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| István Örkény [Hongrie] | |
| | Auteur | Message |
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tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: István Örkény [Hongrie] Mer 1 Mai 2013 - 6:41 | |
| István Örkény (Budapest, 5 avril 1912 – Budapest, 24 juin 1979) est un écrivain et dramaturge hongrois. Il est issu d’une famille de la bourgeoisie juive plutôt aisée. En 1930, il obtient son baccalauréat au lycée Piariste de Budapest, puis intègre l'université polytechnique où il se destine à une carrière d’ingénieur chimiste. En 1932, il se spécialise dans la pharmacologie dont il est diplômé en 1934. En 1937, il entre en contact avec le cercle littéraire Szép Szó (« joli mot »), puis voyage à Londres et à Paris où il vit de petits travaux. 1940 est l’année de son retour à Budapest, où il termine l’Institut polytechnique et reçoit son diplôme d'Ingénieur chimiste en 1941. Il est déporté durant la Seconde Guerre mondiale dans un camp de travail puis fait prisonnier dans la région du Donbass. Il n’est libéré qu’en 1946. À partir de 1954 il donne des cours à l’Académie des Belles Lettres, entre 1958 et 1963 sa participation active à la Révolution hongroise de 1956 lui vaut d’être soumis à la censure – à cette époque il travaille comme pharmacien à l’usine pharmacologique. Dans les années 1950, il rencontre Zsuzsa Radnóti avec qui il se marie en 1965. OEUVRE: Örkény est un excellent représentant du drame absurde hongrois. Ses écrits, emprunts d’humour grotesque, nous présentent des héros ni vraiment bons ni foncièrement mauvais. Ses tragédies s’orientent parfois vers le tragique et ses personnages réagissent de façon très diverse aux événements qui se présentent. Son premier récit, intitulé Tengertánc (La danse de la mer), sort en 1937 dans la cercle littéraire Szép Szó. Après la guerre, en 1947, il publie Lágerek népe (Le peuple des camps), il y raconte ses années de captivité dans le camp de travail. À cette époque il commence également un roman, qui ne restera qu’au stade de projet. En 1952 publie le récit Lila tinta que la politique culturelle de l’époque accueille avec beaucoup d’antipathie. Suite à 1956, il n’est ré-autorisé à écrire qu’en 1963, année où il publie Macskajáték (Jeu de chat). Le style novateur des Egyperces novellák (Les nouvelles d’une minute) voit le jour en 1967. Ces nouvelles si extraordinairement courtes constituèrent une nouveauté, non seulement en Hongrie mais également dans la littérature mondiale. Courtes, compactes, philosophiques ou bien grotesques, elle montrent que des événements ordinaires peuvent s’avérer extraordinaires s’ils sont placés dans un autre contexte. Örkény aura passé sa vie sur ce chef-d’œuvre, ajoutant un nouveau morceau à chaque nouvelle édition des Nouvelles d’une seconde. À partir de 1971 il commence la rédaction de l’œuvre de sa vie, Időrendben (Dans l’ordre du temps). De 1951 à 1953 il travaille comme dramaturge pour le Théâtre de l’Armée du Peuple hongrois. Son œuvre intitulée Tóték (La famille Tót) rencontre un incroyable succès. BIBLIOGRAPHIE :Tengertánc (elbeszélések, 1941) Amíg idejutottunk (vallomás, 1946) Hajnali pisztolylövés (elbeszélés, 1947) Lágerek népe (szociográfia, 1947) Budai böjt (elbeszélések, 1948) A borék (vígjáték, 1948) Idegen föld (elbeszélések, 1948) Voronyezs (színmű, 1948) Házastársak (regény, 1951) Koránkelő emberek (riportok és elbeszélések, 1952) Négy vidám jelenet (1953) Hiszek a szabadságban (1954) Hóviharban (válogatott elbeszélések, 1954) Ezüstpisztráng (elbeszélések, 1956) Nehéz napok (regény, 1957) Macskajáték (1963) Jeruzsálem hercegnője (elbeszélések, 1966) Nászutasok a légypapíron (elbeszélések, 1967) Egyperces novellák (1968) Időrendben (válogatott elbeszélések, 1971) Időrendben (színművek, 