Wadjda [Haifaa Al-Mansour]

Wadjda de Haifaa Al-Mansour

Citation :

Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles.

La curiosité. Au départ, l'annonce d'un film saoudien, le tout premier de l'histoire, qui plus est réalisée par une femme, ne peut qu'exciter cette envie de découverte qui caractérise l'homo cinephilus. On est prêt à excuser les éventuelles maladresses de scénario et la mise en scène approximative. Eh bien, nulle peine de céder à une quelconque indulgence, Wadjda est un très beau film, l'égal de certaines productions iraniennes, dont le récit, faussement simple et très subtil, nous plonge à l'intérieur de la société saoudienne et plus particulièrement du côté des femmes. A travers le quotidien de Wadjda, 12 ans, Haifaa Al-Mansour, qui a déjà mis en scène 3 courts-métrages et un documentaire, trace le portrait d'une jeune saoudienne d'aujourd'hui, vive, espiègle et rebelle, qui écoute du rock et rêve d'un vélo, comme un symbole d'émancipation. Ses relations avec sa mère, en passe d'être répudiée, ses difficultés à se conformer aux règles strictes de l'école et de la religion, sont montrées avec une sobriété exemplaire, dans une veine qu'on qualifiait autrefois de néo-réaliste. Le film est lumineux, élégant et ne cache rien de la réalité de la condition féminine dans le Royaume sans pour autant chausser de gros sabots. Les dernières images et le sourire de Wadjda représentent un espoir. Aussi ténu soit-il, il existe.

traversay a écrit:

Les dernières images et le sourire de Wadjda représentent un espoir. Aussi ténu soit-il, il existe.

Oui, eh bien il y a encore du boulot :

Citation :

Arabie Saoudite : tollé mondial autour de Lama, petite fille martyre
Décédée après 10 mois de soins intensifs, le 22 octobre à l'âge de 5 ans, Lama a été violée, torturée et brûlée par son père, un célèbre prédicateur musulman de la télévision saoudienne. Libéré après seulement quatre mois de prison, Fayhan al Ghamdi a été absout d'une simple amende de 200 000 rials (environ 40 000 euros). Mais il aurait payé le double si son enfant avait été un garçon.

(suite ici).

Je suis curieux de savoir si ce film est vraiment diffusé en Arabie Saoudite...

traversay a écrit:

Wadjda de Haifaa Al-Mansour

Citation :

Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles.

La curiosité. Au départ, l'annonce d'un film saoudien, le tout premier de l'histoire, qui plus est réalisée par une femme, ne peut qu'exciter cette envie de découverte qui caractérise l'homo cinephilus. On est prêt à excuser les éventuelles maladresses de scénario et la mise en scène approximative. Eh bien, nulle peine de céder à une quelconque indulgence, Wadjda est un très beau film, l'égal de certaines productions iraniennes, dont le récit, faussement simple et très subtil, nous plonge à l'intérieur de la société saoudienne et plus particulièrement du côté des femmes. A travers le quotidien de Wadjda, 12 ans, Haifaa Al-Mansour, qui a déjà mis en scène 3 courts-métrages et un documentaire, trace le portrait d'une jeune saoudienne d'aujourd'hui, vive, espiègle et rebelle, qui écoute du rock et rêve d'un vélo, comme un symbole d'émancipation. Ses relations avec sa mère, en passe d'être répudiée, ses difficultés à se conformer aux règles strictes de l'école et de la religion, sont montrées avec une sobriété exemplaire, dans une veine qu'on qualifiait autrefois de néo-réaliste. Le film est lumineux, élégant et ne cache rien de la réalité de la condition féminine dans le Royaume sans pour autant chausser de gros sabots. Les dernières images et le sourire de Wadjda représentent un espoir. Aussi ténu soit-il, il existe.

Rien à ajouter. Ce film est juste, touchant, parfois didactique mais avec subtilité. Cette gamine épatante fait chaud au coeur dans ce monde rigide aux codes stricts et archaïques. On découvre de multiples aspects de cette société avec beaucoup d'intérêt. La réalisatrice arrive à illuminer ce qui reste un constat amer et triste. Je suivrai son parcours de cinéaste avec attention.

"WADJDA" de Haifaa Al-Mansour

J'ai vu "Wadjda" dimanche dernier. Je pensais que c'était dû au nom entrevu dans un hebdo, mais le commentaire de traversay y est certainement pour quelque chose !

J'avais donc promis de citer la critique du "Canard Enchaîné", que j'ai trouvé sublime et adéquate (attention, même s'y on se doute de ce qui se passera très rapidement, pour ceux qui veulent vraiment ne rien connaître du film, à ne pas lire, tout y est dit, ou presque) :

Citation :

Une femme sur un vélo, c'est honteux du côté de Riyad, où habite Wadjda, 12 ans, qui porte des baskets et écoute du rock. "Première femme réalisatrice d'Arabie Saoudite", Haifaa Al-Mansour a été élevée dans une famille libérale, qui lui a payé très tôt une bicyclette. Elle filme, sans coller de messages sur la pellicule, sans caricature, sans faire la leçon, car "hommes et femmes sont dans le même bateau".
Son film détendu, tourné à Riyad avec toutes les autorisations officielles, est un bon témoignage sur l'Arabie Saoudite d'aujourd'hui, pays sans salles de cinéma, où les maîtresses font vite rentrer les écolières en classe parce que, sur des échafaudages voisins, des ouvriers forcément lubriques pourraient les apercevoir.
Par une astuce à sa façon, Wadjda s'inscrit à un concours de lecture coranique et remporte le chèque qui lui permettra d'acheter... un vélo. Sa mère est moins maligne. Délaissée par son mari, elle refuse de prendre un boulot à l'hôpital, qui lui permettrait d'être indépendante et de regarder plus loin que le bout de son voile. Les femmes complices de leur enfermement ? C'est un des mérites de ce film gracieux que de montrer les petits vélos dans les têtes et autres rétropédalages.

Frédéric Pagès, "Le canard enchaîné"

En fait, à relire, on se demande s'il a vu tout le film . Je pense que oui, mais il est plutôt "franc du collier" et j'aime bien le commentaire quand même.

Wadjda (Haifaa Al-Mansour)

J'ai aussi été touché par ce premier film saoudien qui représente bien davantage qu'une curiosité. La simplicité et la délicatesse du récit offrent des portraits doux-amers et contrastés....la rigidité d'une société est perçue sans surenchère, dévoilant une impasse à laquelle se heurte l'héroïne. La joie de vivre de l'enfance semble pourtant, dans sa sensibilité et son insouciance, capable de poursuivre ses rêves.
Wadjda ne construit pas d'illusions mais s'accroche à la beauté d'un quotidien. Si la mise en scène peut sembler discrète, Haifaa Al-Mansour réussit à nous faire partager ce moment de vie avec une personnalité de cinéaste prometteuse.

Oui, une bien jolie surprise.... qui m'a fait verser ma larme.
Sensible, mais pas cucul.
A voir.

Wadjda, film de Haifaa Al Mansour.

Foncez, foncez!!!
Je sors du cinéma et je n'ai qu'une envie, donner le souhait à d'autres d'aller voir cette réalisation plébiscitée au festival de Venise.

Un film tout en délicatesse, tout en finesse. Pudeur contenue, espièglerie, pas de jugement.
Ce film est pour moi une réussite. Il peut poser les bases d'un dialogue, les situations sont abordées avec intelligence, montrées comme elles le sont dans la vie. Le regard du cinéaste permet au spectateur de se faire son idée de la vie là-bas sans bourrage de crâne.

Et la fin, la fin ..... laisse la porte ouverte à l'espérance....

Cassiopée a écrit:

Wadjda, film de Haifaa Al Mansour.

Foncez, foncez!!!
Je sors du cinéma et je n'ai qu'une envie, donner le souhait à d'autres d'aller voir cette réalisation plébiscitée au festival de Venise.

Un film tout en délicatesse, tout en finesse. Pudeur contenue, espièglerie, pas de jugement.
Ce film est pour moi une réussite. Il peut poser les bases d'un dialogue, les situations sont abordées avec intelligence, montrées comme elles le sont dans la vie. Le regard du cinéaste permet au spectateur de se faire son idée de la vie là-bas sans bourrage de crâne.

Et la fin, la fin ..... laisse la porte ouverte à l'espérance....

2 mois sans aller au ciné...car dormi, lire ou aller au ciné, et se lever à 5h chaque matin...... il faut choisir, en ce moment......mais là , je vais trouver un moment pour y aller !!!

Wadjda

Ouais… c’était bien, mais… pas totalement emballée.
Le scénario, qui même s’il a des finesses, n’échappe pas aux clichés, loin de là. Le côté documentaire, très intéressant mais un peu catalogue.
On me dira, oui, mais c’est tourné par une saoudienne, c’est le premier film saoudien etc.. Alors, là, oui , c’est excellent. Mais si on place la barre plus haut, si on ne lui accorde pas cette indulgence paternaliste, il faut bien reconnaître une lourdeur qui s’insinue par moments (soulignée par l’absence de musique)…
En tout cas, c’est totalement terrifiant.

-Wadjda-

Je rejoins Topocl. Vu ce film alors que je manquais sûrement de sommeil, mais la lenteur de certaines scènes qui se veulent parlantes et qui m'ont plutôt paru quelquefois lourdes, ou trop appuyées, ont eu raison de ma concentration, j'ai fini par m'assoupir, je l'avoue. Un peu embétée vu votre enthousiasme général, je n'ai même pas pensé à rédiger un commentaire digne de ce nom, mais topocl l'a fait pour moi, merci!

Et surtout je suis sortie de là assez angoissée...terrifiée, oui, c'est peut-être le mot juste.

Vu en DVD!
J'ai beaucoup aimé ce film que j'ai trouvé d'une force et d'un culot dingues, d'une ironie mordante dans une partie du scénario! Réussir à montrer une fille qui détourne le Coran pour pouvoir battre un garçon à vélo..il faut oser. Conditions de tournage très difficiles en extérieur, puisque une partie de l'équipe était allemande. Allemande, c'est pas grave, mais masculine. Et Haifaa Al-Mansour ne pouvait absolument pas se montrer dehors en compagnie d'hommes sous peine d'avoir des soucis avec la police religieuse. Et qu'on en interdise le tournage...Enfermée dans une voiture,voilée,  elle dirigeait ses acteurs par talkie walkie.
Catalogue? Oui, bien sûr.. la réalisatrice a essayé d'en mettre le plus possible, mais elle est finalement restée assez positive. Elle montre que des ébauches de solutions, ou d'avancées, il peut y en avoir.C'est là que je trouve bonne la critique de Pagès citée par Exini. Elle le montre bien, la réalisatrice , que les femmes peuvent sortir de cet enfermement , mais qu'elles ne s'aident pas elles-même Et que ce n'est qu'en bougeant soi-même qu'on peut avancer.
Non,  bien sûr, ce film n'est pas diffusé en Arabie Saoudite. Enfin, pas publiquement. Mais il a fait avancer des choses.Rien que par l'exemple..

Dans  le DVD, il y a le premier film tourné par Haifaa Al-Mansour, celui-là est terrifiant. Intitulé Women without shadows, elle filme, souvent en caméra cachée, des femmes. Et elle les fait parler. A part quelques-unes, c'est ahurissant. Leur discours  est pire  dans le sort qu'elles imposent à leurs propres filles que celui des hommes interrogés, dont un chef religieux! En fait, peu d'hommes interrogés, on entend à un moment la voix de l'un d'entre eux disant que pour "protéger" une femme, il existe trois moyens: le mariage, la maison, et la tombe.
Mais pourtant les autres femmes parlent . De leurs conditions de vie , de leur mariage ( une raconte qu'elle avait 9 ans, et que son père la tapait pour qu'elle rentre dans la chambre..). Mais il y a très peu de femmes filmées ( à part les petites filles qui disent toutes qu'elles ne veulent pas êtres des filles) qui expriment leur désapprobation, ou leur volonté de changement. Les plus évoluées, celles qui acceptent d'être filmées à visage découvert, disent toutes leur impression de régression depuis 25 ans.Elles décrivent aussi une majorité énorme de femmes passives.  Mais ajoutent  que elles, elles ne céderont pas.Il y a quand même de plus en plus de Saoudiennes qui se battent pour leurs droits, mais c'est très difficile . Et toutes insistent pour que les femmes elle-mêmes prennent leur destin en main, seule façon de progresser.En  exerçant  par exemple des professions où elles sont en contact avec des hommes. Ce n'est pas du tout interdit par la loi. Mais par la coutume, par la peur du qu'en dira-t-on..