de cet humour et de cette hargne, voici comment elle arrive à New York, rejoignant son mari juif converti qui a fui le nazisme 2 ans avant elle : - Citation :
- Des hommes, des étrangers, tenaient bien haut des bouquets. Je cherchais celui de Carl. Je l'espérais plus beau que les autres et m'apprêtais à m'extasier sur les fleurs new-yorkaises. Cela nous aiderait à trouver nos premiers mots. Je m'exercerai : « Quelles jolies fleurs tu nous a apportées ! » (…)
Enfin, nous le vîmes, entouré d'inconnus surexcités. Il semblait isolé dans une aura de solitude, plus petit, plus vieux, avec une moustache et des cheveux blancs, vêtu d'un costume qui me semblait plus familier que son visage. Son visage, je ne pus le regarder, parce que son expression, quand ils nous aperçut, m’effraya, elle trahissait une émotion que je ne reconnaissais pas. Il ne tenait pas un bouquet, mais un sachets en papier brun. Sa valise en cuir, avec les décalcomanies de stations de ski, que j'avais remplie pour lui un an et demi plus tôt, était à ses pieds. En nous voyant, il posa la valise sur le sachet en papier brun qui faillit tomber ; il le reprit et, quand nous fûmes enfin devant lui, au lieu de nous serrer dans ses bras et de nous embrasser, il plongea une main dans le sachet et en sortit des pamplemousses. Gauchement, le visage rouge, il nous tendit à chacune un fruit jaune. Soudain les larmes ruisselèrent sur ses joues. Il pleura sans retenue devant Renate. Sous ses moustaches, ces lettres tremblotèrent disgracieusement. Il sanglota. Oserai-je le dire ? Un faible ! Nous sommes restés immobiles. Nous n'avions pas fait tout ce chemin pour le consoler. | |
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| | | | Irène Dische | |
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