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GrandGousierGuerin a écrit:

Toujours se méfier si on vous dit qu'on est beau de l'intérieur ...

... Oui, ou si on vous dit que vous avez un physique de radio !

Chymère a écrit:

Ah... je viens seulement de voir que ce topic existe... (je suis rarement bien réveillée, je crois...)

 

bix229 a écrit:

GrandGousierGuerin a écrit:

Toujours se méfier si on vous dit qu'on est beau de l'intérieur ...

... Oui, ou si on vous dit que vous avez un physique de radio !

 
Physique des particules ? Elementaires, non ?  

Pour certains, la paresse est une tendance contre laquelle il est difficile de lutter ; pour d'autres, elle est un fantasme qui n'appartient même pas à la réalité ; et pour une dernière catégorie de chanceux, elle est un état de l'être qui mérite d'être résolu par un digne moment de glandage intempestif. Là encore, la paresse reste entachée de préjugés peu laudatifs. Pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre les origines d'une si mauvaise réputation : il suffit de connaître un peu la moralité judéo-chrétienne pour associer la paresse au péché. André Rauch, nous montrant toute l'ambivalence qu'il éprouve à l'égard de cette tendance, s'est cependant attelé à la rédaction d'une histoire de la paresse. Effectivement, on sent que ce professeur à l'université de Strasbourg, spécialiste d'histoire culturelle, s'est donné la peine de mener des recherches aboutissant à des analyses faisant se croiser littérature et peinture. Toutefois, sa paresse pointe parfois et s'il est naturel pour un ardent passionné de la flemme de se laisser aller à son penchant, le lecteur risque cependant d'être déçu par la rapidité des analyses effectuées. Une page consacrée à un auteur du 4e siècle et la page suivante nous présente déjà des textes du 15e siècle. Seul un paresseux pouvait s'autoriser une ellipse pareille. Les considérations suivantes sont intéressantes mais ne défrichent rien de neuf. André Rauch nous rappelle que la paresse est  condamnée par l'église catholique et nous en explique les raisons logiques. Heureusement, il nous surprend parfois par la citation de textes méconnus. Ainsi ce dicton du 14e siècle, qui vient nous redonner du baume au cœur au milieu d'une histoire de la paresse qui risquait de paraître austère : « Qui est conard & paresseux mourra chetif & mal-heureux».


Voilà qui est bien rigolé. Hop, on glisse ensuite de la religion à la morale comme si de rien n'était, l'explication suivante suffisant à expliquer pourquoi les siècles plus récents, malgré une revendication de plus en plus affirmée à se détacher de l'emprise religieuse, n'a pas réussi à faire disparaître l'idée que la paresse est un péché : « En somme, dans la vie contemplative, l’acédie était surtout amertume, tristesse, absence de concentration ; dans la vie laïque elle devient indolence, frivolité, inutilité, manque de sérieux et distraction. Voici le champ de la religion entr’ouvert à celui de la morale ».


André Rauch devient plus intéressant lorsqu'il ne se contente pas d'une relecture classique des textes et des peintures -ces analyses tournent souvent à la paraphrase ou à la description, ce qui ne manque pas d'intérêt pour les malvoyants. Quelques chapitres sont éclairants, ainsi celui expliquant le jugement de l'homme « moderne » sur les peuples colonisés. La partie consacrée à l'ambivalence de la paresse dans notre société et celle du siècle passé surprend aussi par une finesse d'analyse qui n'était pas présente dans les premiers chapitres, preuve peut-être qu'André Rauch fait un meilleur sociologue qu'historien. A la pêche aux belles images, il n'est pas mauvais non plus et même si ses analyses picturales laissent à désirer, il faut lui reconnaître le mérite de ne s'être pas contenté de nous présenter des peintures classiques. Entre quelques Bosch, Dürer et Brueghel bien attendus, on découvrira par exemple Mantegna, Bartolomé Esteban Murillo ou Theodore Franken, moins courus et moins exhibés que les premiers. Ainsi, André Rauch nous laisse une solution de repli : se calfeutrer dans les fins fonds d'un siège, mettre son cerveau au ralenti, et se contenter de tourner les pages pour admirer les images.



