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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Chantal Akerman Dim 11 Mar 2012 - 22:40
Chantal Akerman
Citation :
Chantal Akerman est issue d'une famille de juifs émigrés d'Europe centrale dans les années 30. Ses grands-parents et sa mère ont été déportés à Auschwitz. La vision de Pierrot le Fou est une révélation. Elle s'inscrit alors à l'INSAS (Institut supérieur des Arts, du Spectacle et des Techniques de Diffusion). Après un premier court métrage, elle émigre à New York, où elle se passionne pour le cinéma expérimental de l'Américain Jonas Mekas et du Canadien Michael Snow, dont l'influence est perceptible dans les premières réalisations de la cinéaste. Sur place, elle réalise un court métrage et s'essaie au format long (Hotel Monterey, consacré à un hôtel pour nécessiteux de New York). Puis, Chantal Akerman revient en France et se consacre pleinement au cinéma.
Ecrit, réalisé et interprété par Akerman, Je, tu, il, elle (1974) est un film radical, rejetant l'effet, auquel elle préfère le plan fixe, la lenteur extrême et le monologue intérieur. La critique remarque son troisième long métrage, Jeanne Dielman 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975), qui confirme les tendances de la réalisatrice. Pendant près de 3h30, elle distord les durées et réduit le dialogue au minimum. Le film, qui traite de la vie d'une prostituée occasionnelle, marque sa rencontre avec Delphine Seyrig, une comédienne qu'elle retrouve à trois reprises, notamment pour la comédie musicale Golden Eighties (1986).
Tout en poursuivant ses expériences dans des documentaires expérimentaux (News from Home), Chantal Akerman réalise son film le plus académique, Les Rendez-vous d'Anna (1978), avec Aurore Clément dans le rôle principal. Même si la forme diffère, les thèmes chers à la réalisatrice demeurent : l'errance et la quête des origines. Akerman attend 1996 et Un divan à New York (avec William Hurt et Juliette Binoche) pour aborder à nouveau un cinéma plus commercial.
Alternant documentaires (Un jour Pina a demande Pina Bausch, D'Est, Sud, De l'autre côté), et films de fiction (Toute une nuit, Nuit et Jour), la cinéaste belge mène une carrière entre la France et les Etats-Unis, où elle réalise, en 1988, Histoires d'Amérique, une série de témoignages sur l'émigration juive aux Etats-Unis. En 2000, elle adapte librement La Prisonnière de Marcel Proust avec La Captive, qui réunit Stanislas Mehrar et Sylvie Testud. Après le documentaire De l'autre côté et la comédie dramatique Demain on déménage, l'exigeante Chantal Akerman signe, en 2006, Là-bas, un documentaire sur Israël. Quelque temps après, elle redirige Stanislas Mehrar dans La Folie Almayer (2011), librement adapté d'un roman de Joseph Conrad.
Chantal Akerman est souvent considérée par la critique comme une très grande réalisatrice et je me rends compte après avoir vu La Captive et La Folie Almayer que je ne la connaissais pas du tout. L'occasion de lui consacrer un fil.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Chantal Akerman Dim 11 Mar 2012 - 22:40
La Folie Almayer
Ce film est inspiré du roman de Conrad qui est une de ses premières oeuvres et qui anticipe clairement "Au coeur des ténèbres" par les différentes thématiques développées: l'éloignement de la civilisation et le retour à l'état sauvage, la nature dévorante et aliénante, la folie mégalomaniaque et la solitude, l'opposition et l'incommunicabilité entre l'indigène et le colon.
L'adaptation de Chantal Akerman est une expérience de cinéma difficile qui au pire laissera sur le bord du chemin avec un effet de puissant narcotique, au mieux envoûtera par sa dimension mentale, abstraite, somnambulique, expérimentale. J'avoue me situer un peu à la croisée des chemins. J'ai été tantôt hypnotisé et subjugué, tantôt ennuyé et agacé. Avec un sentiment de grande force qui côtoierait des afféteries auteuristes trop démonstratives. J'ai eu l'impression d'être dans un univers qui se situerait entre Apichatpong Weerasethakul, Marguerite Duras, David Lynch... et Conrad bien sûr.
L'introduction est somptueuse avec ces traces lumineuses mouvantes sur un fleuve nocturne à la noirceur mortifère et soutenue par quelques accords du prélude de Tristan et Isolde de Wagner (encore après Mélancholia).
