| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| L'art en guerre | |
| | Auteur | Message |
---|
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: L'art en guerre Lun 12 Nov 2012 - 12:54 | |
| L'art en guerre en France : 1938-1947 de Picasso à Dubuffet (12 Octobre 2012 - 17 Février 2013) présentation : mam.paris.frBeaucoup d'artistes et de tendances différentes, des contextes différents, une période très particulière, l'exposition est ambitieuse et quelque peu tentaculaire tout au long de son avancée chronologique. Elle joue sur une mise en regard d'un art qui a gardé sa place et son droit à la lumière et un art qui s'est replié s'il n'a pas été interné. Grands artistes, moins connus, grandes toiles et tous petits objets. L'exposition présente, et c'est une très bonne chose, des éléments de musée d'histoire : affiches et avis de l'occupation, mais aussi nombreux objets, carnets, dessins issus de musées de la résistance et de la déportation. Le miroir n'est pas toujours facile à suivre, sans doute d'autant plus que si on connait et reconnait des noms on n'en est pas pour autant à même de placer et déplacer leurs significations dans notre petite tête. Le cheminement n'en est pas moins intéressant et à plusieurs reprises absolument frappant. Si ça ne se fait pas dans les oppositions, peut-être jusqu'à un certain point factices, ça se fait dans le mélange immédiat de courants : surréalisme, cubisme, différentes formes de figuration, une affirmation de lignes, un témoignage brut d'intensité côtoie une échappée de l'esprit. Ou une cohabitation, une attente. Il y a une proximité palpable de certaines œuvres (Bonnard ou Picasso par exemple), et à travers les objets, les cartes de gens morts ou enfermés ou morts enfermés qui usent et expriment dans les formes et les couleurs une même modernité on constate, à côté des idées de courants et de définitions, un rapport à l'art très immédiatement vivant. ça va avec une expression antique de l'homme et vie de modernité et de passé, c'est extrêmement troublant car même si l'intérêt et la stimulation sont parfois réels devant des toiles modernes qui abordent au moins l'abstraction, le lien d'évidence avec une expression artistique rustique (dans son élan) c'est rare. Vers la fin, plus abstraite, ou dans les marges, sans aller déjà jusqu'aux "anartistes", s'il y a peut-être décompression pour reprendre les mots de la présentation, on se demande s'il n'y a pas aussi une forme de culpabilité, non pas historique mais dans l'image, la représentation. ça serait faux de parler d'une culpabilité du beau, une méfiance du trop apparent ? Il y a quand même développement d'une altération de la façon de regarder de ce qui vient de ce moment et de son après. Il faudrait en dire encore beaucoup, et d'autres choses (la place réservée à la galeriste Jeanne Bucher), une exposition pas très simple à voir ou appréhender, l'impression de passer à côté ou de travers sur énormément de sujets (trop de choses et pas toujours assez d'éléments donnés avec), mais très riche et très concrète. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: L'art en guerre Lun 12 Nov 2012 - 22:22 | |
| J'aime bien les peintures que tu as mises en accompagnement... La 2e et la 3e sont de qui ? La 4e est un peu plus... insondable ? | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: L'art en guerre Lun 12 Nov 2012 - 22:36 | |
| - colimasson a écrit:
- J'aime bien les peintures que tu as mises en accompagnement... La 2e et la 3e sont de qui ?
La 4e est un peu plus... insondable ? Bonnard : Nu dans le bain Bernard Buffet Jean Fautrier : Tête d'otage (j'ai un peu de mal, oui...) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: L'art en guerre Lun 12 Nov 2012 - 22:41 | |
| la 2ème Pierre Bonnard : une de ses "baignoires". et une de mes surprises de l'exposition parce que le moment où ce tableau arrive (on arrive par la gauche, ça doit entrer en ligne de compte) j'ai été saisi alors que jusque là, Bonnard oui mais sans plus. Il y a un rouage qui a bougé dans ma tête, tant mieux. la 3ème : Bernard Buffet (Femme au poulet), je l'ai choisie parce que facile à trouver quand j'ai bricolé mon message, mais là aussi dans l'exposition, surtout que ce n'est pas un petit format : 188 x 137 cm, ça a une présence non négligeable. la 4ème est un "otage" de Jean Fautrier, épais et abstrait mais pas complètement, on ne peut que penser à une tête, à un visage. et pour l'occasion, parce que "ça parle" quand on est interloqué, mis à côté par ces otages, qui ont effectivement quelque chose d'insondable, un peu de Malraux ( c'est eXPie qui va être content), un extrait de la préface d'une exposition en 1945 de ces Otages de Jean Fautrier : je crois que la plaquette était faite des trois derniers paragraphes, j'ai un doute. - Citation :
- L'OTAGE qui donne la clef des autres, c'est le grand otage sculpté. Plutôt que des tableaux de Fautrier, ces figures viennent de sa sculpture. De sa sculpture qui a trouvé, dans le supplice, ce qu'elle a longtemps cherché en vain : un moyen d'incarnation.
