La petite chartreuseÉtonnante rencontre entre Vollard, le libraire original, et Eva, petite fille au destin funeste, un jour à la sortie de l’école. A ces deux-là, ajoutons Thérèse la maman, elle aussi curieux personnage.
Ce livre, est la rencontre de trois êtres esseulés, emmurés. Trois solitudes qui provoqueront leur perte.
Éva la petite, livrée le plus souvent à elle-même, privée de la parole à la suite d’un tragique accident, et qui finira plongée dans un profond mutisme.
Thérèse, seule à élever son enfant, mère lointaine qui se fuit autant qu’elle fuit sa fille. Thérèse, la femme fantasque, qui n’ose ou ne sait pas parler à Eva alors qu’elle en a cruellement besoin.
- Citation :
- « Elle sait qu’on ne peut pas laisser à l’abandon une fillette qui n’a au monde que sa maman. Elle fait ce qu’elle peut pour se convaincre qu’elle est la mère d’une petite fille nommée Éva, il y a dix ans. »
Et puis Vollard, le libraire, réfugié lui aussi dans la solitude des livres et des mots. Vollard, qui, tel un père de substitution, aura les mots et les gestes à l’endroit d’Eva, et de sa mère.
En dépit de la tristesse évidente de cette histoire, ce livre n’en reste pas moins lumineux. L’écriture fluide et nerveuse sait se faire discrète pour laisser le lecteur se délecter des mots, des évocations d’une région superbe qu’est la Grande Chartreuse, et lui laisser le temps de se laisser aller, tout simplement.
La tendresse un peu gauche et maladroite de Vollard est touchante. De la même manière que l’est la désinvolture de Thérèse qu’il m’a été impossible de blâmer ; peut-être parce qu’on ne sait pas grand-chose d’elle. Alors que de Vollard, nous en savons plus, et que cela explique aussi son univers si réduit.
Ce livre tendre, triste, et sensible à l’extrême se lirait presque « clandestinement » , pour coller à son atmosphère si particulière.