Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Maniac [Franck Khalfoun] Jeu 10 Jan 2013 - 17:35
Remake d'un film 1980 (réal William Lustig)
A la production William Lustig et au scénario, notamment, Alexandre Aja.
Je ne me souviens que de bribes du premier Maniac, alors je ne vais pas m'amuser à faire des points de comparaison, mais globalement ce film est bien plus qu'un remake, il n'est pas une pale copie qu'on réactualise à la sauce d'aujourd'hui pour ramener des spectateurs à moindre frais. Maniac est une véritable création cinématographique.
Âmes sensibles, sans blague, n'allez pas le voir. Une dizaine de personnes sont sorties de la salle. Et pour cause.
Ici, vous n'avez pas à faire avec un film d'horreur/thriller classique, ni même à un slasher movie qui vous mettrait vaguement mal à l'aise pendant les scènes gores. Dans ce Maniac, vous êtes LE Tueur. Vous êtes dans sa tête. Vous voyez par ses yeux, collez votre respiration sur son souffle, crispez les doigts quand les siens s'agrippent au volant. Et vous chassez. Avec lui. Vous guettez la proie, vous la connaissez, la reconnaissez, la suivez dans le noir. Vous ne savez encore pas bien jusqu'où ça va aller, mais vous savez que ça va mal finir. Dans la douleur, le sang, et le psychodrame.
Ambiance étouffante et angoissante garantie. C'est flippant parce que l'on plus acteur que spectateur de ce qui se passe. Flippant parce qu'on est alors dans la même situation que Frank qui n'arrive pas à contrôler ses pulsions, ses souvenirs, sa colère. Submergés.
Le pari de cette caméra ultra subjective est parfaitement maîtrisée, et non, il n'y a d'images toutes tremblotantes de caméra à l'épaule à nous donner la gerbe (ouf). Et oui, il y a de superbes plans, où le réalisateur s'amuse avec les reflets dans lesquels on voit l'acteur (Elijah Wood) qui se voit lui-même. Regard perdu et glacial à la fois. Des plans où l'image joue à qui est qui, qui regarde qui, et qui va faire quoi.
Tension continuelle.
Petite aparté de l'historiette d'amour (je crois que ce n'est pas dans l'original, à revérifier), qui n'est pas trop chiante et planplan avec rédemption, culpabilité et tout le tralala. Cette histoire trouve sa place (et l'actrice est tellement jolie), et son sens, et son apogée merveilleusement morbide.
Les scènes de meurtre sont rapides, violentes, pleine de sang. Pas de chichiteries, de poursuites à rallonge, de torture sans queue ni tête... etc... C'est comme un coup de pression monté à son paroxysme et relâché aussitôt.
La présence d'Elijah Wood est incroyablement intense. Sa présence, sa voix, ses phrases qu'il répète, son reflet au détour des miroirs et des vitres, on le sent partout, rôdeur, menaçant. Et l'utilisation des mannequins de vitrine est une idée tellement forte visuellement, et parfaitement exploitée ! On dirait qu'ils vont prendre vie, qu'ils ont cette netteté immaculée fantasmée par Frank.
La musique aussi joue beaucoup sur l'ambiance sombre. Les ajouts sonores ne sont jamais utilisés à grand coup de BoumTchakPatratrak pour nous faire bondir sur notre fauteuil (presque par réflexe), ici, l'atmosphère est lourde, elle nous entoure : une musique un brin dark new wave, ambiance un peu électro qui sonne vieillotte. Un lien aussi avec les images de la ville, parfois des bâtiments très modernes (tout en verre et ferraille) et parfois vieux, décrépis. De vrais liens visuels et sonores comme pour tenir ensemble l'origine de Maniac années 80 et le Maniac d'aujourd'hui. Même Elijah Wood porte des vêtements dépassés (col roulé, veste en tweed) par rapport aux autres personnages du film.
Un film original dans la production habituel du film de tueurs en série, avec un réel parti pris artistique et jouant sur l’immersion du spectateur avant de lui donner du spectaculaire.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Jeu 10 Jan 2013 - 18:59
Je vais y aller même s'il me fait un peu flipper à l'avance. Mais je sens le truc Plastiquement abouti. Ce principe du point de vue du tueur est déjà dans le film Schizophrenia de Kargl. Il faut absolument que tu arrives à le voir Queenie. C'est un trip éprouvant mais très impressionnant. Je reviens pour parler de Maniac rapidement (j'y vais demain ou samedi).
