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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Sergei Loznitsa Mer 17 Nov 2010 - 9:06
Sergei Loznitsa
Citation :
Sergei Loznitsa naît le 5 septembre 1964 à Baranavitchy, en Biélorussie. Sa famille part pour Kiev, en Ukraine, où Loznitsa fait sa scolarité. En 1981, Loznitsa est admis à l'Université Polytechnique de Kiev, où il étudie les mathématiques appliquées et les systèmes de contrôle. En 1987, il est diplômé en ingénierie et mathématiques. De 1987 à 1991, Loznitsa travaille comme scientifique à l'Institut de Cybernétique. Ses missions l'amènent à étudier le développement de systèmes experts, l'intelligence artificielle ainsi que les processus de prise de décision. Parallèlement à son activité principale, Loznitsa est traducteur de japonais en russe et développe un vif intérêt pour le cinéma.
« A l'âge de 24 ans, j'ai ressenti soudain le besoin de faire, dans ma vie, quelque chose de sérieux et d'important. J'avais fait des études de mathématiques, j'avais un métier, mais je ne me sentais pas concerné, ça me passait au-dessus de la tête, si je puis dire. J'ai lu beaucoup pendant ma jeunesse, et peut-être que ces multitudes de textes se sont accumulés en moi et ont déclenché une réaction en chaîne... Je me suis senti poussé vers l'éducation des lettres et des arts. J'avais le choix entre la littérature, l'histoire ou le cinéma. La première faculté que j'ai visitée à Moscou était l'Institut d’État pour le cinéma. J'y suis resté. Et il m'a fallu sept ans pour découvrir que j'avais fait le bon choix. »
Loznitsa évoquera également l’effondrement de l’URSS, et le climat « de romantisme et d’euphorie » qui suivit, pour justifier son choix. C'est donc en 1991 que Loznitsa change de voie : il est alors reçu à l'Institut national de la cinématographie de Moscou et étudie dans l'atelier de Nana Dzhordzhadze. Il en sort diplômé six ans plus tard, avec les honneurs du jury. Il réalise, en 2000, des films documentaires à Saint-Pétersbourg dont le court-métrage La Station, remarqué par la critique. Il reçoit, la même année, une bourse du programme Nipkow à Berlin. Un an plus tard, le cinéaste s'installe, avec sa femme et ses deux filles, en Allemagne, décidant ainsi d'instaurer un peu de distance entre lui et son pays.
« Je pense qu’il est nécessaire pour un cinéaste, ou tout artiste, d’établir une distance avec le sujet dont il traite. C’est ce que Victor Chklovski appelle "ostranenie" qui inspira à Brecht le concept de "distanciation". C’est une étape nécessaire pour contrôler sa matière, sinon l’émotion prend le dessus et les puissances de la raison et de la création sont mises en péril. Il faut toujours faire un pas de côté, ce qui suppose une certaine duplicité ou une fracture de la personnalité. En physique quantique, c’est que l’on appelle le principe de superposition. »
Son premier long-métrage, My Joy, a été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2010.
Ses films documentaires, parfois à la lisière de l'expérimental, représentent une « humanité confrontée à des bouleversements économiques, sociaux et politiques de grande ampleur », comme l'a souligné Télérama, peignant ainsi le délitement moral de la Russie. Son sens du paysage, la rigueur de ses partis-pris de mise-en-scène ainsi que ses audaces narratives ont souvent été remarqués par la critique.
Filmographie
Fictions 1997 : Segodnya my postroim dom (court métrage) 2010 : My Joy (Schastye moyo) 2012 : Dans la Brume (V tumane)
Documentaires
1999 : La Vie, l'automne (court métrage) 2000 : La Station (court métrage) 2001 : La Colonie 2002 : Portret 2003 : Peyzazh 2004 : Fabrika (court métrage) 2006 : Blokada 2006 : Artel (court métrage) 2008 : Predstavleniye 2008 : Sweet Sixties
Prix
Festival de Cannes 2012 : Prix FIPRESCI de la Critique internationale pour Dans la Brume
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Mer 17 Nov 2010 - 14:38
My Joy de Sergey Loznitsa
Citation :
Un jeune camionneur se perd dans la campagne russe. Il croise un vétéran malheureux, une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus… Plus il tente de retrouver le chemin vers la civilisation, plus il découvre que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité.
