Louise Wimmer [Cyril Mennegun]

Louise Wimmer de Cyril Mennegun

Citation :

Après une séparation douloureuse, Louise Wimmer a laissé sa vie d’avant loin derrière elle. A la veille de ses cinquante ans, elle vit dans sa voiture et a pour seul but de trouver un appartement et de repartir de zéro. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle veut tout faire pour reconquérir sa vie.

Scènes de La France en crise, suite, et sans doute pas fin. Après Les neiges du Kilimandjaro, Une vie meilleure et quelques autres, voici Louise Wimmer, portrait d'une femme dans la dèche, dormant dans sa voiture et luttant pour ne pas sombrer plus profondément dans la précarité. Le film est plébiscité par la critique qui loue son âpreté, son absence de complaisance, sa dignité combattante. Tout ceci est vrai, incarné par une comédienne époustouflante, Corinne Masiero. Mais, bizarrement, aucune voix discordante ne s'élève pour évoquer la mise en scène, loin d'être exempte de reproches, voire même le scénario, qui souffre de quelques incohérences. A croire que le film de Cyril Mennegun est intouchable, de par son hyperréalisme social. Le cinéaste vient du documentaire, c'est un atout pour créer une fiction poignante et qui ne tombe jamais dans le misérabilisme. En revanche, il manque une écriture qui aurait permis d'aérer le scénario, de créer des enjeux multiples, au-delà de cette figure de femme, certes admirable, mais au caractère peu aimable, qui n'a qu'une seule et unique obsession.

eXPie a écrit:

traversay a écrit:

Pour Chronicle, merci coli de ce commentaire lapidaire, j'avais prévu de laisser ce film de côté

Hé hé, effectivement !
On sent que ça sort du coeur !

Oui, c'était vraiment long. Et pourtant ça ne durait qu'1h25 (générique de fin compris).

Sinon, il y a mieux :


Louise Wimmer tombe du ciel : on la rencontre dans sa voiture, son logement principal, l’endroit où elle dort et son dernier espoir de redonner de la dignité à son existence. Cyril Mennegun a choisi de passer sous silence les raisons qui ont conduit Louise à tomber dans cette misère. Les indices nous sont révélés au compte-goutte et avec l’économie de mots qui caractérise l’ensemble du film. Ils nous permettent de nous faire une vague idée, à l’issue du film, de ce qui fut le passé de Louise, mais sa trame est si ténue qu’il ne suffit pas à individualiser réellement le personnage. Louise Wimmer peut être le devenir de chacun d’entre nous.
Reste à savoir si n’importe qui d’entre nous, une fois devenu Louise, pourrait encaisser les évènements à sa manière. Pliée en quatre dans le coffre de sa voiture, elle se réveille à l’aube pour faire le ménage dans les chambres d’un hôtel. Elle subit les brimades d’un petit chef bardé d’œillères, prend des douches en quatrième vitesse dans les toilettes d’un PMU, récupère les petits objets de valeur pour se faire de la monnaie d’appoint, zigzague entre ses différents créditeurs, et essaie tant bien que mal de permettre à sa voiture de survivre. Cette façon de vivre entraîne une usure dont les traces apparaissent de manière criante sur le corps de Louise. Corinne Masiero, l’actrice qui l’incarne, semble se mépriser totalement dans la poursuite d’une existence qui n’a plus rien d’agréable à offrir. Ses gestes sont parfois lents et éprouvés : ils traduisent un épuisement bien compréhensible, mais se retrouvent totalement dynamisés l’instant d’après. Louise Wimmer se dépasse sans cesse et fait craindre au spectateur le moment fatal où elle lâchera, car il semble impossible que cela n’arrive pas.

