CAILLASSES de Laurent GaudéDernière œuvre
de Laurent Gaudé, dramaturge.
Ce texte répond à une commande d’écriture faite par
Vincent Goetals, metteur en scène et directeur du Théâtre du Peuple de Bussang.« Lorsque j’étais artiste associé au Théâtre du Nord
de Lille, j’avais mis en scène la belle tragédie africaine
de Laurent Gaudé,
Salina , je savais donc que je pouvais lui demander une pièce qui prenne en compte la spécificité
de Bussang qui est
de mêler comédiens professionnels et amateurs dans des spectacles amples qui, luxe rare, mettent en scène un grand nombre
de personnages. »
«
Caillasses » est dédié au peuple palestinien «
dans l’espoir que vienne bientôt le jour où il embrassera à nouveau la paix et la liberté. »C’est une tragédie, à l’antique, avec
de vrais chœurs. Une forme d’écriture hybride entre récitatif et jeu théâtral.
Dans un lieu qui n’est pas nommé mais qui ressemble fort, en effet, à la Palestine le vieux Farouk vit avec sa fille Adila et tous les gens du voisinage. Dans les collines alentour, derrière les barbelés, s’avance Mériem, la sœur
de Farouk, exilée depuis trente ans. Elle revient, accompagnée d’un jeune passeur, le fils
de celui qui l’avait autrefois aidée à passer
de l’autre côté.
Elle revient et elle n’est pas la seule. Tout un peuple essaie
de rentrer au pays.
Alors les militaires arrivent sur la place, humilient les habitants et surtout le vieux Farouk. Les chars, les bombes, la terreur…on connaît ces images.
Par contre, sur le lieu
de l’humiliation naît un personnage onirique,
« l’enfant des gravats », « Caillasse, l’enfant qui rit dans le désastre ».Au cas où certains d’entre vous souhaiteraient lire la pièce (elle se lit comme un roman !) ou auraient l’occasion
de voir le spectacle qui a été monté, je n’en dirai pas plus.
De ce texte, je pourrais dire qu’il m’a semblé fort intéressant à lire mais que ce n’est sans doute pas un cadeau pour celui qui a dû le mettre en scène. A le lire à l’avance, je m’en doutais et j’étais impatiente
de voir comment il serait traité.
Laurent Gaudé a beaucoup écrit pour les chœurs des femmes et des hommes du village. Sans doute pour adhérer au projet du théâtre
de Bussang qui doit réunir
de nombreux amateurs avec des professionnels, chaque année, pour la création d’un nouveau spectacle.
Leurs textes sont, pour beaucoup, des commentaires sur des choses que l’on connaît déjà, sans originalité d’idées ou
de style…à la fois emphatiques et banals et par trop ressassants.
Laurent Gaudé s’est tout
de même montré souvent bien meilleur écrivain, plus imaginatif.
Le choix du metteur en scène
de faire dire ces textes des chœurs à l’unisson a dû demander un travail considérable
de préparation.
«Travailler sur la choralité représente une plus grande difficulté pour un acteur que
de se mettre en avant, explique Vincent Goethals. Cela demande extrême écoute et rigueur.»
Le résultat attendu par
Vincent Goethals est sans doute pour lui au rendez-vous sur ce point-là. Mais il en est résulté un ennui réel pour moi. J’aurais aimé que soit faite une part plus belle aux événements et aux échanges entre les personnages identifiés. J’aurais aimé moins
de lourdeur,
de monotonie et
de lenteur pour les chœurs.
Bravo à Vincent Goethals pour la mise en scène (complexe) et à Jean-Pierre Demas pour la scénographie.
Bravo aux comédiens en général, mais notamment à Jean-Marie Frin (Farouk) et Marion Lambert (Adila).
A un moment donné, la scène s’ouvre sur la nature des Vosges. C’est surprenant et sublime !
J’ai vu ce spectacle dans le magnifique théâtre
de bois
de Bussang (Vosges). Salle pleine
de 600 spectateurs. Théâtre sans climatisation. Dimanche caniculaire à 15h. Durée 2h45 !
Chapeau aux comédiens, et chapeau aux spectateurs…enthousiastes !
Heureusement nous avions tous des bouteilles d’eau, des brumisateurs, souvent des éventails. Et les pompiers étaient pour évacuer les gens pris
de malaises.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour l'amour du théâtre?