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| Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] | |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] Jeu 23 Fév 2012 - 0:59 | |
| Portrait au crépuscule d'Angelina Nikonova Je t'aimeUne jeune femme psychologue pour enfants qui gère des situations familiales difficiles et qui n'est pas épanouie dans sa propre vie de couple est un jour victime d'une agression sexuelle par 3 policiers peu scrupuleux. Elle entreprend de se rapprocher du meneur avec des motivations ambiguës et inattendues. Film cafardeux et désenchanté sans être glauque. La violence de départ n'est pratiquement jamais frontale ou complaisante sans pour autant l'éluder. Il y a une volonté un peu systématique de montrer une russie déliquescente à tous les niveaux. Des lieux délabrés, une communication impossible entre les gens, une défaillance parentale où les enfants deviennent tantôt victimes tantôt bourreaux. La frontière entre les uns et les autres apparaissant très ténue et presque invisible. Marina (la très belle Olga Dihovichnaya ) est animée d'une colère légitime et d'une lucidité dérangeante sur le monde qui l'entoure. Mais la "vengeance" qu'elle semble vouloir mettre en oeuvre prend davantage la forme d'une sorte de thérapie (pour elle? pour l'autre? les 2?) où son regard de psychologue prend le dessus sur la révolte. Elle observe l'univers de cet agresseur, découvre ses propres failles, l'origine de sa violence et de son ambivalence. Je trouve qu'il y a dans ce film un regard "féminin" subtil et troublant. La réalisatrice a une belle proposition de cinéma et de réflexion même si le film a peut-être trop une certaine volonté de démonstration. Le plan final est très ouvert. Chacun aura son interprétation et son ressenti. Il a le mérite de susciter des questionnements passionnants sur l'origine de la violence, du machisme, de l'incommunicabilité entre les êtres, de la possibilité ou non d'une ouverture, d'un changement... - Spoiler:
A l'arrivée on est en droit de se demander si cette femme s'est vengée en donnant à son agresseur accès à des sentiments qu'il ignorait ou refoulait jusque là puis en l'abandonnant. Ou si au contraire s'est tissée une étonnante histoire de désir et d'amour. Cette ambiguïté est très troublante.
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| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] Jeu 1 Mar 2012 - 23:52 | |
| Portrait au crépuscule
Comme Marko, j'en sors avec impression largement positive. J'ai été très touché par la beauté troublante d'Olga Dykhovichnaya, et la flamme de son regard apporte une fébrile intensité. La mise en scène suit et accompagne cette femme, jusque dans ses zones d'ombres et ses errances, ce qui permet de creuser un malaise avec audace et humilité. La description d'une désagrégation sociale est parfois un peu forcée, mais c'est un passage nécessaire pour se confronter à la violence latente, anonyme d'un quotidien. Le final crée un vertige remarquable tout en offrant des portes de sortie. Angelina Nikonova exprime la volonté de ne pas se laisser contaminer par une noirceur...au contraire, l'espoir d'un lien même infime doit sceller l'ouverture d'un avenir. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] Dim 18 Mar 2012 - 21:11 | |
| - Marko a écrit:
- Portrait au crépuscule d'Angelina Nikonova
Une jeune femme psychologue pour enfants qui gère des situations familiales difficiles et qui n'est pas épanouie dans sa propre vie de couple est un jour victime d'une agression sexuelle par 3 policiers peu scrupuleux. Elle entreprend de se rapprocher du meneur avec des motivations ambiguës et inattendues.
Film cafardeux et désenchanté sans être glauque. La violence de départ n'est pratiquement jamais frontale ou complaisante sans pour autant l'éluder. Il y a une volonté un peu systématique de montrer une russie déliquescente à tous les niveaux. Des lieux délabrés, une communication impossible entre les gens, une défaillance parentale où les enfants deviennent tantôt victimes tantôt bourreaux. La frontière entre les uns et les autres apparaissant très ténue et presque invisible.
Marina (la très belle Olga Dihovichnaya ) est animée d'une colère légitime et d'une lucidité dérangeante sur le monde qui l'entoure. Mais la "vengeance" qu'elle semble vouloir mettre en oeuvre prend davantage la forme d'une sorte de thérapie (pour elle? pour l'autre? les 2?) où son regard de psychologue prend le dessus sur la révolte. Elle observe l'univers de cet agresseur, découvre ses propres failles, l'origine de sa violence et de son ambivalence. Je trouve qu'il y a dans ce film un regard "féminin" subtil et troublant. La réalisatrice a une belle proposition de cinéma et de réflexion même si le film a peut-être trop une certaine volonté de démonstration. Deux femmes sont à l'origine de Portrait au crépuscule : Angelina Nikonova et Olga Dihovichnaya, qui ont co-écrit son scénario, la première réalisant et la deuxième jouant le rôle principal, celui de Marina.. Des regards féminins sur un monde de brutes, bestial, machiste, bref, la société russe post-communiste et néo-capitaliste. Le film n'est pas pour autant un simple tableau de moeurs, accablant et brutal, comme peuvent l'être, chacun à leur manière, Sibérie Monamour et Elena. Là où l'on s'attend à une descente aux enfers de Marina -un talon cassé et tout se détraque-, après son viol, c'est à une révolution psychologique et comportementale de la jeune femme que l'on assiste (voir la scène du dîner d'anniversaire). Le film a l'intelligence de laisser planer un mystère sur ses motivations, sa vengeance ne sera pas violente mais tendre, comme si l'amour était l'unique remède à l'indifférence et à la violence. Portrait au crépuscule est fondamentalement noir et rugueux, mais il est tempéré par quelques répliques et scènes teintées d'humour. Si le film avait été un bloc naturaliste, il aurait été insupportable et sordide. En utilisant un nuancier subtil d'émotions, Nikonova n'altère en rien la puissance de son projet, elle l'approfondit, le dilate et le rend passionnant et accessible à de multiples interprétations. - Spoiler:
Désolé, Marko. En voyant ton commentaire (je lis toujours après avoir écrit), je m'aperçois que le mien y ressemble fort, en moins bien exprimé. Par ailleurs, pour répondre à ton spoiler, je ne vois pas pour ma part de manifestation du syndrome de Stockholm.
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] Dim 18 Mar 2012 - 21:51 | |
| - traversay a écrit:
- Spoiler:
Par ailleurs, pour répondre à ton spoiler, je ne vois pas pour ma part de manifestation du syndrome de Stockholm.
Moi non plus. Pas sous cet angle en tout cas. Mais quelque chose d'ambigu et de potentiellement subversif au lieu d'une simple vengeance. | |
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| Sujet: Re: Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] | |
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| | | | Portrait au crépuscule [Angelina Nikonova] | |
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