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| Sylvie Germain | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Mar 8 Juil 2008 - 20:16 | |
| - kenavo a écrit:
- coline a écrit:
- Un extrait qui n'est pas le reflet de tout le livre...mais qui me touche profondément par sa justesse...
J'ai adoré aussi La pleurante des rues de Prague... Plus onirique que Jours de colère... Merci pour cet extrait.. du moment que tu parlais de lire Sylvie Germain, j'ai lu ce fil.. et je me suis noté ce titre parce que je trouvais qu'il me conviendrait le mieux pour commencer à découvrir l'univers de cette auteure. Encore plus si tu as des images de Prague et de son histoire dans la tête... Pour ceux qui ne connaitraient pas du tout Sylvie Germain, le roman Jours de colère a plus d'action que La pleurante des rues de Prague (Quel titre magnifique!)... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Mar 8 Juil 2008 - 20:18 | |
| - coline a écrit:
- La pleurante des rues de Prague (Quel titre magnifique!)...
une des raisons pourquoi je l'ai choisi.. et j'ai vu qu'il est issu de la collection L'un et l'autre que j'adore | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 17 Juil 2008 - 0:24 | |
| L'enfant Méduse
Le récit commence par la description extraordinairement poétique d’une éclipse. Ce chapitre est intitulé Première enluminure. En voici un extrait:
« La lune a englouti le corps du soleil. Un bref moment les deux astres s’épousent en une étreinte de ténèbres et de feu. Le corps inerte, cendreux de l’un, s’étend sur le corps vif, ardent de l’autre. La lumière s’échevelle autour de la pénombre, elle auréole d’un nimbe rose et argenté le globe aux roches crevassées, troué de mers mortes et laqué de poussière. Et les étoiles s’allument partout alentour. Les étoiles scintillent, myriades d’yeux immémoriaux qui posent sur le couple enlacé, sur le couple en lutte, en jouissance, en fusion, leur froid regard d’or. Ce n’est pas le jour, ce n’est pas la nuit. C’est un temps tout autre, c’est un frêle point de tangence entre les minutes et l’éternité, entre l’émerveillement et l’effroi. »
Deux enfants se tiennent par la main et assistent au phénomène, émerveillés. La petite fille, qui a huit ans s’appelle Lucie Daubigné. Le petit garçon est un peu plus grand qu’elle, c’est Louis-Félix. Lou-Fé, comme elle l’appelle.
"La lune s’en est allée, mais les ténèbres argentées dont elle a enveloppé la terre durant quelques minutes continuent à éblouir les yeux de ces deux enfants-là ; elles ondoient sous leurs paupières, frémissent dessous leur peau, et tournoient dans leur cœur. Ils ont les yeux en fête, ils ont le coeur en joie. Le monde encore leur est enchantement."
Oui… « Le monde encore leur est enchantement." Lisant ces mots l’on comprend que cela ne va pas durer…
Lou-Fé est fasciné par les astres et en parle à Lucie avec un «lyrisme astrolâtre». Il rêve «de devenir chevalier, de partir à la conquête de terres inconnues [...] Son Graal se cache tout là-haut, au plus profond du ciel, à l’autre bout du temps. Son Saint-Graal porte un drôle de nom; il s’appelle Big Bang»
Lucie est « toujours enjouée. Si quelque chose est remarquable en elle, ce sont ses yeux, immenses et noirs. Des yeux au regard droit, et brillants de gaieté. » Cette note sur le regard de la fillette est importante dans la suite du récit.
Lucie et Lou-Fé s’aiment, « comme des jumeaux ». Bientôt ils seront séparés car Lou-Fé doit aller au collège et être pensionnaire. Mais dans la nouvelle chambre qu’on aménage à Lucie dans sa grande maison familiale, elle fera installer un divan pour inviter Lou-Fé.
La mère de Lucie ne se montre pas très affectueuse avec la petite. Toute son adoration va à son fils Ferdinand, le grand frère, beaucoup plus âgé, né d’un premier mariage. Le père de Ferdinand , le grand amour de la mère, est mort tout jeune à la guerre. Ferdinand est blond et beau, comme un ange aux yeux bleus : « Mon fils allie le bleu lunaire et la clarté solaire » se met à déclamer sa mère à ses moments d’emphase. ». "Et si l’on se risquait à lui demander en quoi résidait au juste le talent artistique de Ferdinand qui avait échoué dans ses études, n’écrivait nul poème, ne chantait ni ne jouait d’un instrument, et ne peignait ou ne sculptait pas davantage, elle répondait, évasive et hautaine : « C’est un rêveur. Un grand rêveur ! Sous ses dehors puissants il cache un cœur subtil. Il y a en lui quelque chose de céleste… » Mais cette subtilité échappait à tous, et si les femmes continuaient par faiblesse à l’appeler « le beau Ferdinand », les hommes eux ne se privaient pas de l’appeler « le grand Fainéant".
