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| Rachid Boudjedra [Algérie] | |
| | Auteur | Message |
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zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Rachid Boudjedra [Algérie] Ven 3 Fév 2012 - 18:08 | |
| Rachid Boudjedra, né en 1941 à Ain Beida, a étudié la philosophie et les mathématiques.À partir de 1972 il se consacre à l’écriture. Poète, essayiste et romancier, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels : La répudiation, Le désordre de choses, Les funérailles. Son œuvre est traduite traduite dans trente-quatre pays. À paraître : Poésie complète (arabe/français), Journal d’une femme insomniaque (récit, français), Yamaha (roman, arabe). | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Rachid Boudjedra [Algérie] Ven 3 Fév 2012 - 18:11 | |
| Je sors d'un envoûtement !! Cinq fragments du désert Textes : Rachid Boudjedra Illustrations : Rachid Koraïchi Traduction du français vers l’arabe : Hakim Miloud Editions Actes Sud (France) Editions Barzakh (Algérie) 4ème de couverture : Cet ouvrage est une ode au désert, immensité à la beauté insolite, lyrique et métaphysique, qui a toujours nourri l’imaginaire humain. Proposé en édition bilingue français-arabe, ce livre réunit pour la première fois deux grands créateurs algériens, Rachid Boudjedra et Rachid Koraïchi, qui se connaissent depuis longtemps et sont originaires de la même ville, Aïn Beïda (450 km à l’est d’Alger). A la poésie inquiète du premier répond l’imagination fertile du second, texte et illustrations entrent alors dans une magnifique résonance. Mon avis :En ouvrant ce livre pour la première fois, un frémissement de plaisir s’est emparé de moi. Quel beau livre !!!! Tout est accord : la qualité du papier, la présentation, les couleurs, l’impression, les dessins, un réel plaisir pour les yeux. Les calligraphies dans les dessins de Rachid Koraïchi participent à l’envoûtement. La construction du livre est originale. Vous ouvrez le livre par la fin et vous trouvez la traduction en arabe. Vous l’ouvrez « normalement » et vous avez le texte en français. Chaque fragment est ouvert par un extrait d’Exil de Saint John Perse. Je tourne la page et je me laisse envouter par la poésie en prose de Rachid Boudjedra. Les phrases courtes, sans verbe rythme la lecture. J’entre dans un monde de contradictions et d’extrêmes. Ce n’est pas le désert des cartes postales, mais un lieu vivant, moins académique, s’y croisent méharistes et 4x4, il y a des mosquées…. J’ai souvent entendu dire que le désert était une rencontre avec Dieu. Or, pour l’auteur cela tient de l’expérience mystique. Je ne sais si je vous donne envie de le lire tant est ma difficulté à en parler. Cette ode au désert, à sa beauté physique et métaphysique, sa sauvagerie, sa folie… nourrit mes phantasmes. Après lecture, c’est toujours un plaisir que de l’ouvrir, le feuilleter, butiner, admirer les illustrations. Ce livre, gros coup de cœur, ne quittera pas le devant de ma bibliothèque. Ce fut un très beau cadeau d’anniversaire. Quelques extraits :
Le Sahara n’’est pas un désert. Il y a là des mosquées où les escaliers ne mènent nulle part. Pas même à Dieu.
Mais où est Dieu dans ce fatras des choses géologiques ? Nulle part. Sinon dans ces nuis du doute, dans le pelage furtif des jeunes chamelles écartelées dans l’attente du désir, avec cette majesté qui donne à leurs foulées grandiloquentes une sorte de patience de parturiente qui a déjà perdu ses eaux.
Ici dans ce Sahara, se fixe la sauvagerie du monde et sa prodigieuse capacité à donner aux hommes de l’exaltation, de la dérision et le sens de la mort. De la folie. Du sens. Du divin. Aussi.
