| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| George Meredith | |
| | Auteur | Message |
---|
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: George Meredith Jeu 11 Juil 2013 - 22:12 | |
|
Meredith George (1828-1909) D’origine modeste, son père était tailleur, il perd très tôt sa mère. Il est envoyé poursuivre ses études en Allemagne de 1842 à 1844 (Neuwied). De retour en Grande-Bretagne, il se détourne d’une carrière juridique pour se consacrer à la littérature. Il collabore à des journaux et revues, publie des récits et poèmes. En 1849, il épouse la fille de l’écrivain Thomas Love Peacock, qui influença l’œuvre de Meredith. Il fut aussi encouragé à ses débuts par Dickens. Sa femme le quitte pour l’un de ses meilleurs amis, le peintre Henry Wallis, ce qui va trouver de larges échos dans son œuvre, entre autre son premier roman important, Richard Feverel (1859). D’autres œuvres vont suivre, Meredith travaille aussi pour une importante maison d’édition. Il cohabite quelques temps avec Rossetti et Swinburne, avant de se remarier après le décès de sa première épouse. En 1866 le Morning Post l’envoie en Italie, de retour en 1868 en Grande Bretagne il s’installe à la campagne et connaît une période très créatrice. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: George Meredith Jeu 11 Juil 2013 - 22:17 | |
| Les aventures de Harry Richmond
Une sorte de roman d’apprentissage à l’anglaise. Le personnage central, Harry Richmond est partagé en deux : entre son grand-père maternel, riche et respectable squire et son père, aventurier brillant, mythomane et guère scrupuleux sur ses moyens d’existence ; entre sa patrie et l’Allemagne, une sorte d’Allemagne de conte de fées et de culture ; entre Janet la sage et honnête jeune dame anglaise et Ottilia la princesse allemande férue de philosophie et nimbée d’un charme incomparable. Et il oscille en permanence entre l’un et l’autre de ces possibles, sans jamais être en capacité de trancher, et se laisse mener par les événements.
Le roman joue sur de nombreux registres : d’abord j’ai eu la sensation d’assister à un de ces romans de mœurs à l’anglaise, avec cette demeure familiale troublée par l’arrivée de ce mari et père indigne, et qui emporte son fils. On entrevoyait le drame qui a présidé à la situation, et je m’attendais aux développements un peu classiques d’un conflit familial, des histoires d’héritage etc. Tout cela est occulté pendant un moment par la description du père vu par le fils, un très jeune enfant qui succombe au charme de cet homme qui lui conte des histoires, le fait rêver, lui donne des signes manifestes d’affection, et qu’on devine à quel point cette façon d’élever un enfant devait se situer à l’opposé de ce que Harry a du connaître jusque là. Et puis, une rupture (le roman fonctionne pas mal par ruptures), et Harry se retrouve en pension, et là un épisode peut être classique de vie de pension par un jeune garçon, avec les amitiés pour la vie, les inimitiés et une manière de se construire. Puis une fuite, presque onirique, un voyage avec une bohémienne, et le retour presque sans le vouloir (mais peut être pas) chez le grand-père. De nouveau une tranche classique de la vie anglaise, puis le désir de revoir le père prodigue, un enlèvement par un capitaine mystique que amène Harry en Allemagne, et à la poursuite du père, un voyage magique, entre rêve et réalité jusqu’au château d’une belle princesse. Je passe la suite, parce que les rebondissements sont nombreux.
Un livre impossible à résumer, difficile à classer. Il y a une part de satire sociale, mais ce qui la rend intéressante et originale, c’est que l’auteur ne se borne pas de regarder les classer privilégiées anglaise de Grande-Bretagne, il y a une comparaison avec l’Allemagne, une sorte de vision critique de l’extérieur, ce que je n’ai pas le souvenir d’avoir lu sous la plume d’un auteur anglais. En même temps, il y a des portraits des personnages, très opposés les uns aux autres, ce qui fait ressortir les défauts et qualités respectifs de chacun. Et puis ce côté rêveur, poétique, qui par moments font se demander ce qui est vrai ou non. Un mélange étrange et très prenant. Même s’il y a quelques longueurs à la fin, les passages avec le père, qui en perdant peu à peu sa séduction a besoin d’en faire de plus en plus, la passivité du fils aussi devient redondante, et je pense qu’une partie du récit aurait pu être condensée, cela reste un livre passionnant, un peu étrange, posant des questions fortes, esquissant des réponses, mais n’assénant jamais rien. Et les femmes ont le beau rôle dans la plupart des cas. Janet et Ottilia sont des personnalités bien plus attachantes et fortes que ce pauvre Harry, on se demande presque ce qu’elles peuvent bien lui trouver.