Documentariste réputé, Sergey Loznitsa a frappé fort avec son premier long-métrage de fiction : My Joy (toujours cette détestable manie de donner des titres anglais ! Mon bonheur aurait très bien convenu). Quelques références inévitables à la vue de cet Ovni venu de l'est : Tarkovski, Seidl, Zviaguintsev et, avant tout, David Lynch.
Cinéaste ukrainien, Loznitsa nous parle de la Russie, de façon pour le moins brutale et barbare. La puissance de sa mise en scène est indéniable avec un art prodigieux pour créer des atmosphères lourdes et une densité impressionnante dans ses cadrages. Du point de vue scénaristique, hélas, il est difficile d'être aussi enthousiaste. Il y a bien une intrigue centrale et un personnage principal qui évolue au fil de l'histoire. Mais on se perd dans des scènes surgies de nulle part, d'un espace-temps différent (la deuxième guerre mondiale ?) dont la signification reste à définir.
La violence, contenue au début du film, est de plus en plus présente jusqu'à un dénouement extrême, qui est vraiment trop appuyé. Pourquoi tant de haine ? Loznitsa semble vouloir mettre le doigt sur la pourriture du monde et son dégoût pour les humains. C'est son droit, mais il aurait pu nous fournir un début d'explication et un mode d'emploi car l'opacité du message est rédhibitoire.
C'est vraiment dommage de gâcher un tel talent de cinéaste par un propos abscons et indéchiffrable.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Mer 17 Nov 2010 - 17:42
traversay a écrit:
My Joy de Sergey Loznitsa
C'est vraiment dommage de gâcher un tel talent de cinéaste par un propos abscons et indéchiffrable.
"Je voulais faire un film d'amour, mais comme ça arrive fréquemment avec les Russes, quel que soit votre projet, vous finissez avec une kalachnikov." Sergey Loznitsa
Pourquoi le fait qu'un film soit abscons a priori lui retirerait de la valeur? Il demande juste une perception légèrement différente de celle qu'un récit plus classique nous proposerait et dont il ne s'éloigne finalement pas tant que ça à partir du moment où on tente d'en saisir (ou de ressentir) la logique ou l'abstraction. Un peu comme devant un tableau symboliste dont l'image peut apparaître mystérieuse et incompréhensible au départ mais dont la force d'évocation s'impose à partir du moment où on commence à entrevoir quelques clés pour l'apprécier. On peut ne pas tout comprendre d'ailleurs mais ressentir ce qui se passe sous la surface et qui crée des liens obscurs mais puissants pour donner du relief à l'ensemble. Et je suis certain qu'en t'y penchant un peu tu as certainement perçu (et compris) l'essentiel du propos. Alors je vais essayer d'exprimer ce que j'ai ressenti en voyant "My Joy" qui est un film très impressionnant. Je dévoile tout donc je le fais surtout pour traversay ou pour ceux qui voudraient en discuter après.
