Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Nivaria Tejera [Cuba]

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zazy
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MessageSujet: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 15:40

tejera - Nivaria Tejera [Cuba] NivariaTejera
 
 
Nivaria Tejera est née en 1930 dans la ville de Cienfuegos à Cuba, de mère cubaine et de père espagnol. Marquée par les thématiques du déracinement, de la dictature et de la révolte, Nivaria Tejera, qui aura traversé plusieurs fois les océans, a construit une œuvre poétique et romanesque dont l’exil et l’errance forment le motif principal.
Elle passe son enfance à Tenerife, aux îles Canaries où la guerre civile surprend sa famille. Son père est emprisonné dans les geôles franquistes jusqu’en 1944. Le voyage du retour à Cuba se fera sans lui. Elle y publiera en 1948 son premier recueil de poésies Luces y piedras.
 
Quittant sa ville natale pour Paris en 1954, elle y revient en 59 lors de la révolution socialiste, elle sera d’abord secrétaire d’État à la culture de ce pays, puis attaché culturel à Paris, à Rome, avant de rompre définitivement avec Cuba lors de l’avènement du Parti unique en 1960.
Découverte par Maurice Nadeau et Claude Couffon, c’est en 1958, qu’elle publie aux Lettres nouvelles son premier roman, Le Ravin. En 1971, elle obtient le Prix Biblioteca Breve pour Somnambule du soleil - traduit par Adélaïde Blasquez -, également paru aux Lettres nouvelles. Empreint de son exil de Cuba dans les années soixante, ce roman raconte l’errance d’un jeune mulâtre dans La Havane.
En 1987 paraîtra également Fuir la spirale (Actes Sud), traduit par Saint Lu, roman métaphysique dont le personnage en proie au dédoublement erre à travers l’espace de l’exil parisien mais surtout à travers le Temps…
L’écriture de Nivaria Tejera se caractérise par le goût de l’expérimentation, le décloisonnement des genres et la radicalité politique comme forme de liberté. (source Editions de la Contre-Allée)
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 15:47

tejera - Nivaria Tejera [Cuba] ZRéédité par les Editions de la Contre-Allée   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] Le_Ravin_72                                                      
Le ravin

Nivaria Tejera

Editions Actes Sud

1986

210 pages

ISBN : 2868690661
 
4ème de couverture :
De tous les livres qu’inspira la guerre d’Espagne, celui-ci, qui a pour cadre les Canaries, est sans doute l’un des plus fascinants et peut-être le plus singulier. C’est que la guerre apparaît ici dans le regard d’une petite fille brutalement fourvoyée par la violence et la peur. Dans sa quotidienne progression, la guerre envahit les moindres recoins d’une maison jusque-là consacrée au bonheur, elle soumet chacun de ses habitants, s’approprie les animaux familiers, s’étend à toute l’île où l’enfant ne voit pus que barreaux, barbelés, prisons, camps et surtout de ravin où chaque nuit, en rêve, son père est fusillé. Sans cris, sans le tumulte de l’indignation, Nivaria Tejera montre l’implacable dégradation de la confiance par laquelle l’enfant était reliée à la vie. Et cela sans que jamais, dans l’écriture, le regard de l’une soit subverti par celui de l’autre.
Hubert Nyssen
 
L’auteur (http://www.lacontreallee.com/auteurs/nivaria-tejera)
Nivaria Tejera est née en 1930 dans la ville de Cienfuegos à Cuba, de mère cubaine et de père espagnol. Elle passe son enfance à Tenerife, aux îles Canaries où la guerre civile surprend sa famille. Son père est emprisonné dans les geôles franquistes jusqu’en 1944. Le voyage du retour à Cuba se fera sans lui. Elle y publiera en 1948 son premier recueil de poésies Luces y piedras.
Découverte par Maurice Nadeau et Claude Couffon, c’est en 1958, qu’elle publie aux Lettres nouvelles son premier roman, Le Ravin. En 1971, elle obtient le Prix Biblioteca Breve pour Somnambule du soleil - traduit par Adélaïde Blasquez -, également paru aux Lettres nouvelles. En 1987 Fuir la spirale (Actes Sud), traduit par Saint Lu, L’écriture de Nivaria Tejera se caractérise par le goût de l’expérimentation, le décloisonnement des genres et la radicalité politique comme forme de liberté.
=========
 
