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- Astolphe Louis Léonor, marquis de Custine, né à Niderviller (Moselle) le 18 mars 1790 et mort à Saint-Gratien (Val-d'Oise) le 25 septembre 1857, est un écrivain français, célèbre pour son ouvrage La Russie en 1839, parfois considéré comme le pendant pour la Russie de l'essai De la démocratie en Amérique de Tocqueville.
Lettres de Russie
source: Wikipedia
Sauf erreur de ma part, je n'ai pas vu de fil sur ce bel auteur et il en mérite un.
Lettres de RussieDe loin, de très loin, le meilleur livre lu cette année et il sera difficilement détrôné. Tant pour ses qualités formelles, c'est de la grande littérature, celle qui emporte, élève et charme, que pour ce qu'il raconte, qui est d'une actualité brûlante car pour dire les choses clairement Custine a voyagé en Russie en 1839 et a ...
...TOUT vu et tout compris de ce peuple étrange, unique et puissant.
Il mêle subtilement rappels historiques et faits d'actualité, à savoir le règne de Nicolas 1er, qu'il a d'ailleurs rencontré.
L'histoire : 3 peuples fondent cet immense empire.
Les Varègues (Vikings), les Slaves et les Mongols.
S'y ajoutent les ardents Cosaques et d'autres nomades.
Au 19è siècle, les tsars sont les héritiers de ce melting-pot exotique. La fusion de ces peuples ne s'est pas faite dans l'harmonie, mais la rudesse et la cruauté. D'où découle le système auquel assiste l'auteur : le despotisme du tsar.
Rappelons qu'Ivan IV dit Le terrible fut le premier tsar et son nom donne une certaine idée de la vraie autocratie. Absolutisme, iniquité et sadisme résument le bonhomme, qui n'a rien à envier aux Néron et autres Caligula.
Ce qui est fascinant est le côté visionnaire de Custine qui décrit, déjà en son temps, le climat de terreur, de suspicion, de non-dits de ce pays asphyxié par le prince omnipotent. Il croise un peuple fort et fier, et pourtant soumis et acceptant son sort avec humilité (j'ai vraiment pensé à La Boétie et à son discours sur la servitude volontaire).
Prisons terribles, famines, exils, camps de travail forcé, tortures et peur permanente imprègnent les villes et campagnes visitées. On se croirait en URSS. Et on se rend compte que le stalinisme ne doit rien au hasard, un terreau de paranoïa étant bien antérieur à son arrivée.
L'auteur assimile ce gigantesque et triste pays à une prison. Les images sont toutes carcérales.
Il pressent d'ailleurs que tout cela ne peut qu'exploser. Certes, l'explosion a eu lieu mais cela n'a pas changé grand chose au mode de fonctionnement essentiellement dictatorial du régime, quel qu'en soit son nom.
La Russie, c'est la soumission aux Mongols, puis le totalitarisme des tsars, l'oppression bolchevique et enfin le néo-tsarisme d'un Poutine, qu'on peut ne pas aimer, mais qui poursuit le même but que ses ancêtres pour cette terre immense : la restauration d'une grandeur imposante et idéale.
Peu importe le prix à payer, la vie humaine n'est pas un argument dans ces paysages infinis, froids et impersonnels.
A LIRE ABSOLUMENT.