| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Ron Butlin | |
|
+4GrandGousierGuerin Heyoka shanidar Sekotyn 8 participants | Auteur | Message |
---|
Sekotyn Envolée postale
Messages : 244 Inscription le : 13/08/2013 Localisation : Entre Rhône et Alpes
| Sujet: Ron Butlin Lun 2 Sep 2013 - 11:18 | |
| Ron Butlin Ron Butlin est un romancier et poète écossais né en 1949 à Édimbourg. Il a vécu son enfance dans des villages écossais puis a fait ses études à Édimbourg. Il dit lui-même qu'il n'aime pas la ville, que son monde est celui de la campagne Au cours de sa vie il a vécu et enseigné dans différentes universités en Écosse et au Canada. Il a commencé par publier des poèmes à la fin des années 1970, puis des nouvelles et des romans. Il a été soutenu par son compatriote Irvine Welsh, l'auteur de “Trainspotting” qui l’a fait connaître sur la scène internationale. Il vit aujourd’hui dans la capitale écossaise avec sa femme, l'écrivaine Regi Claire. Il est également journaliste au Sunday Herald. Œuvres traduites en français Visites de nuit (2005), Quidam Éditeur (roman écrit en 1997) Le son de ma voix (2004), Quidam Éditeur (roman écrit en 1987) Appartenance, Stock Ron Butlin est l'écrivain du dérapage, de l'intime qui se délite, des illusions à peine révélées, des désillusions flagrantes. Il tangue, va du mal de vivre mélancolique à l'enfermement délétère. Son univers littéraire est celui de l'oppression, du non-dit, de la perte, autant d'émotions qui se faufilent dans la narration avec une mise en distance intelligente. Ron Butlin insinue plus qu'il ne constate. Il installe des atmosphères, au lecteur de faire le reste du travail. Son nouveau roman, Appartenance, révèle une fois encore son talent à dire l'infime, cette indifférence au monde qui ronge ses personnages, leur incapacité à vivre des amours, à vivre tout court. Le Son de ma voixDans ce roman Ron Butlin dresse le portrait accablant d'un cadre désespéré qui se dilue dans l'alcool. Morris Magellan est l'un de ces mornes traîne cravates que l'on croise à l'aube dans les trains de banlieue, menottés à des porte-documents lourds comme des menhirs. Dans la cellule de leurs bureaux l'air est triste, irrespirable. Les gosiers s'assèchent. Cadre dirigeant de Biscuits Majestic S.A., en Ecosse, Morris, la trentaine racornie " Trente-cinq ans aujourd'hui, hourra. À la moitié déjà " s'abandonne à ses " journées-biscuits " dans le cellier de son bureau, son " piège à boue ". Pour ne pas lâcher la rampe, il s'agrippe à son meuble à dossiers, qui recèle le secours d'un verre, le répit d'une bouteille de cognac. " Un coup à boire pour dissiper la boue ". Une lampée comme une goulée d'air. L'alcool, le " solvant universel ". Si la boue se dilue dans la rasade, si la lâcheté recule devant l'ivrognerie, la peur et le désespoir collent encore à ses semelles lorsqu'il rejoint sa femme Mary, qui subit sa déchéance avec " patience, pitié, compréhension ", et ses enfants, Tom et Elise, ses " accusations ". La soif est la ligne de partage. " Il y a deux endroits seulement dans le monde : là où il y a de quoi boire, et là où il n'y a pas de quoi ". Mon avis C'est un livre que l'on n'oublie pas. Poignant, tellement humain, le mal de vivre du héros est littéralement douloureux. Son rapport à l'alcool est décrit avec une exceptionnelle finesse. A lire absolument. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ron Butlin Lun 2 Sep 2013 - 11:39 | |
| Je suis totalement d'accord avec Sekotyn en ce qui concerne Le son de ma voix, ce livre qui aborde le sujet épineux de l'alcoolisme est un livre qui ne s'oublie pas. D'abord parce qu'on voudrait bien le détester Morris Magellan, un peu pauvre type, cadre plus du tout dynamique qui se fout en l'air et fout en l'air ses relations à cause de l'alcool. Et puis on commence à le suivre dans sa descente vers les caves sordides de sa déchéance alcoolique, on commence à écouter la voix qui perce derrière l'haleine chargée et on entend le son éructé par un homme qui s'est perdu, qui ne sait plus, un homme qui souffre.
