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shanidar
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMer 24 Fév 2016 - 16:03

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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMer 1 Juin 2016 - 13:58

Salut !
Shanidar m'a demandé un petit commentaire sur ma lecture de la Bhagavad-Gîtâ... donc j'ai essayé... lecture dense mais vraiment enrichissante.

La Bhagavad-Gîtâ traduite et commentée par Shri Aurobindo


documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 Sm_cvt10

La Bhagavad-Gîtâ, c’est d’abord une histoire. Ce chant est inséré dans la Mahâbhârata (« grande Inde »), un récit épique très ancien rédigé à l’époque où les Hindous eurent la vision d’une Inde puissante, une dans sa culture et unifiée politiquement.


Dhritarâshtra, le roi aveugle, décide de donner son trône, non à son fils Duryodhana, mais à Yudhishthira, fils aîné de feu son frère cadet Pându. Il juge en effet que son fils, adonné au mal, n’est pas digne de gouverner un royaume où règnent les principes de droit et de justice. Mais Duryodhana s’empare du trône par la force et cherche à anéantir son rival Yudhishthira et ses quatre frères. Krishna, chef du clan Yâdava, intervient avant la bataille et tente de réconcilier les deux partis. Au nom des cinq frères, il réclame cinq villages à Duryodhana qui refuse. Il ne reste donc plus d’autre choix que la guerre.


La Bhagavad-Gîtâ commence quand Sanjaya, le conducteur du char du roi, lui raconte ce qui se passe sur le champ de bataille de Kurukshétra. Ici, Krishna est apparu sous une forme terrestre à Arjuna, l’un des cinq frères, précisément choisi parce qu’il représente un équilibre de pureté et de force (de sattva et de rajas).  La Bhagavad-Gîtâ est un chant divin car Krishna, apparaissant sous une forme humaine (un Avatar), enseigne à Arjuna (à l’homme en général) à s’élever au-dessus de la conscience humaine jusqu’à une conscience divine supérieure.


documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 Krishn10
Krishna et Arjuna


Arjuna, sur le champ de bataille, est accablé par l’action qu’il doit commettre. Déchiré par la nécessité de combattre, alors même que la guerre est nécessaire pour permettre à l’ordre de durer, sa crise soulève le problème plus général de a vie et de l’action humaine. C’est cette question qui introduit la Gîtâ et Krishna apparaît pour lui répondre.


La réponse procède par étapes, de son niveau le plus immédiatement accessible au niveau le plus subtil. D’abord, Krishna fournit une brève réponse fondée sur les conceptions philosophiques et morales du Védânta, et sur la notion sociale de devoir et d’honneur, base éthique de la société âryenne.


Shri Aurobindo commente : « La pitié d’Arjuna est une forme de complaisance envers soi ; c’est le recul physique nerveux devant l’acte du massacre, le recul égoïste, émotif du cœur devant la destruction des dhritarâshtriens parce qu’ils sont « sa propre famille », et que, sans eux, la vie serait vide. »


La crise d’Arjuna est une crise du dharma (action, règle de vie personnelle) et il implore qu’on lui donne une nouvelle voie. Krishna doit d’abord détruire les revendications de l’être égoïste pour faire place à la loi supérieure. La bataille figure comme action assignée à Arjuna sur le chemin qu’il doit inévitablement parcourir dans l’accomplissement de la fonction exigée par le svadharma (devoir social).


Ensuite, Krishna fournit une réponse fondée sur une connaissance plus intime des vérités profondes de l’être, vrai point de départ de l’enseignement. Elle se base sur une synthèse de Sâmkhya, de Yoga et de Védânta. Sâmkhya explique l’existence par deux principes originels dont l’interaction est la cause de l’univers : Purusha l’inactif (Ame) et Prakriti l’actif (Nature). Ici, le Purusha est considéré comme multiple (des formes différentes d’un même principe) alors que dans le Yoga, Purusha est considéré comme unique, et c’est vers lui que le yogin doit se diriger par sa pratique. La Bhagavad est une synthèse de ces philosophies : elle apporte une solution en faisant entrer les principes du Yoga védântique dans le Sâmkhya. Cette solution porte le nom de Purushottama, c’est le plus haut Purusha, que seul l’homme libéré peut atteindre par l’exercice de la buddhi (action du mental qui détermine la direction et l’emploi de nos pensées et de nos actes, fonction de volonté et de connaissance).