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Jeu 10 Jan 2013 - 19:19
j'hésite. j'aime beaucoup l'original avec Joe Spinell qui joue presque le social, au moins une espèce de marginalité (en plus de la violence crade)... et il y a bien une petite historiette sentimentale, qui est contrariée par les problèmes du maniaque.
j'ai un peu peur de voir plus d'effets et moins de texture.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Jeu 10 Jan 2013 - 19:52
Le premier Maniac m'avait laissé une impression de violence glauque et brutale mais j'étais un peu jeune. Un mélange de quelque chose de marquant et de repoussant en même temps. Mais de ces films d'horreur qui sortent du lot par leur radicalité.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Jeu 10 Jan 2013 - 21:01
Marko a écrit:
C'est un trip éprouvant mais très impressionnant.
J'ai deux collègues qui, chacun de leur côté, ont quitté la salle au bout de dix minutes : la caméra qui bouge, le flou et les sons qui les ont agressés ont eu raison d'eux, m'ont-ils dit... Ils faisaient peut-être partie de la dizaine tu tu parles, Queenie. Ça m'a bien refroidi (et puis j'ai The Master à aller voir).
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Ven 11 Jan 2013 - 9:03
eXPie a écrit:
Marko a écrit:
C'est un trip éprouvant mais très impressionnant.
J'ai deux collègues qui, chacun de leur côté, ont quitté la salle au bout de dix minutes : la caméra qui bouge, le flou et les sons qui les ont agressés ont eu raison d'eux, m'ont-ils dit... Ils faisaient peut-être partie de la dizaine tu tu parles, Queenie. Ça m'a bien refroidi (et puis j'ai The Master à aller voir).
pour la citation de Marko, il parlait de Schizophrenia de Kargl, éhé.
C'est sûr qu'il ne faut pas être trop sensible pour ce Maniac.
animal a écrit:
j'hésite. j'aime beaucoup l'original avec Joe Spinell qui joue presque le social, au moins une espèce de marginalité (en plus de la violence crade)... et il y a bien une petite historiette sentimentale, qui est contrariée par les problèmes du maniaque.
j'ai un peu peur de voir plus d'effets et moins de texture.
Il faudrait vraiment que je revois l'original pour te donner les points de comparaison... Dans celui-ci il y a le côté marginal, aussi, mais probablement moins fort qu'à l'origine. Mais le gars est à l'écart du monde (décalage d'époque, décalage psychologique parce qu'il est extrêmement introverti).
Pour le plus d'effets que de texture... Hum... Les effets sont vraiment un tout cohérent et réfléchit, et je ne les ai pas trouvés gratuits ou tape-à-l'oeil. Après, il y a un côté plastique maîtrisé qui peut rebuter et rendre le tout trop artificiel... j'imagine... Pour le côté texture, il y a quand même de vraie matières, des environnements avec des âmes, avec du vécu et de la personnalité. Des univers palpables. (Si c'est ça la question).
Aucune idée de ce que tu en penseras.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Sam 12 Jan 2013 - 12:43
Maniac
Je ne sors pas scotché du film parce que je l'imaginais probablement différemment mais il y a des choses qui m'ont plu...
Elijah Wood est extraordinaire et un effet spécial à lui tout seul. On le voit pratiquement tout le temps à travers des reflets ou dans des séquences oniriques (1 ou 2 fois en frontal également, le cinéaste trichant volontairement un peu...) mais son regard mi-enfantin mi-diabolique inoubliable en fait une sorte de petit frère de Norman Bates dans Psychose. Le magasin de mannequins remplaçant les animaux empaillés. Même pseudo-trauma maternel et mêmes hallucinations où il se dédouble pour commettre des meurtres brutaux presque malgré lui. Les meilleurs moments du film sont peut-être dans ces déflagrations psychotiques où la réalité se disloque. La caméra subjective et la bande son nous font ressentir ses migraines, ses visions, la montée d'adrénaline, la brutalité puis le relâchement et la mélancolie. C'est pas super subtil mais efficace.
La musique de ROB est un régal qui donne un côté vintage années 80 (un peu façon "Drive") mais surtout un décalage de conte de fée dont la douceur et la tristesse forment un contre point à l'horreur. C'est effectivement l'histoire d'une solitude, d'une frustration, d'une impuissance derrière la barbarie. Mais encore une fois à un niveau très basique de film gore de série Z.