Concernant les peuples colonisés aux 15e et 16e siècles :

Citation :

« « Quant aux hommes, ils ne font rien qu’aller à la chasse du Cerf, & autres animaux, pécher du poisson, de faire des cabanes, & aller à la guerre. »
[…] « Ils vont aux autres nations, où ils ont de l’accès, & connaissance, pour traiter & faire des eschanges de ce qu’ils ont, avec ce qu’ils n’ont point. […] A leur retour, « ils ne bougent des festins & dances, qu’ils se font les uns aux autres, & à l’issue se mettent à dormir. » Le propos est à resituer dans son contexte. Aux yeux de ces Européens, chasse, pêche et guerre font partie des privilèges de la noblesse. Hormis cela, les membres de cette caste virile festoient, dansent et paressent. Comme l’a souligné la sociologue Annie Jacob, la ressemblance est donc frappante entre ce que les explorateurs interprètent des mœurs de ces peuplades et ce qu’on observe de la noblesse en Europe : bien que sauvages, les hommes se comportement en aristocrates. »

André Rauch donne envie d'autres lectures... par exemple Oblomov :

Citation :

« Qui t’a maudit, Illia ? Qu’est-ce que tu as fait ? Tu es bon, intelligent, tendre, noble… et tu te perds ! Qu’est-ce qui t’a perdu ? Il n’y a donc pas de nom à ce mal…
Si, fit-il d’une voix à peine audible.
Elle leva sur lui ses yeux pleins de larmes qui exprimaient une question.
L’oblomovisme ! dit-il dans un souffle. »

Une origine des jardins familiaux :

Citation :

« L’abbé Lemire […] prétend protéger « un certain ordre social » par le jardinage : « S’ils (les jardins ouvriers) permettent aux ouvriers d’échapper à leurs taudis en profitant d’un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales au sein de ces espaces verts. » Ainsi apparaissent les potagers devenus en France jardins familiaux par la loi de 1952. »

colimasson a écrit:

« Qui est conard & paresseux mourra chetif & mal-heureux».

Sympathique cette petite citation.   

Heyoka a écrit:

colimasson a écrit:

« Qui est conard & paresseux mourra chetif & mal-heureux».

Sympathique cette petite citation.   

Hé connard, tu mourras chétif et malheureux !

Abécédaire aléatoire soumis au bon vouloir de l'équipe éditoriale Palette, l'ABC en peintures présente chaque entrée sur une double-page. Page de droite, la peinture; page de gauche, trois mots servant à sa description. Les peintures choisies sont de facture classique car elles se destinent essentiellement à un public jeune à qui l'on voudra faire connaître quelques oeuvres parmi les plus classiques de la peinture moderne européenne. Toutefois, une ballade vers des chemins plus orientaux ou vers des époques plus reculées -le Moyen Age- sont parfois autorisées. De même, Palette s'est permis de présenter des oeuvres d'auteurs moins connus voire anonymes et égaie son abécédaire de découvertes picturales toujours stimulantes.


La lecture de l'ABC peut prendre la forme d'un jeu : quel combo de trois mots utiliserait-on pour décrire cette peinture ? On tombe souvent à côté des combinaisons concoctées par Palette. Une facile pour conclure... saurais-tu retrouver la peiture associée à cette combinaison : "chef d'oeuvre ; sourire ; mystère" ?  ...

Réponse:

Boroboudour (Voyage à Bali, Java et autres îles) / Roger Vailland

En 1950, Roger Vailland part pour Indonésie pour un mois et demi, suite à la commande d'un reportage pour La Tribune des Nations. Ce livre est le résultat de ce voyage.

Je ne suis pas sûre que j'aurais fait de commentaire sans la demande d'Armor, car ce livre ne m'a pas passionné. Il est très bien écrit, cela glisse tout seul. Mais le contenu n'est pas réellement très riche. J'ai eu la sensation d'être en face d'une commande, et pas plus. L'auteur s'est documenté, il cite quelques chiffres, quelques dates. Mais à la limite je ne crois pas qu'il en sache plus qu'un voyageur qui se serait documenté quelque peu avant de partir dans un voyage aussi lointain et qui aurait voulu profiter au maximum de son voyage. On fait pas mal de tourisme (les fameuses danses de Bali par exemple) sans que l'auteur ait à nous dire sur ce qu'il voit plus qu'un quelconque touriste, même s'il le dit fort bien. Et il y a le côté daté, lorsqu'il nous annonce l'avenir radieux que le communisme va apporter au monde.

Je suis peut être un peu dure, mais encore une fois, j'ai été franchement déçue par ce livre dont j'attendais plus qu'un brillant mais superficiel reportage de commande.

Merci infiniment de t'être donné le mal d'un commentaire, Arabella.

Je vais passer mon tour, alors.

Merci Armor. J'avoue que j'ai de plus en plus de mal avec les livres "journalistiques", qui me laissent de plus en plus sur ma faim. Je préfère soit un vrai essai par un spécialiste, même si c'est plus ardu, ou carrément de la littérature, plus subjective, mais qui apporte une vision plus personnelle.

Tu devrais tenter l'Ombre de la route de la Soie, de Colin Thubron.
L'auteur sait allier l'histoire, qu'il nous raconte de façon absolument passionnante, avec le quotidien du voyageur. Il ne fait pas l'erreur de trop nombreux récits de voyage, apparemment (dont celui que je lis actuellement), de nous raconter chaque rencontre, aussi insignifiante soit-elle, ce qui rend le récit indigeste (et peu intéressant).
Au contraire, il ne s'appesantit que sur certaines d'entre elles, qu'il prend le soin de développer. Et qui, du coup, nous en apprennent un peu plus sur un peuple, à un moment donné…
Grand coup de coeur que ce livre d'un véritable écrivain voyageur...

Je note L'ombre de la route de la Soie pour une prochaine visite en bibliothèque....Tu sais te montrer très convaincante...

L'homme est-il mortel ou immortel ? de Josette M. Abel....

Pas inintéressant, mais impossible à conseiller à une personne n'ayant déjà pas quelques repères sur le New-Age et les questions spirituelles de cet ordre. Un peu trop de jargonnage par moment, et une façon d'exprimer des idées sans présenter suffisamment de sources, de repères et d'explication, du coup il faut être capable de s'en poser soi même pour ne pas s'y sentir perdu et/ou ne pas rejeter le propos en bloc...

Révolutions tranquilles à la fin du XIXe siècle. Honoré Mercier. Félix-Gabriel Marchand, de Gérard Bergeron :

Dans cet essai politique, nous retrouvons un peu la trame de ce qui a précédé la Révolution tranquille à 60, 70, 73 années de distance. Gérard Bergeron nous livrait ici son dernier essai. Cet auteur assez prolifique dans le champ des sciences politiques au Québec tient une place assez unique. Nous pourrions le considérer à la limite comme un patriarche du genre. Dans l'ouvrage, il est question de la place d'une révolution dans l'histoire du Québec. Assez rapidement, nous pouvons constater au détour des lignes qu'il était difficile de disputer le monopole de l'Église dans les affaires sociales.

Honoré Mercier a connu une ascension assez rapide pour devenir un personnage politique de premier plan au Québec. Il finit par bénéficier de l'affaire Louis Riel pour s'acquérir une réputation de défenseur des Canadiens-français. Honoré Mercier connaît une chute désastreuse alors qu'il est évincé du pouvoir par ceux qui font et défont les rois. Il mourra même quelques années plus tard à l'âge de 54 ans. Nous pourrions trouver qu'Honoré Mercier a contribué au débat pour faire avancer les prémisses d'une révolution tranquille. Il s'intéressait à l'opportunité de fonder un réseau de bibliothèques de plus grande ampleur. Il détenait lui-même une bibliothèque assez imposante, fruit de 30 années d'efforts. Il finit même par perdre cette même bibliothèque quand il est acculé à la faillite dans le cadre de sa chute vertigineuse.

Comparativement à Honoré Mercier qui fut adulé par ses descendants politiques, notamment les hommes politiques qui l'ont suivi et qui faisaient partie de sa famille, Félix-Gabriel Marchand a adopté une approche plus patiente pour parvenir à ses fins et se hisser à la tête de la province. Il devient premier ministre à 65 ans. Il était le doyen des députés à l'Assemblée nationale. Pendant longtemps, il s'est imposé comme homme de confiance de ses chefs de parti. Le plus grand mérite de Félix-Gabriel fut d'avoir essayé d'implanter un ministère de l'Instruction publique pour assumer un plus grand rôle de l'État dans l'édification de ses politiques d'Éducation. Les autorités ecclésiales n'auront eu de cesse de s'opposer à cette «intrusion» de l'État sur son terrain.

Nous devrons attendre jusqu'à la Révolution tranquille pour voir une réelle percée sur le plan des politiques sociales en 1960. Le ministère de l'Éducation fut inauguré durant la décennie qui suit. Pendant longtemps, les romans furent mis à l'Index. Les Québécois-e-s n'ont pu lire bon nombre d'oeuvres qui ne respectaient pas l'étiquette des valeurs religieuses. Il en a résulté un appauvrissement des perspectives. Dans cette mesure, l'apport de Félix-Gabriel Marchand dans le processus politique a permis à une révolution de s'annoncer à travers le temps. Il n'aura pas eu le temps de poursuivre son oeuvre bien longtemps. Il est le premier premier ministre du Québec à être décédé dans le cadre de ses fonctions. Fait à noter, autour de cette même époque, Wilfrid Laurier accède à la tête du Canada comme premier ministre. Il était le premier Québécois francophone à accéder à ces fonctions (1896-1911).

Chymère a écrit:

L'homme est-il mortel ou immortel ? de Josette M. Abel....

Pas inintéressant, mais impossible à conseiller à une personne n'ayant déjà pas quelques repères sur le New-Age et les questions spirituelles de cet ordre. Un peu trop de jargonnage par moment, et une façon d'exprimer des idées sans présenter suffisamment de sources, de repères et d'explication, du coup il faut être capable de s'en poser soi même pour ne pas s'y sentir perdu et/ou ne pas rejeter le propos en bloc...

Fait fonctionner le fil sur l'ésotérisme !
Enfin, peut-être ne jugeais-tu pas cela nécessaire puisque ce livre ne semble pas t'avoir vraiment emballée...