Si cette existence pouvait être adoucie par la présence de proches compréhensifs et protecteurs, Louise Wimmer pourrait s’abandonner dans le confort d’une proximité chaleureuse, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Bien sûr, elle est entourée de quelques connaissances qui n’hésitent pas à lui donner un coup de main lorsqu’elle en a besoin, comme Didier qui l’aide à réparer sa voiture, Nicole qui lui fait crédit de ses consommations au PMU et qui réceptionne son courrier, ou encore Mlle Rebihi, assistante sociale fraîchement émoulue que ses convictions encore intactes permettront à Louise de vivre de manière décente ; mais Louise reste distante et ne révèle à personne ses conditions de vie. Cette vie qu’elle mène à la façon d’un combat trouve son sens dans cette unique volonté qu’elle a de s’en sortir seule. Les autres et leur empathie apparaissent comme un frein qui risquerait bien d’émousser son endurance et sa force.
Finalement, on se sent ridicule devant ce film. Il donnerait presque honte d’être resté assis confortablement dans une salle chauffée pendant une heure vingt. Mais le pire constat est le suivant : en s’attaquant au sujet de la pauvreté et de la précarité dans les pays modernes à travers l’individu Louise Wimmer, Cyril Mennegun avait dû comprendre que la façon la plus efficace d’éveiller les consciences aux misères d’autrui était de leur faire comprendre que ces misères pouvaient devenir leurs beaucoup plus rapidement qu’ils ne le pensent. Et c’est déroutant de voir à quel point l’égocentrisme agit de manière radicale.


Et sur le site Télérama, le réalisateur commente quelques scènes du film. Ca vaut le détour de la lecture...
A lire ici

Citation :

A condition de se la péter, on peut se faire de bonnes assiettes de pommes dauphine-haricots verts à l'œil !

colimasson a écrit:

Sinon, il y a mieux :

Louise Wimmer (2012) de Cyril Mennegun

Pour info Traversay en parle aussi page 1. Au cas où tu voudrais réagir sur sa propre analyse... ça me fait penser que je ne l'ai toujours pas vu.

Je n'étais absolument pas réceptif quand je l'ai vu. Je ne l'ai pas aimé du tout. Mon avis ne vaut que pour le ressenti de ce moment-là.

traversay a écrit:

Je n'étais absolument pas réceptif quand je l'ai vu. Je ne l'ai pas aimé du tout. Mon avis ne vaut que pour le ressenti de ce moment-là.

Et c'est tout l'intérêt de confronter ces regards différents pour se faire une idée plus globale. Je regrette trop souvent sur parfum le fait que les posts sur une même oeuvre se retrouvent les uns à côté des autres sans dialogue entre eux. Qu'on aime ou pas, qu'on soit d'accord ou pas, je pense que ça peut aider à approfondir une réflexion sur tel ou tel sujet.

Ah non je n'avais pas vu ton commentaire Traversay ! Oh, quel méchant garçon tu fais dans cette critique !

traversay a écrit:

Scènes de La France en crise, suite, et sans doute pas fin. Après Les neiges du Kilimandjaro, Une vie meilleure et quelques autres, voici Louise Wimmer, portrait d'une femme dans la dèche, dormant dans sa voiture et luttant pour ne pas sombrer plus profondément dans la précarité. Le film est plébiscité par la critique qui loue son âpreté, son absence de complaisance, sa dignité combattante. Tout ceci est vrai, incarné par une comédienne époustouflante, Corinne Masiero. Mais, bizarrement, aucune voix discordante ne s'élève pour évoquer la mise en scène, loin d'être exempte de reproches, voire même le scénario, qui souffre de quelques incohérences. A croire que le film de Cyril Mennegun est intouchable, de par son hyperréalisme social. Le cinéaste vient du documentaire, c'est un atout pour créer une fiction poignante et qui ne tombe jamais dans le misérabilisme. En revanche, il manque une écriture qui aurait permis d'aérer le scénario, de créer des enjeux multiples, au-delà de cette figure de femme, certes admirable, mais au caractère peu aimable, qui n'a qu'une seule et unique obsession.

Tout d'abord, je serais curieuse de voir les incohérences que tu reproches à ce film... ? Pour ce genre de trucs, je n'ai pas trop l'oeil... Je fais trop souvent la synthèse des choses et les détails m'échappent souvent...

Dans ton commentaire, j'ai l'impression que tu critiques le peu de "théâtralité" du film... En gros, tu aurais aimé que le personnage soit un peu moins acariâtre, mis en relief par des préoccupations autres que celle (pourtant relativement majeure...) de se trouver un logement et de mener une vie décente ? Mouais...mais je ne sais pas si le propos aurait été aussi fort...et si ça n'aurait pas été une certaine forme d'incohérence, mais de la part du réalisateur cette fois ?

colimasson a écrit:

Ah non je n'avais pas vu ton commentaire Traversay ! Oh, quel méchant garçon tu fais dans cette critique !
Tout d'abord, je serais curieuse de voir les incohérences que tu reproches à ce film... ? Pour ce genre de trucs, je n'ai pas trop l'oeil... Je fais trop souvent la synthèse des choses et les détails m'échappent souvent...