La mère prend peu de soin de son deuxième mari, le père de Lucie, un homme âgé, bon et silencieux qui passe son temps enfermé à communiquer avec le monde par radio-amateur. Lui qui ne dit jamais rien « converse des heures entières avec d’invisibles interlocuteurs dans une langue étrangère ».
Le domaine de Lucie et Lou-Fé ce sont les marais, les champs et les forêts alentour… A la fin de l’été, retentit très souvent une mélodie que quelqu’un joue à la flûte. « Le vent porte cet air le long des rues du bourg, à travers les jardins…C’est un enfant qui joue, ses doigts sont encore maladroits, son souffle un peu tremblant. Mais l joue longuement, sa patience est immense. ». Lucie et Lou-Fé savent qui est « la petite flûtiste ». C’est Pauline Limbourg. Sa petite sœur, Anne-Lise, une enfant de neuf ans, a «été retrouvée, étranglée, gisant dans un fossé. Pauline « n’a pas de mots pour exprimer sa douleur, pour appeler Anne-Lise . Il lui reste sa flûte. Elle ne peut plus s’arrêter de jouer. Et dans le bourg tout le monde tend l’oreille.[…] C’est comme si cet air, à force de tristesse, s’était déposé au creux des oreilles des gens, discrètement, et tintait à leurs tempes avec un bruit de larmes. »
Dans un village tout près il y a aussi la petite Irène qui s’est pendue après avoir été violée. Dans l’esprit de Lucie, c’est un ogre qui rôde… Et lorsque l’ogre va franchir sa fenêtre, jour après jour, des années durant sans qu’elle puisse rien dire, ce sera pour l’adorable enfant une descente aux enfers.
« Elle attend comme attendent les proies qui ne peuvent s’enfuir, pétrifiées dans leur fatale faiblesse. Depuis longtemps, depuis bien trop longtemps pour son âge, elle vit raidie dans un secret plein de dégoût et de honte, et surtout de terreur. A l’aune de l’enfance, le temps de la détresse est sans limites et sans mesures. »
Il me faudrait des pages pour parler de ce roman et de toutes ses richesses, de toute sa splendeur en dépit du sujet. Je choisis de ne rien dévoiler de tout ce qui va suivre et du combat que Lucie seule, «bâtée d’un secret trop lourd et ténébreux pour elle» mènera contre l’ogre. J’ai pris plutôt le parti de citer de nombreux extraits pour vous donner à goûter cette langue magnifique de Sylvie Germain. J’espère que vous prendrez le temps de les lire…
L’histoire est une fois de plus inspirée par les mythes…De Méduse, Lucie n’a que le regard, elle est plutôt Eurydice, bien que le mythe ait été revisité par Sylvie Germain.…
On y trouve aussi l’Ogre et le crapaud des contes…
Ce récit poétique est structuré par de véritables tableaux. La lumière y tient une importance énorme, à différents moments du jour, au fil des saisons. Et la nature, les bêtes, les astres accompagne la détresse de l’ enfant. C'est tout simplement magnifique! Comment pourrais-je vous convaincre de ne pas passer à côté de cette auteure extraordinaire dont l'univers ne se compare à nul autre ?...
Dernière édition par coline le Ven 1 Aoû 2008 - 13:17, édité 1 fois | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 24 Juil 2008 - 12:23 | |
| - kenavo a écrit:
- coline a écrit:
- La pleurante des rues de Prague (Quel titre magnifique!)...
une des raisons pourquoi je l'ai choisi.. et j'ai vu qu'il est issu de la collection L'un et l'autre que j'adore Cela n'a pas manqué côté charme du titre.. non plus à l'action.. et surtout pas au talent de l'auteure.. mais je sors de ce livre et dois réaliser que c'était le bon livre au mauvais moment. On ne devrait pas se forcer à lire si l'envie n'y est pas, ou si on ne ressent pas le plaisir de découvrir à partir de la deuxième page... Donc.. lecture faite - mais certainement à refaire lors d'une phase plus réceptive pour ce livre qui mérite une découverte plus intense!! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 24 Juil 2008 - 12:30 | |
| Dommage! Je crois que tu aurais plus accroché à Jours de colère ou à L'enfant Méduse... Si vous commencez avec Sylvie Germain, n'attaquez pas avec La pleurante des rues de Prague (que je trouve cependant magnifique!) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 24 Juil 2008 - 12:42 | |
| - coline a écrit:
Je crois que tu aurais plus accroché à Jours de colère ou à L'enfant Méduse... je vais certainement lire encore un autre livre de Sylvie Germain.. - coline a écrit:
- Si vous commencez avec Sylvie Germain, n'attaquez pas avec La pleurante des rues de Prague (que je trouve cependant magnifique!)