« Aujourd’hui la guerre a commencé. À moins que ce ne soit il y a longtemps. Je ne comprends pas très bien quand les choses commencent. Elles m’environnent d’un seul coup et ressemblent à des personnes que j’aurais toujours connues. » Ainsi débute le récit de cette petite fille de 7 ans qui habite à La Laguna sur une île des Canaries. Les soldats franquistes cherchent, avec une grande violence, son père journaliste républicain. « Pauvre papa ! Je pense qu’un jour les hommes à bérets rouges le renverseront comme ils ont renversé les fougères. » D’un seul coup, tout son petit monde de douceur, de sécurité avec son père qu’elle adore s’écroule soudainement. La petite fille vieillit d’un seul coup  « Une guerre peut empêcher les enfants de grandir quoique les enfants ne luttent pas, n’aient pas de prison et durent plus longtemps. Les enfants peuvent attendre ».Elle connaîtra les visites à la prison, les procès iniques, la violence, la pauvreté…. Elle connaîtra la déchéance sociale de ceux qui ne sont plus du bon côté. Elle va voir les « amis » de son père, ceux qui venaient souvent à la maison accuser son père pendant les procès. Le pire ce sera l’attente de l’exécution, la peur de lire le nom de son père sur la liste « Sans papa je suis toujours seule ». Un jour, le télégramme fatidique est arrivé, un pli qu’elle doit lire tant la mère est ravagée, surtout depuis la mort du petit frère. Un dialogue déchirant entre la mère et la petite fille, un dialogue à la limité de la folie, qui m’a pris aux tripes. « EXILE – ILE DE FER – QUARANTE ANS – STOP ». Cela signifie la mort « C’est le grand vent qui couvre la puanteur du peloton, dans ce ravin où je voudrais qu’on ne jette jamais le corps de papa. J’irai là-bas. Et le grand montera jusqu’à moi en tourbillonnant. Et moi, je serai là à regarder, à regarder vers le fond du ravin. » Ce ravin, c’est ici que l’on jette, outre les ordures, les cadavres de ceux qui sont passés par le peloton d’exécution, les prisonniers morts. « Je sais maintenant qu’on appelle « peloton » un groupe de prisonniers qu’on a conduits au Tanqueabajo. Le tanqueabajo est un ravin immense, couvert de végétation, où l’on jette les cadavres des animaux et les ordures de toute la ville. Après les avoir tués, on les y abandonne et ils restent à pourrir là sans que leurs familles soient prévenues. »
La guerre civile est focalisée par ce ravin qui est également l’espace qui la sépare entre hier, la paix, une enfance heureuse et demain, l’angoisse, la peur, l’absence…. Le puits profond où s’enfonce sa mère. Heureusement, il y a le grand-père bourrelier, celui vers qui elle se réfugie, qui lui permet de redevenir ou rester une petite fille alors que la mère veut en faire une grande personne.
 
Dans ce livre d’une grande beauté poétique, Nivaria Tejera  fait parler la petite fille qu’elle était à travers ses souvenirs. Par petites touches, elle dessine son entourage, la grande maison, puis les autres, celle du grand-père adoré où elles vivront, la tante qui coud à la machine, le grand-père, la prison, le collège, l’absence, la peur, les procès, les visites à la prison puis au camp de concentration où se trouve son père … autant de petits tableaux impressionnistes qui impressionnèrent la lectrice que je suis.
 