La Bhagavad se distingue de la conception du Yoga selon laquelle le sacrifice est une élévation. Le Yoga dit qu’il faut tuer le désir de l’action ; la Bhagavad dit qu’il vaut mieux tuer l’action faite dans le désir. La non-action peut aussi être faite dans le désir, ce que le Yoga semble avoir ignoré, délibérément ou non.


« Tu as droit à l’action, mais seulement à l’action, et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l’inaction. »


Le premier mouvement, c’est de se débarrasser du désir, non par un ascétisme extérieur mais par un retrait intérieur, un renoncement au désir, qui permet d’atteindre la vraie liberté : « Qui en nulle chose n’est affecté, même si tel bien ou tel mal lui échoit, et ne hait ni ne se réjouit, son intelligence est fermement établie dans la sagesse. »


Arjuna, égaré par cette réponse, demande une règle simple d’action. Krishna lui fournit alors un développement de la doctrine des œuvres faites comme sacrifice au Divin. Il faut que Purusha puisse observer Prakriti faire l’action, sans être affectée par elles. La voie juste, c’est l’action maîtrisée de l’organisme subjectif et objectif. Le sacrifice dans les œuvres, c’est le sacrifice du désir qui leur est attaché, c’est-à-dire le sacrifice de l’ego sur l’autel de la Divinité qui embrasse tout. L’homme fera ses actions dans un esprit différent, et c’est ce qui sera le plus important. Cet esprit différent, c’est celui de la loi de sa propre nature.


« Mieux vaut [pour chacun] sa propre loi d'action, même imparfaite, que la loi d'autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d'autrui. »


Ainsi, « c’est seulement lorsque vous avez atteint la paix de l’âme que vous pouvez devenir capables d’une action libre et divine. »


L’Avatar se donne en exemple à Arjuna, pour illustrer son développement. Il lui donne les signes qui permettent de reconnaître le divin ouvrier : ce sont l’équanimité, l’impersonnalité, la paix, la joie et la liberté, traits indépendants des phénomènes extérieurs de l’action et de la non-action.


« L’homme libéré reçoit ce que la volonté divine lui apporte, il ne convoite rien, n’est jaloux de personne : ce qui vient à lui, il l’accepte sans répulsion ni attachement ; ce qui s’en va, il le laisse partir, rejoindre le tourbillon des choses sans regret ni affliction ni sentiment de perte. »


Nous approchons encore plus près de la vérité philosophique lorsque la synthèse des œuvres, de la connaissance et de la dévotion se propose comme solution. Enfin, le plus grand secret sera livré : c’est le dépassement spirituel de tous les dharmas, la renonciation spirituelle à l’idée qu’on est maître de son action. « Le vrai  tyâga [renonciation] a pour base l’action et la vie dans le monde et non pas la fuite au monastère, dans la caverne ou au sommet de la montagne. »


documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 Bhagav10
Krishna et Arjuna sur le champ de bataille de Kurushetra


Les idées de la Bhagavad sont accessibles aux Occidentaux. Certains penseurs, consciemment ou non, rejoignent ses conceptions.


Carl Gustav Jung concevait Dieu comme la manifestation de l’énergie vitale psychique de l’homme ; la Bhagavad considère que le donneur de l’offrande (de l’ego) est le Divin lui-même en l’homme. Il faut donc accepter le moi sans le juger : « Par le moi tu dois délivrer le moi, tu ne dois pas déprimer ni abaisser le moi, car le moi est l'ami du moi et le moi est l'ennemi ». Si ce n’est pas le cas, l’homme ignorant aura tendance à projeter son ombre sur les autres et à combattre à l’extérieur les tendances inférieures non reconnues au-dedans de lui : « Peut-être avons-nous souvent besoin de la crainte et du dégoût du monde pour nous écarter de la nature inférieure, car ce sont vraiment la crainte et le dégoût de notre propre ego reflété dans le monde. »


