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 Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…

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sousmarin
Zen littéraire



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MessageSujet: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 13:36

Je commence par le canabis, dont la question de la dépénalisation ou de la légalisation fait débat.


Petit historique des raisons de l’interdiction du canabis :

Le chanvre, ou cannabis, est bien connu comme une des plus anciennes plantes domestiquées (8000 ans), et utilisé en médecine chinoise depuis 5 000 ans. L’agriculture a permis sa transformation comme textile, cordage, toile, papier, huile, etc. Alors que le chanvre était un végétal assez difficile à transformer, voilà qu’en 1933 sont déposés des brevets pour des moissonneuses décortiqueuses défibreuses qui vont augmenter considérablement la productivité de la plante dans le domaine textile. Parallèlement, l’utilisation de sa pulpe pour fabriquer du papier et du bio plastique ouvre des débouchés industriels inédits.

Mais c’était sans compter sur l’empire Hearst, détenteur de la presse et de compagnies de bois et de papier et du groupe pétrochimique DuPont de Nemours. Ce dernier truste l’industrie des fibres synthétiques, comme le nylon. Le chanvre artisanal à qui l’on promettait une extension industrielle exponentielle se heurte à ce lobby. Le secrétaire du Trésor de l’époque, le banquier Andrew Mellon, l’un des principaux financiers de DuPont de Nemours met en place une taxe prohibitive (Marijuana Tax). Selon la presse à scandale de Hearst, la beuh conduit les « ennemis de l’intérieur » à narguer leurs maîtres, à paresser, à dévoyer la jeunesse fragile, à assassiner ou à prôner le pacifisme, à violer les femmes blanches, ou pire à les faire se trémousser sur des rythmes frénétiques. Les mêmes arguments seront rabâchés par le bureau de lutte contre les narcotiques, à la tête duquel va sévir de 1930 à 1962 le dénommé Harry J. Anslinger (neveu de Mellon). Une propagande incessante va conduire à la loi de prohibition de 1937. Au-delà de ces campagnes spectaculaires et policières destinées à terrifier l’opinion, l’enjeu d’une telle interdiction est d’assimiler le cannabis « stupéfiant » au chanvre agricole. Et là se tapit dans l’ombre la collusion d’intérêts industriels, médiatiques et politiques qui ne mégotent pas sur les moyens pour "fumer" leurs concurrents.

Selon l’historien militant Jack Herer, « si le chanvre n’avait pas été mis hors-la-loi, 80 % des affaires de DuPont de Nemours n’auraient jamais vu le jour. » (L’Empereur est nu, 1985). En 1942, la culture du chanvre est relancée en fanfare pour participer à l’effort de guerre. Puis, Anslinger reprend sa croisade obsessionnelle jusqu’à inciter les Nations unies à s’aligner sur les USA en 1962. Les applications médicales et agricoles de la plante sont frappées d’ostracisme et marginalisées pour des décennies.
Ce qui laisse rêveur quand on songe à ce que le choix productif du cannabis aurait pu faire économiser à la planète en termes de pollution industrielle, de déforestation, de répression et d’hypocrisie. Mais là, nous "planons" en pleine science-fiction.

Mon historique montre pourquoi une drogue est interdite, alors qu’une autre est autorisée, et que cela peut n’avoir aucun rapport avec sa nocivité.
Je rappelle à tous que les premiers « gros trafiquants » d’opium en Asie furent les puissances coloniales françaises et anglaises en vue de financer leurs armées sur place…
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sousmarin
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 13:54

La vraie question c’est : pourquoi interdire la consommation d’un produit ?

Pour moi, il ne peut y avoir que 2 raisons :

    La personne qui subit l’interdiction n’est pas apte à en mesurer la nocivité ou, en le consommant, cette personne perd sa capacité à en mesurer la nocivité.

    La dépendance au produit est si forte qu’elle annihile de façon intolérable la volonté. Le consommateur n’a même plus la notion de doute, sa seule pensée est de se procurer sa prochaine dose, à n’importe quel prix.

Le cannabis n’entrant dans aucune des 2 catégories doit être autorisée. Pour le reste, interdire est contre productif, il faut informer!
Après, chacun fait ce qu’il veut, ça s’appelle la liberté……
Bien sûr les mineurs ou certains drogués (même pour l’alcool) qui sont, soit drogués en permanence, soit tellement détruit neurologiquement, doivent être considérés comme non apte à juger.

