Broken [Rufus Norris]

Broken de Rufus Norris

Citation :

Après avoir été témoin d’une agression brutale, Skunk se rend compte que la maison où elle vit, son quartier, son école, lui sont devenus étrangers, presque hostiles. Les certitudes rassurantes de l’enfance ont laissé place à l’inconnu et à la peur. Et, alors qu’elle se tourne vers un avenir devenu soudain plus sombre, son innocence n’est plus qu’un souvenir. En cherchant le réconfort dans l’amitié muette de Rick, un garçon doux mais abîmé par la vie, Skunk va se trouver confrontée à un choix. Poursuivre un chemin dans lequel elle ne se reconnaît plus, ou quitter les ruines de son ancienne vie…

Présenté à Cannes en ouverture de la Semaine de la Critique, le premier film du britannique Rufus Norris, Broken, a fortement impressionné. Un témoignage sur la violence sociale en Angleterre à travers les yeux d'une adolescente de 13 ans, qui pourrait être comparé à Fish Tank si le style de Norris n'en était pas aussi éloigné. Le cinéaste débutant est déjà un fieffé manipulateur, brillantissime dans sa mise en scène, qui fait passer cette oeuvre au noir au tamis de la fantaisie, de l'humour et de la tendresse. Bien que trop chargé de drames, surtout vers la fin, Broken est un vrai bonheur de cinéma, constamment inventif et surprenant. Tim Roth, formidable, se fait voler la vedette par le tempérament de la jeune Eloise Laurence, soufflante de talent. Il y a pas de mal d'esbroufe dans le film, mais c'est pour la bonne cause et l'émotion qui s'en dégage est indéniable.

Ta critique tombe à pic traversay, je compte bien aller le voir aujourd'hui, la bande annonce m'avait tentée.

domreader a écrit:

Ta critique tombe à pic traversay, je compte bien aller le voir aujourd'hui, la bande annonce m'avait tentée.

Vu il y a presque deux mois et j'ai toujours des images pleins la tête. Tu nous diras.

Je le verrais aussi cette semaine.

colimasson a écrit:

Toujours rien de bien au ciné...
J'ai hâte que ce soit la rentrée. (ah, ah, ah)

Eh bien je ne sais pas trop quels sont tes goûts colimasson, mais Broken n'est pas mal du tout. C'est, de ceux que j'ai vus cet été, le seul qui vaille le déplacement.

Broken
Rufus Norris

Broken c'est à propos de l'enfance, ou plutôt de la fin de l'enfance, du moment où l'on commence à grandir et à perdre ses illusions. C'est ce que le film illustre, ce passage délicat et parfois douloureux où l'on commence à percevoir les failles, les fêlures et les irrationnalités du monde adulte. Et pour ce qui est de l'irrationnel, Skunk (12 ans), est aux premières loges dans cette banlieue britannique de la classe moyenne déclinante. Rufus Norris explore un peu tous les aspects de la fin de l'enfance entre étonnement, éclats de rires, grands et petits secrets, tendresse et drames. Eloise Laurence est éclatante de candeur (on a presque envie de l'adopter !) et Tim Roth est très sobre dans son rôle de papa qui assure.

traversay a écrit:

Broken de Rufus Norris

Citation :

Après avoir été témoin d’une agression brutale, Skunk se rend compte que la maison où elle vit, son quartier, son école, lui sont devenus étrangers, presque hostiles. Les certitudes rassurantes de l’enfance ont laissé place à l’inconnu et à la peur. Et, alors qu’elle se tourne vers un avenir devenu soudain plus sombre, son innocence n’est plus qu’un souvenir. En cherchant le réconfort dans l’amitié muette de Rick, un garçon doux mais abîmé par la vie, Skunk va se trouver confrontée à un choix. Poursuivre un chemin dans lequel elle ne se reconnaît plus, ou quitter les ruines de son ancienne vie…

Présenté à Cannes en ouverture de la Semaine de la Critique, le premier film du britannique Rufus Norris, Broken, a fortement impressionné. Un témoignage sur la violence sociale en Angleterre à travers les yeux d'une adolescente de 13 ans, qui pourrait être comparé à Fish Tank si le style de Norris n'en était pas aussi éloigné. Le cinéaste débutant est déjà un fieffé manipulateur, brillantissime dans sa mise en scène, qui fait passer cette oeuvre au noir au tamis de la fantaisie, de l'humour et de la tendresse. Bien que trop chargé de drames, surtout vers la fin, Broken est un vrai bonheur de cinéma, constamment inventif et surprenant. Tim Roth, formidable, se fait voler la vedette par le tempérament de la jeune Eloise Laurence, soufflante de talent. Il y a pas de mal d'esbroufe dans le film, mais c'est pour la bonne cause et l'émotion qui s'en dégage est indéniable.

Le commentaire de Traversay est intéressant, parce qu'il met bien en évidence les aspects positifs et négatifs du film. Il a été plus sensible au côté positifs, pour ma part j'ai eu tendance à surtout plus voir le négatif.

