A l'occasion de la sortie du film Ingrid Jonker, un recueil de poèmes illustré par Frédéric Boulleaux a été édité.
En 1960, à Nyanga, Ingrid Jonker est témoin de la mort d'un enfant tué par la balle d'un policier dans les bras de sa mère.
L'enfant n'est pas mort
l'enfant lève les poings contre sa mère
qui crie Afrika ! crie l'odeur
de la liberté et du veld
dans les ghettos du coeur cerné
L'enfant lève les poings contre son père
dans la marche des générations
qui crie Afrika ! crie l'odeur
de la justice et du sang
dans les rues de sa fierté armée
L'enfant n'est pas mort ni à Langa ni à Nyanga
ni à Orlando ni à Shaperville
ni au commissariat de Philippi
où il gît une balle dans la tête
L'enfant est l'ombre noire des soldats
en faction avec des fusils blindés et des matraques
l'enfant est de toutes les assemblées de toutes les lois
l'enfant regarde par les fenêtres des maisons et dans le coeur des mères
l'enfant qui voulait simplement jouer au soleil à Nyanga est partout
l'enfant devenu homme arpente toute l'Afrique
l'enfant devenu géant voyage dans le monde entier
Sans laissez-passer