King Hu

King Hu

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Formation

Issu d'une famille lettrée, King Hu fait ses études universitaires à Pékin, entre autres à l'Institut national des beaux-arts. En 1949, il se fixe à Hong Kong et exerce divers métiers. Dessinateur publicitaire, il devient producteur et animateur d'émissions de radio, acteur, décorateur et scénariste. Il débute dans la mise en scène comme premier assistant et coréalisateur de Li Han-Hsiang.

Carrière au cinéma

La filmographie de King Hu compte treize films, de Sons and daughters of the good Earth en 1964 à Painted Skin en 1993. Le cinéaste affiche une prédilection pour l'époque Ming et le genre traditionnel et populaire des films de chevaliers errants. Grand érudit et amateur d'opéra chinois, il s'inspire de cet art pour tourner les chorégraphies des combats et construit, dans un souci de perfection, chaque scène dans le respect du détail historique de la Chine ancienne. Décors, costumes, accessoires, musique, montage créent un enchantement loin des productions traditionnelles de karaté. Avec  Touch of Zen (1969), le cinéaste est découvert par le public européen au Festival de Cannes.Oeuvre majeure, ce film prône, comme Fate of Lee Khan (1974) ou Pirates et Guerriers (1975), la justice communautaire sur un ton épique teinté d'humour. Après avoir tourné ses premières réalisations à Hong Kong, King Hu part pour Taiwan où il réalise Dragon Gate Inn (1966) puis Touch of Zen (1969). De 1973 à 1979, il réalise quatre films dont deux sont tenus pour des chefs-d'oeuvre par ses pairs : The Fate of Lee Khan dont l'action se déroule dans une auberge et Raining in the Mountain. Cinéaste indépendant depuis 1970, date à laquelle il crée sa propre société de production, King Hu poursuit son oeuvre : All the King's men (1983), The Boiling Sea (1985), un film d'animation, et Painted Skin (1993).

Autres activités

King Hu participe à de nombreuses conférences sur les civilisations et les cultures asiatiques et publie une série d'articles sur la littérature chinoise.

Prix

Grand Prix de la Commission supérieure technique, 1975 au Festival International du Film (Cannes)(Sélection officielle) pour le film : Xia Nu

source : bifi.fr

une biographie plus détaillée : cineclubdecaen.com





Pluie de lumière sur la montagne vide (1978)

Il y a trop longtemps, au moins quinze ans, nous avions pu voir à la télévision, et il a fallu insister car le cinéma chinois se devait d'être moins inspirant que le cinéma japonais, Pluie de lumière sur la montagne vide. Il a fallu quelques années et une recherche ponctuelle pour identifier le film comme Raining in the mountain de King Hu. Il en aura fallu d'autres pour que je tombe sur le dvd. Au moins l'hésitation était impossible. Quelques semaine plus tard et bien des années après je peux enfin revoir le film.

Il y a un attachement particulier qui ne s'expliquait pas ou plus les détails s'étant effacés. Il y a le souvenir du monastère où se déroule l'action et de péripéties, de la voleuse Renarde Blanche et comme toute histoire dans un monastère il y avait malice et sagesse. Tout ça n'expliquerait pas, l'attachement si particulier, le frémissement.

A l'époque Ming (ça doit faire XVème), un couple et son domestique chemine vers un monastère, le patriarche, un ami, s'apprête à passer la main. D'autres amis sont invités comme conseillers pour aider à choisir le successeur, un général et un riche et vieux laïc très respecté. A la femme qui est en fait une voleuse de renom et au sbire du général il faut ajouter un voleur qui a acheté son droit de devenir moine.

Deux objets de convoitise : un manuscrit "qui n'a pas de prix" conservé dans le monastère et le poste de nouveau patriarche. Alors que les moines intriguent avec leurs riches amis les voleurs essayent de dérober le texte sacré.

