Branko Hofman [Slovénie]

Quasiment rien sur cet auteur slovène, il a été journaliste et éditeur, il a écrit des romans, pièces de théâtre et poésie.



La nuit jusqu’au matin

Une superbe œuvre polyphonique, même si tout finalement se passe, se résume à une fin de nuit et un début de matinée. Nous sommes dans un petit village slovène, du temps de l’existence de la Yougoslavie. Un cadavre de jeune fille a été découvert. Une enquête s’ouvre sur ce qui semble un crime atroce. Un inspecteur (Vajda) et un juge d’instruction (Kovač) partent sur les lieux. Ils vont être confrontés aux habitants : les parents de la victimes, et aussi l’aubergiste et son frère, Peter, qui habite chez lui. Avec leur passé et leur blessures. Qui va devenir d’autant plus présent que Peter va retrouver en Kovač un ancien de la police politique, son tortionnaire lors de son arrestation, avant d’être envoyé dans un camp.

Ce qui fait la force et la réussite de ce livre, c’est de mêler plusieurs niveaux de récits, plusieurs époques et aussi faire entendre des voix de personnages différents. Nous suivons Vajda et l’enquête policière, d’une façon très efficace et prenante. Bien sûr, le récit de Peter, son expérience douloureuse de l’emprisonnement et des sévices qu’il a subit. Mais aussi la vie conjugale difficile de son frère Jože, et même des éléments concernant le vécu de Kovač, ses difficultés avec son fils par exemple, sans oublier les parents de la victime et cette dernière. Nous suivons les différents personnages tour à tour, aussi bien dans le présent que dans le passé. Chacun a une réalité et une densité fortes. Le roman a une construction rigoureuse, qui donne des dimensions de tragédie. L’écriture est superbe, lyrique et retenue à la fois, en particulier en ce qui concerne les sentiments. Cela donne un très grand livre, prenant, et qui ne quitte pas le lecteur une fois la dernière page tournée. Une très grande découverte.

Citation :

L’homme étendu n’esquissa pas le moindre geste.
La femme, sur son poêle, baignait dans un éclairage à la Chagall, légère, libérée du fardeau de la pesanteur, réelle malgré tout : la douleur (lui sembla-t-il) n’avait pas ravi son corps, un corps bien présent sous le plafond, entouré de toutes parts d’images pieuses, ancré dans les principes fermes et inaltérables de l’ascétisme, un corps que retenait d’aller par le fond ce chapelet entre ses mains et des réflexes montés pour régir au monde social (« On a de la visite, il faut de la lumière »), la mort l’avait remuée au-dedans, tournée vers de nouveaux horizons : de son regard fiévreux, la femme scrutait le mur, et ce mur était transparent ; il ne lui bouchait pas la vue, elle regardait au travers et, tournant vers Dieu une dévotion aussi permanente que réconfortante, revenait (lui sembla-t-il) à la source de sa foi.

Arabella a écrit:

Quasiment rien sur cet auteur slovène, il a été journaliste et éditeur, il a écrit des romans, pièces de théâtre et poésie.

Comme ton commentaire donnait envie de s'intéresser à l'auteur, j'ai lancé une petite recherche et sur Google Book, j'ai trouvé ça :

Citation :

Branko Hofman passe pour l'un des plus grands romanciers de langue slovène, et l'on peut s'étonner qu'il ait donné au total si peu d'oeuvres de fiction. Trois romans, pour l'essentiel, ont contribué à établir sa réputation. Ceux qui connaissent l'histoire de l'ex-Yougoslavie savent pourquoi à l'époque de Tito, les écrivains " libres " - surtout s'ils étaient romanciers - étaient soit censurés soit interdits. Ceux qui refusaient de rentrer dans le rang - Branko Hofman (mort en 1991) fut toujours de ceux-là -, contraints d'œuvrer dans l'ombre, gardaient leurs manuscrits pour eux. On comprend qu'à ce régime la plupart d'entre eux n'aient pas beaucoup écrit.

Rédigé entre 1968 et 1974, La Nuit jusqu'au matin ne verra le jour qu'en 1981 (soit quelques mois après la mort de Tito). Il sera proclamé aussitôt " livre de l'année ". Traduit en plusieurs langues, il fait aujourd'hui figure de classique. Le récit (nous sommes dans les années 70) suit les péripéties d'une enquête de police menée, l'espace d'une nuit, dans un petit village perdu, après la mort, d'une adolescente dans des circonstances mal élucidées. L'un des témoins interrogés reconnaît dans le juge d'instruction un " camarade " passé jadis au service de la police politique, et qui fut à ce titre, après la guerre, son tortionnaire dans un camp de rééducation... Une fable universelle sur le mensonge des apparences - et sur celui des mots.

Ce livre pourrait me plaire je pense mais pas sûr.

J'ai bien envie de le lire pour vérifier.

Ta citation c'est la quatrième de couverture.

En effet, lire le livre est la seule façon de savoir s'il est pour toi.

En tous les cas merci d'avoir réagi, j'ai hésité à poster, je me demande de plus en plus si cela vaut le coup de poster des commentaires dont j'ai la sensation qu'ils n'intéressent personne.

Arabella a écrit:

En effet, lire le livre est la seule façon de savoir s'il est pour toi.

Je suis d'une logique IM-PLA-CABLE !

Arabella a écrit:

En tous les cas merci d'avoir réagi, j'ai hésité à poster, je me demande de plus en plus si cela vaut le coup de poster des commentaires dont j'ai la sensation qu'ils n'intéressent personne.

