ArtaserseDrame qui comme le titre l’indique se concentre sur le roi de Perse Ataxerxès 1ER . Trahisons, parricides, amours contrariées tout y est, mais au final l’histoire se finit sur une note positive. Le livret est un peu compliqué, mais au fond, une fois embarquée dans la magie musicale, et les acrobaties vocales, tout cela devenait secondaire.
J’avais le livret sous les yeux, mais je n’ai pas pris le temps de le lire attentivement ; je me suis juste imprégnée de la musique avant d’aller à la représentation. J’y allais donc en toute innocence, certaine du plaisir musical.
Leonardo Vinci m’est parfaitement inconnu. Pourtant, il a eu du succès en son temps, et il fut un compositeur recherché. De nos jours, ses œuvres sont tombées dans l’oubli. Nancy, grâce à son directeur Laurent Spielmann, a le secret des productions originales, et de qualité. Je pense au sublime Il Sant’Alessio de Landi , pour ne citer que cela….
Mais quelle claque ce fut dès les premières minutes de la représentation. Chose rare, les coulisses ne sont pas en coulisse, et il n’y a pas de rideau baissé. Le personnel technique est à l’œuvre et fait partie intégrante de la mise en scène ; les habilleuses habillent, les maquilleuses maquillent ; tout cela sur les côtés, pour pas amputer le décor, unique, mais raffiné, et digne des fête baroques. Ambiance…. Un décor modulable par le simple jeu de tableaux, qui permet au passage les tours de passe-passe imposés par le livret.
La scène nancéenne, de petit gabarit, semble faite sur mesure pour ce style d’ouvrage qui se marie à la perfection aux dorures de la salle
Musicalement, un bonheur !!! Le concerto Köln sous la baguette de Diego Fasolis est à la hauteur de sa réputation. Mais que dire d’une distribution alignant pas moins de 5 contre –ténor, les meilleurs du moment, et un ténor. Il n’y a pas de femmes ; tout est dans le travestissement l’illusion, le paraître. Si Jaroussky (rôle-titre) et Emmanuel Cencic (Mandane, sa sœur) tiennent leurs promesse, Franco Fragoli (Arsace) est extraordinaire de technique, et d’émotion.
Les costumes sont sublimes de sophistication, et d’exubérance : des plumes, des coiffes improbables.
Si le spectacle est long (bien que coupés de deux entractes) et amène le spectateur assez tard, le plaisir n’en est que plus intense. C’est une ovation que le public a réservé à l’ensemble de la distribution, et des musiciens. Ovation largement méritée.
Les nancéiens seront les seuls à voir ce spectacle en version scénique ; à Paris, et Vienne, seule la version concert sera donnée. Petite séance de rattrapage sera donnée grâce à une diffusion en directe à la télévision
samedi 10 Novembre sur Mezzo… ne passez pas à côté, vous ne le regretterez pas.