Une drogue doit être interdite, non parce qu’elle l’est déjà, mais pour ses effets réels et mesurés plus négatifs que les effets d’une interdiction pour la société. Les effets négatifs pour l’individu, à partir du moment où il est apte à en juger, ne concernent que lui. Faire le bonheur des autres malgré eux, on sait où ça mène.
Plutôt que de lutter contre la liberté de choix qui ne nous plaisent pas, la lutte pour une société plus harmonieuse et moins hypocrite serait autrement plus efficace contre la consommation de drogues…



3 exemples d’effets négatifs de l’interdit :

    Enrichissement de réseaux maffieux

    Utilisation de moyens policiers, judiciaires, pénitentiaux pour réprimer ceux qui ne respectent pas l’interdit.
    Quant au durcissement de la répression anti-drogue, il est évident que si on utilisait tous les moyens gaspillés à réprimer la fumette de joint, pour traquer les gros trafiquants d’héroïne ou de cocaïne… Les moyens sont limités, il faut faire des choix ; à vouloir tout réprimer, on finit par réprimer au hasard. A moins bien sûr de vouloir un Etat policier !

    Incitation à la délinquance de ceux qui au départ ne voulaient que prendre cette drogue : l’interdit rend la drogue plus chère donc pour avoir les moyens, on vole ; en prison cette population côtoient de « vrais » délinquants et des criminels.

Avoir des zombis drogués dans les rues prés à tuer pour se procurer leur prochaine dose est un exemple d’effet négatif de la consommation d’une drogue pour la société.
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sousmarin
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 14:05

L'alcool est plus dangereux que le canabis, cela est prouvé scientifiquement, même si le canabis reste dangereux, surtout à forte dose. Quelques citations des sources suivantes :

    * Gmel, G. & Müller, R. (2001). Langzeitwirkungen des Cannabisgebrauches. Lausanne: Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies.
    * Inserm (2001). Cannabis - Quels effets sur le comportement et la santé? Paris: Inserm.
    * Kalant, H., Corrigall, W., Hall, W. & Smart, R.G. (1999). The Health Effects of Cannabis. Toronto: Addiction Research Foundation.
    * Kleiber, D. & Kovar, K.-A. (1998). Auswirkungen des Cannabiskonsums. Eine Expertise zu pharmakologischen und psychosozialen Konsequenzen. Stuttgart: Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft.
    * Ministry of Public Health of Belgium (2002). Cannabis 2002 Report. Brussel: Ministry of Public Health of Belgium.
    * Nolin, P.C. & Coin, K. (Eds.) (2002). Le Cannabis: Positions pour un régime de politique pour le Canada. Comité Spécial du Sénat sur les drogues illicites.


Citation :
Une consommation épisodique de cannabis est relativement sans risque, pour autant qu'elle n'ait pas lieu avant une activité nécessitant de l'attention et des facultés de réflexion, comme par exemple conduire un véhicule ou passer un examen.
La consommation régulière et quotidienne de cannabis met la santé en danger.

Citation :
Aucun décès dû à une surdose de cannabis n'est connu.

Citation :
Jusqu'à ce jour, il n'a pas pu être prouvé que le THC pur cause le cancer. Le fait que le cannabis soit souvent mélangé à du tabac permet de supposer que la fumée du cannabis est un facteur de risque pour les mêmes formes de cancer que pour le tabac.

Le goudron inhalé en fumant une cigarette de marijuana, lequel est de deux à trois fois plus élevé qu'avec une cigarette de tabac, l'absence de filtre, l'inhalation plus intense ainsi que la plus longue retenue de la fumée dans les poumons conduisent à un dépôt plus élevé de goudron dans les voies respiratoires.
Une consommation fréquente de cannabis peut induire une dépendance psychique et une faible dépendance physique.

Citation :
Les études sur les humains n'ont révélé aucun élément qui permette d'affirmer que la consommation de cannabis engendre des dommages au cerveau et ait un effet négatif à long terme sur l'intelligence.

Les effets du cannabis sur le cerveau sont réversibles après l'arrêt de la consommation.

90% des consommateurs de cannabis ne consomment aucune autre drogue illégale.

Citation :
La consommation de cannabis réduit l'attention et la capacité de réaction et par là même la faculté de conduire, ce qui augmente le risque d'accident.