1972) Időrendben (arcképek, korképek, 1973) Glória, Macskajáték, Tóték (3 kisregény, 1974) Vérrokonok (dráma, 1975) Meddig él egy fa? (elbeszélések, 1976) „Rózsakiállítás” (regény, 1977) Az utolsó vonat (elbeszélések, 1977) Kulcskeresők (színmű, 1977) Élőszóval (drámák, 1978) Négykezes regény tanulságos története (regény, 1979) Forgatókönyv (tragédia, 1979) Novellák (1–2. k., 1980) Párbeszéd a groteszkről (1981) Kisregények (1981) Babik (kisregény, 1982) Drámák (1-3. k., 1982) Önéletrajzok töredékekben. Befejezetlen regények (1983) Pisti a vérzivatarban (groteszk játék, Szolnok, 1983) Egyperces novellák (1984) Lágerek népe (1984) Visszanézve. Arcképek, korképek (1985) Négyeskönyv (1987) Búcsú (1989) Egyperces novellák (1991) Válogatott egyperces novellák (2004) En Français :La Famille Tot [1968], adapté du hongrois par Claude Roy, Collection Théâtre du monde entier, Gallimard. Minimythes [1970], textes choisis, adaptés du hongrois et préfacés par Tibor Tardos, Collection Du monde entier, Gallimard. Chat ! Tragi-comédie en deux parties [1974], adapté du hongrois par Vercors, Collection Théâtre du monde entier, Gallimard. Vertige [1980], nouvelle traduite du hongrois par Ibolya Virag, Le Monde. Soeur Gloria, 1983 Le dernier noyau de griottes [1991], nouvelle traduite du hongrois par Ibolya Virag, Ecrivains hongrois du XXe siècle, Festival de Die. Minimythes, textes choisis et traduits du hongrois par Tibor Tardos, Éd. Corvina, 2001, Budapest. Les Boîtes, éd. Cambourakis, 2009. Floralies, éd. Cambourakis, 2010. Le chat et la souris, 2011 SOURCE: Wikipedia.fr et hg
Dernière édition par tom léo le Mer 1 Mai 2013 - 7:37, édité 1 fois | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: István Örkény [Hongrie] Mer 1 Mai 2013 - 7:21 | |
| C'est par des commentaires très intéressants que j'ai entendu du chef d'oeuvre d'Örkeny, les « Minimythes » ou « Nouvelles d'une ou pour une minute ». Pour moi un nom nouveau, mais apparemment dans l'univers de la littérature hongroise un grand. Des amis hongrois me l'ont vivement recommandé. A la bibliothèque était dispo d'abord ce livre court que j'ai pris :
Soeur Gloria
Originale : Gloria (Hongrois, 1972), traduit vers le Français par Jean-Michel Kalmbach
CONTENU : L'Hongrie jeune et communiste dissoud vers 1950 radicalement les monastères er renvoient les sœurs réligieuses dans la vie laïque tout en s'appropriant des batiments. C'est ainsi que Soeur Gloria, maintenant à nouveau Ilona, 25 ans, retourne après une dizaine d'années recluses dans sa famille. Mais elle n'y appartient plus totalement, n'appartient ni ici, ni là-bas. Dans son innocence certaine elle ne semble pas faite pour ce monde où on la laisse un peu à coté, comme demeurée ou éventuellement on l'ignore avec ses opinions. Elle quitte sa famille et trouve du travail en ville (Budapest). Mais on use sa générosité, l'accuse même de vol. C'est un peu par hasard que son chemin continue et qu'elle réaaprend la vie en contact avec des réalités différentes... Où est-ce qu'elle va aboutir ?
REMARQUES : Il s'agit d'un bien court roman d'à peine cent pages en quatorze chapitres. On y trouve pas une absurdité ironisant sur le sort de la petite réligieuse perdue ; Donc ? Ce n'est pas une attitude d'une mauvais pitié avec Gloria, même si elle est décrite après ses années dans une monastère comme un vrai agneau, ne comprenant pas toujours bien les machinations des autres, ou les prenant comme à prendre. Elle voit toujours et avant tout le bien et interprète les actions des autres d'abord à leur avantage. Est-ce qu'elle doit peu à peu réapprendre en contact avec le monde une certaine prudence, attention voir même une distance, une attitude sceptique ? Nous l'accompagnerons dans ce processus de retour dans le monde, raconté dans une narration dans la première personne.