Spinoza parlait de la liberté accessible par la troisième sorte de connaissance et distinguait la joie de la tristesse comme niveaux variant de la connaissance (joie) à l’ignorance (tristesse) ; la Bhagavad dit : « Les jouissances nées du contact des choses sont des causes de chagrin, elles ont un commencement et une fin ; c’est pourquoi le sage, l’homme d’entendement éveillé, ne place pas en elle ses délices. »


Dans le dernier livre de Michel Houellebecq, « Soumission », une solution proche de celle proposée par la Bhagavad était proposée pour résoudre les problèmes politiques, sociétaux et religieux actuels. Le personnage de « Soumission » avait fini par sacrifier son ego pour prendre le pli du mouvement cosmique et il avait ainsi atteint la paix, l’équanimité et la joie ; dans la Bhagavad, Arjuna doit aussi faire un travail divin comme instrument de la divinité dans le cosmos. Le problème, lorsque le message nous parvient de l’extérieur, c’est qu’on ne peut pas être certain de se sacrifier vraiment pour la Divinité. On risquerait plutôt de sacrifier son ego personnel pour un ego extérieur qui nous a dupés en se faisant passer pour le Divin. Dans l’idéal, ce mouvement doit naître d’une impulsion intérieure qui n’est dictée par rien d’extérieur, genre de mûrissement de l’expérience personnelle.


Enfin, nous ne citerons qu’un extrait du « Monde comme volonté et comme représentation » de Schopenhauer pour souligner la proximité de ce dernier avec la Bhagavad : " aussi longtemps que notre conscience est remplie par notre volonté, aussi longtemps que nous sommes livrés à l'impulsion du désir avec ses espérances et ses craintes continuelles, aussi longtemps que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, redouter un désastre ou chercher la volupté, c'est pour l'essentiel une seule et même chose : l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, quelle que soit la forme sous laquelle elle se manifeste, emplit et agite continuellement la conscience ». Schopenhauer, essentiellement pessimiste cependant, ne concevait pas de réelle solution à cet état dans la vie de l’homme.


Ainsi, certains points de la Bhagavad semblent très éloignés de notre vision des choses. Nous autres occidentaux avons tendance à vouloir régler les problèmes de la société avant de nous intéresser à nous-mêmes. Pour la Bhagavad, charité bien ordonnée commence par soi-même : « Notre seule voie ultime est la transformation de notre existence entière dans le monde […] en un mouvement unique dirigé vers l’Eternel ». Si la paix et la liberté sont atteintes en notre âme, la liberté et la paix seront automatiquement instaurées dans la société. Bien sûr, ce mouvement n’est pas accessible à tous les hommes. L’ancien système des castes, différent du système moderne qui s’est mis en place plus récemment, prenait en compte la différence des caractères humains (définis par un savant dosage des trois types rajas, tamas et sattva) pour régler la vie en société. Il n’en reste pas moins que ce qui importe, et ce qui est prôné dans la Bhagavad, c’est la recherche du Divin en soi. « Si même un homme de conduite très perverse se tourne vers Moi avec un entier, un unique amour, il doit être regardé comme un saint, car la ferme volonté d’effort en lui est une volonté juste et complète. »


De même, l’idée que nous ne sommes que des instruments d’une volonté divine ne plaira pas à nos amis contemporains de l’idée du libre-arbitre. C’est à cause de cela déjà que Spinoza avait été sérieusement répudié. « Selon les apparences, l’ego est l’auteur [de l’action] mais l’ego et sa volonté sont les créations et les instruments de la nature avec lesquels l’entendement ignorant identifie à tort notre moi ». Une énième discussion sur le libre-arbitre ne sera pas nécessaire dans le cadre de ce résumé. Lisons simplement ceci : « Vaine est ta résolution, celle qu’en ton égoïsme tu formes, disant « Je ne veux pas combattre » ; ta nature te prescrira ta tâche. »


