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| André Delvaux | |
| | Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: André Delvaux Mar 10 Sep 2013 - 21:27 | |
| André Delvaux (1926-2002) - Citation :
- Formation
André Delvaux étudie la philosophie germanique et le droit à l'Université Libre de Bruxelles. Professeur de littérature néerlandaise et passionné de cinéma, il réalise plusieurs courts-métrages de 1956 à 1962, dont Le temps des écoliers (1962) avec lequel il opte résolument pour la fiction.
Carrière au cinéma
Avec ses deux premiers films, Man die zijn haar kort liet knippen (L'homme au crâne rasé, 1967) et Un soir, un train (1968), André Delvaux porte à l'écran l'univers intemporel de l'écrivain flamand Johan Daisne. Le premier, oeuvre maladroite, porte en lui les qualités des films suivants : refus de la simplification et attrait du mystère. Dans le second, André Delvaux rend limpides les correspondances cinématographiques avec l'oeuvre de l'écrivain et trouve la mesure pour diriger ses acteurs Yves Montand et Anouk Aimée. Rendez-vous à Bray (1971), d'après une nouvelle de Julien Gracq, définit les principes de base de la conception esthétique d'André Delvaux : mêler réel et onirisme et satisfaire esprit et sens du spectateur. Cette réussite prend des accents de consécration quand en 1972 André Delvaux représente la Belgique au Festival de Cannes avec Belle. En 1979, il abandonne la fiction pour une histoire ancrée dans la réalité historique et politique de la Seconde Guerre mondiale, Femme entre chien et loup, où il stigmatise à la fois le nationalisme flamand et la collaboration de certains milieux flamands avec l'Allemagne nazie. En 1983, Benvenuta, adaptation du roman La confession anonyme de Suzanne Lilar, signe le retour du cinéaste aux jeux de cache-cache entre le réel et la création artistique. Delvaux ne sépare jamais la conception d'un sujet et d'un style, conception de la réalisation qui lui vaut l'aval de la romancière.
Autres activités
En 1950, André Delvaux accompagne au piano les films muets à la cinémathèque de Bruxelles. Il réalise pour la télévision belge une série de 4 épisodes sur Federico Fellini, 5 sur Jean Rouch et 9 sur le cinéma polonais. A partir de 1963, il enseigne le cinéma à l'Institut national supérieur des arts du spectacle à Bruxelles. En 1979, il réinvente le film d'art avec un court-métrage sur le peintre hollandais Dierick Bouts, Met Dierick Bouts (Avec Dierick Bouts). source : bifi.fr | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Mar 10 Sep 2013 - 21:59 | |
| Rendez-vous à Bray (1971) Avec Anna Karina, Bulle Ogier, Mathieu Carrière, Roger Van Hool. Un film d'après Le Roi Cophetua de Julien Gracq ? Et oui, c'était possible. 1917, Julien, jeune luxembourgeois doit rejoindre son ami Jacques à la Fougeraie, la demeure de son ami à Bray. Dans cette grande demeure proche de la ligne de front Julien sera accueilli par une jeune femme, en attendant Jacques, qui est pilote et peut-être retenu (ou peut-être mort), il se souviendra de moments avec Jacques et Odile (l'amie de Jacques et troisième élément d'un triangle amicale très proche). Autour de la nouvelle on trouve donc une couche extérieure nourrie de piano (Julien est pianiste) et de musique en général (Jacques est musicien lui aussi) et qui construit une trame serrée autour de l'attente. L'atmosphère si particulière et si riche de la nouvelle de Julien Gracq est merveilleusement transcrite par un choix parfait de lieux et d'objets, et par la saison, un automne qui a perdu ses feuilles, l'impression de friche, d'oublis et de souvenirs. Il y a aussi toute la sensualité de la rencontre qui est très savamment entretenue. Et pour revenir à ce qui n'est pas dans la nouvelle (de mémoire) cette intrigue ou plutôt ce questionnement, l'atmosphère est révélée par les rires et les éclats des moments d'amitié (la légèreté de Bulle Ogier) mais aussi par le rapport entre Jacques et Julien. Jacques est l'ainé, Jacques est issu d'un milieu plus aisé, Jacques a une amie puis Jacques part à la guerre, aviateur. Julien est neutre et reprend le travail de critique musical pour un journal de Jacques, Julien suit Jacques par une réelle amitié mais il est aussi lui même et fait passer la musique et peut-être son intégrité