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- Alexandra Lapierre a fait des études de lettres à la Sorbonne. Puis, en Californie, elle obtient un diplôme de mise en scène Cum Laudae à l’American Film Institute de Los Angeles, où elle réalise trois moyens métrages. L’Association of American University Women lui remet alors une bourse d’études. À vingt-trois ans, elle obtient un Master of Fine Arts de l’University of Southern California et reçoit le Jack Nicholson Award pour un court métrage intitulé «Le Collectionneur de tableaux».
De retour en France, Alexandra Lapierre poursuit sa thèse sur la femme fatale dans la littérature du XIXe siècle et y découvre le sujet de «La Lionne du boulevard», qui obtient le prix du Premier roman de la Fondation Paribas. Puis elle publie «Un homme fatal» et «L’Absent».
Pour son livre Tout l'honneur des hommes, Dans la Russie des tsars, le destin du fils de l'Imam de Tchétchénie, Alexandra Lapierre a enquêté durant trois ans dans les bibliothèques de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Elle a fouillé les fonds d’archives dans les petites villes de Russie, poursuivi son héros jusque dans les villages de Géorgie et les montagnes du Caucase.
Elle est notamment l’auteur de Fanny Stevenson, la muse de l'écrivain-voyageur Robert Louis Stevenson, « Grand Prix des lectrices de ELLE » ; et d’Artemisia, les aventures de 'lune des femmes peintres au temps du Caravage, qui fut élu " Book of the Week " par la BBC et couronné en Sorbonne par « Le Prix du XVIIe siècle ».
Alexandra Lapierre nous fait visiter une extraordinaire Rome fin de siècle, cruelle et pleine de secrets, dans «Le Salon des petites vertus» puis raconte l’extraordinaire destin de William Petty, le premier archéologue de tous les temps, dans «Le Voleur d’éternité».
source: Babelio
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Artemisia.
Gentileschi.
Un livre passionnant, qui constitue une mine d’informations sur la peinture au 17è, en Italie : mécénat, histoire de l’art, création, diplomatie, politique, etc.
Il y a en plus un travail sur les « passions humaines » très bien mené, car l’auteur creuse la psychologie des personnages et se met à leur place.
Ainsi, il y a plusieurs binômes : le rapport père/fille entre Orazio Gentileschi et Artemisia. Il la forme dès l’enfance à peindre et éprouve à la fois de la fierté et de la jalousie à la voir réussir. Les liens sont très violents, tendus et pourtant filiaux.
Il y a le rapport entre Artemisia et son violeur : Agostino Tassi, peintre virtuose du trompe-l’œil et qui a beaucoup d’entregent. Elle consentira une relation suivie avec lui, avant que son père ne dénonce le forfait.
Là aussi, les sentiments sont ambigus, ambivalents. Artemisia est-elle victime, ou aguicheuse, ou courtisane ? Elle qui collectionnera les amants de renom.
AL s’est plongée dans le retentissant procès de 1612 et nous lisons les extraits de lettres, de témoignages et de jugements. Ainsi que les méthodes du moment pour faire avouer : d’abord la confession écrite, puis verbale, et enfin la torture pour confirmer les dires. Ca fait rêver…
On croise d’éminents personnages.
Ainsi, l’arrière-neveu de Michel Ange, Buonarroti Le Jeune, qui perpétue la mémoire de son divin ancêtre, Scipion Borghèse ou Charles Ier d’Angleterre, des fanatiques d’art, prêts à tout pour posséder les chefs d’œuvres qui feront briller leur nom.
Le métier de peintre est un des rares permettant d’accéder à l’intimité des puissants, on n’est pas surpris de voir les grands artistes investis de missions occultes et mener une double vie : par exemple Rubens, à la solde des Espagnols. Le 17è est un temps de guerres religieuses et aristocratiques.
Les villes elles-mêmes deviennent héroïnes du roman.
Artemisia travaille à Rome, Florence, Venise et même Naples où j’ai appris notamment qu’il y avait une vraie « mafia » de peintres : la « Cabale ». 3 peintres qui terrorisaient la région pour empêcher tout concurrent de rafler les grandes commandes. Dedans : Jusepe de Ribera, qui n'est pas un peintre mineur. Pourtant des sanguinaires qui n'hésitaient pas à commanditer des crimes pour évacuer les étrangers. Le Dominiquin et Guido Reni sont partis en courant de cette ville maudite, possédée par des fous du pinceau.
Quelle ambiance explosive dans ce milieu artistique fait de cupidité, de vanité, d'arrivisme et de férocité !
Artemisia y fera pourtant carrière, réussissant à trouver des protecteurs au sein de l’élite locale.
J’ai largement retrouvé dans ce livre la puissance ressentie face à ses œuvres. Elle est virile !
Masculine !
Un sacré tempérament sanguin que cette femme qui ne ploie pas. Qui est seule bien souvent et n’a que ses couleurs et son corps plantureux comme armes. Mais quelles armes !
De son vivant, elle devient un mythe.
Femme peintre, talentueuse, actrice d’un procès à scandale, bourreau ou victime ? De quoi piquer l’attention d’esthètes épris de grandeur, d’atypie et de nouveauté.
Tout cela, AL a su nous le faire vivre.
Pour les amoureux de la période, c’est vraiment à lire.