Dans cette édition, on appréciera les commentaires de Shri Aurobindo qui, en excellent intermédiaire entre la tradition hindoue et le langage occidental, nous permettra de comprendre les subtilités de ce texte ancien. En conclusion, citons ce commentaire qu’il fit de la Bhagavad : « Le théisme de la Gîtâ n’est pas un théisme précautionneux et craintif, effrayé des contradictions du monde, mais un théisme qui voit Dieu comme l’Etre originel unique, omniscient et omnipotent, qui manifeste tout en Lui, quoi que ce puisse être –bien et mal, peine et plaisir, lumière et ténèbres- comme matière de Sa propre existence […] ». C’est ce que C. G. Jung disait également lorsqu’il abandonnait la recherche de la réalisation de la perfection de l’âme pour lui préférer la réalisation de l’intégralité, parce qu’elle seule est apte à prendre en compte les différentes nuances de la vie terrestre.


En résumé, le grand secret transmis dans la Bhagavad réside dans l’enseignement qui essaie de réconcilier la vie active avec la vie intérieure dans le Moi et l’esprit suprêmes. Le message particulier donné à Arjuna est aussi un message universel et se présente désormais comme une règle mise à la disposition de quiconque est prêt à monter par-delà la mentalité ordinaire pour agir dans la conscience spirituelle suprême.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMer 1 Juin 2016 - 15:45

A te lire ça parait clair. Peut etre tes lectures t' avaient-elles préparées... En tout cas bravo, bel effort d' analyse !
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ArturoBandini
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMer 1 Juin 2016 - 20:11

Content de te lire, merci pour le pavé ! dentsblanches
ç'a l'air bien inspirant comme texte.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMer 1 Juin 2016 - 22:07

j' ai lu entièrement mais pour moi c'est bien complexe, je reste en dehors (comme pour Jung) jypeurien et puis je trouve cette phrase « Mieux vaut [pour chacun] sa propre loi d'action, même imparfaite, que la loi d'autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d'autrui. » judicieux conseil que je suis.

Les comparaisons avec Jung, Spinoza, Houellebecq sont de l'auteur ?
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shanidar
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyJeu 2 Juin 2016 - 9:53

Merci coli d'avoir tenté et fort bien réussi ce commentaire. A la lecture de celui-ci me viennent pêle-mêle quelques réflexions dont je regrette l'indigence mais qui s'expriment ainsi :

L'impression de lire un anti-machiavel, puisque le fruit des actions ne compte pas et seule l'action en soi est légitime (la fin, les moyens ici sont balayés par une autre mise en demeure qui serait de l'ordre de l'utile, du nécessaire, du geste sublime). Ce qui m'amène à penser que non seulement ton commentaire, coli, permet de mieux comprendre la 'mentalité' indienne mais aussi de la mettre en perspective par rapport à nos propres concepts occidentaux. Par exemple, ici les catégories d'action et de pensée (leur cause, leur raison d'être) ne sont pas comme on pourrait l'envisager la recherche du bonheur, mais bien celle de la paix. A cette nuance, à ce subtil escamotage oriental, il me semble que la pensée occidentale s'épuise. Comme si la paix qui est absence de passion (qu'elle soit positive ou négative) était une notion existant dans un au-delà inaccessible . Ce qui m'étonne, m'interroge, me trouble, c'est que la 'sagesse' indienne rejette d'un même geste dédaigneux le bonheur comme le malheur, le bien comme le mal ; ce qui est à la limite du pensable, car comment ne pas tendre vers le bonheur, l'exultation, la joie ? Comment renoncer au plaisir ?? A quoi, la Bhagavad Gita semble répondre : en ne cherchant pas le fruit mais l'acte pur, désintéressé, ultime… A chacun de combattre ses pulsions, ses rages, ses colères, ses amours et à chacun de chercher à atteindre : non par l'ascétisme mais par le retrait en soi, la paix.