devant beaucoup de tentations... jusqu'à cette étrange rencontre qui est un affranchissement, peut-être arrangé, au fond peut-être dramatique. Il y a un rapport de contemplation passivité avec une jouissance de l'entre deux qui est incroyablement rendue. Une science, un amour de l'instant fantastique. Sans alourdir le sens, très précis, mais évanescent. Grave et sublime mais assez entouré pour conserver l'intensité de l'accident, comme de l'attente entre le meilleur et le tragique. Merveille d'équilibre et d'esthétique. Quand les mots manquent c'est le piano qui prend la relève pour ce jeune homme soucieux, musique qui trame autrement les souvenirs et les sentiments. Et tout ce dialogue, rassurant, voulu, avec cette femme et qui ne se fait pas. Ça m'arrive de dire (et de le penser) que je suis réfractaire au piano. Je pourrai changer d'avis (à force). Un film inoubliable, une inspiration-adaptation très réussie, un film sublime de bout en bout (jusque dans les voix, les langues, les accents). Je suis stupéfait par la beauté de ce film. Me tirer les oreilles si je ne vais pas à la pêche aux images dans le dvd. (et au passage on en apprend sur la gastronomie luxembourgeoise). | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Mar 10 Sep 2013 - 22:43 | |
| en attendant je fais un tour chez traversay : - traversay a écrit:
Belle (André Delvaux, 1973) Mathieu (épatant Jean-Luc Bideau), écrivain, mène deux vies parallèles. L'une, bien réglée, avec son épouse et sa fille. L'autre, auprès d'une inconnue, dont il ne comprend pas la langue, dans une maison délabrée au fond des bois. Cette femme existe t-elle ? N'est-elle qu'un fantasme ? L'un des films les plus sensuels de Delvaux, envoûtant avec son climat brumeux et humide. Aux frontières du surréalisme, une oeuvre pré-lynchéenne, pour ainsi dire.
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Ven 13 Sep 2013 - 22:29 | |
| Images ! - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Dim 22 Sep 2013 - 20:32 | |
| L'édition DVD de Rendez-vous à Bray n'étant pas avare en compléments on peut voir entre autres le documentaire sur Dieric Bouts Avec Dieric Bouts (1975) Une approche qui n'est pas un épluchage de la peinture par l'exemple. L'ouverture du documentaire se fait sur un contrat signé par le peintre (pour le retable du Saint Sacrement à Louvain) auquel vient se superposer le contrat du présent documentaire. Beaucoup de vues du pays, vues contemporaines mais de campagne qui font écho aux arrières plans des peintures (non montrés), place du marché, détails de la nature. Reconstitution de la Cène comme peinte par le peintre, détails des mains : la découverte de "son langage, de notre langage. De notre langage, de son langage". D'autres détails dont La Chute des damnés (qui doit être chez Marko je crois) qui préfigure les monstruosités de Jérôme Bosch. L'énigme du peintre sur lequel on sait peu de choses (qui a été son maître ?) et de sa (ou la) peinture. Pourquoi nous parle-t-elle ? De façon différente mais avec quelques ressemblances, comme avec un film comme Bruegel, le moulin et la croix on est acheminé vers une découverte et une incitation à la lecture des œuvres (il n'y a pas ou très peu de visions d'ensemble dans ce film) qui va de paire avec la mise en avant du mystère de la création artistique. Un petit film de 30 min très bien écrit, presque une boucle, et qui fait preuve d'énormément de finesse esthétique et d'intelligence de propos. C'est un peu faut quand je dis qu'on ne voit pas les arrières plans, mais quand les images du film sont un paysage de village ou de champ ou un détail végétal, les détails de la peinture sont un arbre, un vol d'oiseau, seulement plus tard une vue de village avec son architecture religieuse. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: André Delvaux Dim 22 Sep 2013 - 20:34 | |
| Ben mince j'avais loupé ton fil. Je vais regarder ça de près. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Dim 22 Sep 2013 - 20:43 | |
| je serai surpris que ça te laisse de marbre. Frédéric Devreese ça doit te parler aussi non ? | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: André Delvaux Dim 22 Sep 2013 - 21:29 | |
| - animal a écrit:
- je serai surpris que ça te laisse de marbre. Frédéric Devreese ça doit te parler aussi non ?
