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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Galsan Tschinag Jeu 1 Mar 2012 - 23:12
"Galsan Tschinag (en mongol Чинагийн Галсан), né Irgit Schynykbaj-oglu Dshurukuwa, est un auteur mongol écrivant en langue allemande né le 26 décembre 1944.
Galsan Tschinag est né en 1944. Il descend d'une famille de chamans touva et passe son enfance dans les steppes. Après avoir passé son bac dans sa ville natale, il se rend à Leipzig en RDA en 1962 grâce à un programme d'échanges entre pays communistes de l'Est. Il y étudie la germanistique et Karl Marx à l'université puis écrit un mémoire sur Erwin Schrittmatter. En 1968 il retourne en Mongolie en tant que professeur d'allemand à l'université d'État de sa région d'origine. En 1976 il lui est interdit d'exercer son métier pour des raisons politiques. Il devient alors commentateur et lecteur dans une maison d'édition ainsi que traducteur, jusqu'en 1987. Il est maître de conférences 12 heures par jour dans les quatre universités de Mongolie. En 1980, il pense être près de mourir, après qu'on lui a diagnostiqué une maladie cardiaque. Son activité principale est celle d'écrivain jusqu'en 1991. Aujourd'hui il vit principalement à Oulan-Bator avec sa famille, mais voyage beaucoup dans les pays germanophones. Ses livres sont traduits dans de nombreuses langues telles que le français ou l'anglais. Ses œuvres se déroulent en Mongolie, et décrivent la vie dans ce pays. Elles aident à comprendre les contradictions auxquelles sont confrontés les Mongols, tiraillés entre traditions et modernité. Tschinag raconte les histoires de ses concitoyens. Il a une certaine notoriété dans les pays germanophones, du fait qu'il écrive en allemand, mais reste très peu connu en France." (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Galsan_Tschinag ).
Il a reçu le prix Adalbert von Chamisso.
Dernière édition par eXPie le Jeu 1 Mar 2012 - 23:47, édité 4 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Galsan Tschinag Jeu 1 Mar 2012 - 23:16
- Ciel bleu - une enfance dans le Haut Altaï (Der blaue Himmel, 1994). Traduit de l'allemand par Dominique Petit. Editions Métailié. 157 pages.
"Galsan Tschinag raconte son enfance dans la steppe aux confins du désert de Gobi, dans les terres du Haut-Altaï.", dit la quatrième de couverture. Le Haut-Altaï appartient à la Russie. Le texte raconte donc une enfance. C'est un bon moyen pour écrire un livre en direction d'un public occidental (l'original a été écrit en allemand) sans être didactique ou artificiel. L'enfant découvre le monde en même temps que le lecteur. Et cela ne fait jamais "toc".
Le livre est dédié "A ma grand-mère, le soleil qui m'a réchauffé à l'aube de ma vie." Elle fait l'objet d'un chapitre : on sait quasiment tout de suite que ce n'est pas sa vraie grand-mère : elle passait par là.
Citation :
"Lorsque la visiteuse a franchi le seuil de la yourte, un bébé tout gazouillant lui a tendu les bras. Cela n'avait en soi rien d'extraordinaire. Autrefois, dès qu'un enfant pouvait se déplacer seul, et jusqu'à ce qu'il sache distinguer le danger, on l'attachait à une corde dont un bout était noué à la tête du lit de ses parents. Même si cela protégeait l'objet de cette sollicitude de bien des périls où il aurait pu se précipiter, c'était pour lui d'un ennui extrême. Car un enfant attaché ainsi ressemblait fort à un jeune animal retenu à un piquet : il se languissait d'un compagnon, quel qu'il fût." (page 21).
Plus loin :
Citation :
"Grand-mère est restée chez nous jusqu'au début de l'été. Elle était d'une grande aide pour le ménage. D'autant plus qu'elle me surveillait. Et elle faisait plus encore : elle m'élevait. Mais sans doute ne le savait-elle pas elle-même : personne à la yourte ne pouvait savoir autrefois qu'il élevait un enfant, et les enfants n'avaient pas conscience d'être élevés. D'ailleurs, ce mot manquait dans notre langue." (pages 24-25).
