Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Pauline Rineau

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Queenie
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MessageSujet: Pauline Rineau   Pauline Rineau EmptyLun 15 Oct 2012 - 15:14

Pauline Rineau 38349810

Citation :
Née en 1986, Pauline Rineau a grandi en Charente et vit actuellement à Paris. Après avoir fait une école de théâtre pour apprendre le métier de comédienne, elle se lance dans l'écriture.
(C'est une amie, mais je suis totalement objective !)

Biblio :
En plein dans notre ordinaire (2009)
Appelez-la Jamais (2012)


Dernière édition par Queenie le Lun 15 Oct 2012 - 15:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pauline Rineau   Pauline Rineau EmptyLun 15 Oct 2012 - 15:35

Pauline Rineau 97823510

Une femme, un banc. Seule. Un regard qui observe. Un mouvement du corps, répétitif, comme s'il cherchait l'équilibre. L'autisme vu avec une intériorité qui palpite, qui rompt avec les théories et les termes scientifiques pour s'intéresser à l'humain.

La narratrice observe donc cette femme sur son banc, décalée, avec cette faille à l'intérieur.
Puis, par erreur, se retrouve embarquée avec les malades qui traînent dans les rues. Direction l'hôpital. Elle se laisse faire, curiosité morbide ? Un peu, certainement. Fascination pour l'étrangeté, et pour ce déséquilibre duquel nous ne sommes pas si protégés.

Ce livre tout court a la densité de ces moments où l'on découvre un bout de vie qui bouleverse notre vision du monde.
Une
écriture poétique, qui s'attarde sur des détails, comme des apparitions
d'une existence qui palpite là où on ne pensait trouver que du vide.
Beaucoup de sensibilité mais aucune sensiblerie.

Une écriture elliptique, poétique, des sens et du ressenti. Qui laisse venir les choses, ne bouscule pas les sentiments, se laisse apprivoiser. Se déshabille comme un oignon (et les larmes pourraient bien suivre, pas loin).
Les phrases sont courtes, pleine de non-dits et de sens trop forts pour en rajouter. Du coup, ça parle à l'imaginaire, à la sensibilité propre du lecteur, et quand l'appropriation se fait, elle est totale.

Un texte fort sur
ceux qu'on croise parfois au détour d'une rue mais sur lesquels on
laisse souvent glisser le regard. Grâce à En plein dans notre ordinaire,
il s'arrête, prend le temps de voir. Vraiment. Essaye de comprendre l'autre, de communiquer. Mais sans brusquer. Et se prend une belle
claque de vie et de littérature.


Citation :
Le corps est gros. Le corps a chaud. Le corps sent.
Le corps pue.
Et les yeux vous transpercent.
Habits difformes. Laine jaune sur regard vert. Du gris autour.
Rien que du gris. Une chose grise.
Et il y a le visage... Qui n'est pas un visage.
Qui n'a rien de ce qu'on sait des visages.
Étrangeté d'un corps sans figure.
Bouffé par des yeux. Le corps est mangé par les yeux.
Presque peur en regardant trop longtemps la figure du corps.
La bouche... Grande.
Le sourire qui pleure. Les lèvres qui se mordent.
Du sang. Le corps avale le sang des lèvres.
Le sourire fend le visage...

Jamais vu un tel sourire.

La bouche sourit, le regard ne suit pas.
Jamais.
Étrangeté d'un corps sans émotions.

Je crois le corps mort mais la gorge n'en finit pas de crier.

...
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MessageSujet: Re: Pauline Rineau   Pauline Rineau EmptyLun 15 Oct 2012 - 15:59

Pauline Rineau Image_12

Monologue d'une jeune femme avec des fêlures plein la tête, le corps et l'existence.
Un texte de théâtre, avec des adresses au public qui interpellent, font sourire (crispé), déstabilisent et rendent témoin d'une histoire sur laquelle il est toujours tellement facile de fermer les yeux.
Elle est sur une balançoire, elle parle d'elle, de ce qui l'a construite, de ce qui l'a détruit.
Évidemment, dès le début, on sait qu'il y a quelque chose de grave. La jeune femme est étrange, moitié enfant, moitié adulte. Tantôt innocente, tantôt aguicheuse. Un malaise constant.

On retrouve un personnage en déséquilibre qui se balance.
Une jeune femme qui ne parvient pas à faire partie du monde dans lequel elle est. (Faut dire qu'elle s'appelle Elle Jamais... c'était tout vu comme hors du monde)
Ça pourrait être la jeunesse de la femme aux yeux verts de En plein dans notre ordinaire.

L'écriture est fluide, comme une conversation. Comme quelqu'un qui nous raconterait une histoire, avec un certain détachement, qui rend les choses presque faciles à écouter. Mais on sait que le pire est à venir. Aucun mystère là-dessus.

Le texte se déroule une nouvelle fois par paliers, doucement franchis, vers le bas, le profond, l'obscur. De plus en plus au fond dans le tragique.

Une histoire de famille avec ses secrets et ses horreurs. Une belle relation toute pleine de tendresse et d'amour entre Elle et sa grand-mère. Une distance, un rejet de la mère, qui blesse, qui marque.
Un père absent, inconnu.

Il y a une douceur dans ce texte qui creuse dans la tristesse. Un amour de l'autre, de la différence.

Dans En plein dans notre ordinaire, c'était plus étouffant, angoissant. Ici, ça se balance, Pauline Rineau caresse plus son lecteur, lui prend la main. Même si au final, c'est pour, encore, conduire là où l'humain est crasseux.
Mais il y a des sourires. Et ça, ça compte.
La maîtrise d'un discours d'afulte (adulte-enfant) qui attendrit parce qu'il ne va pas trop loin dans la caricature, le pathos, ou la niaiserie. Et qui permet de faire passer les pires choses avec une sérénité étrange.
On a envie de lui prendre la main à Elle Jamais.

Des phrases courtes, des phrases choc. Qui touchent juste, qui marquent.

Citation :
Je ne peux pas être plus vivante que je ne suis même si j'en crève.

Citation :
Ça m'arrive parfois de vouloir être loin. Souvent. Et surtout quand ils sont silencieux, les repas et les inconnus.
Quand je suis mal à l'aise, ma langue prend toute la place alors je la mords.
Je mordille jusqu'à avoir le goût du sang dans ma bouche, et je ravale le mal.
Parce que je sais bien faire, je vous l'ai déjà dit.
Un repas, c'est long quand on le fait poli. On ne peut pas avoir un invité, lui proposer juste un chocolat chaud ou une part de brioche et aller se coucher. Elle fait très bien les brioches Marinette, mais elle est polie alors elle a fabriqué un très long repas. Et comme elle voulait que Léonard m'aime bien, elle s'est appliquée à faire de la mousse qui avait le goût du chocolat.
Moi, avec ma langue toute blessée, j'ai juste mangé la mie de mon pain et bu plein de verres d'eau avec un peu de vin rouge pour que la couleur soit belle. Comme Léonard parlait de temps en temps pour faire taire le silence et comme je n'ai pas aimé sa voix, ça m'a donné envie que ma tête, elle éclate.

Je me suis laissé mourir un peu dans ma tête.
Ça n'a pas marché.

J'ai arrêté ma respiration le plus longtemps possible, je suis devenue rouge du front aux joues, Marinette a dit que c'était stupide, j'ai repris ma respiration là où je l'avais laissée.

Pour ne pas comprendre ce qu'il disait, je me suis chanté des chansons à l'intérieur de moi.
J'ai fait bien attention à ce que ça soit beau ce que je chantais, ça l'a été chaque fois.
Et aussi, j'ai fait semblant que je savais jouer du piano et j'en ai fait beaucoup.
Je me suis appliquée. Pour que le temps défile à grande vitesse.
... ... ...
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Pauline Rineau   Pauline Rineau EmptyLun 15 Oct 2012 - 20:15

elle est jeune ton amie !

de beaux extraits,

"Je crois le corps mort mais la gorge n'en finit pas de crier."
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MessageSujet: Re: Pauline Rineau   Pauline Rineau EmptyLun 15 Oct 2012 - 22:52

Bédoulène a écrit:
elle est jeune ton amie !

Ça arrive encore, parfois !

Citation :
de beaux extraits,

"Je crois le corps mort mais la gorge n'en finit pas de crier."

Vraiment de beaux livres (tout petits et pas chers) et qui pourraient plaire à quelques-uns parmi vous.
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MessageSujet: Re: Pauline Rineau   Pauline Rineau EmptyDim 4 Nov 2012 - 11:48

Un article pour relancer le fil !

Un monologue sur la différence
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MessageSujet: Re: Pauline Rineau   Pauline Rineau Empty

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