Je ne connais que sa musique de L'Oeuvre au noir mais pas son œuvre de compositeur. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Sam 26 Avr 2014 - 10:00 | |
| Un soir, un train (1968) Un professeur de linguistique en Belgique néerlandophone interrompt un cours pour cause de grève des étudiants (il n'y apparemment que les étudiants étrangers dans l'amphithéâtre), il rejoint sa compagne française qui est décoratrice de théâtre. Il doit partir donner une conférence... à des étudiants néerlandophones, elle, doit refaire les costumes de la Mort et de l'Ange pour une adaptation de Elckerlijc (<- clic). Lui ne peut assumer cette compagne (et non femme) française et elle a du mal à trouver sa place. C'est donc inquiet qu'il prend le train, mais elle aussi prend finalement place dans le compartiment. A un moment le train s'arrête au milieu de la voie et il se retrouve perdu au milieu de nulle part, un rêve ? avec un ancien étudiant et un professeur de théologie. Ambiance étrange qui glisse vers l'irréel même si dès le départ le spectateur est très bien servi par des décors (intérieurs...) d'une richesse et d'une précision à baver des jours entiers. Beaux extérieurs également avec les vues de la fenêtre du train ou les souvenirs de Londres... puis ce nulle-part et l'étrange village. Et malgré les composantes linguistique et théologique, ça reste sobre dans le dialogue. L'objet de la pensée est Anne, cette femme très belle, qui hante tout le film. A lire la page sur Elckerlijc, il doit y avoir un lien. Toujours pas fan acharné d'Yves Montand et je garde une petite préférence pour Rendez-vous à Bray, mais c'est un très beau et bon film que celui-ci qui glisse dans le mélange des genres avec une pertinente authenticité de l'image. Je suis conquis. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Mar 24 Fév 2015 - 22:44 | |
| Belle (1973) En Blegique, du côté de Spa (région des hautes Fagnes ?), Mathieu Grégoire est un écrivain qui connaît un certain succès. Entre lectures publiques, travaux divers, sa femme et sa fille, on peut même dire que sa vie a l'air de suivre un cours heureux. Beaucoup de références poétiques et visuelles (y compris chez André Delvaux, dans les intérieurs et certains motifs) associées à beaucoup de douceur dans les bras de madame voisinent néanmoins avec une inquiétude profonde qui n'est pas facile à saisir. Il y aurait la beauté (consciente) de sa fille, l'ami un rien envahissant et assez proche de sa femme... et puis un accident une nuit, suivit d'une rencontre avec une inconnue le lendemain au milieu des bois. Une relation sans paroles qui envahit rapidement l'esprit et la vie de notre auteur (Jean-Luc Bideau excellent). Paysage humide et sublime puis les choses empirent avec l'arrivée d'un autre, rustre, inquiétant, physiquement plus fort. A côté de sa les relations de la vie quotidienne deviennent ponctuellement des agressions matérielles. L'amour fantasmé comme un refuge et le risque d'une perdition. Fantasmé, sublimé, quand même tout le reste, de valeur est aussi riche d'une sensualité muette. Trip mental d'un moment particulier pour une personnalité particulière, nourri à la perfection par un univers artistique persistant (le Delvaux peintre est là aussi avec un quai de gare aux airs, dans un rêve, de jugement sans substance). On ne sait pas trop, peut-on savoir. Voudrait-on vraiment savoir nous aussi, n'est-ce pas un peu trop indispensable cette sensation d'abandon, de glisser vers la terre, la pointe de folie, le monde essentiel coupé du monde ? Un refuge intime de l'âme et des sens ? Pas simple comme film, pas simple à suivre, à bien comprendre, même pas toujours fracassant de beauté, non même pas, il n'y a même pas ce besoin. C'est un peu comme si le film participait de se refuge finalement. Juste beau. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: André Delvaux Mar 24 Fév 2015 - 22:53 | |
| et une petite présentation du film : ina.fr | |
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| Sujet: Re: André Delvaux | |
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| | | | André Delvaux | |
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