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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Ryoko Sekiguchi Lun 10 Sep 2012 - 20:57
SEKIGUCHI Ryoko (Tokyo, 21/12/1970 - )
Ecrivain, poétesse et traductrice, vers le français (notamment Tawada Yoko) et du français en japonais (Echenoz, Rahimi...) Elle vit à Paris depuis 1997, où elle a étudié l'histoire de l'art à la Sorbonne. De plus, elle a obtenu un doctorat en littérature comparée et en études culturales à l'Université de Tokyo.
"J'ai voulu quitter le Japon et devenir immigrée pour pouvoir faire l'expérience de l'aliénation, du déracinement, me libérer du joug du pays natal comme peuvent le faire les étrangers au Japon. C'est une chose qu'il faut avoir vécue pour le comprendre." (Ce n'est pas un hasard, page 60).
Elle publie ses livres en français et en japonais.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Ce n'est pas un hasard. Chronique japonaise (2012) P.OL. 188 pages. En mars 2011, Sekiguchi Ryoku se trouve à Paris. Suite aux événements du 11 mars, elle se met à écrire une chronique, sans fioritures, sans vouloir faire de la littérature.
Citation :
"[...] ce que je suis en train d'écrire, ce n'est pas de la littérature. C'est un « rapport ». Je dresse un rapport, le plus sincère possible." (page 39)
Il commence ainsi :
Citation :
"Je commence par la veille.
Le 10 mars 2011. J'achève un échantillon de traduction du livre d'Emmanuel Carrère, D'autres vies que la mienne. Je ne suis pas mécontente du résultat." (page 7).
Puis, c'est le 11 mars. Le tremblement de terre, le tsunami. Bientôt, ce sera la menace nucléaire.
Citation :
"Un appel. Je décroche. Un ami français. « Je suis devant la télé, il me dit, les tsunamis sont impressionnants... » Là, je m'emporte. C'est plus fort que moi, brusquement, je lui coupe la parole : « Impressionnants ou pas, je m'en fous ! Pour nous, ce n'est pas une image, c'est la réalité qui nous tombe sur la tête ! » Pourtant, au moment où je dis cela, dans la distance, ce ne doit pas être pour moi autre chose qu'une image." (page 10).
Tout de suite, le réflexe : même si on aime parler des autres pays, on n'aime pas que des étrangers - par définition mal renseignés - parle du nôtre (cette attitude sera explicitée plus loin). De plus, mais comme on le verra également plus tard, le 14 mars :
Citation :
"Je travaille en laissant défiler les informations. Ou plutôt, non. La vérité, c'est que je n'arrive pas à travailler. Je suis comme hypnotisée. J'ai découvert plus tard qu'il en allait de même pour mes amis." (page 19).
Ce qui est immense exerce toujours une part de fascination, même s'il peut s'agir de la fascination devant le serpent.
Dernière édition par eXPie le Lun 10 Sep 2012 - 21:03, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
"Dans le bus 61, il y a à mes côtés une mère et ses deux enfants, un garçon et une fille. Ils crient à tour de rôle les pays où ils voudraient passer leurs vacances d'été. « Moi, je veux aller au Brésil » ; « Moi, au Mexique », comme on liste les noms de pays appris à l'école. À un moment, le garçon dit : « J'irais bien au Japon - ah, en fait non, ça sera pour plus tard. »" (pages 15-16).
Explosion de cuves de stockage de gaz naturel dans la préfecture de Chiba, près de Tokyo.
Le 14 mars.
Citation :
"Comme toute catastrophe, certains lui assignent un but. "Shintarô Ishihara, le maire de Tokyo, un réactionnaire notoire, clame que « l'identité des Japonais est souillé par l'égoïsme. Les tsunamis sont là pour la purifier. C'est un châtiment céleste. » Il y a toujours des abrutis pour tenir ce genre de discours. Ils attendent la catastrophe, ils l'espèrent même, pourvu que ce soit dans une région autre que la leur, pour « réveiller la jeunesse japonaise » - comme ils l'ont été en leur temps après la guerre, même s'ils ne l'ont vécue que de loin. Ce sont les mêmes qui en appellent à l'état d'urgence pour raviver un héroïsme inutile." (pages 17-18)
(photo extraite de Books, numéro mars 2012. (c) JIJI Press/AFP)
Citation :
"Moi qui ai toujours écrit des histoires qui se terminaient bien, cette fois-ci, peut-être que c'en sera fini. Comme j'aimerais pouvoir lire la dernière page de mon livre, tout de suite." (pages 21-22). "Paul, mon éditeur, dit que j'écris peut-être pour exorciser. Oui, sans doute. On coince l'événement entre des mots, des phrases, pour le compacter, l'enfermer comme on enferme dans le réacteur les particules radioactives." (page 29).
