Marivaux (Pierre Carlet de Chamblain de)

Citation :

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (Paris, (baptisé le) 4 février 1688 - Paris, 12 février 1763), communément appelé Marivaux, est un écrivain français. Homme solitaire et discret, longtemps mal compris, il fut un journaliste, un romancier, mais surtout un auteur dramatique fécond, qui, amoureux du théâtre et de la vérité, observait en spectateur lucide le monde en pleine évolution et écrivit pour les Comédiens italiens, entre 1722 et 1740, des comédies sur mesure et d'un ton nouveau, dans le langage « de la conversation ». Il est, après Molière, Racine, Pierre Corneille et Musset le cinquième auteur le plus joué par la Comédie française.
source: wikipedia

L’île des Esclaves (avec un grand E)

Comédie en prose. 1725

Une pièce en un acte, courte et incisive, qui mise sur le travestissement social et inverse les règles du jeu : 2 couples de maîtres / valets se retrouvent sur une île, après un naufrage.

Selon les lois locales, les valets deviennent les maîtres de ces derniers et réciproquement. Le but étant d’éduquer les maîtres tyrans, égoïstes et orgueilleux.

S’il s’agit d’une utopie, Marivaux n’en arrive pas moins à une conclusion : le rang social n’est rien sans de solides vertus.

On juge donc ici le maître sur sa capacité à être bon, au lieu d’abuser du pouvoir hérité, et le valet, sur son aptitude à pardonner les faiblesses de ses supérieurs.

Arlequin apparaît comme la colonne vertébrale de l’œuvre, menant le jeu avec son humour, et surtout son bon cœur.

Marivaux privilégie ce personnage phare de la commedia dell’arte, qui se fait l’apôtre d’une philosophie basée sur l’empathie et le bon sens.

A la fin de la pièce, chacun reprend son rôle initial, en ayant réfléchi à son comportement.

Morale :
« Vous avez été leurs maîtres, et vous en avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres, et ils vous pardonnent ; faites vos réflexions là-dessus. La différence des conditions n’est qu’une épreuve que les Dieux font sur nous : je ne vous en dis pas davantage. »

L’ensemble est enlevé et comme toujours au 18è siècle, derrière une apparente légèreté, se glissent la subversion et l’esprit critique.

Le paysan parvenu

Un roman inachevé qui laisse un goût...d'inachevé !

Il a quand même été fini par autre auteur, mais je n'ai pas lu.

Le style de Marivaux est plutôt dense pour l'histoire de ce jeune campagnard qui débute à Paris en se plaçant sous la protection des femmes, se mariant d'abord, puis cumulant quelques maîtresses. Il ne résiste pas au plaisir des sens, ni à la vanité de la réussite versaillaise.

Il y a de très belles scènes galantes, drôlatiques ou pittoresques dans le ton du 18è, mais j'avoue ne pas avoir été transcendée par ce héros plutôt classique.

Il a pourtant une bonne dose de bon sens, de la répartie, de l'ambition, du goût. Que lui manque t-il ?

Quelque chose d'attachant (si je compare avec le merveilleux chevalier de Faublas, qui m'avait touchée).

Dommage que l'auteur n'ait pas doublé cette peinture de moeurs d'un arrière-fond plus historique.

En résumé : mémoires d'un libertin opportuniste.

Il me semble que j' avais beaucoup aimé L' Histoire de Marianne. Tu l' as lu Tina ?

Non, mais je compte le faire, je me demande si ce n'est pas son meilleur (d'après ce que j'ai entendu).
Cela étant, je porte une montagne de milliers de livres à lire sur mes frêles épaules, J'EN PEUX PLUS !!!!!!!!!!!

tina a écrit:

Non, mais je compte le faire, je me demande si ce n'est pas son meilleur (d'après ce que j'ai entendu).
Cela étant, je porte une montagne de milliers de livres à lire sur mes frêles épaules, J'EN PEUX PLUS !!!!!!!!!!!

Bon ! Pose les là sur l' herbe... Il fait beau, les oiseaux chantent... Cool !

Ouais... :) J'ai pas encore Marianne, mais quelques autres. Ceci dit, Marianne a fait, je le crois bien, la réputation de Marivaux. Concernant la pile de livres à lire, Tina, ce goût te reviendra... les lectures coulent à certains moments pour moi... c'est le cas maintenant. Il faut tout juste savoir mijoter la hâte de lecture et savoir sauter son tour au moment de passer à l'acte.

Bonsoir,

Je n'ai jamais lu Marivaux. Pourriez vous me conseiller une pièce pour commencer ? Merci   

Pourquoi ne pas commencer par une des premières pièces ? Personnellement, j'aime bien la Surprise de l'amour (je ne te conseille pas La seconde surprise de l'amour, fignolée pour la Comédie française), assez représentative de la dramaturgie marivaudienne, de ses tics et de ses procédés. Il y a bien Arlequin poli par l'amour, mais c'est très embryonnaire encore, quoique s'y trouvent déjà certaines conceptions de l'amour tout à fait caractéristiques de l'auteur.

