![Anne Applebaum 1378-172](https://i.servimg.com/u/f79/11/69/59/15/1378-172.jpg)
Anne Applebaum (née à Washington le 25 juillet 1964), est une journaliste et écrivaine, lauréate du prix Pulitzer en 2004, qui a écrit sur le communisme et le développement de la société civile dans Europe de l'Est, l'Union soviétique et la Russie. En 2006, elle est éditorialiste et membre de la rédaction du Washington Post.
source: wikipediaLe goulag - folio
Un vrai travail d'historien, sérieux, documenté et objectif.
La réflexion est focalisée sur les goulags et les prisons soviétiques, en gros des années 20 aux années 90.
Ouvrage absolument passionnant à lire quand on veut penser la question du totalitarisme, sachant que la période citée s'y prête.
Entre Hitler et Staline, choisissez le pire !
L'auteur démonte la logique stalinienne, à la fois héritière des geôles tsaristes et en même temps novatrice.
Staline est obsédé par le rendement, la productivité et fait construire des canaux, ponts, voies ferrées, etc...tuant à la tâche des milliers d'hommes. Il reste que le grand Nord a quand même été défriché par cette main d'oeuvre servile, quasi moribonde, mais d'autant plus abondante qu'elle a été incarcérée sans motif (les politiques sont vaguement "contre-révolutionnaires", notion floue et fluctuante selon les périodes).
Il y a aussi le travail de déforestation, l'extraction dans les mines... Du labeur physique exténuant, à des températures insoutenables.
Comment survivre et qui a survécu ? L'auteur relate les combines, la corruption des gardes, les clans de prisonniers qui font front malgré une faim torturante. Oui, on pouvait en sortir. L'auteur oppose les Nazis aux communistes, en ce sens que les seconds n'avaient que faire de la notion de race. Ils voulaient des êtres taillables et corvéables, valides et résistants. Les Nazis gommaient.
Certes, on prétendait rééduquer les captifs, mais surtout on voulait qu'ils bâtissent le prestige de l'Union soviétique, en concrétisant des projets pharaoniques, irréalisables, et finalement voués à l'échec.
Il y a eu pourtant des épurations ethniques également. En plus des captures politiques. Tout était délation et mensonge.
Il y a également une analyse des rapports de l'URSS avec ses nombreux satellites et leurs élites.
Le livre s'achève sur la dissidence des années 80 et les grandes figures littéraires que nous connaissons bien.
Un fait que je ne savais pas : les 2 grand-pères de Gorbatchev ont été enfermés dans les camps. Pas étonnant qu'à lui seul, cet homme intelligent, ait ouvert les archives et porté sur la place publique les crimes de masse dus à la mégalomanie des dirigeants, de Staline particulièrement.
Le prix à payer a été la dislocation d'un empire.
Beaucoup de questions jaillissent chez l'auteur. Notamment : pourquoi si peu de mémoire quant à cette période, qui ne semble pas beaucoup retenir le Russe contemporain. Elle suggère que de nombreux collaborateurs de ce système sont encore actifs et évitent soigneusement d'évoquer ces heures noires.
Rien n'est manichéen dans ce livre, certains ont même apprécié leur passage au goulag! Ceux qui devenaient mouchards, ou couchaient (notamment, les femmes), ou s'acoquinaient avec les plus forts (des criminels endurcis par exemple) étaient destinés à survivre, parfois confortablement.
Je ne peux pas tout synthétiser, mais pour apprendre beaucoup, sans démagogie (malgré la nationalité Américaine de l'auteur) et avec précision, vraiment, ce livre est un travail de référence.