Citation :
"Plus grand-mère approchait de sa fin, plus elle racontait d'histoires et plus elles étaient instructives. La toute dernière que j'ai entendue était celle-ci : Grand-mère ne faisait aucun cas des habitudes superflues. Elle entendait par là fumer, priser et boire. Pourtant, elle avait bu un jour un plein bol d'aragy [eau de vie fabriquée à partir de lait fermenté] et depuis elle savait que même ce qui est mauvais peut être parfois meilleur que ce qui est bon." (page 47).
Sacrée grand-mère, avec toute sa panoplie d'histoires !
Mais la modernité est là. Les gens modernes fument.
Citation :
"Maman aussi aurait bien aimé être une personne moderne, elle fumait parfois mais en cachette, ni grand-mère ni papa ne devaient rien en savoir." (page 52).
On découvre la vie de l'aïl (mot mongol : campement de yourtes), les petits trucs : saviez-vous que l'urine d'enfant est un remède souverain pour soigner les problèmes d'yeux ? "C'était un sentiment agréable de savoir que je faisais quelque chose d'utile pour grand-mère" (page 45).
La modernité n'empêche pas que l'on rencontre aussi des chamans.
Citation :
"Avec les chamans, mieux vaut rester bons amis. C'est ce que disait maman. Ce que mon père confirmait en rajoutant même : « Avec les chiens aussi ! »" (page 51).
Bien sûr, tout n'est pas idyllique. En hiver, il fait bien froid, et il faut garder le troupeau.
Citation :
"On avait les mains froides. Mais qu'importait ! [...] Et puis, on avait aussi la pierre chaude qu'on portait dans la poche de poitrine comme un petit poêle, comme un soleil minuscule, et qu'on pouvait prendre dans sa main gelée pour se réchauffer. La droite qui avait accès à la poche de poitrine se chauffait la première, puis communiquait sa chaleur à la gauche et au visage. La pierre avait la taille et la forme d'un crottin de cheval, elle était lisse et violet foncé, on la faisait chauffer le matin sous la cendre chaude. Et elle gardait longtemps la chaleur ; le soir, lorsque je rentrais à la maison et que je la sortais pour la ranger, elle était encore tiède au toucher." (pages 75-76).
Nous n'avons pas encore vu l'un des personnages principaux, le grand ami de notre héros : son chien.
Citation :
"Mon chien Arsyland m'accueillait le matin quand je sortais dans ce monde qui, par rapport à moi, était d'une puissance incommensurable et s'étendait impénétrable sous mes yeux. Le soir, c'était aussi Arsyland qui me ramenait sain et sauf de cet univers de mystères et de dangers jusqu'à la yourte protectrice de mes parents. [...] Il s'asseyait près de moi pour me regarder jouer." (page 76).
L'enfant grandit, il y a des décès, des départs, des belles choses et des drames... la découverte de l'injustice, qui fait partie du monde. Et ainsi, un jour, ce n'est plus un enfant.
Un très joli texte.
En lisant, on peut revoir les images des quelques films mongols qui ont pu être diffusés chez nous, notamment Le chien jaune de Mongolie (Byambasuren Davaa, 2005) :
Dernière édition par eXPie le Lun 9 Juin 2014 - 21:48, édité 2 fois
Content qu' il t' ait plu, Ciel bleu. Et que tu aies ouvert un fil à Tschinag. Ciel bleu est un des plus beaux livres sur l'enfance, révélateur de l' état privilégié d' un enfant vivant dans des conditions difficiles et sans références, mais quand meme doté d' une imagination superbe et dont il se souviendra adulte.
