Ben Affleck

The Town de Ben Affleck

Citation :

Doug MacRay est un criminel impénitent, le leader de facto d’une impitoyable bande de braqueurs de banque qui s’ennorgueillit de voler à leur gré sans se faire prendre. Sans attaches particulières, Doug ne craint jamais la perte d’un être cher. Mais tout va changer le jour où, lors du dernier casse de la bande, ils prennent en otage la directrice de la banque, Claire Keesey.

Encore jeune réalisateur, Ben Affleck apprend vite. Son deuxième essai, un film de gangsters pur et dur, ne manque pas de puissance dans les scènes d'action, fusillades, braquages ou poursuites menées plein pot.

The Town est plutôt efficace pour un film du samedi soir, cash, direct et talentueux dès lors qu'il s'agit de respecter les lois du genre. Mais Affleck est plus ambitieux, ce qu'il veut , lui, c'est accéder au rang d'auteur.

En jouant sur le déterminisme social et géographique -Boston tient le premier rôle-, il tente de se hisser du col et de marcher sur les brisées d'un Michael Mann, d'un James Gray, voire d'un Martin Scorsese.

Désolé, Ben, mais là, on ne marche plus. Pas assez d'intensité, maladresse d'une romance amoureuse sans grand intérêt, survol artificiel des liens du sang, vision opposée (le FBI) bâclée, cela ne tient pas la route.

Affleck est encore en période d'apprentissage, le grand film est peut-être pour la prochaine fois.

Argo de Ben Affleck

Citation :

Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma.

Il faut dire plus qu'un mot d'Argo. Meilleur thriller politique depuis un bout de temps, maîtrisé de bout en bout par un Ben Affleck qui, après The Town, prend place parmi les réalisateurs américains qui comptent. Il serait dommage de ne retenir que la dernière demi-heure du film, où le suspense distillé atteint des sommets d'intensité. Tout ce qui précède, la virtuosité des montages parallèles, la lisibilité parfaite de l'intrigue, l'interprétation au cordeau d'une bonne quinzaine d'acteurs, au premier ou second plan, la densité que Affleck donne à son propre rôle, tout concourt à rendre passionnant Argo, et renvoie immanquablement aux grands films "engagés" des années 70, signés Lumet, Pakula ou Pollack. L'histoire, en elle-même, est totalement incroyable, sauf qu'elle est vraie, dans les grandes lignes. On reprochera sans doute à Affleck d'avoir accentué la dualité entre la démocratie pourvoyeuse de héros, l'Amérique, et la dictature islamique oppressive, l'Iran. Les bons et les méchants, le film ne fait pas dans la nuance, c'est vrai, mais d'un point de vue purement cinématographique, Argo est un régal d'efficacité et d'intelligence narrative. La démonstration est impressionnante.

Argo

Je suis moins enthousiaste même si Argo m'a séduit par son efficacité et sa limpidité. Sur le plan de la dualité, l'introduction schématique ne ménage guère les Etats-Unis et l'opinion d'ensemble est assez consensuelle.
La reconstitution apparait très pertinente mais c'est justement cette dimension lisse et prévisible qui m'empêche d'être emporté. Affleck s'amuse beaucoup, fait preuve d'une virtuosité indéniable mais il reste trop en surface pour construire un véritable thriller politique. Il manque une ampleur même si l'interprétation est largement convaincante.

Tout pareil que traversay pour "Argo". Un film de suspens comme ça n'existe plus depuis les années 70-80. Sauf pour l'idée de manichéisme : l'intro implique fortement les U.S.A. dans le coup d'Etat entraînant le retour du Shah, cause principale du radicalisme religieux qui instaurera une théocratie lorsque celui-ci sera renversé. Quelques piques sur Hollywood et sur la façon dont la C.I.A. (ou le gouvernement en place ?) veut traiter le problème. Mais là, je suis un peu fatigué, j'y reviendrai certainement, car le film est marquant.

Argo est incontestablement bien fait, très fluide et l'image marche bien mais ça tire quand même du côté de la soupe avec les interludes musicaux et la légèreté de l'écran hollywoodien. Du coup on perd de la densité de l'introduction pour revenir à un mélange bancal de suspens politico-humain et de plastiques d'hollywood ambiance rêves d'enfants. Et même avec une barbe Ben Affleck joue comme un Ben Affleck. C'est pas mal quand même avec un étranger qui ressemble à de l'étranger et ça se tient bien mais ça a fait un peu plouf en ce qui me concerne. (pas aidé par l'horrible 1/2h de pub du CGR c'est vrai, on pourrait presque se barrer de la salle avant le début du film).

-Argo-

Très bon film mené tambour battant et sans fausses notes, je rejoins en ce sens l'ensemble de vos avis. J'avoue que ça faisait longtemps que je n' avais été prise par un suspense d'une telle intensité, clair et parfaitement maîtrisé comme vous le notez. De même qu'Exini je n'ai pas été frappée par un quelconque manichéisme, au contraire, les rapports CIA et Administration US sont plutôt bien vus et la caricature du système Hollywoodien est assez bien amenée. Bien sûr on aurait pu approfondir, creuser encore plus mais à mon avis cela aurait nuit à l'efficacité du thriller qu'il se veut d'être. Il n'y a guère que la séquence finale avec la police iranienne lâchée sur le tarmac à l'assaut du boeing qui peut paraître exagérée mais bon, après tout un peu de stress supplémentaire est toujours bon à prendre. Du cinéma comme ça j'en redemande!