Quand je ferme les yeux et que je pense aux visages des indiens que j'ai croisé, cette espèce de sévérité, d'humilité mélangée de fierté, cette absence troublante d'expressivité qui les caractérise, je me dis que ton commentaire, coli, me permet de mieux comprendre la richesse intérieure de ces masques fermés et la beauté apaisée de ces visages… calmes.

Enfin, je retrouve avec intérêt dans ton commentaire la mention de cette porosité entre naturel et surnaturel, vie matérielle et vie spirituelle, monde visible et invisible qui caractérise si bien la vision indienne du monde ; cette sorte de perméabilité des gestes qui sont tout à la fois marqués par une quotidienneté et par une élévation qui les rend en quelque sorte sacrés ; de cette pénétration d'un monde à l'autre, je garde le souvenir très fort et très étrange.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyJeu 2 Juin 2016 - 18:20

Merci les gars !

Bédoulène a écrit:
j' ai lu entièrement mais pour moi c'est bien complexe, je reste en dehors (comme pour Jung) jypeurien  et puis je trouve cette phrase « Mieux vaut [pour chacun] sa propre loi d'action, même imparfaite, que la loi d'autrui, même bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d'autrui. » judicieux conseil que je suis.

Les comparaisons avec Jung,  Spinoza, Houellebecq sont de l'auteur ?

Non, ce sont les connexions personnelles que j'ai faites au cours de ma lecture.


shanidar a écrit:
Merci coli d'avoir tenté et fort bien réussi ce commentaire. A la lecture de celui-ci me viennent pêle-mêle quelques réflexions dont je regrette l'indigence mais qui s'expriment ainsi :

L'impression de lire un anti-machiavel, puisque le fruit des actions ne compte pas et seule l'action en soi est légitime (la fin, les moyens ici sont balayés par une autre mise en demeure qui serait de l'ordre de l'utile, du nécessaire, du geste sublime). Ce qui m'amène à penser que non seulement ton commentaire, coli, permet de mieux comprendre la 'mentalité' indienne mais aussi de la mettre en perspective par rapport à nos propres concepts occidentaux. Par exemple, ici les catégories d'action et de pensée (leur cause, leur raison d'être) ne sont pas comme on pourrait l'envisager la recherche du bonheur, mais bien celle de la paix. A cette nuance, à ce subtil escamotage oriental, il me semble que la pensée occidentale s'épuise. Comme si la paix qui est absence de passion (qu'elle soit positive ou négative) était une notion existant dans un au-delà inaccessible . Ce qui m'étonne, m'interroge, me trouble, c'est que la 'sagesse' indienne rejette d'un même geste dédaigneux le bonheur comme le malheur, le bien comme le mal ; ce qui est à la limite du pensable, car comment ne pas tendre vers le bonheur, l'exultation, la joie ? Comment renoncer au plaisir ?? A quoi, la Bhagavad Gita semble répondre : en ne cherchant pas le fruit mais l'acte pur, désintéressé, ultime… A chacun de combattre ses pulsions, ses rages, ses colères, ses amours et à chacun de chercher à atteindre : non par l'ascétisme mais par le retrait en soi, la paix.

Quand je ferme les yeux et que je pense aux visages des indiens que j'ai croisé, cette espèce de sévérité, d'humilité mélangée de fierté, cette absence troublante d'expressivité qui les caractérise, je me dis que ton commentaire, coli, me permet de mieux comprendre la richesse intérieure de ces masques fermés et la beauté apaisée de ces visages… calmes.

Enfin, je retrouve avec intérêt dans ton commentaire la mention de cette porosité entre naturel et surnaturel, vie matérielle et vie spirituelle, monde visible et invisible qui caractérise si bien la vision indienne du monde ; cette sorte de perméabilité des gestes qui sont tout à la fois marqués par une quotidienneté et par une élévation qui les rend en quelque sorte sacrés ; de cette pénétration d'un monde à l'autre, je garde le souvenir très fort et très étrange.

Le Machiavel, je ne l'ai pas lu, mais tu as raison de souligner cette différence fondamentale entre pensée orientale et occidentale.