Cependant, les conducteurs sous l'influence du cannabis conduisent souvent plus prudemment que les autres.

Les effets d'un joint correspondent approximativement, dans les simulations de conduite, à celle d'un taux d'alcoolémie de 0,5 à 1 pour mille.


À présent la comparaison ALCOOL et CANNABIS.

L'échelle se situant comme suit:
4- Dommages élevés
3- Dommages moyens
2- Dommage Faible
1- Dommage absent ou quasi-absent

le tableau se situera comme ceci :
Type de dommage - Dommage alcool - Dommage cannabis
Exemple: santé mentale - 3 - 2
(donc, sur la santé mentale, l’alcool serait à dommages moyens et le cannabis à dommages faibles. )

Citation :
Santé mentale - 3 - 2
Cerveau, Système nerveux - 4 - 2
Psychose - 3 - Inconnu
Système Respiratoire - 1 - 2
Système Cardiovasculaire - 2- 1
Estomac et intestins - 3 - 1
système reproductif et endocrinien - 4 - 2
modification génétique - 2 - 2
carcinogénéité - 3 - 2
fœtus, développement de l'enfant - 4 - 2
Effet sur rôles sociaux - 4 - 2
Violence - 4 - 1
Suicide - 3 - Inconnu
Dépendance physique - 4 - 2
Dépendance psychique - 4 -2
Surdosage - 3 - 1
Accidents de la route - 4 -2
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sousmarin
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 14:08

Si le but est la protection de la santé, en admettant que cela lui nuit suffisamment, la sanction est totalement inefficace car la légalisation n’augmente pas la consommation, et ça c’est prouvé! Par contre la répression a des effets négatifs psychiques et sociaux.

Un exemple (parmi d’autres)
Citation :
Suisse : la répression n’a pas d’incidence sur la proportion des personnes qui ont déjà goûté au cannabis
Comparés à la Suisse alémanique, les cantons romands appliquent une politique nettement plus ferme (notablement plus de dénonciations policières de consommateurs). La répression plus forte pratiquée en Suisse romande ne se traduit cependant pas par une proportion inférieure de personnes ayant goûté au cannabis. C’est même le contraire, puisque le pourcentage des hommes de 15 à 74 ans qui ont goûté au cannabis est tendanciellement plus élevé en Suisse romande (39%) qu’en Suisse alémanique (32%) et au Tessin (28%). Le fait que les usagers de cannabis de Suisse romande sont nettement plus nombreux (22%) à se plaindre de problèmes psychiques, physiques et sociaux en rapport avec leur consommation qu’en Suisse alémanique ou au Tessin (10% dans les deux cas) ne semble pas être un hasard.

L'alcoolisme est un problème de santé grave, qui provoquerait 11.600 décès directs (notamment par cirrhose) par an en France, et qui concernerait 3.000.000 de personnes. Pourtant, malgré l'énormité des chiffres, personne ne pourrait sérieusement envisager la prohibition, en se basant sur l'expérience menée dans les années 20 aux USA.
Il est évident que l’alcool est plus dangereux que le canabis mais beaucoup de personnes croient, a priori, le contraire parce que le canabis est interdit et l’alcool non (d’où mon post sur la cause de l’interdiction du canabis).
De tout façon le problème n’est pas là mais de savoir si les adultes sont des grandes personnes aptes à faire des choix ou des enfants…
Si l’on pense que les adultes sont aptes, la seule raison de l’interdiction serait des conséquences négatives pour la société suffisamment importantes pour en justifier le coût (dont j’ai parlé dans un précédent post).
Si l’on pense que les individus n’en sont pas aptes, pourquoi les laisser voter par exemple ?

De plus, c’est bien gentil d’interdire, mais quelle sanction appliquée?
Le plus important, en proposant une sanction, énumérer ses buts.
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sousmarin
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 14:11

S’il est rare d’aller en prison uniquement pour usage de canabis, cela arrive en cas de récidive et surtout cela permet d’autres types de sanctions ; sans compter les arrestations, « garde à vue » et chantages divers exercés envers les usagers.
Un exemple parlant : un habitant de Montfermeil, haïtien en situation régulière, a été condamné à une interdiction définitive du territoire pour possession d’un gramme de cannabis...

