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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Sujet: [BD] Bastien Vivès Jeu 30 Aoû 2012 - 14:22
Bastien Vivès est un auteur de bande dessinée français, né le 11 février 1984. Jeune prodige du dessin, il a d'abord tâté de l'animation et de l'humour zoologique, avant d'entamer en BD une chronique sensible et douce-amère de la jeunesse. Son trait plein de finesse sait ne pas s'attarder, il esquisse à merveille la joie et les souffrances des amours éphémères. Il s'est tout d'abord fait remarquer en 2008 avec Le Goût du Chlore, salué par le public et la critique, en 2009 avec Dans mes Yeux et Amitiétroite, puis Polina obtient le Prix des libraires BD 2011 et le Grand prix de la critique BD 2012.
Il a un blog personnel.
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Dans son nouvel univers bleu pâle, ce jeune homme qui s’impose la pratique régulière de la natation ressemble à un nouveau-né. D’obligation (une scoliose à corriger), son rendez-vous sportif hebdomadaire va devenir un exercice plaisant et apaisant. Mais le bien-être physique ne suffit pas à expliquer le phénomène. Une jeune femme à la technique bien rodée, gracieuse et élégante, mobilise toute son attention. Peu à peu, le contact est créé...
Comme dans son précédent Opus Elle[s], Bastien Vivès ne tient pas à tout éclaircir, surtout quand il s’agit de relations entre hommes et femmes. Surtout dans cette population entre deux eaux des 20-30 ans. La gaucherie émouvante du personnage principal -dont on ignore le nom du début à la fin- évolue de façon originale. A aucun moment l’auteur ne cède aux poncifs du récit sentimental. Il prend le risque, de la sorte, de déplaire à certains lecteurs, en attente d’une fin dramatique ou d’un happy end.
Les nombreuses séquences non dialoguées mettent en valeur les couleurs magnifiques de l’univers des piscines, et Vivès réussit à donner à son dessin des variations d’une rare finesse en fonction des moments : autour du bassin, sous l’eau, en pleine nage, en observation.... Ces moments muets ne se laissent jamais dominer par l’ennui.
Au bout du récit, le lecteur s’aperçoit que la fragilité et le non-dit touchent autant le jeune homme que sa muse aquatique. En donnant à ces personnages une bien belle ambiguïté.
Plongée recommandée, avec ou sans lunettes.
Source : Actua BD.
J'ai été vraiment enchantée par Le goût du chlore. Peut-être parce que j'ai très récemment fréquenté une piscine. J'y ai retrouvé la loufoque difficulté des virages les jours d'affluence , la succession des va-et-vient qui finit par étirer le temps et nous plonger dans une étrange concentration. J'ai beaucoup apprécié la finesse de l'opposition entre la belle luminosité de la piscine et les passages très sombres (chez le kiné, dehors-on-ne-sait-où...), comme s'il s'agissait de tout autre chose que de soigner un simple mal de dos (le kiné est fin psychologue) . Le graphisme m'a bien plu, et même beaucoup pour ce qui est des scènes sous l'eau.
Dernière édition par MezzaVoce le Jeu 30 Aoû 2012 - 14:44, édité 2 fois
commentaire de Colimasson, récupéré du fil 'OneShot-BD'
colimasson a écrit:
Polina (2011) de Bastien Vivès
Cet album est beau. Il fait de l’effet, avec sa couverture magistrale, ses traits racés, la sobriété du dessin en noir et blanc, et son épaisseur. Rien que pour ça, j’aimerais pouvoir aimer l’histoire de Polina. Malheureusement, il faut bien l’avouer, ces critères ne font pas tout. Au-delà des aspects très engageants de l’album, l’enthousiasme n’a pas suivi. J’ai trouvé une histoire intéressante mais à la progression et au dénouement convenus ; un personnage que l’on suit de l’enfance jusqu’à l’âge adulte et que l’on croît connaître, mais auquel je n’ai pas réussi à m’attacher une seconde.
Polina fait ses premiers pas dans l’univers de la danse classique à l’âge de six ans. Portant déjà en elle les germes de sa gloire future, elle passera sa jeunesse à l’école de danse puis au théâtre.
Rapidement, Bastien Vivès aborde les questions essentielles de l’amitié puis de l’amour, comme des passages obligés qu’il faut bien se coltiner pour donner un semblant de réalisme à l’histoire d’une adolescente. Tout ceci cache la véritable ambition poursuivie par l’auteur : montrer l’accomplissement de la destinée d’une artiste dans le milieu dans lequel elle excelle. On trouve ici les thèmes et les questions que l’on retrouve partout où le sujet est traité : faut-il suivre son cœur ou sa raison lorsqu’il est question de mettre en jeu sa carrière ? Faut-il s’engager sur des chemins balisés ou tenter de révolutionner d’anciennes conceptions ? Peut-on sacrifier ses amours et ses amis à l’exercice de son art ? Le bonheur se trouve-t-il dans la réussite professionnelle et artistique ?