Argo de Ben Affleck

Vu ce film, en me disant : pourquoi pas ?

Et quel bon film de hasard ça a été !

Vous en avez dit l'essentiel, et j'étais complètement passée à côté de vos commentaires, mais je vous rejoins sur tous :

Efficacité, simplicité, tension assumée avec un rythme et une réalisation qui rendent nerveux, oppressé, comme peuvent l'être ces américains dans un Iran où ils sont considérés comme le Diable.

Il y avait des moments où j'étais toute tendue face aux situations mise en scène : surtout les moments de foule immense, bruyante, violente, une masse vindicative, inconnue, qu'on sent prête à exploser au moindre pet de lapin. Et les lapins, dans ces cas-là, se terrent, se font tout petit, arrêtent de respirer, et prient tous leurs dieux que ça aille.
Les premiers moments du film sont parfaitement maîtrisés et plongent directement dans le sujet : l'ambassade, des gentils petits fonctionnaires absolument pas préparés, paumés, apeurés, une foule dehors, qui crie, et soudain, pénètre dans le bâtiment. Un essaim incontrôlable. Une fourmilière mise à sac.

Ensuite, les va et viens entre le bordel de la situation, les mouvements stressés des institutions politiques, et le calme sur le qui-vive (ouioui) du super agent, avec les pointes d'humour gonflé de la supercherie mise en place pour sortir les quelques américains réfugiés chez l'ambassadeur canadien.
Affleck arrive à faire sentir la tension du bordel diplomatique et impliquant dangereusement plein de paramètres obscurs qui peuvent faire chavirer tout un monde, la tension humaine des hommes impliqués individuellement dans ce plan de sauvetage de la dernière chance, la tension d'un pays qui a trop souffert.

Affleck ne s'est pas encombré de rentrer dans des détails qui aurait fait de Argo un film politique. Un vague résumé de la situation au début du film, et c'est tout. Peu de visions du côté de l'Iran. En un sens tant mieux, parce qu'ainsi je trouve qu'il échappe à une morale trop lourdingue. Ce qui ressort c'est qu'il y a des humains au milieu des conflits nationaux/internationaux. Des humains qui payent de leur vie des choses sur lesquelles ils n'ont aucune main mise. Du coup, je trouve qu'on évite le côté IranMéchant/AméricainHéros.
Bien sûr ça range le film du côté consensuel (comme ça a apparemment gêné Avadoro) et divertissant, et ça peut déranger.

Pour le côté "tirage de soupe" souligné par Animal, je suis aussi d'accord... Affleck aurait dû éviter le côté Héros aux problèmes familiaux, déjà. on s'en fout, ça n'apporte rien. On le sent humain le gars, sans nous le prouver avec la photo de son mioche.

Pour le côté "léger", c'était bon de sourire entre deux moments tendus, grâce aux clins d’œils au monde du cinéma, d'Hollywood, des vieux films de SF.
Des sourires sans trop en faire, juste ce qui aide à garder la tête hors de l'eau, et à respirer de temps en temps.

A rappeler que tous les acteurs sont parfaits, et il y en a une ribambelle connue d'un peu partout.
Même Affleck avec lequel j'ai toujours du mal est d'une sobriété barbue qui lui va bien.

Bref.
Faut le voir.
Très bon film garanti certifié signé.

The Town

Ben Affleck est super expressif et adore se filmer en bellâtre énamouré et vraiment trop gentil. Disons pendant plus d'une heure et demi sur les deux heures du film. Qui est un film de lieu, de ville, et de gangsters version sociale mais pas trop et avec des scènes choc (mais pas trop non plus).

Un peu comme Argo c'est propre, bien fini, pas forcément sans atouts, mais c'est quand même moins bien et dans le cas présent pas franchement très intéressant. Ce n'est pas un (bon) film d'action, ce n'est pas un (bon) film social et c'est une romance diablement transparente.

Plouf plouf.

(Bientôt je me remets à regarder des vrais films, c'est décidé !)

Je ne me souviens pas trop de ma bonne impression de The Town. Et je n'ai pas souvenir de ce super narcissisme que tu prêtes à ce brave Ben.
Mais ça ne m'étonne pas que tu n'apprécies pas ce cinéma bien huilé, efficace, sans risque, et fonctionnant avec la corde mélo américaine. Je suppose que ça ne grince pas assez pour, que c'est trop propre. Moi, je les trouve tout de même très bons (et Ben Affleck me surprend), et j'ai même envie de les revoir, tiens !
Je trouve qu'ils sont meilleurs qu'un simple divertissement action-réaction qu'on nous sert habituellement, tout en restant du divertissement.

oui c'est un peu meilleur c'est vrai !

je ne sais pas quel est son taux de présence à l'image dans le film mais ça doit être élevé...

(et il y a des films tout lisses limite nunuches que j'aime bien).