Il s'agit dans ce roman d'un témoignage extrêmement émouvant, rageant, écoeurant et tendre. Une lecture difficile parce qu'il n'est jamais agréable de voir un homme en destruction mais une lecture qui reste. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ron Butlin Lun 2 Sep 2013 - 13:07 | |
| - shanidar a écrit:
- Je suis totalement d'accord avec Sekotyn en ce qui concerne Le son de ma voix, ce livre qui aborde le sujet épineux de l'alcoolisme est un livre qui ne s'oublie pas. D'abord parce qu'on voudrait bien le détester Morris Magellan, un peu pauvre type, cadre plus du tout dynamique qui se fout en l'air et fout en l'air ses relations à cause de l'alcool. Et puis on commence à le suivre dans sa descente vers les caves sordides de sa déchéance alcoolique, on commence à écouter la voix qui perce derrière l'haleine chargée et on entend le son éructé par un homme qui s'est perdu, qui ne sait plus, un homme qui souffre.
Joli commentaire Shanidar, je pense le lire rapidement. | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Ron Butlin Mer 4 Sep 2013 - 22:02 | |
| @Heyoka A la vue de ton nouvel avatar, j'avais cru que tu t'étais même déjà imbibée du sujet je le note également ! | |
| | | Sekotyn Envolée postale
Messages : 244 Inscription le : 13/08/2013 Localisation : Entre Rhône et Alpes
| Sujet: Re: Ron Butlin Mer 4 Sep 2013 - 22:05 | |
| | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Ron Butlin Mer 4 Sep 2013 - 22:07 | |
| - Sekotyn a écrit:
- Vous ne serez pas déçus.
@Sekotyn : j'aime bien le style que tu as employé dans ce commentaire ... Un je ne sais quoi de so british
Dernière édition par GrandGousierGuerin le Mer 4 Sep 2013 - 23:13, édité 1 fois | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 45 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Ron Butlin Mer 4 Sep 2013 - 22:46 | |
| Ça a l'air dur. Ça a l'air bien. Je vais le noter. Vous en parlez bien Sekotyn et Shanidar. | |
| | | Sekotyn Envolée postale
Messages : 244 Inscription le : 13/08/2013 Localisation : Entre Rhône et Alpes
| Sujet: Re: Ron Butlin Jeu 5 Sep 2013 - 7:36 | |
| - GrandGousierGuerin a écrit:
- Sekotyn a écrit:
- Vous ne serez pas déçus.
@Sekotyn : j'aime bien le style que tu as employé dans ce commentaire ... Un je ne sais quoi de so british Ouhlala ! La seule partie qui est totalement de moi c'est l'avis final. | |
| | | Flibustière Agilité postale
Messages : 884 Inscription le : 29/09/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ron Butlin Jeu 5 Sep 2013 - 8:17 | |
| Il me tente bien ce livre de Butlin, j'imagine qu'il n'est pas encore en poche ! | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Ron Butlin Jeu 5 Sep 2013 - 8:22 | |
| Si, si, il est en poche Par contre, j'ai reçu aujourd'hui Tout va très bien, de Charles Chadwick . Merci Sekotyn! Un premier avis, ne pas le prendre sur le pied, vu le poids, ça peut faire mal. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Ron Butlin Jeu 10 Oct 2013 - 23:16 | |
| Ce livre me cause un vrai souci de formulation, du mal à définir si j'ai aimé ou non. Je reconnais le talent de l'auteur, le flou alcoolique est finement retranscrit avec une écriture à la deuxième personne du singulier qui doit impliquer le lecteur. Bientôt, tu seras capable de raisonner assez bien pour ne plus rien sentir du tout. En effet. J'ai eu du mal à ressentir. Je suis restée à distance, à l'extérieur du propos à l'image de Morris exclu de sa propre vie, de ses émotions anesthésiées. Une lecture difficile guidée par le son de sa voix. - shanidar a écrit:
- parce qu'on voudrait bien le détester Morris Magellan.
Étrangement, à aucun moment je n'ai eu envie de le détester. - shanidar a écrit:
- Il s'agit dans ce roman d'un témoignage extrêmement émouvant, rageant, écoeurant et tendre. Une lecture difficile parce qu'il n'est jamais agréable de voir un homme en destruction mais une lecture qui reste.
Tu as mis le doigt sur le problème je crois Shanidar, c'est difficile parce qu'il ne pouvait pas en être autrement. " Chaque jour, chaque instant presque, tu dois recommencer la lutte encore et encore, la lutte pour être toi-même. " | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ron Butlin Ven 11 Oct 2013 - 8:45 | |
| Tu verras qu'après un certain temps, tu devrais conserver ce sentiment d'ambivalence et en même temps garder en mémoire la force du propos et son originalité. Tu es maintenant prête pour lire La Maison muette de John Burnside... un autre écossais à l'écriture puissante et à la thématique dérangeante ( son fil) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 44 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Ron Butlin Mer 26 Fév 2014 - 21:49 | |
| Le son de ma voix
Milieu des années 80, notre bonhomme est un cadre, assez jeune, il n'a que 35 ans, haut placé dans une entreprise qui produit des biscuits. Bonne situation, bon salaire, une enfance à l'affection contrariée, marié avec deux enfants... et un sévère penchant pour la bouteille.