C'est déjà pas mal pour passer un bon moment de jeu du chat et de la souris dans le sublime décor très vrai d'un monastère coréen, pas mal pour se délecter des intrigues. Pas mal pour profiter de la vivacité de l'action et des courses en tous sens et des dissimulations.

Seulement c'est aussi une esthétique de chaque instant, jamais forcée, jamais au détriment de l'action ou de ce qui en tient lieu. Les émotions et les expressions peuvent être appuyées, nous sommes dans le conte, dans l'histoire ou l'émotion est vive. La précision des mouvements, la musique (étonnamment moderne), le dépouillement de ce qui est aussi un divertissement, tout porte à se laisser entrainer et à peser les valeurs et à regarder autrement les gestes des personnages.

Il y a du spectacle, c'est intense mais ce n'est pas un film d'action, bien qu'elle soit presque omniprésente. Un grand film, complet, esthétique, qui n'est pas "populaire ou pas populaire", avec un grand sens de la narration et du "cinéma". ça fait tellement de bien à voir et à revoir... (et on peut ajouter tellement à la liste des qualités...)

ouverture

Merci animal pour l'ouverture du fil, j'aime énormément l'oeuvre de King Hu et ce film en particulier.  
Son esthétisme est en effet marquant, à travers ce mouvement des corps qui se frôlent sans jamais se heurter. Il y a une légèreté proche du ballet, une poésie sereine dans l'action que je n'ai pas retrouvé ailleurs.

voilà qui fait plaisir ! c'est le seul que j'ai vu et j'espère que ça ne va pas durer.

d'ici là je reviens avec quelques images du film...

animal a écrit:

voilà qui fait plaisir ! c'est le seul que j'ai vu et j'espère que ça ne va pas durer.

Dans ce cas, j'ai des dvd qui pourraient t'intéresser...

je t'en reparlerai à l'occasion (je crois que je peux en trouver quelques uns par ici mais il faudra vérifier...). merci.

J'ai vu Touch of Zen à l'époque où Michel Ciment en vantait les mérites et le considérerait comme la référence des films comme Tigre et Dragon et autres Secret des poignards volants. J'avais bien aimé les combats chorégraphiés mais moins le reste. Ça a quand même pas mal vieilli.

Tsai Ming Liang lui rend hommage dans Goodbye Dragon Inn qui s'inspire de Dragon Gate Inn



Ici dans le film de Tsai Ming Liang où les fantômes des acteurs du film de King Hu semblent roder dans ce cinéma qui va fermer ses portes

j'ai repensé aussi à Héro mais on est très très loin esthétiquement et pour tout le reste, à part peut-être les chorégraphies ou les cascades elles-mêmes... mais on peut discuter leur résultat final. les "super chorégraphies" de Tigre et dragon & co ne servent pas à grand chose. (et on trouve tellement mieux ailleurs si c'est pour ça qu'on regarde le film). huhu.

ça a vieilli un petit peu c'est vrai, mais d'autres grands films vieillissent aussi à leur manière sans perdre de leurs qualités premières.

C'est vrai qu'A Touch of Zen est le plus souvent cité dans sa filmographie. J'ai tendance à moins l'apprécier en raison de certaines longueurs et de son ambition parfois au détriment d'une clarté narrative.
Je ne trouve pas que cela a tellement vieilli même s'il faut accepter certains codes du genre, éprouvant un fort attachement pour le wu xia pian tout en étant rarement convaincu par les tentatives de réappropriation contemporaine.

A Touch of zen

Dommage que le qualité de l'image du dvd soit frustrante. Le film est probablement moins homogène que Pluie de lumière... mais brasse avec bonheur pas mal de très belles qualités. Malgré le côté nébuleux de la mise en place de l'intrigue puis de son dénouement, le suspens et l'attente sont savamment entretenus : qui est qui au début, que se passe-t-il à la fin. Les personnages sommaires jusque dans les héros laissent quand même une place pour des traits de caractère moins nets et...