Tu as souligné le lien avec David Lynch et ce film est bien une sorte de road movie à la "Lost Highway" qui conduit à une route sans issue (des personnages disent qu'elle ne mène nulle part et notre héros s'y dématérialise à la fin comme Fred Madison dans le couloir de sa maison). Il y a aussi des pistes narratives qui semblent diverger dans le temps et dans l'espace avec malgré tout quelques repères d'une strate à l'autre (on est au passage loin du labyrinthe infernal d'Inland Empire). Il y a surtout comme chez Lynch un séquence inaugurale très importante. On y voit un corps d'homme enseveli dans la boue d'une tombe improvisée comme dans un charnier. De là à envisager le film comme un cauchemar post-mortem qui raconterait par fragments l'histoire de cet homme avec des glissements surréalistes provoquant des distorsions de sens me parait insuffisant. Pour moi le point de rupture est le coup reçu à la tête qui oppose une première partie linéaire et narrative (la rencontre avec le vieil homme et son récit en flashback, la jeune prostituée, l'égarement dans la campagne et l'agression par les 3 hommes) à une seconde où passé et présent s'achoppent dans une succession de séquences qui semblent éclatées et déréalisées. Les situations y apparaissent alors exagérées, décalées, irréelles jusqu'à la caricature que tu soulignes avec cette fin très violente.
Si on veut tenter une reconstruction rationnelle du puzzle, on peut simplement envisager que le corps enseveli du début est celui de l'homme tué par ce coup à la tête à la fin de la première partie et qu'un tracteur viendra recouvrir de terre (potentiellement par ses agresseurs) comme on nous le montre au début. La première partie étant alors juste un retour en arrière de ce qui est arrivé à ce jeune homme. Le passage de la vie à la mort s'accompagne dans la seconde partie d'une perception onirique qui mélange ce que le vieil homme lui a raconté de son passé pendant la guerre et la violence à laquelle il a été lui-même exposée (la perversité d'un agent de police, la prostitution d'une mineure, l'agression pour le voler) ainsi que sa propre biographie. Cette collision entre vécu récent et récits anciens permet d'établir une continuité de la violence à travers le temps (historique et contemporaine) qui mélange l'histoire de ce vieil homme transposée dans le rêve, probablement la propre enfance du narrateur qui pourrait être cet enfant abandonné dont le père est tué, et des situations rencontrées dans la réalité récente revécues de façon extrême. Il apparaît lui-même comme un damné à la Dostoïevski, un mort vivant qui contemple toute cette violence intemporelle et qui la restitue dans la dernière scène avant de retourner au néant qui l'absorbe (le moment de sa mort effective).
La complexité de ce récit permet donc de raconter en même temps une histoire individuelle traumatique, la mémoire d'un passé historique douloureux, et un présent tout aussi violent et désespérant. Vision d'un noir absolu de cet héritage de la violence qui s'intitule ironiquement et tristement "My Joy". L'affiche rappelle bien que tout cela est le fantasme d'un homme mourant. Le tout superbement photographié par le chef op de "4 mois, 3 semaines, 2 jours" de Mungiu.
Dernière édition par Marko le Mer 17 Nov 2010 - 19:49, édité 1 fois
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Mer 17 Nov 2010 - 19:30
Hé, hé super. J'avais écrit une dernière phrase volontairement provocatrice et Marko m'a offert sa vision des choses avec son enthousiasme et sa clarté habituels. Merci beaucoup pour cette analyse étrange et pénétrante (c'est sincère, pas ironique). A ma décharge (ce qui nous ramène peu ou prou au début du film), je signale que j'ai vu My Joy à La Rochelle, à 22 heures, cet été, et que ce devait être le quatrième de la journée. Marko, plus que le propos, je retiens l'extraordinaire puissance que dégage la mise en scène de ce cinéaste qui a pas mal de documentaires à son actif. Et même s'il parle de la Russie, il faut bien répéter qu'il est ukrainien, né en Biélorussie, d'ailleurs. Quand on connait un peu la région, c'est très important à souligner. Il a son propre site, avec des parties en anglais et en allemand. http://www.loznitsa.com/
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: message Mer 17 Nov 2010 - 19:45
traversay a écrit:
Marko, plus que le propos, je retiens l'extraordinaire puissance que dégage la mise en scène de ce cinéaste qui a pas mal de documentaires à son actif. Et même s'il parle de la Russie, il faut bien répéter qu'il est ukrainien, né en Biélorussie, d'ailleurs. Quand on connait un peu la région, c'est très important à souligner.
