Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Robert Alexis Ven 12 Sep 2014 - 22:08 | |
| - Arabella a écrit:
Utilisée sur la couverture de Katarina, le paon et le jésuite de Drago Jancar. Je me souviens très bien... | |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Robert Alexis Ven 12 Sep 2014 - 22:37 | |
| (malgré cette couverture Robert Alexis s'est fait descendre par le Magazine Littéraire lui reprochant de ne pas réussir à tenir la distance), mais le ML n'a pas toujours raison !
En tout cas, je suis très curieuse de lire ce nouvel opus ! | |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Robert Alexis Sam 13 Sep 2014 - 8:35 | |
| Ca me fait penser à Hammershoi, cette couverture je ne sais pa ssi le livre sera bon, mais la couverture plait, manifestement!) | |
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domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Robert Alexis Sam 13 Sep 2014 - 11:11 | |
| Oooh ! j'avais oublié combien j'avais aimé découvrir cet auteur, il faut que je m'y replonge vite, surtout que depuis que je n'avais pas lu/vu le fil, shanidar a ajouté plein d'autres commentaires. Tant de livres et si peu de temps, pfff.... | |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Robert Alexis Mar 13 Sep 2016 - 17:52 | |
| Le Majestic Sébastien Judet, jeune diplômé en minéralogie, est recruté dans une ville de province par un Musée d'histoires naturelles, dont la directrice, Elisabeth Vial hante les combles. Il est donc reçu par la sous-directrice, Louise Arsenevia, qui sera la double narratrice de ce roman. Double car le premier narrateur est Sébastien Judet lui-même à travers le journal qu'il a laissé derrière lui. Judet. Le genre d'hommes qu'on ne fréquente pas et qui ne fréquente personne, replié sur lui-même, détestant son prochain, mettant une distance noble, académique, voire hautaine dans ses relations avec ses semblables. Parfois presque sympathique mais la plupart du temps, livré à lui-même, ou plutôt à son œuvre, celle qui consiste à faire l'inventaire des minéraux (et ils sont forts nombreux) qui peuplent le sous-sol du musée. Nous avons donc une directrice aérienne, perchée dans son grenier et restant invisible et un rat, planqué dans une cave où la nuit, il se met à nu pour entrer en contact avec les pierres. Et puis entre les deux, une femme complexée qui se met à rêver. Peu à peu les trois personnages vont réaliser leurs fantasmes, libérer leurs corps du carcan du jour pour les plonger dans la nuit génératrice de monstres. Louise veut devenir Elisabeth, Elisabeth veut soumettre ses deux partenaires, Sébastien cherche l'humiliation. Ils vont donc former une triade que certains jugeront malsaines là où d'autres verront la tentative d'une réalisation de soi, par delà la bienséance. Ce roman interroge la frontière entre le su et l'inconnu, l'instinct et la raison, l'intelligence et le naturel. Les livres, les savants, le rationnel sont maintenus du côté de la lumière, de l'éphémère, du mouvant pour s'opposer à la nuit, aux pierres, à la rigidité des corps, des membres, des duretés qu'on palpe dans le noir, nu, désorienté, apeuré et éprouvant du plaisir dans cette peur. L'irrationnel est dans la matière, cette chose insondable, symétrique, naturelle, physique, qu'est le minéral, cette incompréhension préhensible, cet objet que l'on peut tenir dans sa main mais jamais définir, cette chose que l'on peut sentir, caresser, toucher mais qui toujours échappe, parce qu'il est impossible de la contenir toute entière, régiment d'atomes, construction lente et aléatoire, assemblage hasardeux de matières. Il n'y a pas de corps simple. Il n'y a pas d'unité. Toutes les taxinomies sont faites pour être mises en question. Alors il faut la nuit, la nudité et la peur, il faut la domination, le noir et le dépassement de soi pour entrer en contact, pour saisir et être saisi, pour prendre et être pris. Ecrit dans une langue éblouissante, Le Majestic, rejoint la cohorte nocturne des livres biscornus, sulfureux et discrets. De ceux qui, même si on ne pratique pas les mêmes amours, éveillent les sens, retiennent l'attention, parce qu'ils nous disent ce qu'il y a à la marge, tapi dans l'ombre, ce qui nous hante parfois, ce qui nous agite, nous attire, nous étonne, nous révulse, nous espère. A noter, une nouvelle fois, l'excellence du travail de l'éditeur (Le Tripode) et l'éloquente préface de François Angelier, rappelant au passage le nom de Gracq, lequel fait également écho à l'œuvre d'un autre auteur du Tripode : Jacques Abeille ; et la concordance entre ces trois hommes, tout à coup, saute aux yeux. Deux extraits : On est sur cette terre à mi-chemin de la peine et de la honte. Accepter cette honte est inutile. Personne ne peut comprendre ce qu'on éprouve. Le monde gagne sur tous les plans. Vous êtes, en parlant, réduit à rien, parce que personne ne peut admettre l'immensité de votre peine en même temps que la totalité de votre insignifiance.On doit réussir à penser l'homogénéité sans la confondre avec l'identité, peut-être même faudrait-il un terme entre ces deux notions, qui permette à la fois d'accepter l'altérité (car il ne saurait exister quoi que ce soit dans ce monde sans séparation entre les êtres) et de profiter d'une ressemblance essentielle. Le temps et l'espace s'inonde mutuellement, de même que la diversité des êtres. Tout semble fait pour que, au-delà de cette uniformité, l'impression demeure d'une différence aux vertus fondatrices. | |
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Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Robert Alexis Mar 13 Sep 2016 - 23:05 | |
| bon, faudra que je prévois une rencontre avec cet auteur ; merci Shanidar (j'ai lu tes commentaires de la page 1) | |
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