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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
Sujet: Jose Mauro de Vasconcelos Jeu 19 Juil 2012 - 13:16
José Mauro de Vasconcelos est né à Rio de Janeiro en 1920 . D'origine indienne et portugaise, il est l'auteur d'un quinzaine de récits et de romans. Mon bel Oranger, directement inspiré de son enfance difficile, est son livre le plus célèbre. Il est décédé en 1984. Il est de plus l'auteur d'Allons réveiller le soleil, de Rosinha mon canoë, du Palais Japonais. Aborder cet auteur est une bonne approche de la littérature sud-américaine et de sa particularité, même si elle est moins prégnante dans son oeuvre que dans celle de Borges ou Garcia Marquez. Vasconcelos a plutôt un style classique, sans grande originalité, ce qui vaut à son oeuvre d'être classée dans la littérature pour jeunesse. Mais, derrière ce style, il y a une force et des émotions qui traversent la plupart de ses romans. Mon bel oranger évidemment, mais aussi Allons réveiller le soleil ou Rosinha mon canoë. C'est évidemment Mon bel oranger qui m'a amené à Vasconcelos, c'est également ce roman qui aujourd'hui me donne envie de partager et de créer son fil.
Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Jeu 19 Juil 2012 - 13:40
Mon bel oranger
C'est un peu ma madeleine, un souvenir fort de littérature qui m'a marqué quand j'étais petit et qui m'a accompagné plus loin encore, jusqu'à l'âge adulte (ou presque). Ça faisait un moment que je n'avais plus pensé à cet ouvrage, puis la semaine dernière, à l'occasion de retrouvailles avec une amie qui m'était très chère, elle m'a rappelé qu'un soir, où elle n'allait pas très bien, nous avions passé la nuit à discuter et que j'avais fini par lui offrir mon exemplaire de Mon bel oranger. LA semaine dernière, elle m'a ramené mon livre, 20 ans après, et nous sommes repartis pour une longue discussion sur ce livre. Elle m'a avoué qu'elle l'avait pris en pleine face, ce surplus d'émotion, d'injustice, de bonheur rare aussi. Le livre lui a fait beaucoup de bien. Nous sommes bien d'accord, je l'ai dit dans le post de présentation de l'auteur, je ne crois pas que le style soit très original ; je pense même que le livre est un peu trop "manichéen", mais l'émotion qu'il provoque est toujours aussi forte.
L'histoire :
Citation :
A cinq ans, Zézé a tout appris tour seul : la lecture, les grossièretés de la rue, les trafics de billes, les tangos pleins de sentiments du marchand de chansons. Tout le monde le bat, sauf sa soeur Gloria. Ange ou diable, il a un secret dans le cœur : un petit pied d’oranges douces, le seul confident de ses rêves, qui l’écoute et lui répond.
C'est vite dit, c'est simple mais presque tout est là, dans ces quelques lignes. La misère affective d'un petit garçon qui déborde d'affection, la solitude dans une famille qui ne le comprend pas. Une histoire simple, un gamin de la rue qui se débrouille, fait les 400 coups et finit toujours par prendre sa raclée. Heureusement son imagination lui permet de s'échapper. Ange ou diable, souvent diable, mais ange pour sa maîtresse, pour le chanteur que Zézé accompagne tous les mardis... Et surgit Portuga, un homme qui commence par le corriger le jour où Zézé s'aventure à essayer de s'accrocher derrière sa grosse auto. Mais cette correction deviendra un début d'histoire, histoire où l'irruption d'un homme emplira l'horizon d'un petit garçon de 5 ans, comblera les vides et lui amènera l'amour que la figure de son père - au mieux absent, au pire violent - ne lui amène pas. Histoire que devrait finir bien, forcément mais qui tourne au tragique, comme si jamais rien de bon ne pouvait surgir de ce coin du Brésil, de ces rues misérables. L'auteur explique qu'il y a une part d'autobiographie dans ce récit. Il finit le livre comme ça :
Spoiler:
Citation :
Confession finale : Les années ont passé, mon cher Manuel Valadares. J'ai maintenant quarante-huit ans et parfois, dans ma nostalgie, j'ai l'impression que je suis toujours un enfant. Que tu vas apparaître à l'improviste et m'apporter des images de vedettes ou bien des billes. C'est toi qui m'as appris la tendresse de la vie, mon cher Portugâ. Maintenant, c'est à mon tour de distribuer des billes et des images, car sans tendresse la vie n'est pas grand-chose. Parfois je suis heureux de ma tendresse, parfois je me trompe et c'est le plus fréquent. En ce temps-là. Au temps de notre temps, je ne savais pas que, bien des années avant, un Prince Fou, "L'Idiot" agenouillé devant un autel, demandait aux icônes les yeux pleins de larmes : "Pourquoi raconter les choses aux enfants ?" La vérité, mon cher Portugâ, c'est qu'à moi, on les a racontées très tôt. Adeus !
