Jhaverchand Meghani est né en 1896 à Chotila, Srendranagar dans le Gujarât (Nord-ouest de l'Inde). Voyageant au gré des déplacements de son père policier, il apprend les langues avec une facilité désarmante, ce qui lui permet d'avoir un accès privilégié aux littératures de son pays. Il fait en 1916 sa licence en Anglais et Sanskrit mais, après une courte période comme professeur, il change de cap et travaille pendant quelques années dans une usine d'alumium à Colcatta. Il passa en 1919 quelques mois en Angleterre mais retourne au pays et commence à se consacrer entièrmenet au travail littéraire, contribuant à des journaux divers. Ce faisant il tourne son attention spécialement vers les trésors de folklore et de chants de son pays. Il va écrire plus que 100 livres, traduire aussi Tagore dans sa langue maternelle.
Après la mort de sa première femme il va épouser une veuve, pas assez courageux à l'époque. Neuf enfants sortent de ces liens.
En 1930 il publie des textes qui seront jugés subversifs et se montre solidaire avec Gandhi qu'il va jamais rencontrer personnellement mais qui va le désigner « poète national ». Condamné à deux ans de prison, il sera libéré après sept mois.
Juste avant l'indépendence de son pays il meurt en 1947.
Fiançailles Original : Vevishal (Gujarati, 1938)
Introduction, Traduction, Notes biographiques, Notes: Moïz Rasiwala
CONTENU :Sukhlal et Sushila ont été promis l'un à l'autre par leurs pères respectifs dès leur plus jeune âge. Mais le temps a passé : la famille de Sushila fait aujourd'hui du commerce à Bombay, s'est enrichie et se demande comment rompre cet engagement et se débarrasser du fiancé devenu indigne ! Sukhlal cependant, comme il avait été convenu, arrive à Bombay pour entrer dans l'affaire de sa future belle-famille. Celle-ci le tue au travail, il résiste; le ridiculise, il résiste; le renvoie chez lui en fiançant la ravissante Sushila à un épouvantable intriguant, et là c'est elle qui résiste ! Sukhlal et Sushila s'aiment, tout simplement. Et comme chacun sait, l'amour finit toujours par triompher, surtout dans les romans... Aussi, quand le romancier demande à Sushila pourquoi elle adore son Sukhlal, elle rétorque: " Est-ce que je ne suis pas libre d'aimer quelqu'un sans avoir à justifier mon choix ? Des raisons ! Donner des raisons pour tout ! En plus, vous allez les raconter à tout le monde, n'est-ce pas ? " (Source : Présentation de l'éditeur)
REMARQUES :Ce roman en 37 chapitres sur un peu moins que 300 pages trouve son enracinement de fond dans le Sorath dans le Gujarat (Nord-Ouest de l'Inde). L'appartenance des deux familles commerçants protagonistes à une certaine caste, au Jaïnisme comme religion (voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ja%C3%AFnisme ), et au us et coûtumes de leur temps, déterminent le cadre incontournable de l'histoire. Si on n'est pas capable ou partant pour entrer dans cet « autre » univers, on jugera rapidemment avec nos idées si avancées et peut-être même une attitude de commisération, un sourire, ces femmes et hommes. Mais éventuellement, ce faisant, on ne fait pas seulement tort aux personnages du roman, mais on se prive aussi d'une lecture enrichissante et parfois même drôle.
Il était une fois...l'histoire de deux familles qui avaient promis leurs enfants à bas âge l'un à l'autre. Mais le destin faisaient se développer différemment ces familles. Celle de la fiancée, maintenant d'une vingtaine d'années, s'est enrichie peu à peu et a deménagé vers Bombay. Par contre Sukhlal et les siens restaient au village, avec une mère clouée au lit, trois autres enfants en bas âge. Le père, pratiquant convaincant du Jaïnisme, se montre affectueux et attentif aux besoin et de sa femme et de ses enfants. Le garçon ainé, lui, doit partir pour Bombay pour entrer dans le commerce de la famille de sa belle-famille. Mais celle-ci,au moins en ce qui concerne le chef du clan, l'oncle , mais aussi la mère de Sushila, aimeraient rompre les fiançailles avec un garçon devenu avec les années « pas assez convénable » pour leur fille « si douée ». Ils commencent à penser à un jeune arriviste, Vijaychandra. Et rendent la vie de Sukhlal impossible, le tuent au travail, l'humilie. Quand le père de celui-ci arrive, il ne voit pas d'issue honorable sauf que d'entrer dans les propositions du beau-père de son fils.
Mais quand les obstacles au niveau des parents se dressent, les deux concernés – qui pourtant se sont pratiquemment à peine vus – et après quelques hésitations, commencent à resister à leur façon et à lutter dans le cadre du possible l'un pour l'autre. Des deux cotés ils vont trouver des fidèles aides auprès des gens proches. Ils ne vont peut-être pas devenir des rebelles pur et durs, mais ils commencent à s'affirmer, à apprendre à extérioriser leurs volontés contre celle de l'autorité familiale. Et, au lieu de voir ici juste un roman rose simple, on pourrait très bien se demander s'il n'y a pas ici une critique plus ou moins cachée de la societé, mais aussi une invitation à resister, de manifester « humblement », mais résolumment sa détermination. Et on pensera peut-être au contexte politico-sociétale du mouvement non-violent pour l'indépendence en Inde, déjà dans ces années 30, cadre probable du roman.
Face à l'oncle riche de la fiancée et la mère de la fiancée d'un coté, et les figures plus pauvres, mais tant dignes du père de Sukhlal ou de la tante de Sushila, on peut aussi se demander sur le rôle lamentable des uns et celui plus lumineux des autres. Qui sont alors les vrais riches, les vrais pauvres ?
Qui entrera avec un certain respect et acceptance du cadre du roman dans cette lecture, peut y trouver un bon mélange de réalisme, de descriptions des us et coutumes d'une époque, d'une religion, d'un pays avec une dose d'humour certain !
Détails sur le produit
Broché: 272 pages
Editeur : Editions de l'Aube (18 mai 2004)
Collection : Regards croisés
Langue : Français
ISBN-10: 2876789663
ISBN-13: 978-2876789661