Est-ce que le contexte nous semble grotesque ? Quoi, dans le Xxième siècle on a juste comme ça dissoud des monastères et obligé des sœurs de retourner vivre dans une façon non-choisie ? Mais voilà, cela a existé. Et celui qui aimerait avoir un autre regard sur cette réalité, un regard encore plus authentiquemment spirituel et historique soit averti du journal impressionnant de Monika Timar : http://www.priceminister.com/offer/buy/19522506/Timar-Monika-Journal-1957-1962-Livre.html ou sa correspondance: http://www.priceminister.com/offer/buy/982853/Timar-Mpnika-Correspondance-1961-1962-Monika-Timar-Livre.html . A l'époque j'ai lu ces livres avec très grand intérêt.
Bien sûr qu'Örkeny écrit comme connaisseur du regime de l'époque. Il sait à quel point on a essayé de mettre des opposants de différents bords dans des boîtes et sous contrôle. Dans un registre autre on l'a fait avec lui (voir Biographie). Même s'il n'a pas connu Monika Timar, ce recit se revèle plein de tact envers des question aussi bien matérielles que spirituelles, mais aussi de temps en temps d'humour grâce aux frottements entre l'innocence de Gloria avec le monde.
Son style et le ton de ce livre me donne pleinement envie de le découvrir dans ses œuvres plus essentielles...
INFOS supplémentaires Monika Timar - Correspondance 1961 1962 Taschenbuch Verlag: LESSIUS (16. November 1999) Sprache: Französisch ISBN-10: 2930021101 ISBN-13: 978-2930021102
Monika Timar – Journal.1957-1962 Nouvelle Cité - 1989 | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: István Örkény [Hongrie] Mer 1 Mai 2013 - 9:17 | |
| Il est dans ma LAL, merci de ce commentaire Tom Léo. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Les boites Sam 13 Juil 2013 - 6:50 | |
| Les boites
Originale : Tóték (Hongrois, 1967)
CONTENU : L'arrivée d'un commandant insomniaque dans la famille Töt sème la zizanie et transforme leur vie paisible en véritable enfer ! Leur fils au front, les parents espèrent améliorer son sort en accueillant dignement son supérieur hiérarchique Varro. Les Töt se plient dès lors à toutes les lubies de ce militaire excentrique. Quiproquos et situations totalement loufoques s'enchaînent dans une comédie acide à l'humour décalé. Sous ses dehors de farce villageoise, Les Boîtes est une petite merveille satirique dont les accents absurdes font écho aux horreurs insensées de la seconde guerre mondiale. (Source : 4ème de couverture)
Perché sur les hauteurs des montagnes hongroises, le village de Mátraszentanna est un havre de paix – le lieu de repos idéal pour le commandant Varró. Celui-ci débarque chez les Töt, recommandé par le fils de la famille, resté au front, qui souhaite s’attirer par là les bonnes grâces de son supérieur hiérarchique. Très vite les mœurs excentriques de ce commandant insomniaque vont mettre sans dessus dessous le quotidien bien réglé des Töt, qui acceptent toutes ses lubies avec une abnégation de plus en plus intenable… Ne supportant pas de rester inactif, le militaire s’enthousiasme pour la fabrication de boîtes en carton. Cette production finit par envahir les nuits de toute la famille, dans un absurde semblant d’activité... (Source : http://www.cambourakis.com/spip.php?article85 )
REMARQUES : Comment lire un tel délire d'actions insensées sans être poussé vers la frontière intérieure qui dit que cela devient tout simplement trop grotesque ? La famille Töt va si loin dans leur souci de donner bonne impression au commandant de leur fils (ou frère), qu'ils sont capable d'oublier toute dignité. Et comme chez certains satires, le lecteur pourrait trouver ces comportements trop invraisemblables, trop exagérées. Soit (et c'est vrai) !
Mais néanmoinson on pourrait y voir aussi le décalage entre l'horreur du front, et les ravages faites dans le caractère du commandant, ou les priorités données dans l'accueil qui veut par exemple d'abord offrir une atmosphère « sans odeurs puants » (des cabinets du jardin...) pour ne pas inopportuner le nez (« une question de vie ou de mort!) de celui qui pourra éventuellement décider du sort de Gyula. Ou on pourrait évidemment aussi y voir la capacité d'oubli de soi en vue de "sauver" peut-être un proche. Tout en perdant sa face...?!