Ou alors les plus re-connues : La fausse suivante, L'île des esclaves (pièce assez isolée), Le Jeu de l'Amour et du Hasard, Le triomphe de l'amour, Les serments indiscrets, Les fausses confidences, La Méprise, la Dispute, les Acteurs de bonne foi, etc.
Rien ne t'empêche d'aller fouiller dans des pièces moins connues, en particulier : La mère confidence, L'heureux stratagème et La Colonie.

Bonne lecture ! :)

Merci beaucoup Sullien   

Tu les a toutes lues ?   

Cela se lit très vite. J'avais adoré quand j'étais au lycée, puis j'en ai vu certaines au théâtre voir même en adaptation filmée et j'ai apprécié la plupart du temps. La langue est magnifique, d'une grands subtilité, toute virgule a un sens. Il faudrait que je relise....

Oui, c'est splendide,  Marivaux.

Je me souviens avoir vu, il y a quelques années, une pièce à la télé. Prise en cours de route,  tout à fait par hasard. Une mise en scène très sobre, une petite robe noire pour elle… Et un texte sublime. La diction était très "moderne", et la langue magnifique ; tout au long de la représentation j'ai oscillé entre "c'est un texte classique" et "Mais non, c'est tellement moderne, c'est forcément une pièce actuelle, avec quelques références aux classiques".
Pour découvrir à la fin que c'était une pièce de Marivaux, dont pas une virgule n'avait été changée… J'ai regretté de ne pas l'avoir enregistrée…

majeanne a écrit:

Merci beaucoup Sullien   

Tu les a toutes lues ?   

Non, il en reste quelques-unes des dernières (La commère, Félicie, Provinciale)... Ah, je n'ai pas lu sa tragédie non plus.

Ce que j'aime particulièrement chez Marivaux, c'est la confrontation et l'alliance d'un humour subtil, tout en raffinement et passementeries, et d'un comique grossier ; les deux parviennent parfois à une complémentarité saisissante. L'imbroglio de la Suprise est délicieux :

Citation :

LÉLIO
Il n’y a personne qui ne se persuade là-dessus que je vous aime.

LA COMTESSE
Je l’aurais cru moi-même, si je ne vous connaissais pas.

LÉLIO
Quand vous le croiriez encore, je ne vous estimerais guère moins clairvoyante.

LA COMTESSE
On n’est pas clairvoyante quand on se trompe, et je me tromperais.

LÉLIO
Ce n’est presque pas une erreur que cela, la chose est si naturelle à penser !

LA COMTESSE
Mais voudriez-vous que j’eusse cette erreur-là ?

LÉLIO
Moi, Madame ! vous êtes la maîtresse.

LA COMTESSE
Et vous le maître, Monsieur.

LÉLIO
De quoi le suis-je ?

LA COMTESSE
D’aimer ou de n’aimer pas.

LÉLIO
Je vous reconnais : l’alternative est bien de vous, Madame.

LA COMTESSE
Eh ! pas trop.

LÉLIO
Pas trop… si j’osais interpréter ce mot-là !

LA COMTESSE
Et que trouvez-vous donc qu’il signifie ?

LÉLIO
Ce qu’apparemment vous n’avez pas pensé.

En cherchant toujours à se dérober devant l'aveu imminent de l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre, en tâchant de faire comprendre sans dire clairement, les personnages s'emmêlent les pinceaux, se prennent les pieds dans le tissu des mots pour s'écrouler grossièrement dans l'absurdité d'un dialogue qui ne veut plus rien dire. Tout simplement hilarant...

Je suis en ce moment en train de préparer un devoir sur le théâtre au XVIII, donc forcément il y a Marivaux !

En groupe, on a travaillé et appris l'acte I, 2 de Le Jeu de l'amour et du hasard, une pièce qui est parfaite pour présenter le théâtre du XVIII !
Cette pièce est d'abord inscrite dans son époque : au XVIII, particulièrement au théâtre, de nouveaux genres vont se développer. Cette pièce peut être qualifiée comme une comédie de sentiments. Contrairement aux pièces mettant en scène un mariage arrangé de Molière, Le Jeu de l'amour et du hasard présente un mariage qui ne peut avoir lieu à cause d'un obstacle interne : ce sont là les jeunes qui refusent de se marier. Sylvia est persuadée que son mariage avec Dorante va mal se passer et avec Lisette imaginera un subterfuge.
Ensuite on cherche à éclairer l'esprit des Hommes au XVIII, Marivaux présente un mariage contraint, une pratique qui se faisait à l'époque, et montre ainsi que ce qui peut plaire aux parents peut effrayer leurs enfants.