On enchaîne avec une séquence quasi onirique qui pourrait sortir du Club Silencio de Mulholland Drive. Une très belle jeune femme en transe, Nina, pleure en chantant une complainte pendant que son amant est assassiné sous ses yeux.
Avant, ailleurs... le film se poursuit en flash-back en nous racontant l'histoire de Nina de l'enfance à l'adolescence. Nina est l'enfant métis de Kaspar Almayer et de la fille adoptive indigène du capitaine Lingard (on est dans les Indes orientales nééerlandaises). Kaspar n'aime pas sa femme mais chérit sa fille qui pourtant s'éloignera de lui en épousant le malais Dain Maroola alors qu'il s'enferme dans une folie progressive en même temps qu'il est pratiquement ruiné (on pense à l'atmosphère du roman de Duras "Un Barrage contre le pacifique").
Le film semble être une plongée mentale quasi onirique dans les pensées des différents protagonistes qui s'expriment de façon somnambulique un peu comme dans certains romans de Duras (comme Hiroshima mon amour par exemple). Cela crée un effet d'hypnose que renforce la présence d'une nature proliférante et vénéneuse, d'un fleuve qui tient à la fois du Styx et d'une matrice amniotique.
Chant d'amour et de mort qui justifie l'utilisation de la musique de Wagner. Il y a des plans extraordinaires de visages, de jungle, de pluies. On a le sentiment de glisser insidieusement dans un climat hallucinatoire qui correspondrait à l'état d'esprit du personnage de Kaspar Almayer. Comme si toute l'histoire n'était que les réminiscences d'un damné complètement dément.
J'ai aimé ce langage filmique exigeant mais les moments de transe alternent avec des phases beaucoup plus monotones qui m'ont fait trouver le temps long. J'ai aussi été gêné par l'acteur principal, Stanislas Mehrar (qui porte bien son nom tellement on ne le voit plus beaucoup), qui m'a semblé trop jeune pour le rôle et qui en dehors de son charisme ne joue pas très bien. Il y a par contre un très long plan final sur son visage ravagé absolument sublime bien qu'interminable.
Il faut tenter l'expérience si vous aimez un cinéma différent et exigeant. Il m'en reste des impressions très fortes mais j'aurais du mal à le revoir je pense.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Chantal Akerman Lun 12 Mar 2012 - 7:53
J'avais hésité à le voir lorsqu'il passait à côté de chez moi, puis je n'ai pas tenté l'aventure et ce que tu en dis ne me fait pas trop regretter.
Je ne sais pas si tu as lu le livre, puisque tu n'en a parlé sur le fil de l'auteur, mais pour ma part je ne vois pas en quoi La folie Almayer anticipe clairement Au coeur des ténèbres, les deux livres me semblent relativement différents, même si bien écrits par le même auteur, il peut y forcement des points communs, mais de surface.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Chantal Akerman Lun 12 Mar 2012 - 10:50
Arabella a écrit:
Je ne sais pas si tu as lu le livre, puisque tu n'en a parlé sur le fil de l'auteur, mais pour ma part je ne vois pas en quoi La folie Almayer anticipe clairement Au coeur des ténèbres, les deux livres me semblent relativement différents, même si bien écrits par le même auteur, il peut y forcement des points communs, mais de surface.
J'ai lu "Au coeur des ténèbres" mais je n'ai pas encore lu "La Folie Almayer" en dehors d'un résumé détaillé, de quelques passages et de la préface avant d'aller voir le film dont je redoutais la complexité. Le film reprend l'essentiel de la trame mais surtout l'atmosphère inhérente à l'univers de Conrad et qui est présente dans Au coeur des ténèbres.
Kaspar et Kurtz sont tous deux venus chercher fortune en quittant la civilisation occidentale et en venant dans la jungle (La Malaisie pour Kaspar qui espère récupérer le butin des pirates dont son beau-père est "le roi de la mer", Le Congo pour Kurtz qui collectionne l'ivoire). Tous deux s'enfoncent dans une déchéance et une folie progressive dans des espaces qui deviennent le miroir de la noirceur de leur esprit. Le fleuve serpent, la jungle dévorante, la nature hypnotisante dont on semble entendre le chuchotement (voix des indigènes? Voix intérieures? présence animiste?) les isolent du monde civilisé, les plongent dans une folie qui est une sorte de retour à la sauvagerie et une dimension primitive de l'homme. Le récit devient presque hallucinatoire et la force des 2 récits réside dans cette fusion entre nature et état d'âme. Leur délire s'exprime différemment en fonction de leurs personnalités respectives mais c'est le même "ensorcellement" dans ce cadre vénéneux.