Désert : Départ et retour du même signe vers quelque halte téméraire où l’on effrite sa précarité, où l’on assoit son errance et où l’on efface ses propres traces. Fragments de Sahara –donc-, qui débordent ensuite, ça et là et de temps à autre, la mémoire, l’envahissent et s’y installent pour toujours. Avec, dès qu’on l’a quitté, cette envie maladive et obsessionnelle d’y revenir. Rien que pour y revenir…. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Rachid Boudjedra [Algérie] Sam 18 Juin 2016 - 17:42 | |
| L'Hôtel St-Georges C'est dans cet hôtel que Nabila rencontre le sergent Français Jean, c'est lui qui demande à sa fille dans une lettre qu'elle découvre après sa mort, comme un héritage, de visiter l'Algérie où il était appelé durant la guerre, les lieux qu'il n' a jamais oubliés, cette blessure qui l'a accompagné toute sa vie et qu'il n'avait jamais confié. Jeanne s' adresse à une famille algérienne, laquelle la guidera dans sa quête et se sera pour l'une et les autres des rapports de confiance qui leur permettront de découvrir ou redécouvrir l' histoire dans l'Histoire, celle de l'Algérie qui a été colonisée durant 132 ans, comme le précise l'un des personnages. Mais en retour le Gd-père rappellera aux jeunes que leur pays a aussi colonisé l'Andalousie et la Sicile. Cette visite se révèlera bénéfique pour tous, Jeanne séduite par le pays et reconnaissante à ses "guides", la famille algérienne étonnée et touchée en apprenant le métier exercé par le sergent Jean et son passé dans leur pays. Le lecteur se rend compte que cette famille algérienne ressemble à une famille française, avec des personnages lumineux, d'autres plus sombres, des secrets, des blessures, il y a même des communistes (alors que le PC est interdit en Algérie) des croyants et des athées. Les regrets, les reproches ne peuvent être évités, oubliés ( par exemple : alors que la France et les Alliés fêtent le 8 mai 1945, la libération, en Algérie ceux qui profitent de l' occasion (ceux qui se sont battus contre le nazisme) pour brandir le drapeau Algérien, réclamant l'indépendance, sont, sur ordre du Préfet de Constantine, par centaines fusillés) ; de même la reconnaissance à certains hommes. Certains, français ou algériens lisent et commentent Malcolm Lowry, les confessions de St-Augustin, IBN Arabi, Lacan ............. Très intéressant condensé de l'histoire de l'Algérie et une reconnaissance dans cette fiction par la quête de Jeanne. C'est aussi une déclaration d' amour à ce pays, l'Algérie, par la voix de ces femmes, de ces hommes, tous ces personnages de fiction, algériens ou français. C' est également une critique sur la colonisation, toutes les colonisations et leurs corollaires invasifs. Je prévois une autre rencontre avec cet écrivain. le peintre Marquet qui a vécu quelque temps à Alger est mentionné, voici le Port d'Alger Extraits : Tous ces Français connus ou anonymes qui avaient choisi l'Algérie contre leur propre pays. Qui ont été jusqu' au bout. Eux les guillotinés, les torturés, les défenestrés, les accusés de haute trahison, les déserteurs, les prêtres qui honorèrent l'Eglise algérienne et qui ont tous été reniés par leurs propres ouailles ricaneuses et grossières. La plupart sont morts aujourd'hui, mais il en reste quelques-uns. Considérés, toujours comme traîtres à leur patrie (Quel ministre idiot, quel politicien stupide et français avait dit : "un traître mérite douze balles dans la tête. Un demi-traître en mérite six, toujours dans la tête. Je sais seulement qu'il est toujours vivant. Certainement fier de lui). C'est grâce à cela que j'estime la France. Grâce à cette infime minorité qui a sauvé l'honneur de son pays et, du coup, l'honneur du nôtre. Dégoûté. Ecoeuré. Mais incapable d'agir. Parce qu'il n'était pas un homme d'action. Qu'il était perdu. Tétanisé. Obligé de scier du mauvais bois, mettre des clous, ajuster les planches ; pour obtenir à la fin un cercueil médiocre, comme la mort est médiocre. Moi, je n'ai jamais été communiste. Non pas parce que j'étais un propriétaire terrien, mais parce que je n'y croyais pas. Pourtant j'admirais les militants. Le P.C. était le seul parti à brasser les musulmans, les chrétiens et les juifs. Ce qui m'intéressait c'était d'acheter l'admiration des autres. Plus je lis, mieux je me console de ne rien comprendre au monde. A cause de Rac, je décidai de rester dans le pays. Avec Rac, je fis et je défis ma vie. L'Algérie était dans ma peau et dans les yeux de la fille que je donnai à Rac, à la fin de mes études. Ou qu'il me donna ?
Dernière édition par Bédoulène le Sam 18 Juin 2016 - 17:49, édité 1 fois | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Rachid Boudjedra [Algérie] Lun 20 Juin 2016 - 10:49 | |
| Tout cela a l'air très intéressant, Bédou. Merci. | |
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| Sujet: Re: Rachid Boudjedra [Algérie] | |
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| | | | Rachid Boudjedra [Algérie] | |
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