La mise en scène est effectivement très puissante et mise au service d'un propos tout aussi fort. Les cinéastes russes n'en finissent pas d'être hantés par Dostoïevski et Tarkovski mais ils arrivent à trouver un ton très personnel et moderne. Le cinéma a de beaux jours devant lui
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Sam 2 Fév 2013 - 23:00
Dans la brume
Prix de la critique internationale, Cannes 2012
Citation :
Une forêt. Deux résistants. Un homme à abattre, accusé à tort de collaboration. Comment faire un choix moral dans des circonstances où la morale n’existe plus ? Durant la Seconde Guerre mondiale, personne n’est innocent.
Film austère, hiératique et lent d'une grande beauté plastique et dont la dernière séquence qui donne son titre au film est l'une des plus magiques de l'histoire du cinéma à mon sens.
Le travail incroyable sur la texture des visages, la nature, la bande son, la photographie et le jeu très intériorisé des acteurs en font une oeuvre d'art presque abstraite, en apesanteur, bien qu'elle nous propose un récit très cohérent adapté du roman d'un certain Vassil Bykov. La narration est bien plus simple et directe que dans My Joy qui avait un peu la structure d'un cauchemar lynchien. Ici on est plutôt dans un requiem, une élégie, un voyage sans retour vers les brumes de la mort. C'est d'une mélancolie profonde qui transparait à travers des regards d'une bouleversante intensité et une sorte de chemin de croix dont il faut accepter la lenteur pour mieux se laisser pénétrer par la sublime dématérialisation de la fin.
Le roman de Bykov est une sorte de témoignage sur la violence morale de la guerre et la manière dont elle contamine les esprits. La mise en scène donne à voir cette porosité du bien et du mal et le tragique presque silencieux d'une humanité qui se perd.
Allez y en étant très reposé mais c'est un voyage à ne pas manquer.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Dim 3 Fév 2013 - 14:58
Bande annonce de Dans la brume:
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Dim 3 Fév 2013 - 15:09
Marko a écrit:
la dernière séquence qui donne son titre au film est l'une des plus magiques de l'histoire du cinéma à mon sens.
Tu mets la barre très haut, là !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Dim 3 Fév 2013 - 15:17
eXPie a écrit:
Marko a écrit:
la dernière séquence qui donne son titre au film est l'une des plus magiques de l'histoire du cinéma à mon sens.
Tu mets la barre très haut, là !
Oui. C'est une scène toute simple mais qui a un énorme impact. Enfin pour moi en tout cas. Le travail photographique est très beau tout en restant sobre. Loznitsa vient du documentaire et j'aime la façon dont il montre ses personnages, leurs visages, et la place de leurs corps dans la nature. Il ne se passe pas grand chose mais il arrive à créer une alchimie sonore et visuelle qui culmine dans ce final qui rejoint celui de My Joy où la route aboutissait vers le néant. Mais je m'attends à des commentaires de parfumés assommés d'ennui...
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Dim 17 Fév 2013 - 5:44
Marko a écrit:
Dans la brume
Prix de la critique internationale, Cannes 2012
Citation :
Une forêt. Deux résistants. Un homme à abattre, accusé à tort de collaboration. Comment faire un choix moral dans des circonstances où la morale n’existe plus ? Durant la Seconde Guerre mondiale, personne n’est innocent.
Film austère, hiératique et lent d'une grande beauté plastique et dont la dernière séquence qui donne son titre au film est l'une des plus magiques de l'histoire du cinéma à mon sens.
Le travail incroyable sur la texture des visages, la nature, la bande son, la photographie et le jeu très intériorisé des acteurs en font une oeuvre d'art presque abstraite, en apesanteur, bien qu'elle nous propose un récit très cohérent adapté du roman d'un certain Vassil Bykov. La narration est bien plus simple et directe que dans My Joy qui avait un peu la structure d'un cauchemar lynchien. Ici on est plutôt dans un requiem, une élégie, un voyage sans retour vers les brumes de la mort. C'est d'une mélancolie profonde qui transparait à travers des regards d'une bouleversante intensité et une sorte de chemin de croix dont il faut accepter la lenteur pour mieux se laisser pénétrer par la sublime dématérialisation de la fin.