Et les choses peuvent changer du jour au lendemain sans modification de la loi. Si, avant 1970, l'usage de drogue n'était punissable que s'il avait lieu en public, la loi de 1970 considère toute forme d'usage de drogue comme un délit, quelles que soient les circonstances de l'usage, notamment l'usage individuel ou occasionnel. De plus, la loi n'établit aucune distinction entre les types de drogues. Selon la loi, un usager de drogue est un individu qui utilise des substances ou des plantes classées comme des stupéfiants. Toute infraction à la loi est passible d'une peine de prison de deux mois à un an et/ou d'une amende de 500 à 25.000 francs.

Citation :
"France: on traque les fumeurs de cannabis"Dimanche 5 mars 2006 à 18:16
(En bref...) D'après LIBERATION de lundi « La traque aux fumeurs de cannabis s'enflamme ». Le journal indique que selon les chiffres qu'il «s'est procuré», les incarcérations sont en hausse. Evoquant les derniers chiffres de l'ORCRTIS (Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants), le quotidien affirme que le nombre d'interpellations ne cesse d'augmenter avec en 2005, 106610 interpellations pour usage (soit +4,4% par rapport à l'année précédente) alors que les interpellations pour trafic sont en baisse de 2%.
Le journal qui assure que les incarcérations pour usage simple ont augmenté de 18,5% en un an, cite la sociologue Anne Coppel «contrairement au discours officiel on réprime à tour de bras et on réprime les usagers de cannabis. C'est la seule drogue qui est visée ; on ne voit guère plus d'héroïnomanes dans les rues et la consommation de cocaïne pourtant en plein essor passe inaperçue (…) Au lieu de cibler les vrais méchants on fait peur à tous les jeunes qui ont un joint en poche».


En conclusion, tous les produits peuvent être nocifs, après il faut savoir si les être humains sont aptes ou non à en juger par eux même. Avec la logique de nocivité, on pourrait interdire aux obèses de consommer plus de x calories par jour…
S’ils sont aptes, les seules raisons de l’interdiction ne pourraient être que : des effets nocifs pour LA SOCIETE suffisamment importants pour justifier l’interdiction et ses effets négatifs ou alors le produit rend la personne qui l’ingère non apte.
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 15:48

La drogue la plus dangereuse, peut-être est-ce la télé? Elle diffuse des préjugés en transparence, elle achève l'esprit endormi sans qu'il le sache...

Moi je crois que la nature ne peut pas être illégal.

Au sujet de la drogue et de la société, voici un texte ultra-provoquant qui alimentera peut-être ta réflexion:

La liquidation de l'opium

J'ai l'intention non dissimulée d'épuiser la question afin qu'on nous foute la paix une fois pour toutes avec les soi-disant dangers de la drogue.

Mon point de vue est nettement anti-social.

On n'a qu'une raison d'attaquer l'opium. C'est celui du danger que son emploi peut faire courir à l'ensemble de la société.

Or ce danger est faux.

Nous sommes nés pourris dans le corps et dans l'âme, nous sommes congénitalement inadaptés ; supprimez l'opium, vous ne supprimerez pas le besoin du crime, les cancers du corps et de l'âme, la propension au désespoir, le crétinisme né, la vérole héréditaire, la friabilité des instincts. Vous n'empêcherez pas qu'il y ait des âmes destinées au poison quel qu'il soit, poison de la morphine, poison de la lecture, poison de l'isolement, poison de l'onanisme, poison de coïts répétés, poison de la faiblesse enracinée de l'âme, poison de l'alcool, poison du tabac, poison de l'anti-sociabilité. Il y a des âmes incurables et perdues pour le reste de la société. Supprimez-leur un moyen de folie, elles en inventeront dix mille autres. Elles créeront des moyens plus subtils, plus furieux, des moyens absolument désespérés de l'humanité.

Laissons se perdre les perdus, nous avons mieux à occuper notre temps qu'à tenter une régénération impossible et pour le surplus, inutile, odieuse et nuisible.

Tant que nous ne serons parvenus à supprimer aucune des causes du désespoir humain, nous n'aurons pas le droit d'essayer de supprimer les moyens par lesquels l'homme essaie de se décrasser du désespoir.

Car il faudrait d'abord arriver à supprimer cette impulsion naturelle et cachée, cette pente spécieuse de l'homme qui incline à trouver un moyen, qui lui donne l'idée de chercher un moyen de sortir de ses maux.