je peux confirmer qu'il est magnifique.. seulement pour moi le moment était mal choisi - donc, rien à dire contre ce livre.. que je vais d'ailleurs sûrement lire une deuxième fois | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Jeu 31 Juil 2008 - 23:58 | |
| Au cas où vous auriez envie de découvrir Sylvie Germain qui montre le bout de son nez au portail, voici mon classement parmi ceux que je connais (à peu près tous commentés sur ce fil):
1) Jours de colère (Gallimard, 1989), prix Femina 1989 2) L'Enfant Méduse (Gallimard, 1992) 3) Chanson des mal-aimants (Gallimard, 2002) 4) La Pleurante des rues de Prague (Gallimard, 1991) 5) Magnus (Albin Michel, 2005) Prix Goncourt des lycéens 2005. 6) Tobie des marais (Gallimard, 1998) 7) Etty Hillesum (Pygmalion Gérard Watelet, 1999)
Je compte lire (si j'en ai le temps): - Le Livre des nuits (Gallimard, 1984) - L'inaperçu ( sortie fin août) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Ven 29 Aoû 2008 - 22:56 | |
| Tobie des maraisCe fil commence avec la présentation de Coline concernant ce livre, et par après il y a encore le beau commentaire de Lou qui nous parle de cette lecture. Je ne fais pas exception – ce livre ne laisse pas indifférent – et surtout cette lecture est tout à fait beau (et c’est faible concernant l’écriture de Sylvie Germain – mais je ne veux pas tomber dans le piège de l’encensement, donc…) S’il y aurait un prix pour le meilleur début d’un livre – il devrait revenir à Tobie des marais ! Les premières pages sont si « terribles » que je ne savais pas si je devrais continuer. Mais d’un autre côté, c’est écrit avec une telle force, on ne peut même plus délaisser parce qu’on veut savoir ce qui c’est produit.. et en plus – savoir comment cette famille va s’en sortir d’un tel malheur (plutôt horreur) À partir de ce moment les mauvais moments ne sont pas terminés, bien au contraire, mais Sylvie Germain arrive à créer un monde avec ces mots – on ne veut plus s’en sortir. Parfois je me demande où les auteurs vont trouver leurs idées pour nous émerveiller. Ici la combinaison histoire-écriture résulte dans un moment de lecture les plus beaux que j’ai pu avoir ! Une des nombreuses citations que j'aurai voulu vous copier Les mots, c’est dans les livres que le fils les a trouvés, les a volés, conquis. Et ce furent bien plus que des mots d’encre sur des feuilles de papier : des algues ondulant dans l’eau et le feu, des fouets de bronze, des crachats et des glaires irisés comme des cristaux de quartz, des éclats de silex extirpés de la terre, des fragments d’étoiles enfouis dans la glaise bleutée, de la poussière montée d’espaces lointains aux beaux noms de désert, steppe, pampa et Voie lactée, et aussi envolée de rues et de cours au fond de faubourgs crasseux. Des mots-matière que l’enfant faisait tinter contre son oreille, contre son cœur, puis qu’il jeta du haut des arbres pour que le vent les emporte, les fasse tourner ainsi que des éoliennes aux pales affûtées dans le silence assourdissant le séparant des morts, afin de déchirer ce silence. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Ven 29 Aoû 2008 - 23:11 | |
| Quel beau commentaire!... Je suis heureuse que finalement vous ayez eu, Aériale et toi, du bonheur à lire cette auteure... Quel plaisir de partager ce qu'on aime !... Tout discrètement Sylvie Germain occupe une place (qui à mon avis devrait être plus importante encore ) dans le paysage littéraire français actuel... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Ven 29 Aoû 2008 - 23:26 | |
| - coline a écrit:
Quel plaisir de partager ce qu'on aime !... - coline a écrit:
- Tout discrètement Sylvie Germain occupe une place (qui à mon avis devrait être plus importante encore ) dans le paysage littéraire français actuel...
j'ai beaucoup lu ces derniers jours les journaux et sites internet qui se consacrent à la Rentrée.. et il y avait presque partout le nom de Sylvie Germain.. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Ven 29 Aoû 2008 - 23:39 | |
| - kenavo a écrit:
- j'ai beaucoup lu ces derniers jours les journaux et sites internet qui se consacrent à la Rentrée.. et il y avait presque partout le nom de Sylvie Germain..