Aoraki Espoir postal
Messages : 32 Inscription le : 08/09/2013 Age : 26 Localisation : Ile de France
Sujet: LA FIN DU CHANT : en réponse à une sur le fil des sortie en livre Lun 16 Fév 2015 - 19:13
LA FIN DU CHANT : en réponse à une interrogation sur le fil des sortie en livre de poche
J’ai lu ce livre au milieu de nulle part. Mon cadre de vie allait avec ce livre ou l’inverse. Est-ce pour cela que j’en ai un vague mais très beau souvenir. Un souvenir de plaisir, de langueur, de repos, bien que l’histoire ne soit pas elle de tout repos. C’est à la fois un conte et une description de la vie des peuples dans l’Altaï, région montagneuse de l’ouest de la Mongolie, lieu de continuelles batailles entre les diverses peuplades pour l’occupation de la terre et le vol du bétail. La plume est belle et nous fait partager le vent, le froid, la chaleur, les parfums, les couleurs. Les gens y sont fiers ; si l’homme nomade y est encensé, que dire de la femme ! Cette plume nous invite à entrer dans le monde chamaniste des mongoles et de leurs mythes. Et en lisant entre les lignes, beaucoup de commentaires sur la société mongole « moderne », celle imposée par le soviétisme, pas celle d’aujourd’hui. Je ne sais plus si la période historique est précisément indiquée dans le livre, mais par quelques indices je la situai vers la fin des années de la seconde guerre mondiale 43-44.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Merci de tes impressions. Cela donne encore plus envie de s'y plonger...
Sans indiscrétion, tu es allé en Mongolie ?
Aoraki Espoir postal
Messages : 32 Inscription le : 08/09/2013 Age : 26 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Galsan Tschinag Sam 21 Fév 2015 - 13:47
Arabella a écrit:
Merci de tes impressions. Cela donne encore plus envie de s'y plonger...
Sans indiscrétion, tu es allé en Mongolie ?
¨ Par le travail, j'ai pu y passé quelques temps, dans la période "post soviétique" Dans la même verve il y a aussi "Belek, une chasse en Haut Altaï". A lire aussi au milieu de nulle part, le causse Méjean par exemple, où il font de la reproduction de chevaux de Pawlowski, qui sont les chevaux mongols.
Pour une visite plus moderne de ce pays, mais dans le cadre d'un roman policier (que j'ai particulièrement apprécié), il y a "Yeruldegger" de Ian Manook, qui vient de sortir en poche. Je ne suis pas aller voir s'il y avait un fil ... Ce roman policier pose vraiment beaucoup des problèmes économiques, sociologiques, et politiques de la Mongolie moderne.
silou Agilité postale
Messages : 601 Inscription le : 24/05/2012 Localisation : centre
Sujet: Re: Galsan Tschinag Sam 21 Fév 2015 - 18:47
Aoraki a écrit:
Arabella a écrit:
Merci de tes impressions. Cela donne encore plus envie de s'y plonger...
Sans indiscrétion, tu es allé en Mongolie ?
¨ Par le travail, j'ai pu y passé quelques temps, dans la période "post soviétique" Dans la même verve il y a aussi "Belek, une chasse en Haut Altaï". A lire aussi au milieu de nulle part, le causse Méjean par exemple, où il font de la reproduction de chevaux de Pawlowski, qui sont les chevaux mongols.
Pour une visite plus moderne de ce pays, mais dans le cadre d'un roman policier (que j'ai particulièrement apprécié), il y a "Yeruldegger" de Ian Manook, qui vient de sortir en poche. Je ne suis pas aller voir s'il y avait un fil ... Ce roman policier pose vraiment beaucoup des problèmes économiques, sociologiques, et politiques de la Mongolie moderne.
Plonge ! Un bon moment de lecture, je retournerai avec plaisir un de ces jours en Haut Altaï avec Galsan Tschinag, le Causse Méjean, quelle excellente idée !
Merci Aoraki pour ce conseil de lecture et "Yeruldegger" est à 800m de chez moi, à la médiathèque .
Sujet: Re: Galsan Tschinag Sam 21 Fév 2015 - 20:22
Si ce n' est fait, commencez par le commencement. Tschninag a conservé la fraicheur émerveillée de ses souvenirs d' enfance dans le Haut Altai... C' était avant que le communisme ne soit passé par là...