Moi ils m'intéressent. Je ne réagis pas forcément parce que, souvent, j'ai l'impression que je suis trop novice pour apprécier tes lectures. C'est le cas pour pas mal de Parfumés, pas seulement toi. Vous êtes plus raffinés et exigeants que moi dans vos goûts littéraires d'où le peu de réactions mais tes avis m'intéressent, ça c'est sûr.

Arabella a écrit:

Ta citation c'est la quatrième de couverture.

En effet, lire le livre est la seule façon de savoir s'il est pour toi.

En tous les cas merci d'avoir réagi, j'ai hésité à poster, je me demande de plus en plus si cela vaut le coup de poster des commentaires dont j'ai la sensation qu'ils n'intéressent personne.

Mais si, mais si, ça nous intéresse.
Je ne lis pas très vite, mais je note des titres, et je les lirai.
Et, même si celui-ci est devenu introuvable, il l'est en revanche en bibliothèques, ouf !

eXPie a écrit:

Et, même si celui-ci est devenu introuvable, il l'est en revanche en bibliothèques, ouf !

Il est trouvable en occasion pour 10 à 13€ (+3€ de fdp).

Je vois que vous avez étudié la question de près.

Le questionnement sur l'intérêt des commentaires que l'on peut poster cela revient d'une façon cyclique, lorsqu'on est là depuis un certain temps, c'est le petit moment de doute inévitable.

Arabella a écrit:

Je vois que vous avez étudié la question de près.

Le questionnement sur l'intérêt des commentaires que l'on peut poster cela revient d'une façon cyclique, lorsqu'on est là depuis un certain temps, c'est le petit moment de doute inévitable.

C'est sûr...
Mais ce type de livre m'intéresse infiniment plus que les pavés sur les questionnements existentiels de la middle-class américaine (chacun ses goûts, évidemment, mais on baigne déjà tellement dans la culture américaine que j'aime bien lire autre chose).
Il y aura toujours au moins une personne sur le forum pour trouver un intérêt à un post.

Arabella a écrit:

Le questionnement sur l'intérêt des commentaires que l'on peut poster cela revient d'une façon cyclique, lorsqu'on est là depuis un certain temps, c'est le petit moment de doute inévitable.

voilà, c'est ça... et tout le monde comprend... mais tu peux mettre de côté et oublier le questionnement pour une année
j'étais au même stade que Kannskia et eXPie, pas disponible en français à part occasion, j'ai regardé du côté allemand et anglais... et j'ai noté

Pareil..

De nombreux ouvrages proposés par Arabella ne sont , hélas pas disponibles en médiathèque (en tout cas chez moi ) ( par ex: la confiture 'abricot de Soljenitsyne....). Pour d'autres, ils viennent rejoindre une liste déjà fort longue...........

Ce sentiment de ne pas intéresser grand-monde ne m'est pas étranger non plus; j'ai souvent l'impression d'être une ovni, ou de lire une "sous-littérature" que l'on regarde, ou qui me parait être regardée de haut, ou avec une certaine condescendance.....

mimi54 a écrit:

Pareil..

De nombreux ouvrages proposés par Arabella ne sont , hélas pas disponibles en médiathèque (en tout cas chez moi ) ( par ex: la confiture 'abricot de Soljenitsyne....). Pour d'autres, ils viennent rejoindre une liste déjà fort longue...........

Ce sentiment de ne pas intéresser grand-monde ne m'est pas étranger non plus; j'ai souvent l'impression d'être une ovni, ou de lire une "sous-littérature" que l'on regarde, ou qui me parait être regardée de haut, ou avec une certaine condescendance.....

Bah, on est assez nombreux à se "spécialiser" dans une partie de la littérature, celle qu'on aime le plus, mais à faire des expéditions, des raids en terra incognita de temps à autre.
C'est tellement vaste, la littérature, non ?

Je reconnais parler souvent de livres pas évidents à trouver, c'est vrai qu'à Pais on trouve des choses que l'on a pas forcément ailleurs, des livres épuisés par exemple, et que cela peut être frustrant. Et encore je n'évoque en principe pas les livres qui n'ont pas été traduits du tout, et qui sont une partie numériquement conséquente de mes lectures.
On a tellement de choix avec les livres, il faut trouver ce qui convient le mieux à chacun. Personnellement j'ai tendance à différer la lecture des livres qui viennent juste de paraître, et qui sont l'essentiel de tes lectures, Mimi. Quitte à y revenir plus tard, s'ils ont survécus, s'ils ont fait une certaine preuve de leur pérennité.

C'est à cause du boulot m'dame.

mimi54 a écrit:

Ce sentiment de ne pas intéresser grand-monde ne m'est pas étranger non plus; j'ai souvent l'impression d'être une ovni, ou de lire une "sous-littérature" que l'on regarde, ou qui me parait être regardée de haut, ou avec une certaine condescendance.....

Ce n'est peut-être pas une raison incontournable pour se détourner de toute suggestion réfléchie et forcément ignoble.

animal a écrit:

C'est à cause du boulot m'dame.

mimi54 a écrit:

Ce sentiment de ne pas intéresser grand-monde ne m'est pas étranger non plus; j'ai souvent l'impression d'être une ovni, ou de lire une "sous-littérature" que l'on regarde, ou qui me parait être regardée de haut, ou avec une certaine condescendance.....

Ce n'est peut-être pas une raison incontournable pour se détourner de toute suggestion réfléchie et forcément ignoble.

Juste une question de moment, de disposition d'esprit, de temps, pas forcément maîtrisable....sachant que ces mêmes suggestions réfléchies, et forcément ignobles ne tombent pas systématiquement aux oubliettes, mais attendent juste le bon moment pour tout en restant réfléchies deviennent nettement moins ignobles