La fiancée du pirate (1969)
Dans un bled paumé et boueux, Marie fait la bonniche dans une ferme, elle nourrit le vieillard et se fait courir après (et plus si pas le choix) par l'homme à tout faire. Elle vit dans une cabane de fortune dans les bois avec sa mère et un bouc noir.
Sa mère décède renversée par une voiture. Arrivées pendant la guerre ni l'une ni l'autre n'ont de papiers ou d'argent. Tous les hommes du village lui courent après, sa patronne aussi. Alors Marie use de son pouvoir à elle, l'impossibilité de lui résister, pour faire enterrer sa mère comme elle peut, puis pour se venger.
Elle en vient donc à se prostituer et c'est à travers les rapports de force de la petite communauté que se déroule la tragi-comédie campagnarde acide.
Entre le burlesque pieds dans le plat et gravité de ce personnage toujours insaisissable, farouchement indépendant, le film prend très bien. La charge violente contre le mélange de machisme, vertu et intérêts, contre une hypocrisie féroce est assez grosse certes mais prend elle aussi très bien puisque secondée un peu plus discrètement par l'étalage de ce qu'on peut dire planquer derrière. L'autre grand rapport de force mis à mal est en effet économique et de consommation. Le succès et le désintérêt matériel de Marie ajoute à la rage locale (rage violente elle aussi d'ailleurs).
Un film plus intéressant et plus attachant qu'il n'y parait avec ses atours rustiques et son atmosphère parfois approximative. Grande prestation de Bernadette Lafont, galerie de paumés, faibles et tristement humains, réussie, un coup de pouce d'un Michel Constantin égal à lui-même et Barbara en fond musical.
A voir. Au moins pour le quota d'infinie tristesse de tous ces rapports de force et ce personnage qui ne se livre pas.
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