Dans ton commentaire, j'ai l'impression que tu critiques le peu de "théâtralité" du film... En gros, tu aurais aimé que le personnage soit un peu moins acariâtre, mis en relief par des préoccupations autres que celle (pourtant relativement majeure...) de se trouver un logement et de mener une vie décente ? Mouais...mais je ne sais pas si le propos aurait été aussi fort...et si ça n'aurait pas été une certaine forme d'incohérence, mais de la part du réalisateur cette fois ?

Je suis incapable de te répondre précisément, je suis sorti en colère de la salle, manquant d'air. Et je n'ai gardé qu'un souvenir de malaise. Je respecte le parti pris du scénario, mais je trouve la mise en scène pas à la hauteur, sans nuances, monomaniaque, en quelque sorte. Je préfère quand un film laisse davantage de liberté de pensée au spectateur et là, il n'y a pas d'échappatoire. Ok pour le sujet, je suis embêté par son traitement. Ce n'est que mon avis.
Contre-exemple, Bullhead, dont il est question juste au-dessus, j'y ai trouvé une matière à réflexion, une possibilité de sortir d'un carcan imposé et ça, c'est la mise en scène qui donne cette liberté. C'est assez clair dans ma tête, moins dans mes mots, désolé coli.

traversay a écrit:

colimasson a écrit:

Ah non je n'avais pas vu ton commentaire Traversay ! Oh, quel méchant garçon tu fais dans cette critique !
Tout d'abord, je serais curieuse de voir les incohérences que tu reproches à ce film... ? Pour ce genre de trucs, je n'ai pas trop l'oeil... Je fais trop souvent la synthèse des choses et les détails m'échappent souvent...

Dans ton commentaire, j'ai l'impression que tu critiques le peu de "théâtralité" du film... En gros, tu aurais aimé que le personnage soit un peu moins acariâtre, mis en relief par des préoccupations autres que celle (pourtant relativement majeure...) de se trouver un logement et de mener une vie décente ? Mouais...mais je ne sais pas si le propos aurait été aussi fort...et si ça n'aurait pas été une certaine forme d'incohérence, mais de la part du réalisateur cette fois ?

Je suis incapable de te répondre précisément, je suis sorti en colère de la salle, manquant d'air. Et je n'ai gardé qu'un souvenir de malaise. Je respecte le parti pris du scénario, mais je trouve la mise en scène pas à la hauteur, sans nuances, monomaniaque, en quelque sorte. Je préfère quand un film laisse davantage de liberté de pensée au spectateur et là, il n'y a pas d'échappatoire. Ok pour le sujet, je suis embêté par son traitement. Ce n'est que mon avis.
Contre-exemple, Bullhead, dont il est question juste au-dessus, j'y ai trouvé une matière à réflexion, une possibilité de sortir d'un carcan imposé et ça, c'est la mise en scène qui donne cette liberté. C'est assez clair dans ma tête, moins dans mes mots, désolé coli.

Tu es très clair Traversay ! Enfin, je crois... (à moins que tu le sois si peu que j'ai cru comprendre quelque chose que tu ne voulais pas dire... mais bon, imaginons que nous nous soyons compris !)
C'est vrai, le réalisateur met en scène son sujet d'une manière totalitaire, d'une manière telle que le spectateur n'aurait pas le droit de dire : "Non mais quelle cruche cette Louise Wimmer !". Ceci, j'ai pu le penser à certains instants car elle refuse toute aide extérieure en provenance de ses amis ou de son amant. Mais sa situation est si dramatique que je me suis dit qu'elle essayait de donner un sens à sa quête d'une existence décente en se l'appropriant elle-même, par la force de son unique volonté.
Serait-ce à dire que le réalisateur a réussi à imposer sa force persuasive sur mon faible esprit ?
Peut-être, mais peut-être étais-je aussi disposée à accepter un tel message...?

Bof! Rien de plus à en dire

Ca me surprend !

colimasson a écrit:

Ca me surprend !

Je me suis ennuyé. J'aurais aimé être touché par la galère de cette femme mais même si la comédienne est très bonne la mise en scène est vraiment minimaliste et fait du surplace. Et Nina Simone en boucle c'est drôle au début puis carrément pénible. Cette histoire me semble trop approximative et bâclée. L'idée d'une parenthèse inexpliquée était interessante mais ça ne suffit pas à susciter mon adhésion. Affaire d'humeur et de moment peut-être?