Finalement, on nous plonge Polina dans le milieu de la danse classique, mais n’importe quel autre domaine aurait pu convenir : la musique, le dessin, la boxe, la natation… Ce n’est pas plus mal et cela évite de se taper les écueils habituels des œuvres qui abordent le domaine du ballet. Ici, les questions du surmenage physique, des douleurs corporelles et des règles propres au monde de la danse sont survolées. Bastien Vivès dessine une ou deux cases à ce sujet pour se donner bonne conscience et retourne aussitôt aux questions qui l’intéressent le plus. On devine que Polina le représente dans ses interrogations artistiques les plus personnelles, et peut-être est-ce pour cette raison que l’évolution de l’héroïne ainsi que l’aboutissement de sa carrière sont-ils si convenus ? Cherchant à se rassurer, Bastien Vivès offre à son lecteur une histoire secouée par quelques petits soubresauts dramatiques qui justifient l’épaisseur de l’album. Mais en tournant la dernière page, Polina disparaît dans des souvenirs vagues et confus.
Dernière édition par kenavo le Dim 5 Juil 2015 - 17:00, édité 1 fois
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Ah... pardon... je ne connais pas encore tous les us et coutumes du forum.
non, non.. tu as bien fait, tout parfait le fil OneShot est seulement le fil où on met des commentaires pour des BD pour lesquels on n'a pas envie d'ouvrir un fil à part.. puisque Colimasson en avait fait un pour cet auteur, je l'ai seulement posté maintenant sur ce fil et enlevé du OneShot
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Une autre agréable surprise pour moi : La boucherie, 2008, Éditions Vraoum, 108 pages.
Réalisé en un mois suite à une rupture, ce livre peint par petites touches la complexité des rapports amoureux à travers des petites scènes intimes mélangées à de petites histoires humoristiques et métaphoriques schématisant les variations subtiles qui font une relation et la défont.
La BD est réalisée aux crayons de couleur et la manière qu'a l'auteur de décomposer patiemment certains mouvements et certaines situations rendent ceux-ci très familiers et très vivants, permettant au lecteur de facilement s'identifier aux personnages. Ce qui contraste avec des vignettes plus fixes qui évoquent des moments-charnières. Au fil de l'histoire s'intercalent des scénettes expliquant ce qui s'est passé entretemps et qui n'a pas été vécu de la même façon par l'un et par l'autre, provoquant les malentendus ultérieurs. Le lecteur a donc toujours un peu d'avance sur l'un ou sur l'autre. Le final est malgré tout très pessimiste, désabusé. Lecture à éviter les lendemains de rupture amoureuse.
Remarque importante : Je l'ai emprunté à la bibliothèque mais il n'est plus en vente car l'auteur est en contentieux avec l'éditeur pour des erreurs lors de l'impression :
Spoiler:
« ….En gros il y a un très gros problème de pagination sur LA BOUCHERIE, je viens de m’apercevoir de ça ! ( 1 page qui manque et un dessin doublé ) je vais voir ça avec Wandrille des éditions WARUM, je vous tiens au courant . En tout cas n’achetez pas le livre, j’aurais du m’en apercevoir avant, je suis désolé pour les personnes qui l’ont acheté et aussi à celle à qui je l’ai dédicacé... j’espère trouver rapidement une solution ! je suis désolé. WARUM devrait stopper la distribution et faire rapporter les livres ! pour la réimpression il faudra attendre car ce n’est pas encore d’actualité... » Source : Actua BD.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Que sera la famille typique des décennies à venir ? Dans cet album, Bastien Vivès prend un coup de vieux et se voit marié, père d’une fille et d’un garçon. Après avoir plus ou moins bien traversé les périodes de l’enfance et de l’adolescence, il est temps pour le dessinateur de se faire à son tour, après ses générations d’aïeux, le chantre de l’éducation.
Chaque génération est différente : comment se comporteront demain les adolescents d’aujourd’hui ? Comment faudra-t-il élever la génération à venir compte tenu de l’évolution de l’environnement, du développement des technologies, de l’invasion croissante des média ? Les réponses à ces questions prendraient rapidement la tournure d’un casse-tête pour peu que l’on souhaiterait s’y pencher sérieusement. Bastien Vivès élude quant à lui ces interrogations en faisant mine d’y répondre par l’instrument le plus fondamental de sa pratique de dessinateur : l’humour. Et de l’humour, sans retenue ni modération, jusqu’au vulgaire pornographique.