Et si jamais on trouve une lourdeur dans l'accumulation des renoncements (on devrait se faire un image du pauvre père de famille, normalement si digne comme pompier aimé et courageux du village, et qui est transformé selon les volontés du commandant dans un jouet malléable...), un petit message du front (déjà assez au début du livre), jeté par un agent de poste soucieux de ne pas apporter des mauvaises nouvelles, nous fait s 'arrêter et nous coupe le souffle : «Gyula est (déjà tombé au champ de l'honneur... »
Ce livre fut aussi adapté au théatre (en France même encore récemment) et connu un très grand succès.
Quelle écriture grinçante ! Les plus grandes impossibilités sont présentées avec un air de naturel, comme si toute autre chose serait anormal. Pour des amateurs du genre un délice !
Broché: 148 pages Editeur : Editions Cambourakis (17 février 2009) Langue : Français ISBN-10: 2916589287 ISBN-13: 978-2916589282[/i][/b] | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: István Örkény [Hongrie] Ven 8 Nov 2013 - 6:59 | |
| Minimythes
Originale : Egyperces novellák (Hongrois, 1968, 1984, 1992)
Le style novateur des Egyperces novellák (Les nouvelles d’une minute) voit le jour en 1967. Ces nouvelles si extraordinairement courtes constituèrent une nouveauté, non seulement en Hongrie mais également dans la littérature mondiale. Courtes, compactes, philosophiques ou bien grotesques, elle montrent que des événements ordinaires peuvent s’avérer extraordinaires s’ils sont placés dans un autre contexte. Örkény aura passé sa vie sur ce chef-d’œuvre, ajoutant un nouveau morceau à chaque nouvelle édition des Nouvelles d’une seconde. (Source : Wikipedia)
Malgré ma présentation d'Örkeny par deux autres œuvres, il me semble que le vrai grand chef d'oeuvre est à chercher ici, dans les minimythes, ces nouvelles d'une minute. Aussi c'est cet œuvre qui me fut spécialement recommandé par des amis hongrois. Par nature il s'agit – selon mes connaissances – dans nos langues de « choix, séléctions de ces nouvelles, en réalité (en hongrois) elles sont beaucoup plus nombreuses. J'ai lu d'un chiffre de 400 qui ont été, apparemment, éditées peu à peu à travers les années en trois éditions. L'ensemble fait plus de 500 pages dans la langue d'origine. De par sa composition la lecture peut, et probablement devrait, se faire par petites tranches, par petits bouts. Donc idéal pour intercaler dans une pause d'une minute etc...
C'est inhérent à un tel livre que ce ne sont pas toutes les mininouvelles qui nous parlent pareillement : avec certaines j'avais une réaction immédiates, de rire ou de reflexion. D'autres, je n'ai pas pu les « percer ». D'accord, Örkeny parle dans la préface, l'introduction du fait qu'un non-sens absolu ressenti serait la faute de son écriture et pas du lecteur. Reconfortant, mais probablement il nous faut accepter que surtout ce genre proche de l'absurde, du grotesque peu des fois nous rester étranger ? Mais combien de fois il y avait des bonnes surprises !
De loin, ces travaux d'Örkeny me rappelaient un peu certains morceaux de Kafka ou par exemple des « Histoires de Monsieur Keuner » de Bert Brecht.
A découvrir, surtout pour les amateurs de l'absurde, du grotesque, voir du phantastique !
Récommandation ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: István Örkény [Hongrie] Lun 17 Nov 2014 - 19:10 | |
| Le Chat et la souris. - Cambourakis
Sur la photo, elles ont seize ou dix sept ans les sœurs Szkalla, en robe vaporeuse de tulle. Un demi siècle a passé et la photo, déjà surexposée au départ -en 1918 ou 1919- a jauni au point que leurs visages sont à peine discernables.
Elles aussi ont vieilli les deux sœurs. Mais elles sont toujours en relation suivie au téléphone ou par courrier. Erzsi, Mme Orban est veuve est elle vit à la ville, et -contre son gré- dans un appartement communautaire. Ce qui laisse à penser que le régime communiste continue à sévir. Giza, sa sœur, vit en Autriche, avec sa fille, son gendre et leurs deux enfants. Erzsi est ingambe et c' est son avantage principal sur sa sœur, clouée sur un fauteuil d' infirme. L' avantage de Giza est douteux, mais elle vit à Garmisch-Partenkirchen, en Bavière. Au mieux, en démocratie, au pire en exil. Selon l' angle qu' elle met en avant.