L'art des premiers Otages est encore « rationnel » : des figures mortelles qu'un trait simplifié, mais directement dramatique, tente de réduire à leur plus simple expression, - et ces couleurs plombées, depuis toujours celles de la mort. Mais peu à peu Fautrier supprime la suggestion directe du sang, la complicité du cadavre. Des couleurs libres de tout lien rationnel avec la torture se substituent aux premières ; en même temps qu'un trait qui tente d'exprimer le drame sans le représenter, se substitue aux profils ravagés. Il n'y a plus que des lèvres, qui sont presque des nervures ; plus que des yeux qui ne regardent pas. Une hiéroglyphie de la douleur.
Sommes-nous toujours convaincus ? Ne sommes-nous pas gênés par certains de ces roses et de ces verts presque tendres, qui semblent appartenir à une complaisance (fréquente chez tous les artisteS) de Fautrier pour une autre part de lui-même ? Ne nous semble-t-il pas parfois que l'artiste, l'extrême limite atteinte, ait trébuché, soit retombé de « l'autre côté », comme Ucello découvrant à Donatello la toile illustre devant laquelle celui-ci ne reconnaît plus le génie de son ami ? Ou ces images, pour certains les moins convaincantes, sont-elles précisément celles où s'élabore dans une solitude provisoire l'accent décisif d'un artiste ?
L'art moderne est sans doute né le jour où l'idée d'art et celle de beauté se sont trouvées disjointes. Par Goya, peut-être... Une révolution moins importante, mais singulière se produit en ce XXe siècle : de même que nous ne parvenons plus à regarder une oeuvre, quoi que nous en disions, en la délivrant de l'histoire, de même commençons-nous à regarder certains tableaux en fonction de l'histoire artistique de leur auteur. Picasso n'a pas pour rien substitué des dates aux titres de ses tableaux. « Les écrivains écriront désormais leurs œuvres complètes... », disait Goethe ; les peintres commencent à peindre leurs œuvres complètes. Et si chaque Otage est un tableau, la signification des Otages, dans toute sa force, est inséparable de cette salle où vous les regardez réunis, où ils sont à la fois les damnés d'un enfer cohérent, et des instants d'une évolution traquée.
De combien de peintres de la génération de Fautrier pouvons-nous dire aujourd'hui qu'ils ne doivent rien à personne ? Voici un peintre que d'éclatants écarts depuis vingt ans ramènent toujours au tragique, — en le représentant toujours moins, en l'exprimant toujours davantage. Un peintre qui a pour adversaires beaucoup de peintres, pour admirateurs la plupart des poètes ; mais un art - téméraire, inégal - d'une solitude exemplaire. Et la première tentative pour décharner la douleur contemporaine jusqu'à trouver ses idéogrammes pathétiques, — jusqu'à la faire pénétrer de force, dès aujourd'hui, dans le monde de l'éternel. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: temporaireEXPIE Mar 13 Nov 2012 - 22:18 | |
| Cela donne envie d'en savoir et d'en voir plus. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: L'Art de la Guerre Mar 13 Nov 2012 - 22:37 | |
| et pour repasser à "l'art en guerre" (ça serait ptet bien de découper les avis de ce fil pour en faire des spécifiques ?), quelques exemples frappants : une boite d'allumette de Roger Payen (je n'ai pas trouvé en ligne de reproduction de cartes) : source : aujourdhui.pagesperso-orange.frun dessin de France Hamelin : un tableau de Joseph Steib : Félix Nussbaum : ou les carnets de Horst Rosenthal (au moins cette fois l'écran multimedia est utile et permet de montrer l'ensemble de ses deux carnets) : source : clic | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: L'art en guerre | |
| |
| | | | L'art en guerre | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|