Pas la peine de se leurrer ou de continuer à porter, comme cela l’a été le cas jusqu’alors, un regard édulcoré et attendri sur le monde de l’enfance : les mioches de demain manieront avec habilité les mots courants du dictionnaire, mais détiendront aussi un large éventail de jurons et insultes, nécessaires pour se faire sa place dans une société où la violence apparaît surtout sous sa forme verbale. La culture YouPorn prend du pas sur les contes de fées, et lorsque ce ne sont pas les enfants qui s’y ruent d’eux-mêmes pour se forger leur propre éducation, ce sont les parents qui n’hésitent pas à rappeler à leur enfant que le combat le plus rude, dans la vie d’un adulte, est peut-être celui de la compétition sexuelle, avec tous les risques que cela engendre… Après une éducation bâtie sur les non-dits, les sous-entendus et la pudeur entre génération, Bastien Vivès s’imagine à la tête d’une famille qui fait éclater toutes les frontières entre les parents et leurs enfants. Les parents prennent leur revanche et, à la différence de la plupart des ouvrages qui représentent ces derniers comme des protecteurs de la tradition et des bonnes mœurs, la Famille de Vivès leur permet de faire frémir d’horreur et de dégoût leurs enfants :
Citation :
- Ces mecs, ils ont des queues grosses comme ça ! - Mais arrête papa ! - Alors, ta petite pêche de 16 ans, ils vont t’en faire de la salade de fruits. Et après, compte pas sur moi pour te payer ton opération pour te faire retendre la chatte. - Mais papa, t’es dégueulasse !
Après des albums classiques au ton plutôt traditionnel, tel Polina, Bastien Vivès poursuit sa voie telle qu’il l’avait déjà entamée avec un album du ton des Melons de la colère. Il surprend le lecteur avec des histoires anodines qui font intervenir une force de subversion redoutable et toujours effroyablement drôle.
Jacques Martin déraille :
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Bastien Vivès a-t-il un blog ? Oui… Un blog du genre à regrouper du monde autour de ses publications ? Oui, oui, oui. Un blog appartenant à cette sphère très élitiste des « blogs bédés » ? Oui, oui, oui. Du genre à pouvoir rivaliser avec les blogs des plus fameux –Boulet, Pénélope Bagieu, Margaux Motin et consorts ? Non, pas encore… Mais Bastien Vivès se hisse tout de même sur les plus hautes marches du podium et, pour le prouver, il a fait comme ses amis-concurrents : passer de la publication ouèbe à la publication papier qui, elle, rapporte des sous. La blogosphère, c’est comme une période de stage rémunérée, et si le client est satisfait des services qu’on lui offre, le patron accepte de faire du blogueur un salarié auréolé de respect.
Monde à part s’il en est, la blogosphère est trop longtemps restée inconnue du pauvre lecteur qui contribue seulement à la faire vivoter. Bastien Vivès nous ouvre les portes de ce cercle réservé à l’élite, nous permettant d’accéder à ses coulisses bientôt mise à mal par un Dark Vador aspirant lui aussi à la reconnaissance graphique. A la surface de cette planète, nous sautons d’une région à une autre sans logique précise, dans un tour du monde qui équivaudrait à partir de France pour faire escale au Japon, avant de revenir en Inde, de repartir pour les Etats-Unis puis de séjourner en Australie.
On reconnaîtra que sur la planète Blogosphère, certaines régions sont plus intéressantes que d’autres. Si la critique de la précocité des enfants à manier l’outil technologique semble un peu trop convenue, le ridicule du phénomène des « blogs de filles » est décortiqué d’une manière réjouissante, montrant quel degré de cruauté peut contenir l’utilisation du ton niais et gourde propre à ces publications. En revanche, la découverte de la contrée du Festiblog ne déclenchera pas de grand émoi chez ceux qui ne font pas partie du gratin. Les blagues restent hermétiques et il est difficile de dire si elles ne sont objectivement pas drôles ou subjectivement inintéressantes. Dommage, elles occupent pratiquement la moitié du contenu de ce cinquième volume. Le voyage sur la planète Blogosphère risque d’être plus long que prévu. Alors on retourne un peu en contrée « blog de filles », de loin la plus mordante de toutes. Entre flagorneries et véritable mépris, Bastien Vivès fait prendre conscience à son lecteur que lui seul est responsable de l’émergence de cette étrange planète Blogosphère. Contents du résultat ?
Bienvenue en contrée "Blog de filles" :
Citation :
- T’as entendu la quenelle que je viens de lâcher ?!! Hein, chéri ! T’as entendu le dindon que je viens de balancer ? Putain, j’en ai foutu partout, c’est dégueulasse ! Putain, j’ai rempli les chiottes de chiasse. Attends, j’vais tremper mon pied dedans pour voir ce que ça fait. - Chérie ! - Ouais. - Faut juste que je finisse de travailler, c’est important.
Avec le temps qu’il fait à l’instant, quoi de mieux que de faire un petit saut dans l’eau ? Et voilà le livre idéal pour réaliser cela !
Depuis que l’album de Bastien Vivès se trouve sur mes étagères, j’aime le reprendre de temps en temps, tout simplement parce que je l’adore.
Des pages tout plein de moments dans la piscine, son choix pour cette couleur extra qu’est le turquoise pour en faire celle de l’eau, un scénario qui fait plaisir à suivre et après 135 pages on sort rafraîchit comme après une bonne séance de natation.
Ceux qui n’aiment ni piscines ni natation, s’abstenir… pour tous les autres – un pur délice
J'aimerais avoir un ado à la maison pour lui offrir, sans complexe, la super série de Vives "Lastman". Format manga, baston avec un mouvement de ouf, et un héro trop choubidou.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours