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| Judith Schalansky [Allemagne] | |
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+7Maryvonne darkanny Heyoka shanidar Queenie Arabella Maline 11 participants | |
Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Lun 5 Aoû 2013 - 10:02 | |
| Un très bel objet, une très agréable mise en page, aérée, orangée et bleutée qui donne envie de parcourir du doigt les bords effrangés de ces îles abandonnées. Et puis, des textes qui sont surtout une invitation aux voyages, à la rêverie ou à des réflexions sur notre humanité, notre manière d'aborder l'inconnu, de le soumettre ou de s'y laisser soumettre. Entre carnage de baleines et massacres d'oiseaux, Schalansky ne propose pas que des visions de rêves, car si les îles dont elle parle sont abandonnées, c'est bien souvent parce qu'elles sont inhabitables (bout de terre volcanique, glaciale, venteuse, caractérielle...). En tout cas le voyage auquel nous convie Judith Schalansky est à la fois magique, effrayant et parfois poétique, il est surtout plaisir des sens, du toucher, de la vue et plaisir imaginaire de celui qui fixe de loin une île enchantée et toujours irréelle. Par un étrange hasard, j'ai découvert cette pub (devinez quel est le livre lu ?) : | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Lun 5 Aoû 2013 - 10:37 | |
| - shanidar a écrit:
- En tout cas le voyage auquel nous convie Judith Schalansky est à la fois magique, effrayant et parfois poétique, il est surtout plaisir des sens, du toucher, de la vue et plaisir imaginaire de celui qui fixe de loin une île enchantée et toujours irréelle.
je te rejoins à 100% pour ces impressions... j'ai adoré cette lecture et je suis contente de voir qu'on a repris pour la version française la même mise en page et les couleurs... le livre en soi étant déjà un très bel objet! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Lun 5 Aoû 2013 - 10:50 | |
| Je crois qu'il faut aussi insister sur la valeur littéraire de ce beau-livre et je trouve quelques parallèles entre l'Atlas et L'Inconstance de l'espèce... Schalansky semble aimer se promener à la frontière d'une ironie mordante, d'un humour noir, frôlant souvent une forme de cynisme désespéré mais qui se rachète par une sorte de pensée humaniste (pour les animaux, la nature et ceux qui les respectent), une forme ténue d'amour de l'Autre, à peine visible mais tout de même inscrite en filigrane... Et cette position qui pourrait être dangereuse ou trop libéralement assumée (comme une violence faite au lecteur) est finalement arrondie par une forme de dialogue sous-jacent dans lequel malgré tout le lecteur se sent protégé, mis à part, comme épargné... ce qui finit par rendre la lecture attachante, parfois douloureuse et souvent drôle... Ce mélange d'acidité et de souplesse se retrouve dans les deux textes de Schalansky, je crois... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Lun 5 Aoû 2013 - 10:59 | |
| n'ayant pas lu L'Inconstance de l'espèce (et qui ne figure pas sur ma liste à lire... je ne me sens pas du tout attiré par ce livre), je ne peux pas comparer ces deux textes, mais je te suis pour ce qui est la valeur littéraire pour Les îles, aussi en comparant avec un de ses premiers livres Blau steht dir nicht (Le bleu ne te va pas), pas encore traduit, mais j'espère qu'on va encore y arriver... très beau... très poétique... | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Mar 6 Aoû 2013 - 17:25 | |
| Y'a des biologistes refoulé-e-s qui devraient lire "que font les Rennes après Nöel" de O. Rosenthal.
Qu'on se le dise. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Mar 6 Aoû 2013 - 18:42 | |
| (même les irrécupérables ?) | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| | | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Dim 11 Aoû 2013 - 5:14 | |
| J'ai beaucoup aimé L'inconstance de l'espèce, trop tard pour en parler aujourd'hui, ce n'est pas très facile, juste une chose, je ne comprends toujours pas cette traduction des titres, je n'en vois pas l'intérêt, d'abord, et, ensuite, je trouve que le titre original, Le cou de la girafe, était beaucoup mieux adapté. Ce sont les traducteurs qui décident des titres? L'auteur n'a pas son mot à dire? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Dim 11 Aoû 2013 - 7:32 | |
| - Marie a écrit:
- je ne comprends toujours pas cette traduction des titres, je n'en vois pas l'intérêt, d'abord, et, ensuite, je trouve que le titre original, Le cou de la girafe, était beaucoup mieux adapté.
Ce sont les traducteurs qui décident des titres? L'auteur n'a pas son mot à dire? tout comme toi, je me pose assez souvent cette question, sans avoir trouvé une réponse... plus d'un titre me laisse perplexe... surtout si une traduction aurait été facile... mystère, mystère... et je ne sais pas du tout combien un auteur garde un droit de regard à partir du moment qu'une maison d'édition a acheté les droits de traduction/publication... | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Dim 11 Aoû 2013 - 15:37 | |
| Les auteurs comme les traducteurs le regrettent souvent, mais le titre d'un livre est choisi par les éditeurs. On ne donne que rarement suite aux réticences des premiers. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Dim 11 Aoû 2013 - 15:46 | |
| - Maline a écrit:
- Les auteurs comme les traducteurs le regrettent souvent, mais le titre d'un livre est choisi par les éditeurs. On ne donne que rarement suite aux réticences des premiers.
ah oui.. si les éditeurs choisissent... faut plus se poser des questions alors | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Lun 12 Aoû 2013 - 3:33 | |
| L'Inconstance de l'espècetraduit de l'allemand par Mathieu Dumont Actes Sud Comment parler de ce livre, demande Shanidar? Je trouve aussi que c'est très difficile. Car s'il est brillant, c'est vrai, il est aussi complexe, notamment dans sa construction.Témoignant également d'une maturité peu commune pour une si jeune auteure.. L'histoire, vous l'avez racontée: une enseignante de biologie et sport dans un collège ou lycée dans une ville de l'ex Allemagne de l'Est, une région qui se vide de ses habitants et donc de ses élèves. Le récit est mené à la troisième personne , mais tout est vu à travers le prisme des réflexions de cette femme . - Arabella a écrit:
- Parce qu’au final, on n’a que des brefs aperçus de la vie d’Inge, et même si on comprend à peu près ses choix, les événements importants de sa vie, on ne comprend pas vraiment les motivations, les raisons, la logique de ses options
Et bien.. je trouve quand même qu'on en apprend beaucoup sur elle. Que tout est centré sur elle. Et que le même microscope qu'Inge utilise pour étudier ses semblables, l'auteur s'en sert pour l'étudier elle. Mais c'est vrai que les informations sont délivrées par petites phrases elliptiques , disséminées, et que comme c'est Inge qui parle, elle en revient très vite à son seul intérêt , la biologie. Car là, elle contrôle, elle sait. Le reste.. On apprend quand même que son père appartenait à la direction locale du parti, que ses parents ne s'aimaient pas. On apprend le mari et ses autruches, . Sa liaison, l'avortement. Et sa fille, là est le passage le plus violent du livre, son comportement avec sa fille. Mais des options? Ce moment, pendant le bain, quand elle s'était posé la question pour la première fois...Qu'y avait-il d'autre que l'ici et maintenant? ..Toujours cette question...Aucune réponse. Même pas un début. Rien. Pensées tournant à vide. Elle ne pouvait même pas l'imaginer. Et elle avait alors pensé: j'apprendrai certainement ça à l'école.De l'école, elle n'est jamais sortie, Inge, et elle n'a pas appris. La science, voilà son univers et elle dissèque tout par ce biais. Du moins si on l'écoute.. Son corps, sans force. La tête, si lourde. Le cerveau est un énergivore colossal. L'ascidie, un tubercule invertébré, s'en débarrasse une fois devenue adulte et sédentaire. ..Ce cerveau bien trop volumineux. Un entrepôt de connaissances, surdimensionné comme les bois du mégacéros de l'époque glaciaire, comme les défenses du mammouth, les longues canines du tigre à dents de sabre.A quoi bon? Cette accumulation de savoir.. La raison ne nous rendait pas plus intelligent. Engoncés dans le drap de la causalité, le Moi comme illusion neuronale, un spectacle multimédias à grand moyens.Il faudrait être un animal. Un véritable animal. Sans une conscience pour inhiber la volonté. Les bêtes savent toujours ce qu'elles font. Mieux, elles n'ont pas besoin de le savoir. En cas de danger, le lézard se défait de sa queue...Dire qu'il fallait perpétuellement songer à la prochaine chose à faire, au meilleur comportement à adopter; Les bêtes connaissent leurs besoins, ont un instinct....Qu'avait-elle fait de son instinct? Comment était-elle arrivée ici? Où était la queue qu'elle pourrait lâcher?Je trouve cet extrait assez déchirant , et je ne la trouve pas antipathique, ni malveillante, cette Inge. Elle est figée toujours au même stade,et en est tout à fait consciente.Elle a tout perdu, finalement, le régime sécurisant de l'utopie communiste, les repères familiaux . Elle passe sa vie à expliquer la nécessité pour la survie de l'évolution et de l'adaptation, et elle-même a été incapable de s'adapter et d'évoluer. Violent , ce roman, Shanidar? Acerbe, amer, très sarcastique, ironique, oui. Mais je ne l'ai pas trouvé violent. Et la bouffée d'optimisme est dans l'évolution du personnage à la fin, et oui, enfin,c'est pour cela que je trouvais très bon le titre Le cou de la girafe. Le dernier cours où cette convaincue de la loi du plus fort finit par donner à ses élèves des explications sur la taille du cou de la girafe qui ne tiennent rien de Darwin! Vraiment un roman passionnant à plus d'un titre!Je n'ai pas lu L'atlas des Iles abandonnées,je le note, et j'aime beaucoup ce que tu dis, Shanidar, en évoquant aussi L'Inconstance de l'espèce , disant que Judith Schalansky: - Citation :
- semble aimer se promener à la frontière d'une ironie mordante, d'un humour noir, frôlant souvent une forme de cynisme désespéré mais qui se rachète par une sorte de pensée humaniste
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| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Lun 12 Aoû 2013 - 10:03 | |
| - Marie a écrit:
- J'ai beaucoup aimé L'inconstance de l'espèce, trop tard pour en parler aujourd'hui, ce n'est pas très facile, juste une chose, je ne comprends toujours pas cette traduction des titres, je n'en vois pas l'intérêt, d'abord, et, ensuite, je trouve que le titre original, Le cou de la girafe, était beaucoup mieux adapté.
Ce sont les traducteurs qui décident des titres? L'auteur n'a pas son mot à dire? Parler d'adaptation et du cou de la girafe, c'est bien trouvé Marie. Personnellement, je préfère le titre français. Plus mystérieux, plus froid et formel. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Mar 13 Aoû 2013 - 3:02 | |
| Mais, finalement, Maryvonne, tu l'as aimé, ou non, ce roman?? En tout cas, il me trotte toujours dans la tête , merci Maline, je ne l'oublierai pas celui-là. Conversation du dîner d'hier soir autour du cou de la girafe... et surtout de l'épigénétique, ça se complique! | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] Mar 13 Aoû 2013 - 11:37 | |
| - animal a écrit:
- (même les irrécupérables ?)