C. G. Jung faisait la différence selon ses termes des "types psychologiques" : il considère que le socle chrétien sur lequel s’est constituée notre société repose sur des principes qui réfèrent au type de l’extraversion (la relation du sujet avec l’objet est primordiale) alors que les sociétés fondées sur le socle hindouiste par exemple reposent sur des principes qui sont plus majoritairement ceux de l’introversion (exclure la relation du sujet avec le monde pour éviter la souffrance et le malheur).

« La conception hindoue enseigne affranchissement des opposés, c’est-à-dire de tous les états affectifs et attachements émotionnels à l’objet. L’affranchissement a lieu par retrait de la libido de tous les contenus, ce qui conduit à une introversion totale. Ce processus psychologique est désigné par l’expression caractéristique de tapas, dont le sens le plus exact serait « auto-incubation ». Cette expression traduit excellemment l’état de méditation sans contenu dans lequel la libido, en quelque sorte chaleur d’incubation, se trouve ramenée à son propre soi. »

Je trouve ce point de vue intéressant.

Tu écris que l'hindouisme semble tout rejeter : joie, tristesse, etc. Pas sûre : il rejette ces émotions vécues sur le mode de l'ignorance. C'est là que les trois niveaux de connaissance de Spinoza deviennent intéressants.

En ce qui concerne la mention du surnaturel, Shri Aurobindo parle en effet de ce qu'on désigne comme "pouvoirs parapsychologiques" : en fait, cela relèverait de la partie mentale du physique, ce qui se met en contact avec le monde physique. Cette partie aurait le pouvoir d’altérer, de modifier ou d'atténuer l’incidence des chocs sensitifs. Cette partie n'est pas autant développée chez chacun d'entre nous, ce qui pourrait expliquer pourquoi certains semblent être à l'origine de nombreux phénomènes parapsychiques alors que pour d'autres, nada.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyJeu 2 Juin 2016 - 19:49

Je suis admiratif, mais c' est très en dessus de mes connaissances et de mes capacités actuelles...
Et pourtant la philosophie m' interesse, enfin quelques philosophes . Et c' est un trou dans ma culture, une lacune qui m' afflige.
J' aurais fait volontiers un bout de chemin avec des gens comme Schoppenhauer, Spinoza, Nietszche...
D' autant que je me sens proche d' eux. Et que des auteurs que j' apprécie les connaissent et les citent. Einstein notamment.

Bon. Je me contenterai de Leopardi, Cioran, Kraus, Thoreau, La Rochefoucauld, La Bruyère, Jean Rostand, mon cher Bachelard, Rosset... Et quelques autres....


Dernière édition par bix229 le Jeu 2 Juin 2016 - 20:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyJeu 2 Juin 2016 - 20:25

bix229 a écrit:



Bon. Je me contenterai de Leopardi, Cioran, Kraus, Thoreau, La Rochefoucauld, La Bruyère, mon cher Bachelard, Rosset... Et quelques autres....
Ce qui est déjà énorme !
Moi aussi du peu que je survole , je me sens en sympathie avec Schoppenhauer, Spinoza et Nietzsche. Je ne renonce pas au rêve de les lire et les étudier un jour . Même si ce n'est pas dans mes priorités . Il y a tant à découvrir dans tous les domaines , il faut choisir . Hélas .
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyVen 16 Sep 2016 - 21:19

Examen de conscience - August von Kageneck

Nous étions vaincus mais nous nous croyions innocents.

L'auteur, ancien officier de la Wehrmacht, revient à la fois sur son engagement comme soldat en Pologne puis en Russie et sur l'après de la guerre avec, entre reconstruction et réconciliation, l'écriture ou réécriture d'un passé possible après l'impensable.

Un programme qui promet beaucoup mais réserve beaucoup aussi. Von Kageneck choisit de transcrire le nécessaire et naturel ressassement. Ses souvenirs, citations de camarades ou d'historiens, petit à petit il reconstruit un parcours collectif. Seulement vers la fin on sort un peu la tête du conflit pour chercher un recul supplémentaire.