Incontestablement Rufus Norris a du talent. Ce qui m'a vraiment convaincue et embarquée ce sont de petits moments très justes, dans lesquels il capte une émotion, une sensation, une expérience, servi par des comédiens excellents et en premier lieu Eloise Laurence qui crève l'écran. Les scènes de sa première histoire d'amour avec un garçon de son âge, sont excellentes, la partie de cartes, où celle de la fille d'à côté qui pique à sa soeur un préservatif pour voir à quoi cela ressemble. Des petits moments où on adhère complètement. C'est plus dans la vision plus globale du monde et des personnages que je ne suis plus. La fin de l'enfance et la perte des illusions sur le monde des adultes certes. Mais le monde décrit est entièrement noir, à la limite de la caricature. Les voisins, entre le jeune homme qui sombre dans la folie et ses atroces parents (compte tenu de certains comportements de la mère on se demande comment il pourrait ne pas être fou, c'est à limite de l'explication simpliste à mort) et le beauf violent et lui aussi à limite de l'instabilité et de ses filles, elle aussi violentes et nymphomanes (mais évidemment, elles ont des excuses avec un père comme le leur, là aussi c'est simpliste) donnent une sacrée vision de l'humanité. Le collège, aussi n'est vu pratiquement que du côté négatif, suite à la peur provoquée par le frère, les couloirs sont d'une grande violence, il y a le racket, les agressions, les punitions injustes...Même le petit ami, qui est orphelin, vit chez une tante qui finit par l'expédier au loin. On se demande comment cette pauvre Skunk garde son optimisme dans tout ça.

Et si encore une fois, chaque personnage du fllm a de beaux moments, de petits instants de grâce où il semble qu'on touche à quelque chose de très vrai, c'est dans la perception globale que cela pêche, il n'y a pas de cohérence, de véritable psychologie construite. Sauf pour Skunk, mais elle presque trop parfaite par opposition. Et la fin du film est vraiment trop sensationnelle et sentimentale pour moi, cherchant l'émotion facile.

C'est horrible, parce que j'ai la sensation d'avoir fait un commentaire beaucoup trop négatif, pour un film que j'ai eu un certain plaisir à suivre, et qui montre de réelles qualités chez le réalisateur. Et je ne voudrais surtout pas décourager ceux qui auraient eu envie de voir, parce que je suis sûre que c'est un film qui peut plaire à pas mal de gens, qui verront plus les aspects réussis. Je crois (au risque de me tromper), que Darkanny et Aériale pourraient y trouver leur compte. Je ne conseillerais en revanche pas à eXpie.

Heu Arabella tu soulignes pas mal de choses simplistes dans le film Broken, pas sûre que je sois vraiment adepte de ce genre.

Arabella a écrit:

Je ne conseillerais en revanche pas à eXpie.

C'est bien noté !

traversay a écrit:

Broken de Rufus Norris

Dans l'ensemble vos avis ne sont pas très éloignés. Je suis comme vous, consciente du trop plein de catastrophisme

Spoiler:

et des aspects indéniablement carticaturaux (la grosse brute de père qui cogne avant de comprendre sous prétexte que son veuvage le met à cran, entre autres, mais il y en a pas mal) à tel point qu'on ne sait plus trop où tout cela va s'arrêter et on compte ceux qui n'ont pas encore eu leur lot de panade.

Mais à côté et comme vous le soulignez très justement, il y a ces moments de pur bonheur, ces éclats de vie où le charme des acteurs et l'insouciance suggérée opèrent à cent pour cent, voire plus. J'ai des images qui me reviennent, d'intimité partagée avec Skunk et son père, de chamailleries avec son frère, d'instants volés à la noirceur ambiante lors de ses escapades avec son petit boy friend. Rufus Norris filme avec beaucoup de sensibilité, il arrive à capter ces petits bouts de vie avec éclat, et sait tout autant filmer la détresse qui peut surgir subitement. Traversay fait référence à Fish Tank, il y a de ça pour le thème c'est vrai, moi il m'a surtout fait penser à Tomboy pour son approche, cette manière de filmer au travers du regard de l'enfance, à l'instant où l'innocence s'en défait. Au final, et malgré le trop plein, pour moi le charme l'a emporté, comme le pensait Arabella! Darkanny peut tenter aussi je crois ou d'autres, et vous pourriez bien en garder le meilleur...

Je crois qu'il faut tenir compte qu'il s'agit d'un premier film, alors bon qu'il en ait fait un peu trop, trop noir, trop spectaculaire, trop systématique, c'est peut être un peu normal. Mais il y a du potentiel, et s'il arrive à épurer et exprimer pleinement son talent, ce sera un cinéaste à suivre.

Broken (Rufus Norris)

Je n'ai pas réussi à y trouver mon compte, malgré la ferveur de l'interprétation d'Eloise Laurence et la sensibilité grave de Tim Roth (particulièrement juste dans ce registre paternel).
Le récit contient beaucoup trop de surenchère à mon goût et cela m'empêche d'être touché par les personnages : les drames s'enchaînent de manière presque mécanique et la dimension psychologique devient très vite survolée (les seconds rôles ne parviennent jamais à exister tant ils sont réduits à des postures). Je ne suis pas non plus convaincu par la mise en scène, hasardeuse dans ses tentatives oniriques qui surlignent en permanence des culpabilités.
Broken convainc davantage lors de séquences plus légères voire insouciantes, mais l'ensemble m'a paru anodin et je n'ai pas perçu de regard porté sur l'adolescence.