Les deux sœurs s' aiment beaucoup et elles insistent beaucoup pour se le prouver. Même si leurs propos claquent comme des coups de feu. L' essentiel de leur vie est désormais derrière elles. Et elles passent leur temps à se chamailler en remâchant des querelles et des souvenirs dévalués et hors d' atteinte. Que pourraient-elles faire d' autre, à leur age et dans leur situation ?
Garmisch-Partenkirchen {Giza à Erzsi]
"Tu avais raison, Erzsi ! Pardonne-moi ! J' avoue que la jalousie a joué un certain rôle dans mon inquiétude. Non parce que je suis infirme alors que toi tu es toujours en mouvement, pleine de vie... Je crois que si nous nous aimons tant, c' est parce que nous avons toujours quelque chose à nous envier." P. 21
Mais ne voilà t-il pas que Mme Orban tombe amoureuse d' un vieux chanteur d' opéra qu' elle connait depuis toujours. L' homme est vulgaire, goinfre, mais l' amour est aveugle et sans age. Croit-elle. Et le ton devient âpre entre les deux sœurs et les échanges en rafale.
Risibles amours. Séniles querelles. Les deux sœurs finissent pourtant par tomber dans les bras l' une de l' autre dans une fin grand-guignolesque et ridicule.
Il faut dire que l' auteur n' est pas tendre avec ses personnages. Les dialogues sont brefs, incisifs, cruels et comiques bien entendu !
LA PHOTO "Ce que représente cette photographie surexposée et la date où elle fut prise ne peuvent être que l' objet de conjectures. Ce qui est sur, c' est qu' on y voit les deux filles Szkalla, en robe vaporeuse de tulle, les cheveux au vent, en train de dévaler une colline en riant et en faisant des signes. Mais vers qui ou vers quoi couraient et pourquoi se réjouissaient-elles ? Cela demeure une énigme. P. 137
Peut être pourra t-on lui reprocher d' être un tantinet trop expéditif. Mais Orkeny choisit le grotesque et l' absurde. Et c' est son choix. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: István Örkény [Hongrie] Mar 16 Juin 2015 - 20:09 | |
| LA FAMILLE TOT : Istvan Orkény. - Ed. In fine
L' action se déroule dans un petit village de montagne, en Hongrie, durant la Seconde Guerre mondiale, loin du Front. Le fils de la famille Tot offre à son commandant de passer sa permission chez les siens pour se refaire une santé.
A peine arrivé, le commandant se conduit en tyran paranoiaque et délirant. Il impose à ses hotes son rythme de vie. Travailler de nuit, dormir le jour. Face à la crainte de désobéir à ce Dr Folamour et des répercussions sur le sort de leur fils, ils lui obéissent. Au grand détriment de leur vie à tous et de leur santé. Toutes les nuits ils fabriquent des boites pour la fabrique de bandages Securitas.
Le plus touché est le père, un très brave homme en temps normal, mais là, il perd la boule et petit à petit son identité, en se forçant à suivre les ordres -ou plutôt les caprices- aussi injustifiés qu' irrationnels du commandant.
"Si la peur a un effet inhibiteur sur les neurones, alors cela s' est très clairement justifié dans le cas de Tot. Cette précision est nécessaires afin de faciliter la compréhension des évènements ultérieurs, car lorsque Tot avait soupiré, pas si longtemps auparavant : "ça va mal finie, Mariska !", il avait eu une préscience hallucinante de son destin."
Quelles sont les limites de l' abnégation et du sacrifice humain face à la violence la plus irrationnelles ? Elles sont fragiles, comme l' est la résistance humaine confrontée à un épuisement physique et mental complet. L' absurdité est évidemment dans la description plus encore que dans la cause.
Arrive ce qui doit arriver et je ne le vous le dirai pas.
Mais il est clair que ce drame est un drame de l' absurde. La situation est absurde, le "héros" absurde. L' absurdité est soulignée par l' auteur lui-même ;
"Toute action menée sans espoir est absurde. A mes yeux, La Famille Tot illustre le fait que pour l' homme, la seule issue réside dans l' action. C' est pourquoi j' ai fait de Tot un assasssin, mais ce meurtre est absurde, Lajos Tot agit par désespoir. C' est en ce sens qu' il est un personnage absurde."
Il écrit ailleurs : "L' existence n' est pas absurde, mais elle peut le devenir dans certaines situations, à certaines époques."
Et c' est ce qui différencie Orkeny d' écrivains comme Beckett, Ionesco ou Camus.
Il n' est pas interdit non plus de voir en filigrane une critique de la bureaucratie communiste. | |
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