La dame en noir
Film ultra classique mais efficace.
Kipps, notaire, doit aller s'occuper des papiers d'une vieille maison au fin fond du pays. Même au fin fond du bout du monde du village où elle est. Sur une petite île, accessible seulement lorsque la marée le permet.
Mais, évidemment, il est mal reçu par les villageois. Un mystère plane. Une menace.
Et là-bas, la maison grince, des ombres apparaissent, une silhouette de femme en noir.
Et des enfants meurent au village. On accuse Kipps. Parce qu'il n'aurait pas du aller à la maison des marais, tout le monde l'avait prévenu.
Seulement Kipps, c'est sa dernière chance de garder son job (oui, parce qu'il a perdu sa femme lors de l'accouchement, et depuis il est paumé : alcoolique (?), père absent, mauvais bosseur), du coup il insiste, il enquête. Et quelque part, ça le fascine ce monde des morts. Ce contact avec l'au-delà, lui qui rêve de sa femme, sent sa présence à ses côtés, parfois.
Bref.
Rien de transcendant dans le scénario.
Mais, ça fonctionne.
Suspens qui se tient, qui monte petit à petit. Ambiance qui se pose, qui prend son temps. Cette unité de lieu (on est presque tout le temps dans la maison, et le village est si petit qu'on a l'impression que c'est un même endroit) est étouffante, flippante. On sent les superstitions planer partout, la peur, la violence, le désarroi.
Les acteurs ont des gueules terribles de terroir, quelque chose de brut, de rigide, mais qui se fissurent partout .
Les histoires des familles qui sont données par bribes, leur enfermement, donnent des frissons.
Et petit à petit le spectateur qui se laissera mener par cette histoire, sentira ses doigts se crisper, sa respiration s'arrêter dans les moments de grande tension, et son cœur faire des petits bonds de frayeur.
Les décors sont ultra gothiques, plein de chandeliers, de toile d'araignées, d'escaliers qui grincent, de fenêtres pleine de buée et de crasse, les rideaux en tissus lourds et épais, les vieux jouets automates qui sont carrément effrayants.
(intéressants les regards des personnages fixés sur la caméra, qui impliquent le spectateur, et dès le départ le mettent presque dans la situation de celui qui est témoin, qui pousse les choses à se faire, qui reste passif malgré tout)
Voilà.
Film classique mais qui remplit parfaitement son contrat de petit film d'épouvante du soir.