De plus, les perdus sont perdus par nature, toutes les idées de régénération morale n'y feront rien, il y a un déterminisme inné, il y a une incurabilité indiscutable du suicide, du crime, de l'idiotie, de la folie, il y a un cocuage invincible de l'homme, il y a une friabilité du caractère, il y a un châtrage de l'esprit.

L'aphasie existe, le tabès dorsalis existe, la méningite syphilitique, le vol, l'usurpation. L'enfer est déjà de ce monde et il est des hommes qui se sont évadés malheureux de l'enfer, des évadés destinés à recommencer éternellement leur évasion. Et assez là-dessus.

L'homme est misérable, l'âme est faible, il est des hommes qui se perdront toujours. Peu importent les moyens de la perte ; ça ne regarde pas la société.

Nous avons bien démontré, n'est-ce pas, qu'elle n'y peut rien, elle perd son temps, qu'elle ne s'obstine donc plus à s'enraciner dans sa stupidité.

Et enfin nuisible.

Pour ceux qui osent regarder la vérité en face, on sait, n'est-ce pas, les résultats de la suppression de l'alcool aux États-Unis :
Une super-production de folie : la bière au régime de l'éther, l'alcool bardé de cocaïne que l'on vend clandestinement, l'ivrognerie multipliée, une espèce d'ivrognerie générale. Bref, la loi du fruit défendu.

De même, pour l'opium.

L'interdiction qui multiplie la curiosité de la drogue n'a jusqu'ici profité qu'aux souteneurs de la médecine, du journalisme, de la littérature. Il y a des gens qui ont bâti de fécales et industrieuses renommées sur leurs prétendues indignations contre l'inoffensive et infime secte des damnés de la drogue (inoffensive parce que infime et parce que toujours une exception), cette minorité de damnés de l'esprit, de l'âme, de la maladie.

Ah ! que le cordon ombilical de la morale est chez eux bien noué. Depuis leur mère, ils n'ont, n'est-ce pas, jamais péché. Ce sont des apôtres, ce sont les descendants des pasteurs ; on peut seulement se demander où ils puisent leurs indignations, et combien surtout ils ont palpé pour ce faire, et en tout cas qu'est-ce que ça leur a rapporté.

Et d'ailleurs, là n'est pas la question.

En réalité, cette fureur contre les toxiques et les lois stupides qui s'en suivent :

Est inopérante contre le besoin du toxique, qui, assouvi ou inassouvi, est inné à l'âme, et l'induirait à des gestes résolument anti-sociaux, même si le toxique n'existait pas.

Exaspère le besoin social du toxique, et le change en vice secret.

Nuit à la véritable maladie, car c'est là la véritable question, le nœud vital, le point dangereux :

Malheureusement pour la médecine, la maladie existe.

Toutes les lois, toutes les restrictions, toutes les campagnes contre les stupéfiants n'aboutiront jamais qu'à enlever à tous les nécessiteux de la douleur humaine, qui ont sur l'état social d'imprescriptibles droits, le dissolvant de leurs maux, un aliment pour eux plus merveilleux que le pain, et le moyen enfin de repénétrer dans la vie.

Plutôt la peste que la morphine, hurle la médecine officielle, plutôt l'enfer que la vie. Il n'y a que les imbéciles du genre de J.P. Liausu (qui est pour surplus un avorton ignorant) pour prétendre qu'il faille laisser des malades macérer dans leur maladie.

Suicidez-vous, désespérés, et vous, torturés du corps et de l'âme, perdez tout espoir. Il n'y a plus pour vous de soulagement en ce monde. Le monde vit de vos charniers.