Surtout eux ! Inutile de refaire un résumé .. je vais me contenter de répondre à mes camarades, position tellement plus facile pour l'arriviste que je suis. A ne pas lire pour ceux qui n'ont pas lu le livre. - Spoiler:
Ce roman m'a bien plu, rien que pour le sujet... comme dit précédemment, l'histoire personnelle d'Inge est entrecoupée de cours de biologie (à moins que ce soit l'inverse). Ces cours sont insérés dans le texte, ainsi que les gravures rendant indissociables les deux. Ces données biologiques ne sont surement pas celles qu'elle donne oralement : souvent, le professeur part dans ses pensées et transpose à son histoire personnelle, propos qu'elle ne peut pas tenir à ses élèves, puisqu'ils la mettraient trop à nu. Elle décrit très bien le combat du professeur pour tenter d'intéresser des élèves à des thématiques assez théoriques, à partir de petites anecdotes suffisamment marquantes pour maintenir leur attention 2 minutes. Ces entourloupes pour faire passer une notion. Elle analyse froidement les relations à l’intérieur de la population d'élèves, mais décrit aussi indirectement les stratégies qu'elle a adoptés pour maintenir sa position dominante sur ce groupe, et montre a quel point cette position est précaire. Certains passages sont très drôles, notamment la description du professeur voisine de classe, qui semble être l'opposé de Inge : plus jeune, détendue, tutoie les élèves et se laisse appeler par son prénom... On pourrait craindre à des personnages caricaturaux, mais finalement, la sauce prend, on y croit. - shanidar a écrit:
- Cette femme est devenue à mes yeux au fil de la lecture un monstre, de ceux qui vivent parmi les vivants, presque insoupçonnables, émanations effrayantes d'un Mal qui les accule à détester et se détester et à s'enfoncer lentement dans le crime de ceux qui ont renoncé à dire, dénoncer, défendre.
Je n'ai pas perçu le personnage de la même façon. Au début, certes elle passe pour un monstre. Mais rapidement, on se rend compte qu'elle n'est pas mieux lotie que ces élèves. Elle n'a plus d'avenir, et son métier, qui représente la seule occupation dans sa vie, est menacé. Elle est dans une terrible solitude, tout autant que le souffre-douleur de la classe. Elle ne parvient à communiquer avec personne, et ses tentatives pour se rapprocher d'une élève seront vaines, et vouées à l'échec. - shanidar a écrit:
- A force de vouloir ne pas être, Inge est devenue une ombre, une morte-vivante, inutile et inutilisable.
Wahou. Pour le coup, tu y vas fort. A-t-elle choisi sa situation ? Je ne suis pas si sûre. Le livre décrit bien l'isolement dans les petites villes... on a vite fait le tour de ses collègues et de ses voisins... Difficile de rompre une solitude partiellement imposée. Pour l'aspect inutilisable, je ne le ressens pas comme ça. Inge est un peu vieux jeu (sic!), mais passionnée par ce qu'elle enseigne... (malgré quelques passages bien corsés!). Elle tente de rester à jour malgré des études qui sont à présent lointaines. Qu'attend-t-on des professeurs ? Les reproches qui lui sont faits sont a relier avec des faits qui se produisent en dehors de ses cours... Au final, je ne dirais pas qu'elle est sympathique, mais on a l'impression que tout ce cynisme est juste un rempart, et qu'on est pas dupe... elle perd toute sa confiance en elle dès qu'elle ose sortir un peu de son personnage. La scène qui se passe lorsqu'elle avait sa fille en classe est tétanisante, elle mérite effectivement des claques. Comme elle relate encore cet événement des dizaines d'années plus tard, on ressent en filigrane qu'elle est bouffée par la culpabilité (du moins j'espère). - Marie a écrit:
- Et la bouffée d'optimisme est dans l'évolution du personnage à la fin, et oui, enfin,c'est pour cela que je trouvais très bon le titre Le cou de la girafe. Le dernier cours où cette convaincue de la loi du plus fort finit par donner à ses élèves des explications sur la taille du cou de la girafe qui ne tiennent rien de Darwin!
C'est justement ce passage que j'ai trouvé un peu foireux, j'ai eu du mal à suivre son raisonnement... d'où ma préférence pour le traduction.... qui laisse supposer à une grande variabilité entre les organismes au sein d'une même espèce. Je relis mes écrits, j'ai peur qu'il ressorte que je la trouve hyper conviviale. J'ai surtout répondu à Shanidar du fait que je ressentais les choses différemment... ça biaise un peu le tout !
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| Sujet: Re: Judith Schalansky [Allemagne] | |
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| | | | Judith Schalansky [Allemagne] | |
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