Oui...beaucoup plus que d'habitude...J'aurai son dernier roman dimanche... L'inaperçu...Je vais me jeter dessus... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Sam 30 Aoû 2008 - 9:05 | |
| Merci pour ton beau commentaire Kenavo qui donne très envie. J'adhère totalement quand tu dis cela à son propos - kenavo a écrit:
- Parfois je me demande où les auteurs vont trouver leurs idées pour nous émerveiller. Ici la combinaison histoire-écriture résulte dans un moment de lecture les plus beaux que j’ai pu avoir !
C'est ce que j'ai ressenti sur Jours de colère - coline a écrit:
- Tout discrètement Sylvie Germain occupe une place (qui à mon avis devrait être plus importante encore ) dans le paysage littéraire français actuel
Et elle le mérite amplement! Une auteure à re-découvrir ...vraiment! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvie Germain Sam 30 Aoû 2008 - 15:05 | |
| - aériale a écrit:
-
- kenavo a écrit:
- Parfois je me demande où les auteurs vont trouver leurs idées pour nous émerveiller. Ici la combinaison histoire-écriture résulte dans un moment de lecture les plus beaux que j’ai pu avoir !
C'est ce que j'ai ressenti sur Jours de colère
Je rêve sur la critique de L'inaperçu dans Télérama mais je n'en lis qu'une ligne sur deux de peur d'être déçue à la lecture... ICI | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Sam 30 Aoû 2008 - 15:24 | |
| Et moi j'ai retenu ceci - Citation :
"Ca pourrait n'être qu'une énième - mais passionnante, mais haute en coups de théâtre - saga de provinciale famille française de 1945 à aujourd'hui ; sauf que s'y mêle une fois encore la magie « Germain ». Cet art d'ensorcelante conteuse habile à conduire son intrigue en rusé Petit Poucet, caillou après caillou, et à y mêler, en prêtresse inspirée, sa pincée de doutes, de métaphysique, de fantastique, de folie. Sylvie Germain n'aime pas le mot « mystique » - «si souvent galvaudé », écrit-elle dans L'Inaperçu. Pourtant, chacun de ses romans reste tissé du mystère de l'absolu comme du néant, du plein et du vide, de l'éternité et de l'instant, hanté d'une soif inextinguible"
C'est le mot, elle ensorcèle ... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Sylvie Germain Dim 31 Aoû 2008 - 16:47 | |
| Jours de colère-Je vais avoir du mal à commenter ce roman magnifique tant l'on se sent bien humble après ce flamboiement de mots! Une prose qui laisse pantois, à la fois poétique, passionnée et sensuelle, inventive au point qu'il est presque impossible de vous la résumer. Et d'ailleurs elle en perdrait tout son charme. Si vous rentrez dans l'univers de Sylvie Germain, abandonnez vous simplement à ce plaisir fait de magnificence des mots, d'envoûtement et de métaphores. Un univers où les rêves sont "nos yeux de la nuit" et où le désir peut se porter sur "une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles".. Jours de colère parle aussi d'un monde de rudesse à l'image de ces bouviers, un monde tragique et onirique où les sentiments sont exacerbés et l'amour et la haine se rejoignent. Colère, passion, jalousie et désespoir, tout se mélange... Un élan de folie qui dévaste et où il n'y a pas de vainqueur. Ici tout est excés. L'auteure ne craint pas le paroxysme qui parfois même effraie, mais la violence de l'histoire est servie par une langue si délicate et sublime qu'elle nous tient prisonnier. J'ai été comme ensorcelée! Un extrait pour vous faire entrevoir le style Germain: pioché au hasard mais j'aurais voulu recopier le livre entier - Citation :
Elle marchait tout droit vers le champ de paix où reposait sa bien-aimée, sa miraculeuse fille, un bouquet de fleurs des champs à la main. Tout le long du chemin elle marmonnait les mots de litanie de la Vierge. Des mots aussi polis par ses lèvres que le grain de son chapelet, par ses doigts. Des mots qui étaient devenus sa salive, des grains de buis qui brillaient comme des ongles. Sa douleur avait la luminosité d'un arc en ciel avant la pluie. Sa douleur avait l'odeur des champs, des prés, des vergers, de la brise, la clarté de l'eau des fontaines. Sa foi avait lavé sa douleur, ses larmes scintillaient au creux de son âme. Et puis encore merci à Coline sans qui je serai restée sur une impression mitigée suite à ma lecture de Magnus. D'ailleurs je recite ses mots qui résument l'ensemble - Citation :
Dans ses récits passionnants, elle mêle constamment l’imaginaire et le mysticisme à la réalité la plus concrète de la nature et de la chair et des sens de l’homme. D'où ces histoires, mi-concrètes, mi-sacrées, ces contes envoûtants d’une violence et d’une beauté inouïes à dimension métaphysique mais d’une grande sensualité.
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| Sujet: Re: Sylvie Germain | |
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| | | | Sylvie Germain | |
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