Ubatuba, 1967.
Il y a aussi ce pied d'orange douce, planté au fond du jardin, confident, refuge de Zézé :
Citation :
- ... c'est très difficile. je ne sais pas si j'y arriverai... et quand je raconte nos conversations avec Minguinho, avec tu, ça fera un drôle d'effet. Je vais essayer. Vous n'êtes pas fâché ? - Allons, pourquoi ? C'est normal. mais qui est ce Minguinho dont je ne t'avais jamais entendu parler ? - Minguinho, c'est Xururuca. - Ah ? Xururuca c'est Minguinho et Minguinho c'est Xururuca ? Je ne suis guère avancé. - Minguinho, c'est mon pied d'oranges douces. Quand je l'aime beaucoup je l'appelle Xururuca.
Minguinho c'est Xururuca, c'est le pied d'orange douce, c'est sa part de vie que le petit Zézé tient en lui que personne ne peut lui prendre. La vie s'en chargera.
C'est avec beaucoup d'émotion que je me suis replongé dans mon livre, sans le relire, non, je l'avais bien en mémoire. Juste le ressentir, me rappeler tel ou tel passage même si je ne suis plus sûr de la chronologie. Juste le ressentir et rêver.
Citation :
Maintenant, je savais vraiment ce que c'était que le douleur. La douleur, ce n'était pas se faire battre à s'évanouir. Ce n'était pas se couper le pied avec un morceau de verre et se faire mettre des points à la pharmacie. la douleur, c'était cette chose qui vous brise le cœur et avec laquelle on devait mourir sans pouvoir raconter son secret à personne. une douleur qui vous laissait sans forces dans les bras, dans la tête, sans même le courage de tourner la tête sur le traversin.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Jeu 19 Juil 2012 - 14:23
Un de mes bons souvenirs de lectures d'enfance que tu fais remonter à la surface
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Ven 20 Juil 2012 - 10:28
Je ne connaissais pas du tout cet ouvrage, ça a l'air tout doux de tristesse, non ?
(Moi ça m'a tout de suite fait penser à cette chanson : (puis j'apprends que Bourvil l'a chantée)
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Ven 20 Juil 2012 - 15:44
Vous avez eu de bonnes lectures pendant votre enfance... Une vraie chance ! Je me suis vraiment rattrapé à l' adolescence, puis lorsque j' ai pu emprunter à la BM.
Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Ven 20 Juil 2012 - 18:30
Tout doux de tristesse. C'est très bien trouvé Queenie. Bravo pour la synthèse !
Je n'ai pas de souvenirs du comment le livre m'est arrivé dans les mains. Scolaire ? Emprunt ? Cadeau ? Il était là, il l'est à nouveau. Marko, te souviens-tu comment tu as eu cette lecture ?
Bixx, tu as raison, c'est une vraie chance !
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Lun 2 Sep 2013 - 11:00
Une enfance brésilienne
Le best-seller de la littérature brésilienne, Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos, vient d’être adapté au cinéma par Marcos Bernstein, scénariste de Central do Brasil. Une occasion de découvrir l’œuvre ? Oui, à condition de choisir d’abord le roman.