Une très bonne surprise, et je compte bien lire d’autres livres de cet auteur. Difficiles à trouver, car il ne semble plus vraiment édité depuis un certain temps en France. Il reste heureusement des exemplaires dans les bibliothèques. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: George Meredith Jeu 11 Juil 2013 - 23:27 | |
| - Arabella a écrit:
- Difficiles à trouver, car il ne semble plus vraiment édité depuis un certain temps en France. Il reste heureusement des exemplaires dans les bibliothèques.
C'était l'édition de 1948 ? | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: George Meredith Jeu 11 Juil 2013 - 23:31 | |
| Oui. Toute jaunie et sortie de la réserve centrale. Ce qui est étrange c'est si on s'en tient au catalogue fournie par l'éditeur, à l'époque c'était l'auteur classique anglais qui avait droit au nombre le plus important, et de loin, de livres parus. Et depuis, complètement disparu. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: George Meredith Jeu 11 Juil 2013 - 23:36 | |
| - Arabella a écrit:
- Oui. Toute jaunie et sortie de la réserve centrale. Ce qui est étrange c'est si on s'en tient au catalogue fournie par l'éditeur, à l'époque c'était l'auteur classique anglais qui avait droit au nombre le plus important, et de loin, de livres parus. Et depuis, complètement disparu.
Parfum de livres, prescripteur d'opinions bien connu, va peut-être le remettre en lumière ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: George Meredith Jeu 11 Juil 2013 - 23:38 | |
| On aimerait bien avoir tant d'influence que ça sur les éditeurs ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: George Meredith Mer 24 Juin 2015 - 10:45 | |
| Diane de la Croisée des Chemins
Nous sommes en Grande Bretagne à la fin du XIXe siècle. Diane est une jeune irlandaise, orpheline, belle et très brillante. Elle finit par se marier, mais le mariage tourne mal, son époux, bien moins brillant qu’elle, se montre mesquin et tyrannique. Après un procès intenté par le mari pour une infidélité supposée, qu’il ne gagne pas, Diane reprend une fragile liberté, et tente de gagner sa vie en écrivant, tout en essayant d’avoir une place dans la société.
Un livre étonnant, par le tableau assez impitoyable de la société de l’époque, hypocrite et bien pensante, qui tolère les pires excès chez certains, à conditions de respecter les conventions admises, alors qu’elle se montre sans la moindre bienveillance pour ceux qui bravent ces mêmes conventions.
Le livre est aussi très étonnant par le questionnement sur la place de la femme dans cette société, on pourrait même dire que c’est le thème central du livre de Meredith. Les portraits de Diane et de son amie Emma, sont d’une très grande finesse et d’une très grande précision, avec en particulier l’évolution de Diane, qui pense pouvoir trouver sa place dans son monde, avant de voir les limites qu’on lui assigne. Rien n’est assené, mais suggéré, entrevu. Il est étonnant de voir un écrivain homme, et surtout à cette époque avoir une telle vision de cette question, et de se placer ainsi du point de vue féminin.
Tout cela avec l’écriture si spécifique de Meredith, pas facile et accessible certes, toute en circonvolutions et arabesques, avec son rythme qui prend le temps, mais qui a un charme fou.
J’ai vraiment apprécié énormément les trois quarts du livre, même si j’ai trouvé la fin un peu plus conventionnelle, avec son happy end. J’aurais préféré quelque chose de plus radical pour terminer un roman si peu conventionnel, et si juste jusque là. Mais c’est une petite réserve, pour un auteur de très grande qualité, dont j’ai du mal à m’expliquer le manque de notoriété en France. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: George Meredith | |
| |
| | | | George Meredith | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|