Faut-il (ou "peut-on") aller voir Orlando Furioso au Théâtre des Champs-Elysées, pendant que le Japon vit sous la menace nucléaire ?
Dernière édition par eXPie le Lun 10 Sep 2012 - 21:03, édité 2 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Ryoko Sekiguchi mentionne un livre de Rebecca Solnit (connue en France pour L'Art de marcher), A Paradise Built in Hell: The Extraordinary Communities That Arise in Disaster (non traduit en français) consacré "à cette communauté presque utopique qui surgit après les grandes catastrophes." (page 31). Après une catastrophe, naturelle ou non (inondation, attaque terroriste...), on voit naître des élans de solidarité "quand quelque chose comme un sentiment d'égalité s'installe face au désastre auquel tout le monde est confronté" (page 31).
Les catastrophes touchent les écrivains et les artistes en général de façon différente du reste de la population, pourrait-on dire. Quand on fait un travail classique de bureau (informatique, paperasse, etc.), on peut suivre quasiment en direct l'évolution de la situation grâce à Internet : même si son travail en est un peu perturbé ou ralenti, il suit son long chemin balisé par les normes. Chez les artistes, par contre, le travail se nourrit de la vie.
Citation :
"L'important, quand on s'interroge sur « ce qui est possible après une catastrophe », question maintes fois posée de par le monde, c'est d'avoir à l'esprit que l'on est aussi à la veille d'autres catastrophes à venir, donc qu'il faut également s'interroger sur ce que l'on peut écrire avant une catastrophe, ou entre deux catastrophes, qui est l'état permanent dans lequel nous vivons." (page 38).
Pendant ce temps :
Citation :
"Une amie à Tokyo me dit qu'elle sent bouger la terre même quand ça ne bouge pas." (page 44).
Bien sûr, les médias français couvrent l'événement. "On me rapporte que la radio française a diffusé plusieurs interview dans lesquelles la traduction énonçait le contraire de ce que disaient les Japonais interviewés." (page 60). Ce n'est malheureusement pas la première fois, on m'avait parlé d'un reportage en Russie dans lequel on présentait - avec force interviews - des gens manifestant pour une opinion politique, alors qu'en fait, ils manifestaient contre... Si l'on ne connaît pas la langue, comment être sûr de ce que l'on nous rapport ? Mais les médias japonais ne semblent pas vraiment meilleurs : "La télévision japonaise se repaît d'interviews inhumaines avec les sinistrés, comme une bête se jette sur sa proie." (page 66)
Des archivistes déterrent des descriptions de catastrophes du passé. "Une autre description du 3 octobre 1707 rapporte (à Nagoya) « une lumière entre les nuages, comme un éclair ». Une grande secousse le lendemain, suivie d'un tsunami." (page 64). Intrigant. On aurait bien aimé en savoir plus.
Yamada, une ville de la côte nord-est. Photo (c) Pieter Ten Hoopen/Agence Vu. Books mars 2012.
Un poète, Ryôichi Wagô, "continue d'écrire, depuis son appartement sinistré de Fukushima, où il est resté seul [...]" (page 67)
Citation :
"Ryôchi Wagô parle de répliques, et des « centaines de millions de cheaux qui passent sous la terre. »" (page 85)
Il y a eu plus de mille répliques en un mois.
Faut-il rester au Japon ou s'éloigner, ne serait-ce que pour un temps ? Dans les couples mixtes, notamment, le débat fait parfois rage et exacerbe les tensions.
La peur, souvent irrationnelle et bête, s'installe, qu'elle soit en France ou au Japon.
Citation :
"Nao, une autre amie japonaise qui vit à Aix-en-Provence, s'assoit un jour dans un café. Un monsieur qui se trouve à côté d'elle lui demande poliment si elle est japonaise. Elle répond que oui. Un instant après, elle s'aperçoit que le monsieur s'est discrètement déplacé à une autre table, loin d'elle." (page 98).