Nathalie Riché
Que pena ! Je me réjouissais de l’adaptation au cinéma de Mon bel oranger, le classique de la littérature de jeunesse brésilienne, datant de 1968. Traduit dans une douzaine de langues, ce roman en grande partie autobiographique connut un succès mondial, désormais inscrit dans les programmes de collège. Mais le film au pathos écrasant, malgré la prestation des deux acteurs principaux, n’arrive pas à la hauteur de l’œuvre : succession de tableaux d’une enfance misérable mis bout à bout, personnages qui ont parfois du mal à exister, plans trop léchés qui étouffent le jeu (trop larmoyant) de l’enfant… Le garçon perd en spontanéité alors que toute la beauté du personnage tient dans sa capacité d’émerveillement, son imagination et ses ressources poétiques… Découvrir ce classique par le film, serait passer à côté du livre.
Zézé est un petit garçon précoce. A cinq ans, il sait déjà lire. Plus tard, c’est sûr, il sera savant ou poète. Ultra-sensible, intelligent et vif, il est maltraité par parents et camarades de jeux qui voient en chacune de ses inventions, l’intervention du diable. Pourtant Zézé est un garçon généreux et doué pour le bonheur. Il aime s’occuper de son petit frère Luis « qui a un prénom de roi », l’emmène jouer dans un jardin zoologique imaginaire – en fait, un poulailler – transformant de sa verve les poules en panthères noires, et les coqs en lion ou tigre du Bengale. Zézé est ami avec un chanteur de rue, qu’il assiste car il aime chanter, adore son vieil oncle Edmundo qui prend le temps de l’écouter. Et surtout, il a un ami secret : un pied d’oranges douces qui lui parle et devient son confident. A califourchon sur l’une de ses branches, Zézé galope tel un cow-boy intrépide, loin dans sa tête. Sa famille ne comprend pas les trésors d’imagination qui jaillissent de ce petit cerveau – autant que les bêtises – comme tout enfant trop livré à lui-même. Car au fond, Zézé possède un cœur d’or, il cire des chaussures pour offrir un cadeau de Noël à son père, pourtant prompt à le rosser. A six ans, Zézé sait que la vie est dure mais qu’elle peut valoir le coup lorsque l’on rencontre un véritable ami. Portugâ, qui possède la plus belle voiture du coin, le deviendra, et c’est avec lui que Zézé apprendra « le sens de la tendresse ». Partageant parties de pêches, discussions sur la vie et petits moments volés, le vieil homme prendra soin de l’enfant délaissé. Et c’est là, d’ailleurs les plus belles scènes du film, entre Joao Guilherme Avila (Zézé) et José de Abreu (magnifique Portugâ), où leurs échanges d’une simplicité universelle confèrent au film son aspect solaire.
Ce livre est à découvrir car la voix de Zézé est de celles qui touchent pour longtemps. D’un registre littéraire qui aurait pu être surchargé en pathos, ce texte d’une profonde finesse, imprime sa petite musique intérieure, un chant fragile mais joyeux, comme celui de l’oiseau qui chante à l’intérieur de Zézé. Tudo bom.
source
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Jose Mauro de Vasconcelos Lun 2 Sep 2013 - 12:58
kenavo a écrit:
Traduit dans une douzaine de langues, ce roman en grande partie autobiographique connut un succès mondial, désormais inscrit dans les programmes de collège. [...] Ce livre est à découvrir car la voix de Zézé est de celles qui touchent pour longtemps. D’un registre littéraire qui aurait pu être surchargé en pathos, ce texte d’une profonde finesse, imprime sa petite musique intérieure, un chant fragile mais joyeux, comme celui de l’oiseau qui chante à l’intérieur de Zézé. Tudo bom[/size].
Il est effectivement inscrit dans les programmes de collège puisque je l'ai lu en 5ème, il y a 13 ans. Je suis bien incapable de me souvenir du contenu, il ne me reste qu'un léger souvenir tout doux, de la délicatesse à l'état brut. Vu ce qu'elle en dit, je vais éviter de salir ce souvenir avec le film.