Aoraki Espoir postal
Messages : 32 Inscription le : 08/09/2013 Age : 26 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Galsan Tschinag Dim 22 Fév 2015 - 8:53
bix229 a écrit:
Si ce n' est fait, commencez par le commencement. Tschninag a conservé la fraicheur émerveillée de ses souvenirs d' enfance dans le Haut Altai... C' était avant que le communisme ne soit passé par là...
Je n'ai pas encore lu "ciel bleu" ... il est dans la liste à lire. Si ce sont ces souvenirs d'enfances, alors c'est pendant la période communiste. Celle-ci a commencé en 1921 (prise du pouvoir par le Parti Populaire Mongol), ou 1924 avec la proclamation de la République Populaire Mongole, ou la guerre russo-japonaise avec la participation de la Mongolie au coté de l'URSS, ou la création des bases soviétiques en Mongolie vers 1958 ... ou place t-on le communisme et l'influence soviétique ? Mais en 1924, c'est un gouvernement à très forte organisation communiste. Pour les mongols rencontrés avec qui j'ai pu en parlé, tout comme au sein du musée national de Oulan-Bator, c'est 1924.
Donc, dans l'espace temps, ses souvenirs d'enfance ne peuvent pas être avant que le communisme ne soit passé par là ... ou alors, ce sont ceux de ces aïeux.
Invité Invité
Sujet: Re: Galsan Tschinag Dim 22 Fév 2015 - 13:44
Aoraki a écrit:
Pour une visite plus moderne de ce pays, mais dans le cadre d'un roman policier (que j'ai particulièrement apprécié), il y a "Yeruldegger" de Ian Manook, qui vient de sortir en poche. Je ne suis pas aller voir s'il y avait un fil ... Ce roman policier pose vraiment beaucoup des problèmes économiques, sociologiques, et politiques de la Mongolie moderne.
Merci beaucoup Aoraki pour ton conseil ; je vais m'emprunter à la médiathèque. Il faut aussi que je refasse un essai avec Tschinag. La première fois, ce n'était pas "le bon moment", mais je me suis promis d'y revenir.
Sujet: Re: Galsan Tschinag Dim 22 Fév 2015 - 15:12
Tu as raison Auraki. Mais si l' auteur en parle si peu c' est qu' il ne s' est souvenu que de de ses premiers souvenirs d' enfant. Ou alors, l' emprise sur le pays par les communistes n' était pas encore tout à fait aussi contraignante.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Galsan Tschinag Sam 28 Mar 2015 - 21:47
La fin du chant
Un récit centré sur une famille, le père et ses quatre enfants. La mère est morte, et son absence pèse cruellement. Le père se remémore sa vie, ses parents, son mariage, ses amours. La fille aînée tente d'assumer les responsabilités maternelles, elle semble par ailleurs avoir la vocation pour être chamane, et tente de sauver par son chant un poulain orphelin, pour qu'une jument qui a perdu son poulain l'accepte en substitution. Nous vivons la vie de la famille, apprenons à un connaître un peu son passé, dans un moment charnière, où une harmonie peut se remettre en place. Mais en fin de compte, la famille n'est qu'un prétexte pour parler d'une culture, d'une façon de vivre, d'évoquer des lieux, paysages....
Et le futur aussi, la disparition d'un mode de vie, est évoqué, d'une façon pudique, sans insister. Mais la fin de quelque chose est bien là, et cela provoque forcément une nostalgie.
Un livre au ton juste, l'écriture colle au sujet, et qui fait faire un beau voyage.
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: Galsan Tschinag Sam 28 Mar 2015 - 22:36
Lequel de ses livres évoque le plus la Mongolie ???
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Galsan Tschinag Dim 29 Mar 2015 - 9:05
N'ayant lu que le livre commenté plus haut, je ne peux pas vraiment répondre à ta question. Tout ce que je peux te dire, c'est que le sujet véritable de celui-ci est en fait la Mongolie.