Ce livre vous prend aux tripes, touche ce que nous avons de pus profond, un vrai diamant. Ce livre ne se laisse pas oublier, les mots restent dans la tête, durs et limpides comme les explications de la petite fille.
 
Je remercie Libfly qui lors de l’opération « Le Nord Pas-de-Calais se livre » m’a donné une énorme envie de lire ce livre. D’où la grande utilité de ces plateformes ! Maintenant, il me faut rendre ce livre à la bibliothèque. Il est ressorti aux éditions de la Contre-Allée (sujet de l’opération Libfly)
 
La postface raconte la « petite histoire d’un grand livre » où comment ce roman est arrivé sur le bureau de Claude Couffon, traduit à la demande de Maurice Nadeau pour publication. A sa sortie il fut salué par Max-Pol Fouchet, Robert Sabatier, André Wurmser et d’autres.
 
Quelques extraits :
 
« Papa ! Qu’a-t-il donc fait ? Aujourd’hui c’était un jour de fête. Il devait renter de bonne heure. Il aime tellement marcher auprès des cierges quand, à minuit, la procession sort de l’église… ». « J’entends la voix de tante. « C’est la guerre. Le sang va couler, le sang de nos fils ennemis… » (Morale, patrie, stupre). Je me bouche les oreilles, je ne veux plus écouter. La guerre-la guerre-la guerre. Ce mot va me déchirer. J’ai peu et c’est lui qui guette ; j’ai froid et c’est lui qui guette. Et papa, derrière lui, s’éloigne. Où est-il ? »
 
Je ne comprends pas. J’essaye d’expliquer à maman combien j’ai honte de porter le ravitaillement de la boutique à la maison, mais on dirait qu’elle ne me croit pas. A la boutique il faut quémander sans cesse, le supplier de verser un petit complément de sucre… »
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 18:01

zazy a écrit:
Littérature espagnole ou cubaine ???
sur wikipedia elle figure parmi les auteurs cubains, on va donc les suivre Wink
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 18:34

Oui, mais j'étais hésitante donc, très bien, nous l'envoyons sous le soleil cubain !!
Un très très bon livre
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 19:14

Merci de me rafraichir la mémoire, Zazy, j' ai lu Le Ravin, il y a longtemps, mais j' ai en ligne de mire Fuir la spirale.
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyJeu 20 Juin 2013 - 21:09

bix229 a écrit:
Merci de me rafraichir la mémoire, Zazy, j' ai lu Le Ravin, il y a longtemps, mais j' ai en ligne de mire Fuir la spirale.
J'ai retenu Somnambule du soleil ce sont les deux seuls ouvrages dispos à la bibliothèque
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyVen 21 Juin 2013 - 21:49

Zazy ! j'ai beaucoup aimé ta manière touchante de dérouler le fil de la trame de cette oeuvre. Un petit ajout dans ma LAL s'impose.
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyVen 21 Juin 2013 - 21:57

GrandGousierGuerin a écrit:
Zazy ! j'ai beaucoup aimé ta manière touchante de dérouler le fil de la trame de cette oeuvre. Un petit ajout dans ma LAL s'impose.
Merci beaucoup, un superbe bouquin
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyDim 21 Juil 2013 - 17:31

Le ravin

Nivaria Tejera nous offre un bien joli texte nous décrivant le quotidien d’une famille des îles Canaries pendant la guerre d’Espagne, quotidien vu à travers le regard d’une petite fille, nous faisant part de ses inquiétudes, de ses angoisses, de ses interrogations face aux évènements qui viennent bouleverser son petit monde.
Petit à petit, la guerre s’immisce dans cette famille, son père est arrêté puis relâché. L’angoisse qu’il soit à nouveau repris tenaille la petite fille. Et le jour tant craint arrive, la famille n’a plus aucune ressource, la faim et la misère s’installent. Et au-dessus de tout ceci plane l’image effrayante de ce ravin, celui dans lequel on jette les corps des prisonniers exécutés.
Le récit est très touchant, toute en finesse, la plume de Nivaria Tejera est très délicate et poétique mais peut-être un peu trop.
Certains passages m’ont en effet beaucoup gênée, l’auteur part dans des délires qui m’ont vraiment laissée perplexe. J’ai eu beau relire ces passages plusieurs fois, me disant que je ne comprenais rien à la poésie, mais c’est resté vraiment obscur et hermétique pour moi. C’est dommage car ces passages m’ont un peu gâché l’impression d’ensemble. Surtout qu’ils sont censés exprimer les pensées de cette petite fille. Les enfants ont de l’imagination certes mais là ça me paraissait vraiment trop.