Edifiant :
Citation :
"Yumi me raconte l'histoire d'un de ses amis, un Japonais, troisième génération des irradiés de Hiroshima, qui n'a pas pu se marier. Le père de la fiancée a refusé de lui donner sa fille. Trois générations après. Lui qui est né à Tokyo et qui n'a plus de contacts avec Hiroshima." (page 117).
Toujours au Japon :
Citation :
"Dans certains départements, on va parfois jusqu'à refuser le parking aux voitures immatriculées à Fukushima ou à Miyagi." (page 69).
Dernière édition par eXPie le Lun 10 Sep 2012 - 21:04, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Ryoko Sekiguchi reparle de son désir d'écrire sur la veille de la catastrophe, et évoque Mrs Dalloway : "Si j'arrivais à écrire sur la veille, alors peut-être, à la fin du récit, déviant le cours des choses... ? je sais bien que cette idée est stupide. Mais je ne peux pas en abandonner le désir." (page 73).
Micro-débat : l'ouvrage papier est-il supérieur au numérique en cas de guerre ? "On peut lire dans la tranchée. On peut lire même s'il n'y a pas d'électricité." (page 73). "Mais en cas de coupures de courant programmées, l'argument ne tient plus." Grâce aux batteries, bien sûr.
Citation :
"Une écrivain, Aki Satô, parle sur son blog de la lueur rassurante de son écran d'ordinateur. Georges de La Tour à l'âge du numérique." (page 74).
La Madeleine à la flamme filante, vers 1638-1640. Musée d'art du comté de Los Angeles.
Citation :
"Je prends conscience de ce que c'est que de faire l'objet de discours massifs, parfois violents. Je me rends compte surtout que c'est une situation à laquelle il est rare que les Occidentaux, et tous ceux qui, comme moi, viennent de pays développés, soient confrontés. Nous débattons des affaires du monde. [...] C'est une bonne chose de pouvoir exprimer une opinion sur tout. [...] Les autres pays, le discours des « autres » ne nous atteignent pas de cette façon. Nous ne sommes pas agressés par ce que les autres disent de nous. Ce que j'ai pu être naïve." (page 77)
Parfois, heureusement pourrait-on dire, c'est amusant. Des rumeurs se répandent. Manger des algues serait bénéfique contre les radiations. Boire de la bière aussi. "Il semblerait que tous les alcools préviennent la contamination à des degrés variables, mais que l'effet de la bière est particulièrement remarquable. [...] Tout le monde est ravi. On plaisante, « Oui, je pensais justement m'en prescrire un peu » [...]" (page 92). Les gens ont besoin de plaisanter un peu, cela fait du bien.
Puis, le 3 avril, Sekiguchi retourne au Japon ("A l'aéroport, un agent de la douane me souhaite bon courage", page 123). Elle mange dans son bistro habituel des mets succulents, "calamars pochés, tofu à l'ail et à la crevette, pâtés de testicules de daurade." (page 126). Les gens n'ont toutefois qu'un seul sujet de discussion. Le point de vue change alors : "Tant que j'étais en France, je me souciais surtout de la centrale. C'était devenu l'enjeu principal de la catastrophe. Mais vu d'ici, il m'apparaît que l'on n'en a pas fini non plus avec le séisme." (page 134). En effet, les secousses continuent.
Il y a encore de nombreuses choses dans ce livre : la comparaison des hauteurs de bibliothèques japonaises et françaises (les "jolis vases exposés à hauteur de la tête" (page 141) en France), les détails qui peuvent sauver une vie (les immeubles anti-sismiques, c'est bien, mais lorsque l'on est à un étage élevé, il vaut mieux s'éloigner des fenêtres qui risquent de se briser, voir page 136) ; et puis tous ces gens - artistes, etc. - qui annulent leur voyage au Japon, les livres sur les tremblements de terre qui envahissent très rapidement les librairies... Il y a aussi les noms des morts lus avec hésitation (car les présentateurs ne savent pas comment prononcer les caractères chinois des noms : "Les morts tremblent jusque dans la prononciation de leur nom", page 20), le problème de l'expression de l'angoisse des tokyoïtes, l'étonnement occidental du manque de réaction supposé des Japonais ("Encore une fois, ce n'est pas parce que l'on ne montre pas sa tristesse que l'on n'est pas triste", page 87), l'importance des leçons du passé (les habitants d'un hameau, quasiment tous morts après le tsunami de 1933 - 4 survivants... - ont depuis respecté les consignes des stèles : « Ne construis pas ta maison en dessous de ce point »... et n'ont eu à déplorer aucun mort cette fois-ci), et puis l'interrogation sur ce qui peut changer, à la suite au 11 Mars, dans la vie des gens, dans leurs aspirations. Et comment les oeuvres des écrivains vont en être affectées (là, c'est bien sûr une question posée, sans réponse).