Donc pour moi les points communs sont de fond et non de surface justement. Ce n'est que le fil narratif qui diffère avec des situations et des personnages différents. Mais il montre des aspects plus philosophiques similaires. Kaspar anticipe Kurtz. Il y a des échos, un climat, des thématiques communes. Kaspar étant plus inconsistant et Kurtz plus mégalomaniaque mais il y a cette même impossibilité d'intégration et d'osmose entre le colon et le milieu indigène. Nina est métis et son propre parcours reflète cette difficulté à trouver sa place, à choisir son destin.
En tout cas Chantal Akerman a réussi une chose essentielle qui est de rendre palpable ce sortilège que génère la nature et le flux de pensée délirant et hallucinatoire qui se libère. Tout en renouant avec sa vague documentaire car le film s'anime aussi de cette proximité avec ces lieux et ces gens. Plus j'y pense plus je trouve que c'est un film important même s'il n'est pas facilement aimable d'entrée.
Conférence de presse à Venise. La genèse du film à partir d'un souvenir de lecture du roman de Conrad et de la vision du film de Murnau, Tabou:
Dernière édition par Marko le Lun 12 Mar 2012 - 11:43, édité 1 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Chantal Akerman Lun 12 Mar 2012 - 11:28
Une petite bande annonce quand même:
Elle a du maudire Lars Von Trier d'avoir aussi choisi Tristan pour Mélancholia même s'ils n'en font pas le même usage.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Chantal Akerman Lun 12 Mar 2012 - 18:34
Il sera difficile de discuter en prenant comme base un roman que tu n'as pas lu et un film que je n'ai pas vu. Même si de surface peut être il y a des points de vue commun dans les deux livres, cet ailleurs dans lequel les normes et les habitudes, les routines quotidiennes abolies font que les être livrés à eux-même en quelque sorte révèlent leur moi profond, les personnages de Kurtz et d'Almayer sont très différents, certes venu faire fortune, comme tout européen sous les tropiques, mais leurs cheminements intérieurs sont vraiment très différents. Et l'écriture même des deux livres me semblent autre. Peut être des échanges futures sur le fil Conrad.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Chantal Akerman Mar 7 Aoû 2012 - 11:50
4 DVD dont le premier datant de 1993 s'intitule D'est
il s'agit d'un documentaire. D'une caméra. Pas de commentaire. On devine que l'on traverse des pays communistes (Allemagne de l'est, Pologne, Russie, Ukraine). Le premier plan dure deux minutes : une fenêtre ouverte par laquelle se dessine la silhouette d'un arbre et de temps en temps une voiture ronflante passe. Second plan qui dure deux minutes : la caméra est au pied de l'arbre et filme les voitures qui passe. Troisième plan : la caméra en un long plan séquence fait défiler des visages d'hommes et de femmes attendant. Quatrième plan : une femme, un papier dans une main, assise, ne bouge pas, cille des yeux, durée du plan : deux minutes... et ainsi de suite... Aucune narration. Pas de voix off pour nous expliquer le choix de la documentariste, juste cette donnée : filmer les visages, filmer ce qui reste de l'est avant l'effondrement total, avant que les temps n'apportent leurs changements. Alors on regarde sidéré, de vieilles femmes glaner dans un champ en pleine froidure, on voit, fasciné, des corps empaquetés dans de lourds manteaux, coiffés d'improbables chapka, des corps vieux, lourds, qui parfois tentent d'échapper à la caméra, des corps qui attendent. Des queues interminables. Des visages vides. L'absence d'espoir. La lourdeur des choses. La vie sans la vie. Sans étincelle. Une sorte d'anéantissement. De zombification. Une détresse. Parfois un cri.
Le 1er janvier 1992 j'étais à Budapest. Les visages, les corps filmés par Akerman sont ceux que j'ai vu. Cette tristesse. Ce poids. Cette grisaille. Ces visages vieux, sans joie, défaits, anéantis sont ceux que j'ai croisés. C'est ce que dit aussi ce documentaire : il n'a d'intérêt que pour celui qui veut y mettre quelque chose. Des souvenirs, des fantasmes, des idées reçues, de la poésie, du politique ou bien des mots. Un documentaire ouvert qui ne dit rien mais laisse le soin à celui qui s'empare des images d'y raconter sa vision de l'est.