Citation :
« Le ravin a une sentinelle qui éteint tous les yeux. Comme elle ne les arrose pas, ils se dessèchent, papa. Les chouettes, en passant, ne t’ont-elles pas ébloui ? Elles étaient en bois et elles volaient. Qui vient de rire si fort ? Maintenant les enfants n’existent plus. Depuis que la guerre a éclaté, les enfants n’existent plus sous la lune, et je ne serai jamais plus une petite fille. Vois-tu la pluie qui roule ? Quelqu’un applaudit du haut des toits de zinc, du haut de la pluie. Non, ce sont des coups de fouet, des coups de fouet et une idée fixe qui s’ouvre et se ferme comme une bouche entre les mains de grand-père. Grand-père, je comprends mieux pourquoi tu sais tant de choses, pourquoi tu as grandi et tu es devenu si vieux, avec tes rides qui te font ressembler à une grande brûlure. Attention aux ombres ! Attention ! Attention aussi au quignon de pain dur ! Personne ne s’occupe plus de tes pommes de terre. Les radis vont pourrir, les fougères aussi, et nous ne connaîtrons plus les nuits de Noël. Papa. Qui est papa ? Est-ce une fougère, est-ce une aiguille ? »
Ce qui fait que finalement, mon ressenti général sur ce roman est mitigé. J’ai le sentiment d’être passée à côté, que je n’ai pas su en saisir l’essence. C’est frustrant car j’ai vraiment aimé ce contraste entre la douceur du style très en accord avec l’innocence de l’enfance d’une part et la dureté de la guerre d’autre part. Tout comme j’ai aimé la façon de l’auteur de traiter ce thème, le père qui disparaît et laisse sa place au profit d’une guerre qui impose progressivement sa présence dans la vie de cette famille à travers de multiples détails. Le plus touchant est aussi l’abrupte prise de conscience de cette petite fille qui comprend bien qu’on lui vole non seulement les personnes qui lui sont chères mais aussi les plus douces années de sa vie.
Le ravin est donc un roman très beau malgré mes quelques réserves.
Merci à Zazy pour la découverte !
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyDim 23 Nov 2014 - 8:22

tejera - Nivaria Tejera [Cuba] A11
Le Ravin
Citation :
Présentation de l’éditeur
« Aujourd’hui la guerre a commencé. A moins que ce ne soit il y a longtemps. Je ne comprends pas très bien quand les choses commencent […] Pour moi qui ne sait pas penser, la guerre a commencé aujourd’hui, en face de chez grand-père. »

Ce seront les premiers mots lus et traduits par Claude Couffon pour Maurice Nadeau qui publiera en 1958, aux Lettres nouvelles, ce premier roman au ton inimitable, où dans les yeux d’une enfant apparaît brutalement la guerre civile aux Canaries.
Dès sa parution, la critique s’enthousiasme et des personnalités comme Max-Pol Fouchet, Robert Sabatier, Elena de la Souchère, André Wurmer ou encore Geneviève Bonnefoy soulignent le caractère envoûtant du Ravin et la qualité de poète de sa jeune auteure qui n’a pas son pareil pour rendre les atmosphères, les sentiments, et toutes les nuances qui forment la matière du récit.
Hubert Nyssen, qui le rééditera en 1986 chez Actes sud, estimait que de tous les livres inspirés de la guerre d’Espagne, Le Ravin était sans doute l’un des plus fascinants et peut-être le plus singulier. Un grand texte oublié.