Citation :
"Je continue à interroger les uns et les autres sur ce qu'ils ont pu lire après le séisme. Deux personnes différentes et qui ne sont pas poètes m'ont répondu qu'elles ne sont parvenues à lire que de la poésie. Certains disent qu'ils n'ont pas pu lire du tout, mais qu'ils ont écouté de la musique ; pour d'autres, c'est le contraire. Je ne parviens toujours pas à identifier le type de mots dont on pourrait avoir besoin après une catastrophe. Mais en tant qu'écrivain, mes interrogations sur l'écriture ont changé ; ce n'est plus « que faut-il écrire après une catastrophe », mais « qu'est-ce que les gens ont besoin de lire ». Quels mots voudront-ils voir, entendre ? Que peut-on leur offrir ?" (page 169).
A lire.
Dernière édition par eXPie le Lun 10 Sep 2012 - 21:04, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
En complément de programme : petit compte-rendu de l'article "Fuite poétique à Fukushima", propos recueillis par Shigeo Tanaka (entretien datant de l'automne 2011), traduction de Ryôko Sekiguchi. Paru dans la revue Books de mars 2012, pages 25 à 28.
Ryôichi Wagô est né en 1968 à Fukushima.
"A vrai dire, j'étais un peu inquiet, confie le poète Ryôichi Wagô. Je ne savais pas si les sinistrés allaient accepter mes poèmes.[...]
Son inquiétude s'est révélée sans objet. Dans les centres d'accueil, les réfugiés ont fait circuler ses textes sur Twitter avant de les transcrire sur papier. Au mois de juin, ses tweets ont été réunis en deux volumes, Shi no tsubute (« Jets de cailloux ») et Shi no mokurei (« Poèmes pour un hommage silencieux ») qui forment une sorte de trilogie avec un autre livre, Shi no kaikô (« Retrouvailles en poèmes »), qui mélange poèmes et témoignages. Depuis, ces trois ouvrages connaissent un immense succès. Catastrophe et poésie : sans doute la réalité de ce désastre ne pouvait-elle mieux s'exprimer que sous cette forme." Plus loin : "Jusqu'à ce que cette catastrophe se produise, j'avoue que je pensais n'avoir peut-être plus besoin d'écrire de poèmes, poursuit Ryôichi Wagô. [...] En fait, les occasions d'écrire des poèmes se faisaient de plus en plus rares. Mais la catastrophe a tout bouleversé." Lorsque sa famille quitte la région lui reste, "puisque j'avais mon travail à l'école et que mes parents demeuraient également chez eux dans la même ville. [...] Ma famille qui évacue la ville, moi qui reste. J'imagine que tous ceux qui ont vécu cette situation ont ressenti la même chose, l'idée de l'ultime séparation. Exactement comme pendant la guerre, je suppose."
Deux poèmes : "C'est une nuit calme. Une nuit vraiment très calme. L'haleine de la radioactivité. 17 mars, 22h47
D'abord le grondement de la terre. Et puis, ça secoue. Quelque chose s'ébat un instant. Tu vois, ce calme est rempli de vacarme. Ecoute, la réplique arrive. 17 mars, 23h32."