Et vous, fous lucides, tabétiques, cancéreux, méningitiques chroniques, vous êtes des incompris. Il y a un point en vous que nul médecin ne comprendra jamais, et c'est ce point pour moi qui vous sauve et vous rend augustes, purs, merveilleux : vous êtes hors la vie, vous êtes au-dessus de la vie, vous avez des maux que l'homme ordinaire ne connaît pas, vous dépassez le niveau normal et c'est de quoi les hommes vous tiennent rigueur ; vous empoisonnez leur quiétude, vous êtes des dissolvants de leur stabilité. Vous avez d'irrépressibles douleurs dont l'essence est d'être inadaptable à aucun état connu, inajustable dans les mots. Vous avez des douleurs répétées et fuyantes, des douleurs insolubles, des douleurs hors de la pensée, des douleurs qui ne sont ni dans le corps ni dans l'âme, mais qui tiennent de tous les deux. Et moi, je participe à vos maux, et je vous le demande : qui oserait nous mesurer le calmant ? Au nom de quelle clarté supérieure, âme à nous-mêmes, nous qui sommes à la racine même de la connaissance et de la clarté. Et cela, de par nos instances, de par notre insistance à souffrir. Nous que la douleur a fait voyager dans notre âme à la recherche d'une place de calme où s'accrocher, à la recherche de la stabilité dans le mal comme les autres dans le bien. Nous ne sommes pas fous, nous sommes de merveilleux médecins, nous connaissons le dosage de l'âme, de la sensibilité, de la moelle, de la pensée. Il faut nous laisser la paix, il faut laisser la paix aux malades, nous ne demandons rien aux hommes, nous ne leur demandons que le soulagement de nos maux. Nous avons bien évalué notre vie, nous savons ce qu'elle comporte de restrictions en face des autres, et surtout en face de nous-mêmes. Nous savons à quel avachissement consenti, à quel renoncement de nous-même, à quelles paralysies de subtilités notre mal chaque jour nous oblige. Nous ne nous suicidons pas tout de suite. En attendant qu'on nous foute la paix.


Antonin Artaud.


La Révolution Surréaliste.

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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 16:44

Citation :
Moi je crois que la nature ne peut pas être illégal.

qu'appelles tu "nature" ?

sinon... mouais y a une part d'hypocrisie un peu et de déraison dans une trop grande répression... je penche aussi pour une légalisation, une vente légale (il y a une nuance je crois ?) ne serait ce que pour des raisons de "qualité"... même si les points de comparaison que sont l'alcool et le tabac peuvent laisser un doute sur la protection de la santé (en terme de qualité, avant la prise en compte de la consommation en quelque sorte). Il y a aussi un côté médical... franchement où est le mal à ne pas vouloir avoir mal ?

avec un truc ou un autre on se stimule ou pourri (intoxique) plus ou moins tous (ne serait ce qu'en mangeant) et on est "faits pour" physiologiquement parlant, et heureusement ! ... question d'amplitude ensuite... et de responsabilité...

est ce que tu as la source ou une explication de comment est établie la comparaison chiffrée ?

si il s'agit de trouver une solution au mal être... ou à un besoin de se diluer un peu...
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 17:41

animal a écrit:
est ce que tu as la source ou une explication de comment est établie la comparaison chiffrée ?
Je présume que cette question s’adresse à moi et concerne la comparaison alcool/canabis…je ne connais pas la méthode d’évaluation mais les données viennent des sources que j’ai cité et cette étude a été reprise par l’Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies, pas vraiment des pro-canabis…Clique ici pour voir leur information sur le canabis
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptyVen 6 Juil 2007 - 17:58

merci, mon interrogation concernait le volume et le type de cas considérés pour permettre la comparaison parce que ça doit pas être bien facile à cerner. Je suppose qu'il y a aussi un facteur social important pour certains des effets "non-physiques".

si la page ne répond pas vraiment à la question elle apparait objective et ne dramatise pas, c'est bien je trouve.
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… EmptySam 7 Juil 2007 - 22:08

aaaaaah fini par retrouvé ce petit article (en anglais) :

Lemmy (Motörhead) parle de l'héroïne devant une assemblée de politiciens

pour résumer, il leur propose la légalisation pour des raisons sanitaires et ne pas marginaliser les consommateurs, leur laisser leur chance de travailler et de faire partie de la société. (avec en plus une résolution d'une bonne partie des problèmes liés au trafic).

propos un peu provoquants il est vrai, mais il apparait dans les divers entretiens ou ce Lemmy parle de drogue il insiste toujours sur l'héroïne : "seule drogue dont il est vu quelqu'un mourir" (une amie). Il se déclare par ailleurs consommateur et "connait le problème de l'intérieur" si on peut dire. Le décès en question revient souvent, pour ma part, je pense qu'il est sérieux et sincère.
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MessageSujet: Re: Drogues légales et illégales : aberrations et coûts…   Drogues légales et illégales : aberrations et coûts… Empty

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