Une fois de plus, un commentaire de ce site m’a donné envie de lire ce livre.

La Guerre d’Espagne est un de mes sujets littéraires favoris et me fascine au plus grand point.
Lire toutes ces louanges concernant ce livre et n’ayant jamais entendu parler de lui, j’étais plus que curieuse.

Et quelle belle découverte !

La force de son écriture fait parcourir une première partie de ce texte, sans qu’on se rende vraiment compte. Elle emporte le lecteur dans un décor intime et familial ou la Guerre s’écrit avec un petit g mais se fait ressentir avec des grands effets.

Après qu’on a interné le père, la famille doit déménager, se soucier des revenus et surtout essayer de mobiliser un avocat pour le libérer.

Bien qu’il me soit agréable d’être chez grand-père (autrefois, j’y allais toujours, par plaisir), ce changement dans notre manière de vivre m’a fait comprendre ce que signifie « avoir déménagé », et je regarde maintenant avec curiosité notre ancienne maison. « Déménager, ce n’est pas seulement changer d’endrit, c’est aussi changer d’habitudes et bouleverser l’ordre des objets qui étaient depuis très longtemps à la même place.  […]
Papa et maman, ensemble, chez eux, ce n’est pas la même chose que maman seule chez grand-père. Les meubles sobres, le soleil qui veillait dans nos pièces, mes recoins secrets ont dû s’effacer devant des bahuts insolites arrachés eux aussi à leur ombre familière. Cet air que nous respirions à travers toute la maison, notre air aura disparu par les balcons grands ouverts des nouveaux locataires. Et sur ces balcons on ne verra plus se déposer les mêmes petits tourbillons de poussière.


Tout cela est vu et raconté par une petite fille, mais tous ces changements la font sortir du royaume de l’enfance. Précocement.

J’avais imaginé la guerre comme nous l’expliquent l’Histoire sainte ou encore ce grand livre des Croisades que tante nous lisait quelquefois. Une guerre toute différente, où de grandes armées s’entrechoquaient avec des lances et des armes difficiles à manier et où les braves triomphaient des lâches. J’aurais trouvé stupide de penser que la guerre pût pénétrer ainsi dans les maisons et jusque dans les ventres pour leur ôter l’habitude de manger tous les jours.

On a gardé la postface du traducteur, Claude Couffon, de l’édition de 1985 et il cite plusieurs commentaires de critiques qu’on a pu trouver lors de la première parution de ce livre en France en 1958, mais je voudrais citer surtout lui-même qui disait :

Dans son récit, la guerre d’Espagne n’était plus l’héroïsme collectif qu’avaient mythifié et imposé l’Espoir d’André Malraux et Pour qui sonne le glas, d’Ernest Hemingway. C’était une calamité qui traumatisait le plus pur de chacun d’entre nous : l’enfance.
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyDim 23 Nov 2014 - 9:29

Un livre qui fait vraiment envie. Je note bien sûr.
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyDim 23 Nov 2014 - 11:18

il est à ma médiathèque, je vais noter car il m'intéresse beaucoup

merci Kenavo pour ton commentaire et la dernière phrase !
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyLun 24 Nov 2014 - 17:28

c'est bien que Bédoulène a fait attention, on avait déjà un fil pour elle, fusionné les deux Wink
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyLun 24 Nov 2014 - 17:49

kenavo a écrit:
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Le Ravin

Je l'ai commandé . Very Happy
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] EmptyLun 24 Nov 2014 - 18:28

alors tu nous rejoins pour la lC Eglantine ?
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MessageSujet: Re: Nivaria Tejera [Cuba]   tejera - Nivaria Tejera [Cuba] Empty

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