Il y a du bon dans cette construction mais malheureusement c'est aussi elle qui fait qu'on peut avoir l'impression qu'on ne creuse pas tant que ça en revenant beaucoup sur les mêmes choses. Notamment l'état de soldat "correct" opposé à la menace communiste. Une vision qui d'ailleurs ne se nuance pas complètement quand il revient sur la montée du nazisme en Allemagne avec l'appui des puissants du pays et d'une droite plus traditionnelle.

Ca a un sens d'essayer de différencier ceux qui ont fait ce qu'il ne fallait pas (SS mais pas que) de ceux qui n'ont pas pu empêcher et de ceux qui ne savait pas là où ils étaient mais ça reste maladroit et là aussi comme en surface quand il faut rapprocher et mélanger les pièces...

Peut-être qu'on reste trop près d'une histoire simplement militaire quand le sujet derrière est l'ombre du génocide ou qu'on ne peut s'empêcher (relativement facile certes ?) de se demander si la victoire ou une défaite autre auraient pu aboutir au même questionnement.

Beaucoup de questions et peu de réponses dans ce livre qui a malgré tout ses bons côtés (surtout l'écriture d'une nouvelle armée) et de moins bons qui sont révélateurs de la complexité d'une situation qui implique de l'affectif et du vécu même dans le camp des vaincus.

Toujours est-il que j'attendais sensiblement plus de cette lecture qui me laisse un léger goût de malaise.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyVen 16 Sep 2016 - 22:09

un malaise qui peut-être s'amplifiera ou au contraire s' amenuisera dans quelques jours, semaines mois .. ?
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animal
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyVen 16 Sep 2016 - 22:18

ça peut dépendre de nouvelles informations rencontrées au hasard mais pas persuadé que ça bouge beaucoup. jypeurien
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shanidar
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMar 20 Sep 2016 - 10:44

documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 Krishn10 Se libérer du connu - Krishnamurti

Le livre est une compilation de conférences données au cours de sa vie par Krishnamurti, ce qui explique sans doute la consistance très orale du discours et ses répétitions. Mais de quoi s'agit-il en substance ? Il s'agit de changer sa vie pour vivre dans un monde meilleur, plus juste, moins violent, etc. Très bien.

Et pour commencer, il faut balayer tous les dogmatismes qui enferment la pensée de l'homme ; échapper à la religion, la politique, la famille, la société, mais sans devenir un ermite pour autant. Rester poreux mais éloigné. Cela ne peut que me contenter.

Ensuite il ne faut pas chercher à combattre mais chercher la Vérité et la Vérité c'est toi. Tu es Vérité. Il ne faut pas chercher à juger, à qualifier ou à rejeter la peur qu'on a en soi ou la violence, la haine, le rejet de l'autre que l'on éprouve parfois. Non, il ne faut pas être agressif avec l'agressivité, il faut la neutraliser. La neutraliser ? Oui. Mais pas en cherchant à la penser, en cherchant à la sentir. Et une fois que la peur, la violence, la haine sont senties alors elles vont disparaitre.

Voilà, grosso modo ce que nous dit Krishnamurti, à travers une sorte d'oscillation acceptation/assimilation. Je vois ce qui cloche en moi, je suis seul à pouvoir régler ce problème, je le règle non pas en le combattant mais en le regardant en face et en l'assimilant.

On voit vite que ce n'est pas si simple et que le projet, le travail du philosophe est bien plus complexe et plus obscur que ce qu'il veut bien en dire. J'ajoute que l'ensemble des actions évoquées par Krishnamurti se heurtent à mon avis à l'autorité, car en voulant démonter les idoles et remplacer le gourou, le guide, le chef, par l'individu lui-même, Krishnamurti ne fait que déplacer l'instance dirigeante. Qui y-a-t 'il au-delà de moi-même qui pourrait détruire ou aller au-delà de ma propre autorité ? On retrouve ici l'interrogation de Bataille (qui à mon avis va bien plus loin dans son expérience intérieure que Krishnamurti) avec l'idée qu'il est impossible de dépasser l'autorité et que l'homme ne peut être amené à penser les limites qu'en basculant dans le non-savoir (Se libérer du connu nous dit Krishnamurti).

