LA TRAITE NEGRIERE
Un livre excellent, scientifique et donc assez fastidieux à lire.
Le style lourd et un brin emphatique de l'auteur n'arrange pas les choses, ni la structure de son plan brouillonne.
Mais je le recommande vivement, non pour la polémique qu'il a suscitée (et pour cause !), mais pour le travail d'historien dont il témoigne. Un labeur basé sur les chiffres, les données et loin des clichés raciaux qui polluent hélas de façon permanente le débat sur ce thème (confère les ridicules saillies de Taubira, il y a peu).
En gros, pour la masse, l'esclavage des noirs a été initié, mené et exploité par les Blancs pour cause de complexe de supériorité.
L'auteur montre remarquablement que l'idée de race ou de couleur de peau est étrangère à ce système, qui n'est rien d'autre qu'un mode de fonctionnement économique comme un autre. On oserait dire même : un capitalisme comme un autre.
D'abord, quelques rappels qui ont fait grincé les associations bien-pensantes :
- l'esclavage est vieux comme le monde (Grèce, Egypte, Mésopotamie, etc...);
- les élites noires l'ont pratiqué bien avant l'arrivée des Blancs en Afrique (soit avant le 15ème siècle avec les Portugais) pour des raisons de statut social. Les riches possédaient des larbins !!;
- les Arabes ont basé leur expansion sur le commerce d'esclaves, bien lucratif (soit dès le 7è siècle);
- les Blancs ont bien profité de la manne, en collaboration (et j'emploie ce mot à dessein) avec les Noirs mais ont aussi été les PREMIERS et le SEULS à dénoncer et abolir la traite des Noirs.
Qu'en ressort-il ?
Une idée qui met mal à l'aise ceux qui sont abonnés aux raccourcis de l'Histoire : non seulement l'homme blanc n'est pas le pire des salauds (y en avait avant !!!) mais encore, il est le libérateur de l'homme noir pour avoir osé, malgré de nombreuses difficultés, imposer l'arrêt de cette barbarie.
Vous comprendrez pourquoi l'auteur s'est attiré les foudres de certains milieux.
Manque de chance : son boulot est rigoureux, fouillé et dénué d'arguments sentimentaux ou partiaux.