Le roman de Bykov est une sorte de témoignage sur la violence morale de la guerre et la manière dont elle contamine les esprits. La mise en scène donne à voir cette porosité du bien et du mal et le tragique presque silencieux d'une humanité qui se perd.
Allez y en étant très reposé mais c'est un voyage à ne pas manquer.
My Joy contenait mieux que des promesses quant au supposé talent de Sergei Loznitsa. Davantage en termes de mise en scène, puissante et viscérale, que de maîtrise du scénario, singulièrement opaque. Dans la brume se situe plusieurs crans au-dessus, confirmant, quel euphémisme, que l'on affaire à un très grand cinéaste, exigeant certes, mais dont les qualités de réalisateur sont difficilement contestables. Après une ouverture d'anthologie (admirez la profondeur de champ !), le film suit pendant plus de deux heures trois hommes qui s'enfoncent peu à peu dans les vastes forêts de Biélorussie, alors que la région est contrôlée par les troupes allemandes, durant la seconde guerre mondiale. C'est à une fresque intime, en forme de chant funèbre, que nous convie Loznitsa, d'une ampleur intérieure inouïe, la violence restant hors champ. La lenteur étudiée du récit envoûte et dévaste peu à peu. Les flashbacks, consacrés à chacun des protagonistes, participent à l'entreprise de manière subtile éclairant le propos et le renforçant. De voir ce que réussit à faire Loznitsa, sans ostentation esthétique, en évoquant de manière métaphysique la victoire de l'ombre de la mort sur la lumière de la vie, est simplement prodigieux.
PS : J'ai vu le film au premier rang. Vu que personne ne pouvait m'apercevoir, j'ai ensuite glissé sur la moquette où j'ai pu m'allonger, les yeux rivés sur le grand écran. Une expérience !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Dim 17 Fév 2013 - 10:45
J'imagine l'expérience Sacré Traversay !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sergei Loznitsa Jeu 10 Juil 2014 - 1:13
Alors que My Joy, diffusé en ce moment sur Arte, reste indisponible en DVD avec les sous titres français... Le nouveau projet du réalisateur est annoncé (après son documentaire sur les événements ukrainiens filmés en direct de façon documentaire). Il s'agit d'un film sur le Massacre de Babi Yar.
Citation :
Babi Yar de Sergeï Loznitsa
Scénario de Sergeï Loznitsa
Documentariste et cinéaste reconnu, notamment pour ses deux premiers longs métrages de fiction présentés en sélection officielle au Festival de Cannes (My Joy et Dans la brume), Sergeï Loznitsa (photo en tête de texte) entreprend le projet monumental de reconstituer la tragédie longtemps occultée et survenue en Ukraine les 29 et 30 septembre 1941, quand 33 771 juifs de Kiev furent fusillés dans le ravin de Babi Yar, livrés aux Allemands par les habitants de la ville. S’attachant plus aux causes qu’aux conséquences, le réalisateur souhaite montrer avec une ambition formelle et historique sans précédent l’enchaînement des événements qui ont amené les nombreuses parties en présence à prendre de telles décisions.
« Comme il n’y aura pas dans le film de « personnage principal » dans l’acceptation classique de ce terme, c’est la foule qui fera office de héros dans de nombreuses scènes. Je veux montrer cette masse en mouvement et quand elle vit des moments d’intenses émotions : l’attente, la peur, la panique, la liesse, la fureur. Dans certaines scènes, dans la multitude des visages qu’offre la foule, apparaîtra toujours le même Personnage, avec le visage de la mort… » (Sergeï Loznitsa)