Petit lexique amoureux du théâtreJ’ai adoré ce livre sorti en aux Editions Stock puis plus récemment en Livre de Poche.
Vous allez penser "Evidemment!"...
Mais je crois qu'il peut aussi vous intéresser et vous plaire...Vraiment!
Il peut s’adresser à ceux qui aiment le théâtre, à ceux qui veulent connaître mieux cet univers, ses bonheurs, ses difficultés, ses peines et ses joies. Ou à ceux qui aiment le comédien Philippe Torreton.
Pour chaque lettre de l’alphabet, un ou plusieurs paragraphes qui en disent long sur le théâtre, sur le comédien Torreton aussi!
Et sur un ton qu’on lui connaît bien, plein d’énergie, de sincérité, d’émotions, d’humour, y compris sur lui-même...
On y retrouve la générosité du comédien devenu fameux qui n’oublie ni ses maîtres ni ses collègues intermittents…Et une réflexion (essentielle!)sur la place des artistes et de la culture aujourd’hui, dans notre pays…
Extraits :T comme Trac :
Le trac c'est cette sensation diffuse qui vous envahit le bas-ventre lorsque la représentation s'approche avec ces gros sabots de salle qui se remplit. C'est une solitude de derrière le velours, personne ne peut plus rien pour vous, alors vous faites le tour de tout plusieurs fois, à commencer par le texte que vous savez pourtant depuis longtemps. Vous vous le récitez en italienne, très vite, en marchant dans les décors, le tour des loges pour serrer des mains moites, étreindre des corps en instance de costumes, taper des épaules, des paumes, faire des clins d'oeil, des sourires qui peinent à décoller vers la décontraction. Vous faites le tour de vos accessoires: oui, le mouchoir est bien dans la poche, oui, la lettre aussi. Oui, tout est là et vous le savez mais vous savez aussi que vous allez encore le vérifier au moins trois fois pendant le quart d'heure qui vous sépare de l'appel d'air. Certains s'isolent, moi je papillonne en espérant un jour faire comme eux, rester au calme dans ma loge et écouter de la musique adéquate, regarder la photo de mes enfants et de ma femme et leur sourire lorsque le régisseur annonce le début du spectacle. Mais je n'y arrive pas. Pardon. J'ai peur. Et personne ne me rassurera, surtout pas les gens que j'aime. Ma peur me rend sauvage et blessé, mais mes blessures, jeet je ne les échangerais pour aucun confort. Le trac c'est ENFIN. Le trac c'est tant pis ou tant mieux. Le trac c'est maintenant et c'est bon que ce soit maintenant. Le trac vous raccroche à l'enfance et à son ignorance dans un monde tellement savant. C'est être définitivement puceau.
M comme Molière :
Auteur français en forme de statuette qui fait un bide une fois par an à la télévision mais qui triomphe depuis plus de trois siècles sur les scènes de théâtre de France et de Navarre même dans les pires productions.
M comme "Merde" :
Petit mot bien utile pour pallier une habitude superstitieuse nous empêchant de nous souhaiter bonne chance, ça porte malheur. Donc, nous nous hurlons merde, nous nous susurrons merde, nous nous écrivons des merdes accrochés à des bouquets, nous claquons des merdes de paume à paume, de regard fébrile à regard tendu... Pourquoi ce mot, me demanderez-vous, plutôt que "zut" par exemple : "Allez, un gros zut pour ta première" ? Eh bien parce que les chevaux ne faisaient pas des tas de zut sur les pavés lorsqu'ils déféquaient du temps où ils n'étaient pas coincés sous les capots de nos voitures. Devant les théâtres, le nombre de crottins écrasés par terre prouvaient que ceux-ci étaient fréquentés, donc que les spectacles qui s'y jouaient avient du succès. Les acteurs espéraient beaucoup de merde devant leur théâtre... Aujourd'hui la logique voudrait que l'on se souhaite un bon taux de CO2 dans le quartier, ou un gros tas de Vélib...
Pour écouter
Philippe Torreton parler de son
Petit lexique amoureux du théâtre, cliquer
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Cela mérite bien quelques petites minutes de votre attention!