Des bitures abusives d'étudiant aux excès de l'adulte qui perd pied on passe par les moments de plaisir et de succès, l'alcool comme combustible et pour la vie de tous les jours. L'alcool tenant la boue à distance, la boue toujours plus envahissante à distance de l'instant présent. L'alcool et un peu de musique classique.
Notre homme est sûr de lui et développe une certaine indifférence, tout du moins insensibilité à ce qui l'entoure, famille comprise. Un replis narcissique malheureux et au fur et à mesure on comprend qu'il n'y a pas que sa femme pour qui il est évident qu'il y a un problème. Moments incertains aux séquences manquantes, monologues reconstruisant le présent et se terminant à voix haute.
Notre type qui gère, s'effrite, s'effondre, dérape toujours plus loin et plus bas.
De précises descriptions d'abus et d'intoxication alcoolique, entre le délire et la lutte de chaque instant contre le décor mouvant, après le départ en flashback c'est assez saisissant. Puis viens la routine et quelques développements... ce qui fait comprendre que ça ne va vraiment pas et s'interroger sur cette place et cette réussite.
La préface fait miroiter une réflexion sur ces années de succès tatchérisant, difficile à dire si ce n'est que le type est un exemple de réussite, que cette réussite ne le sauve pas, et ne le rend pas meilleur.
J'ai apprécié certains passages, une mouvance mais je ne sais trop dire ce qui m'a empêché de me laisser aller. Sans doute pas un manque de sympathie pour le gugusse, manque pourtant bien réel. Ni le manque d'attrait pour le contexte, pour cette vie familiale tangible mais tenue à distance, ou pour la vision désabusée du boulot.
Peut-être le côté répétitif de l'expérience qui est fascinante parce qu'au chaud dans son cocon de déni cotonneux mais qui n'en finit pas d'être loin. Je n'imagine pas en fait l'intoxication presque permanente de 7h du mat à ... 3-4h du mat, l'intoxication complète régulière (avec les pertes de mémoire et d'équilibre, ... ) sans plus de souffrance physique plus forte que la suffocation. Peut-être un heureux manque d'habitude qui fait penser à la déshydratation, au carton dans la bouche, aux briques dans la tête, aux nerfs en compote ?
Le mur, l'écart imbibé, l'horreur de cette indifférence, insensibilité à ce point qui créerait la distance ? ptet ben que oui, ptet ben que non.
Pas mal... mais ? à laisser décanter ? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ron Butlin Jeu 27 Fév 2014 - 11:25 | |
| je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que le malaise éprouvé, cette impossibilité à dire j'aime ou j'aime pas, j'accroche ou je décroche, vient du fait que Butlin ne cherche pas à séduire son lecteur, il présente un personnage pas franchement aimable, assez insaisissable même et cet aspect se retrouve dans l'écriture, ce qui fait qu'il est difficile de s'attacher. Mais une fois que l'on a dépassé ce stade (avec le temps, je crois), le livre revient avec une sorte d'effet boomerang et reste longtemps en bouche. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 44 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Ron Butlin Jeu 27 Fév 2014 - 22:32 | |
| je ne sais pas. c'est sans doute un livre assez marquant sur l'alcoolisme mais si le type n'est pas ouvertement adorable, il y a un appel à un semblant de compassion au moins à travers l'entourage... ou le simple fait qu'il tombe. ce qui tiendrait à distance serait alors la simplicité du propos (qui n'est pas forcément ou automatiquement un défaut). ou alors il faudrait être frappé par une évidence de "c'est possible une vie pareille" (la vie "normale" comme et avec l'alcool) ? Mais là il y a la part d'enfance et le parcours survolé de l'identité qui se serait perdue trop tôt qui atténue ça, en un sens...
ou bien le fait que la "boue" comme il l'appelle reste un dégoût et une peur mal nommée, à l'état de sensation presque abstraite... moins intéressant que la mythomanie éthylique ? ou simplement moins présent ?
à moins qu'il ne subsiste un doute quant à la profondeur de l'exercice... roman/récit d'addiction sans ombre de morale (qui pencherait donc vers des tendances littéraires préexistantes, même Sur la route, pourquoi pas) mais transposé en vie normale, à succès même. comparable à une variante européenne (moins grandiloquente) du Démon de Selby Jr ?
il faudrait peut-être que je relise Un peu d'air frais un de ces jours. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ron Butlin | |
| |
| | | | Ron Butlin | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|