Je suis donc un peu restée sur ma faim, avec un livre qui paraît simple mais apporte quelques idées intéressantes comme par exemple l'idée de rejeter le passé, l'histoire, la mémoire comme choses mortes, de rejeter la pensée qui s'appuie sur la connaissance (car elle est également morte puisqu'elle fait obligatoirement référence au passé). On retrouve ici une idée dont nous avons déjà parlé avec Armor sur l'absence d'historicité en Inde, sur cet espèce de vide sur lequel repose la philosophie indienne, ce creux, qui est, on le voit particulièrement bien ici, une dynamique, une force de vision présente, une inscription totale non plus dans la durée mais dans l'instant (en quelque sorte le kairos des grecs).

On trouve également l'idée d'une énergie (laquelle me semble plus ou moins absente de nos philosophies occidentales), l'idée d'un flux qui permettrait à l'homme conscient, capable de s'en servir, de gagner en force, en pouvoir sur lui-même. Si l'univers est en expansion permanente alors cette énergie doit bien servir à quelque chose (d'autre que seulement grandir). Krishnamurti paraît donc nous dire que l'énergie qui nous habite, le courant qui nous guide et peu importe la manière dont nous le définissons, doit nous aider à changer de vie, à améliorer le monde, car se transformer soi c'est agir sur l'humanité dans son ensemble.

Rien de renversant dans le discours de Krishnamurti et une manière un peu simpliste d'expliquer son travail auquel j'ai du mal à croire. Pour arriver au détachement qu'il propose, pour accéder à cette sorte d'apesanteur qu'il évoque, il faut une volonté, une direction bien plus abondantes et originales qu'il semble vouloir le laisser dire.

Mais au final, le problème a été pour moi que je n'ai ni envie de changer, ni envie de changer le monde ; peut-être parce que j'ai déjà entrepris une partie du trajet et que j'aurais aimé (attendu ?) de cette lecture qu'elle me nourrisse bien plus, qu'elle étaie certaines inquiétudes, qu'elle ouvre de nouvelles voies.

Il n'en reste pas moins que ce livre peut sans doute être une ressource pour un lecteur désireux de trouver quelques aides avant de se lancer dans la grande aventure du changement.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMar 20 Sep 2016 - 18:55

shanidar a écrit:

On voit vite que ce n'est pas si simple et que le projet, le travail du philosophe est bien plus complexe et plus obscur que ce qu'il veut bien en dire. J'ajoute que l'ensemble des actions évoquées par Krishnamurti se heurtent à mon avis à l'autorité, car en voulant démonter les idoles et remplacer le gourou, le guide, le chef, par l'individu lui-même, Krishnamurti ne fait que déplacer l'instance dirigeante. Qui y-a-t 'il au-delà de moi-même qui pourrait détruire ou aller au-delà de ma propre autorité ? On retrouve ici l'interrogation de Bataille (qui à mon avis va bien plus loin dans son expérience intérieure que Krishnamurti) avec l'idée qu'il est impossible de dépasser l'autorité et que l'homme ne peut être amené à penser les limites qu'en basculant dans le non-savoir (Se libérer du connu nous dit Krishnamurti).
Là, déjà, je suis largué  intense reflexion  Mais je crois comprendre ce que tu veux dire. Il faut que je relise Bataille, je suis passé complètement à côté de cet écrivain

shanidar a écrit:
comme par exemple l'idée de rejeter le passé, l'histoire, la mémoire comme choses mortes, de rejeter la pensée qui s'appuie sur la connaissance (car elle est également morte puisqu'elle fait obligatoirement référence au passé).  
Pas sûr que ce genre de démarche me convienne. Mais merci pour cette analyse sourire
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 EmptyMar 20 Sep 2016 - 19:27

Une lecture de jeunesse pour moi ce Krishnarmurti.
A une époque où je cherchais dans toutes les directions.
Il doit bien me rester quelque chose de cette quête et de toutes les lectures associées .Mais c'est bien loin.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   documents - One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] - Page 31 Empty

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