Donc un lettré qui commence à vieillir dans sa petite bourgade désolée de province et qui au désespoir de sa mère ne veut pas passer de concours. Arrive un type bizarre, plutôt inquiétant. Puis une jeune femme mystérieuse... entre le complot et la vengeance, l'histoire d'amour contrariée de ces deux êtres, contrariée peut-être par un peu plus que par cette police secrète au service du Grand Eunuque... des méchants très forts, et le supérieur d'un monastère aux pouvoirs impressionnants.

C'est un peu le foutoir, on pourrait en dire plus, parler de comédie, de fantastique et de pas mal d'autres petites choses... à voir ou à lire sur le web, ça ne fera pas tout de toute façon.

Il y a tous les bons ingrédients d'un film populaire avec le plus d'un sens du mouvement et de l'esthétique qui frôle l'ahurissant. ça bouge ! si les acteurs sautent beaucoup et cascadent volontiers dans les très vifs combats, c'est surtout que ça bouge tout le temps, les visions du décors, les déplacements, ou le décor lui même qui bouge par des jeux de lumières ou de fumées. C'est incroyable et réjouissant. Les scènes d'actions sont efficaces et précises tout en faisant passer les chorégraphies en retrait (équilibre assez rare dans ce sens), mais les duels de caractères sont encore meilleurs.

Ce qui nous ramène aux moines qui interviennent en neutralisant les méchants de service par la force et par la prestance, des contre-jours qui frôlent l'hypnose, c'est surpuissant ! Et avec une paradoxale recherche d'abolition de la violence et en complément indispensable la réorganisation de la balance des enjeux de ce très grand spectacle (violence, vengeance, amour, détachement). Qu'on puisse imaginer ça un rien trop facilement cryptique c'est possible, ça n'en resterait pas moins cinématographiquement parfaitement efficace.

Quelques très belles scènes, une musique très bien foutue... à espérer revoir avec une image de meilleure qualité !

(ou pire : sur grand écran !)

King Hu est à l'honneur cet été avec la ressortie ce jour en salles d'A Touch of Zen en version restaurée. Dragon Inn sera aussi visible à partir du 12 août.

ouaip je vais tâcher de ne pas louper la séance ciné pour Dragon Inn !

Dragon Inn (1967)

Pas loupé ! Par contre on n'est pas exactement sur le même genre de film, avec Dragon Inn on est encore dans le film de genre, on est dans le wu xia pian à l'ancienne, croisement du film de cap et d'épée et du western avec en plus une maîtrise incontestée des arts martiaux pour les héros. Dans Dragon Inn on est beaucoup dans le western avec un peut-être un oeil pour l'Italie avec "le travail pour lequel on est payé qu'on finit toujours", avec d'assez chouettes gros plans sur les visages, une scène de commande de nourriture et de vin et le montage qui va avec. Tout ce qui contribue à mettre en avant de façon joueuse des relations très tendues entre d'un côté "les gentils" en sous nombre qui viennent défendre la famille d'un général en exil (la famille, pas le général car lui a été exécuté) contre une pléthorique police secrète envoyée par l'eunuque au pouvoir. Des gens fortiches, méchants et autoritaires !

Le meilleur du film est là, incontestablement. Les affrontements en décor naturel, grandiose mais aux airs de terrain vague, ont beaucoup vieillit et les chorégraphies sont standard et pas excessivement intéressantes d'inventivité. De ce côté là on reste dans le mascara et les sourcils en pointe...

Ceci dit dans son ensemble le film est efficace avec un suspens entretenu à grand renfort de ruses. Mais on est loin de Touch of zen ou de Pluie de lumière.

Marko a écrit:

Tsai Ming Liang lui rend hommage dans Goodbye Dragon Inn qui s'inspire de Dragon Gate Inn

dans un genre sans doute différent je reverrai bien New Dragon Gate Inn (en plus il y a Brigitte Lin) :

et c'est pour ce soir à la TV A Touch of zen avec une vraie image ?