Après son cycle Shi no tsubute, dont les poèmes "étaient comme le dépôt laissé par le flot de ses sentiments", Ryôchi Wagô commence Shi no mokurei qui "a pour thème le dialogue avec les morts." "Le thème de l'apaisement des âmes et du dialogue avec les morts s'est alors imposé à moi." Il se rend dans la baie de Matsukawaura, "où mon père m'emmenait souvent pêcher quand j'étais enfant. Là-bas, les maisons de mes anciens élèves, que j'allais visiter en tant qu'enseignant, n'existaient plus, ni les familles. Seul soufflait le vent. Dans cette atmosphère de désolation, j'ai réalisé que j'échangeais quelques mots avec les défunts. « Ah ! ici le tsunami est venu. Vous avez dû souffrir. » C'est ainsi que le thème du « dialogue avec les morts » s'est imposé comme une évidence. Plus tard, j'ai entendu que beaucoup de gens disaient : « Quand le vent souffle, on n'arrive pas à dormir, car c'est comme si les morts pleuraient."
Un poème issu de ce deuxième cycle : "Je m'incline devant une tête de poisson. Qu'as-tu vu, dans le tsunami, qu'as-tu vu qui ne t'alaissé que la tête. Vanité, vanité."
Puis, après le dialogue avec les morts viennent les entretiens avec les sinistrés, le "dialogue avec les vivants" : c'est le troisième cycle, Shi no kaikô.
"M'être trouvé face à la mort m'a sans doute permis de renaître. Contrairement aux poèmes abstraits écrits par celui que j'étais avant la catastrophe, les trois livres que j'ai publiés en juin 2011 ont un objectif clair. Avant, je me battais contre quelque chose d'invisible. Cela pouvait être la situation de la poésie contemporaine qui ne permet aux textes de n'être lus que par une poignée de lecteurs, ou le formalisme dans lequel cet art tombe tout en aspirant à la liberté."
On pourra entendre l'auteur récitant un poème sur une musique de Ryûichi Sakamoto et Ryôei Ôtomo, sur http://www.books.fr/video-audio/un-concert-pour-fukushima/
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Pour rester et finir dans la poésie, on trouvera, dans L'Archipel des séismes (Editions Philippe Picquier), des poèmes d'écrivains :
"Archipel des séismes et des tsunamis, centrales et cerisiers en fleurs" Natsuishi Banya (né en 1955). Traduction de Cécile Sakai.
"La bougie est allumée voici revenus les soirs d'autrefois le vent léger suspend sa course le ciel bleu dort à poings fermés [...] " Début de On a allumé la bougie, de Tanikawa Shuntarô (né en 1931). Traduction de Véronique Brindeau.
... Mais on trouve aussi quelques senryû écrits par des habitants de Minami-Sanriku. Par exemple, dans la catégorie "Le rire du désespoir - En guise de conclusion" : "Tsunami géant le magot de mamie perdu dans la boue"
"Pas maquillée je passe à la télé incognito" (traduction Corinne Quentin et Cécile Sakai).
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Ryoko Sekiguchi Mar 11 Sep 2012 - 8:02
Merci pour ce fil, très intéressant tout ça
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ryoko Sekiguchi Dim 6 Nov 2016 - 10:42
Dîner Fantasma / Ryoko Sekiguichi et Felipe Ribon
Nos deux auteurs ont été ensemble pensionnaires à la ville Médicis, à Rome. Lors de ce séjour, ils ont fait la connaissance d'un Romain, qui organise des séances de spiritisme. Qui va être partant pour que nos deux artistes préparent des repas pour ces séances, et leurs invités spéciaux.
C'est cette expérience qui est évoquée dans ce livre, Ryoko Sekiguichi est l'auteur du texte, et Felipe Ribon des photos qui l'accompagnent. Ne vous attendez pas à de vraies recettes, juste quelques évocations, digressions sur la nourriture, les fantômes, et leurs rapports aux vivants. De même, les photos ne sont pas des photos de plats, même si sur certaines on reconnaît des aliments, (et moins sur d'autres. C'est très stylisé, d'une certaines façon aussi évanescent que les hôtes de ces agapes si particulières.
Cela laisse aussi un peu sur sa faim, déjà par une petite longueur, et aussi par ces textes et images, très esthétiques, mais un peu inconsistant. Mais je crois que c'est volontaire, il se s'agit pas de repartir repu d'un dîner de fantôme...on finit par se demander si ces mets ont bien existé, comme les invités pour lesquels ils ont été conçus.
Un petit moment ludique plutôt plaisant, et il il reste après un beau objet livre, bien réel lui.
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Sujet: Re: Ryoko Sekiguchi
Ryoko Sekiguchi
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