Un travail aussi sur la lenteur, sur la forme, sur le discours (qu'est-ce que je veux bien mettre de moi dans cet objet qui n'est rien qu'une succession privée de sens de visages et de mouvements ?).
troublant
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Chantal Akerman Ven 10 Aoû 2012 - 10:18
Sud
Sud fait parti d'une trilogie entamée avec D'Est. En 1993, Akerman filmait les corps lourds, emmaillotés et frileux des gens de l'est, en 1999 elle filme les visages du sud des Etats-Unis, les jardins, les maisons de bois de la petite ville de Jasper au Texas. Mais alors que le premier opus de cette trilogie était silencieux, Sud est assourdissant, alors que D'Est était un constat, Sud est un cri, alors que D'est était quasiment privé de signifiant, Sud est surchargé de sens, de discours.
Tout commence de la même manière : long plan fixe sur une église, un jardin, une maison, défilement dans les rues, mais ici les peaux sont noirs, les gens font des saluts à la caméra, sourient, les corps sont libres, dénudés, c'est l'été. Puis on écoute la courte interview d'une femme noire qui raconte l'esclavage, la servitude ordinaire, les interdits. Vite, on s'aperçoit que l'on n'est pas là pour faire le bilan du sud, pour simplement regarder l'évolution d'une société d'un état à un autre (esclavage/libération), nous sommes là pour suivre le martyre d'un homme : James Byrd Jr. Le premier à parler est un voisin qui a entendu une camionnette. Les détails sont distillés au fur et à mesure du documentaire, lequel devient de moins en moins chaleureux et de plus en plus lourd, glauque, sorte d'enquête criminelle, minutieuse, détaillée. Byrd, citoyen ordinaire, est noir. Il est attaché à cette camionnette et trainé pendant 4,5 kilomètres. Au bout de cet enfer, son corps est en charpie, répandu sur les trottoirs de la petite ville, il a été décapité, il a perdu un bras.
Akerman interview alors deux hommes blancs : le shériff de Jasper, qui, impuissant, ne peut que constater les problèmes de racisme de sa ville et un homme qui va parler des trois assassins, leur race blanche, gage de pureté, la manière dont ces racistes essaiment et quel est leur discours. Le tout est lapidaire, sans concession : d'un côté l'impuissance, de l'autre un discours politique construit même s'il est totalement absurde.
Le tout s'achève par une messe en l'honneur de Byrd, des chants, des gens qui tapent des mains, des discours. Pas un blanc dans l'assemblée.
Encore une fois, Akerman se passe de commentaire. Tout est dit à travers les voix de ceux qu'elle interroge et les longs travelling dont elle se sert pour nous faire pénétrer l'univers de ces hommes et de ces femmes du sud des Etats-Unis. C'est toujours très troublant, et ici alourdit par la force du discours sur le racisme, le meurtre, l'absurdité des convictions.
Dernier plan du documentaire : Akerman filme les 4,5 kilomètres du supplice de Byrd. Ici le documentaire se fait insoutenable. Sans un mot. Sans un son. Juste par le pouvoir de l'image.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Chantal Akerman Ven 10 Aoû 2012 - 10:29
j'ajoute avant d'oublier : ce qui est intéressant dans les deux documentaires, c'est que malgré leur forme non explicative, ils sont bourrés de parti pris, ils sont orientés, Akerman choisissant de défendre un discours unilatéral. Elle aurait pu montrer de l'est une autre image, celle des apparatchiks aux grosses mercedes et aux ray ban, ou la gentillesse extrême de ces populations, ou la solidarité existante... elle choisit de montrer des corps fermés, peureux, gris, sans espoir, ce qui n'était sans doute pas complètement la réalité de l'est en 93. De la même manière, sa façon de raconter l'histoire de Byrd dans Sud est orientée, elle choisit de défendre un discours et le fait jusqu'au bout, sans jamais cherché à donner d'alternative à son propos. L'engagement est total. C'est à la fois troublant et beau, mensonger et efficace. Rare aussi sans doute par l'intransigeance dans la manière de faire.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Chantal Akerman Ven 10 Aoû 2012 - 12:17
Merci pour ces commentaires stimulants. C'est une cinéaste importante que j'aimerais mieux connaître. Sa filmographie est riche.