La topographie urbaine en caméra subjective qui est spectaculaire sans être trop esthétisante (la photo reste assez brute). Une poursuite dans le métro par exemple qui est flippante. Par contre j'ai été un peu déçu du procédé sur la longueur. J'imaginais plus de puissance visuelle. Augier m'a nettement plus impressionné dans "Martyrs" dont la froideur implacable reste sans équivalent. Ici c'est du brut de décoffrage.
L'utilisation des mannequins sous différentes formes. ça m'a rappelé le film de Mario Bava "Six femmes pour l'assassin".
Pour l'horreur j'ai été surpris parce que j'imaginais une violence insoutenable et comme le dit Queenie les meurtres sont plutôt brefs, sans surenchère dans le sadisme (à part les scalps mais il suffit de fermer les yeux 3 secondes). Le premier meurtre est nul et je redoutais le méchant nanar. Par contre il y a une séquence ultra impressionnante et d'anthologie dans l'appartement chic de l'agent de la photographe qu'il identifie à sa mère frustrante. Là, la tension est à son paroxysme et l'effroi surgit dans un mouvement de sauvagerie hallucinant.
J'ai moins aimé le grand-guignol des séquences finales même si elles cherchent la surenchère volontairement jusqu'à l'abstraction et la folie. Cette scène était déjà dans le premier Maniac si mes souvenirs sont bons.
A l'arrivée c'est un film de genre plutôt original dans le tout venant de la production horrifique mais il m'a manqué une inspiration visuelle plus grande. Le premier Maniac était plus glauque et plus rugueux. "Schizophrenia" de Kargl beaucoup plus dérangeant et sidérant visuellement.
Reste Elijah Wood qui mériterait un oscar tellement il est génial même si on ne le voit que par intermittence. Loin du gentil Hobbit il entre au panthéon des fous sanguinaires les plus fascinants du cinéma d'horreur.
Dernière édition par Marko le Sam 12 Jan 2013 - 14:06, édité 2 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Sam 12 Jan 2013 - 12:56
Mario Bava: Six femmes pour l'assassin
Lux Divina Espoir postal
Messages : 27 Inscription le : 10/01/2013 Age : 33 Localisation : Nantes
Sujet: Re: Maniac [Franck Khalfoun] Dim 13 Jan 2013 - 18:34
Je suis allée le voir hier soir!
Je ne pourrais pas comparer, je n'ai jamais pris la peine de regarder "l'original" à vrai dire.
Honnêtement j'ai adoré, surtout la musique d'ailleurs, qui va très bien avec l'ambiance.
Personne n'est sorti de la salle par contre, on devait être une dizaine dans la salle aussi... Et comme il n’y avait quasiment que des hommes, c'était limite crise de fou rire général pendant les scènes très dégueulasses... Non honnêtement, les âmes sensibles n'allez pas le voir!
J'ai eu du mal avec la caméra aussi des fois! Après je suis malentendante, même si au ciné je ne peux pas lire sur les lèvres, ça reste un réflexe de regarder le visage pour comprendre, donc j'étais perturbé à ne pas pouvoir voir la bouche d'elijah lors de ses discussions. Mais c'est original, j'ai tout de même bien apprécié!
Au final, ce qui m'a fait plus que peur, c'était un gars dans la salle, affreusement laid, qui avait déjà emmerdé tout le monde pour ne pas faire la queue pour payer la place. Il est rentré dans la salle, est resté debout, a dévisagé tout les gens qui rentraient. A la fin du film, il est resté debout, et fixé avec un sourire dégueulasse chaque personne qui sortait... Il avait l'air très très bizarre... Rassurant après un tel film!
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
La première demi-heure pourquoi pas. le côté crade fait partie de l'affaire et pour l'ambiance ça marche bien avec la touche électro qui aide à se raccrocher à une ambiance passée de mode dans les films. Le petit souci c'est que dans cette première demi heure on a tout le film et qu'après c'est répétitif petite love story ou non. Et puis les mains rongés et les yeux de lapin ça fait un peu léger pour casser une image. ça n'a pas la force de l'original (en même temps essayer de le refaire tel quel ça n'aurait pas eu de sens).
bouuuuuuuuuuh !
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède